POSSESSION

By jujuuu_09

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Il lui a fallu d'une nuit pour que sa vie bascule. Sans rien avoir vu venir, Kali se retrouve piégée du jour... More

NDA
0| Le commencement
1| Une rencontre stridente
2| Juste un objet
3| Romy
4| Connard
5| Révélation inattendue
6| Journée shopping
7| Sanglant
08| Électrique
09| Fratrie
10| Voldemort
11| L'amour du risque
12| Escape game
13| Un simple jeu
14| Vengeance
15| Chanceuse ?
16| Blessant
17| Beach
18| Mémorable
19| Aie
20| Stressant
21| Fais moi confiance
22| Calor
23| Léger contre temps
24| Démon
25| Froideur
26| Cœur meurtri
27| Nouveau départ
28| Vivre
29| Surprise
30| Daemon
31| Cauchemar
32| Douleur cruelle
33| Vérité
34| Accord
35| Baignade nocturne
36| Soirée arrosée
37| Séance de tirs
38| Corps à corps
39| Abuelita
40| Motel
41| Gala
42| Illusions
43| Eyma
44| Vérités ou conséquences
45| Kali's birthday
46| Daemon ¹
47| De la haine à ?
48| Mon soleil
49| Je le hais...
50| Peace
51| Daemon²
52| J-1
53| L'évènement
54| Possibility
56| Explosion
57| Obsession
58| Always and forever
Épilogue
Remerciements <3
Playlist
FAQ

55| Daemon³

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By jujuuu_09

POV DAEMON

4 MOIS AUPARAVANT

Lors de la fusillade :

- Daemon, oh, reste avec nous, je t'en supplie, hurle la voix de Romy, sa main appuie fortement sur ma plaie, tentant de stopper l'hémorragie. 

Mais la douleur dans le bas de mon ventre, près de ma hanche, n'est que secondaire comparée à celle dans mon cœur. 

Tout le sang qui sort de mon corps, la force qui me quitte peu à peu, la blessure de plus en plus profonde, je ne ressens rien. 

Je ne ressens que cet immense déchirement dans la poitrine. 

Je regarde la silhouette de Kali être emmenée dehors, impuissant, j'ai mal intérieurement. 

Je n'aurais jamais pu imaginer que ça fasse si mal. 

Jamais de toute mon existence, j'ai ressenti cette putain de douleur, l'impression que, sans elle, plus rien a de sens. 

Ma cage thoracique est comprimée, c'est douloureux, son visage disparait de mon champ de vision et j'ai envie de lui hurler que rien a jamais été un jeu avec elle. 

Entre nous, c'était peut-être compliqué, tordu, dangereux et incompréhensible, mais c'était réel. 

C'est réel comme je l'aime. 

Mais je l'aime tellement qu'il faut que je la laisse partir. 

Les bras de Derek secouent mon corps pour me maintenir conscient alors que la balle que je viens de me prendre vide petit à petit tout le sang de mon corps. 

Mes yeux se voilent, autour de moi, les gens courent et hurlent en tournant sur eux-mêmes. 

Tout se bousculent et l'évènement est en train de complètement dérailler. 

Mais malgré toute la pagaille que cette fusillade a entrainé, je n'arrive à rien ressentir, je n'ai même plus la force pour lutter. 

- Daemon, garde les yeux ouverts, nous allons te sauver, tout va mieux aller, je te le promets, me souffle Romy en agitant les bras. 

Mais je n'ai même plus envie de lutter, car, la seule raison de ma vie vient de franchir la porte aux bras de celui qui l'a entrainé dans ce cauchemar. 

À quoi bon lutter si elle n'est pas à mes côtés ? 

Je sais que je ne suis pas bon pour elle, que je suis un poison, et c'est pour ça que je l'ai laissé partir, que j'ai prétendu que tout ça n'était qu'un jeu. 

Car je l'aime éperdument. 

Je suis tombé violemment amoureux de cette petite brune sans le voir arriver. 

Pourquoi c'est si douloureux dans la poitrine ? 

Pourquoi j'ai l'impression qu'on est en train d'écraser mon cœur, encore et encore ? 

- Aller mec, je t'en prie, jure Sasha en me voyant fermer de plus en plus les paupières. 

Mais je n'ai plus rien à quoi m'accrocher, mon soleil s'est éteint, l'obscurité m'appelle. 

Peut-être qu'elle a raison, je suis devenu celui que je haïssais. 

Je suis devenu mon père. 

Ce soir, j'ai lu toute la peine dans ses yeux, tout le chagrin qui la consumait. 

Et j'avais mal, je voulais la prendre dans mes bras, lui dire que le plan a changé dès qu'elle est entrée dans nos vies. 

Je ne comprends même pas comment ça se fait qu'elle ai ce putain de numéro sur elle. 

Tout avait été annulé, il y a des mois. 

Mon cerveau bouillonne, la douleur au ventre est insupportable, mais pas plus que celle dans ma poitrine. 

Mes paupières deviennent de plus en plus lourdes, lentement, cette horrible souffrance m'emporte et je me laisse sombrer dans la noirceur qui m'accueille. 

C'est le black out. 

*

3 mois plus tard

Voilà 3 mois que le soleil qui illuminait ma vie de merde est parti. 

Je me suis réveillé de mon petit coma il y a 3 semaines. 

Après m'être prit cette balle, celle qui visait mon petit soleil, les médecins ont décidé de me mettre dans le coma pendant plus de 2 mois, mes blessures étaient trop graves. 

Et aujourd'hui, ça fait 3 semaines que je suis en rééducation, tournant en rond dans cette foutue pièce où je passe mes journées. 

Je n'arrête pas de penser à cette journée, à cet évènement où mon cœur s'est brisé. 

Je ne savais pas que cet organe dans la poitrine pouvait autant faire mal. 

Je n'arrive pas à comprendre comment cela a pu autant dégénérer. 

Nous avions un plan, il était simple, Kali n'aurait jamais du faire parti de cette vente. 

Nous devions montrer à tout le monde qu'elle n'était plus la fille de Marius, qu'elle était devenue une des nôtres. 

Je ne comprends pas ce qui a foiré, comment elle s'est retrouvée embarquée dedans. 

Je tourne en rond dans ma chambre, commençant de mieux en mieux à marcher. 

Le médecin m'a dit que mes efforts payaient, je retrouverais bientôt mes entières capacités et il me tarde de pouvoir reprendre le business. 

Mon père passe dans la journée, je veux lui parler depuis l'évènement mais n'en ai pas eu l'occasion.

Apparemment, pendant tout le long de mon coma, il ne s'est pas pointé une seule fois, n'a prit aucune de mes nouvelles, il a simplement continué à être le père inexistant de ma vie. 

Ça fait mal, mais cette douleur est devenue habituelle. 

Celle dans ma poitrine par contre...

Je souffle bruyamment et chasse son visage de mes pensées. 

C'était le mieux pour elle. 

Peut-être qu'en me le répétant, cela me fera moins mal. 

Romy m'appelle d'en bas, m'indiquant que mon père est arrivé et mon ventre se tord. 

Cela fait 3 mois que je veux lui poser la question qui me torture l'esprit, qui peut tout faire basculer. 

3 semaines que je n'en dors pas la nuit. 

Mais il fallait que je me rétablisse complètement pour pouvoir lui parler, pour lui tenir tête, pour le cogner si sa réponse venait à être positive. 

Ce jour est enfin arrivé.

Je serre les poings, prends une grande inspiration et descends les marches lentement, la mâchoire crispée. 

Je tombe rapidement sur ses cheveux légèrement poivrés ainsi que sa posture que je reconnaitrais entre mille, droite, torse bombé. 

Sa prestance dégage de son corps et, si cela me faisait rêver étant jeune, aujourd'hui, cela me mets en rogne. 

Je me racle la gorge une fois les pieds sur le sol du grand salon et il coupe sa conversation avec Romy pour venir poser ses pupilles sur moi. 

- Enfin remis sur pieds, dit-il froidement, me jaugeant désagréablement. 

Voilà ses premières paroles pour moi après presque 4 mois de convalescence sans nouvelles. 

Pourquoi suis-je surpris ?

Je devrais m'y faire, mon père est un connard. 

Je m'avance le visage fermé vers lui et me poste près de Romy, toujours une expression froide sur celui-ci, contenant la haine dans mes veines. 

Nous nous regardons de longues secondes sans qu'aucun de nous ne prennent la parole, Romy est à mes côtés et semble contrariée de notre relation. 

Mais elle sait que c'est devenu comme ça entre nous depuis bien trop longtemps pour que ça change. 

Et s'il répond positivement à la question qui va sortir de ma bouche dans les prochaines secondes, je saurais qu'il ne pourra jamais avoir de retour en arrière. 

- Est-ce que c'est toi, je demande les lèvres pincées, captant toute son attention. 

Ses pupilles sombres me scrutent, il garde le silence un long moment avant de prendre sa voix d'innocent :

- De quoi parles-tu fiston. 

"Fiston"

Voilà le mot que je déteste entendre sortir de sa bouche. 

Il me rappelle nos liens de sang, ceux que j'aimerais pouvoir faire disparaitre. 

- Est-ce que c'est toi qui est la cause du départ de Kali, dis-je plus froidement, commençant à m'impatienter devant son jeu d'acteur. 

- Ah ça. 

Il marque une légère pause avant de poursuivre :

- Tu sais très bien qu'elle n'était là que provisoirement. Le plan du début était de la vendre, je ne comprends pas pourquoi vous avez voulu changer tout ce que nous avions construit depuis des années. 

- Donc tu es en train d'avouer que c'est toi ? 

- Bien évidemment que c'est moi Daemon ! Cette fille n'est pas avec nous, elle est la fille de Marius, me rappelle-t-il comme si j'avais oublié. 

Mon poing part tout seul s'abattre sur le visage de cet enfoiré et il titube de quelques mètres, surpris par cet élan de courage. 

Mais très vite, il se remet sur pieds et son regard dur me glace le sang. 

Mes poings sont serrés le long de mon corps, j'ai envie d'écraser sa tête contre le sol, la colère et la haine m'envahissent. 

Il avait osé. 

Il avait osé toucher à mon petit soleil. 

Romy s'interpose avant que la discussion bascule complètement et mes yeux le fusillent lorsque je crache :

- Tu l'as vendu ! 

Il ne répond rien à ma voix forte et dure.

- Elle faisait partie de notre cartel, tu avais le droit de lui laisser le choix.

- Tes sentiments pour cette fille ont aveuglé ton plan de vengeance, dit-il simplement.

- Ça fait longtemps que ce plan n'est plus d'actualité, je réponds froidement.

Il s'esclaffe légèrement, un rire jaune, moqueur, il fait quelques pas dans le salon en s'exclamant :

- Tu es amoureux.

Mon cœur rate un battement à sa remarque.

Il jure entre ses dents en soufflant bruyamment, saoulé de constater ce que je ne voulais surtout pas ressentir pour cette fille : de l'amour.

Mais voilà, ça m'est tombé dessus sans prévenir.

J'ai lutté, de toutes mes forces, pour contrôler l'envie de la voir constamment.

Mais c'était trop puissant, trop violent, elle était ancrée dans ma peau, c'était trop tard.

Dès que ses yeux verts se sont posés sur moi, qu'elle ne s'est pas laissée faire face à toutes mes tentatives pour l'éloigner et la blesser, j'ai su qu'elle serait différente.

J'ai su qu'elle poserait problème.

- Des années de travail, de sacrifices, de dépassements, pour qu'une fille te fasses tout oublier ? Te fasses renoncer à tout ce que tu te prépares depuis des années ?

Il marque une pause en me jugeant du regard, un air dégoûté et déçu sur le visage.

- Tu es tombé bien bas, finit-il par s'exclamer.

Romy reste à mes côtés tout le long de l'échange, elle fait presque partie de la famille.

Elle connait tout de moi, elle est dans cette famille depuis qu'elle sait marcher, s'alliant d'amitié avec ma sœur.

Nous n'étions pas si proches avant...

Je suppose que la mort de Sky nous a rapproché.

Aujourd'hui, elle est toujours à mes côtés, présente pour moi, me soutenant comme personne d'autre le fait.

Et encore là maintenant, devant mon père, elle pose sa main sur mon épaule pour me calmer et me montrer qu'il n'en vaut pas la peine.

J'inspire profondément, serre les poings de toutes mes forces, jusqu'à ce que mes phalanges blanchissent, puis je souffle froidement, sa phrase résonnant dans ma tête :

- Mais la différence avec toi Alec, c'est que moi, il y aura du monde en bas. Toi, tu plongeras simplement dans l'enfer, seul.

Son visage tente de rester impassible, mais je le vois se crisper légèrement et je souris intérieurement.

Il ne dit rien de plus et recule en me regardant froidement.

Puis, sans un mot, il part et mes poings se détendent petit à petit.

J'ai gagné.

Il a toujours réussi à me blesser, il savait constamment où appuyer pour me faire mal, et moi, je me laissais marcher dessus, trop appeuré pour lever la voix.

Mais aujourd'hui, je sais que j'ai réussi à le contrarier, à toucher son point sensible : la solitude.

Romy apparait dans mon champ de vision et ses yeux se posent tendrement sur moi.

- Ça va, me demande-t-elle faiblement.

- Non, j'avoue sans lui cacher la vérité.

Elle acquiesce, ayant deviné mon état.

- Kali a failli être vendu à cause de lui.

Heureusement, après la fusillade, les papiers ont rapidement été signé, Kali fait partie de notre cartel, même si elle n'est pas à nos côtés.

Tout le monde sait qu'elle est avec nous, tout le monde la laissera tranquille, elle pourra enfin vivre la vie qu'elle mérite.

Même si c'est douloureux, que ma poitrine se comprime violemment en pensant à elle, il faut que je la laisse tranquille, retrouver ses amis, sa ville, aimer à nouveau quelqu'un, il faut qu'elle passe à autre chose.

Un pincement au cœur me tiraille en pensant à cette dernière remarque.

Je n'arrive pas à l'imaginer.

Mais il le faut, c'est pour son bien, je ne la mérite pas, ce monde sombre ne mérite pas un soleil comme elle.

Son visage repasse sous mes yeux, ses larmes dévalant sur sa peau brillante lorsque j'ai prononcé les mots : "Ce n'est qu'un jeu".

Mais il fallait que je lui mente, il fallait qu'elle nous déteste, qu'elle me déteste, pour passer à autre chose.

Car c'est plus facile de rogner des personnes qui ont compté lorsque nous les détestons que lorsque nous les aimons.

- Tu l'aimais vraiment, s'exclame Romy, n'ayant même pas besoin de prononcer son prénom pour que je sache de qui elle parle.

Kali

- C'est compliqué, mentis-je, les cellules de mon cerveau explosant intérieurement.

- Pourquoi tu t'es pris une balle pour elle si tu ne l'aimes pas.

Elle sait.

Elle sait que je l'aime plus que tout.

- Romy... tu-

- Pourquoi tu lui as dit que ce n'était qu'un jeu ? Pourquoi l'as-tu poussé à te détester, me coupe-t-elle sur un ton presque énervé.

- Car il faut qu'elle me déteste pour passer à autre chose.

- Mais si elle n'en avait pas envie !

Elle me regarde attristée, repensant à son amie qu'elle a perdu également.

- Chaque personne qu'on s'autorise à aimer, est quelqu'un qu'on prend le risque de perdre, dis-je d'une voix faible.

Je ne veux pas la perdre, je ne veux pas qu'il lui arrie quelque chose à cause de moi, je ne pourrais jamais me le pardonner, tout ça serait de ma faute.

Mais je ne veux pas qu'elle souffre une nouvelle fois en perdant quelqu'un qu'elle aime.

Et ce monde ôte beaucoup trop rapidement des vies.

- Je l'aime plus que tout, et c'est parce que je l'aime et que je sais qu'elle ne serait pas heureuse avec moi que je dois la laisser partir. Elle a le droit de vivre la vie qu'elle mérite. Elle est-

- Trop pure pour ce monde, termine-t-elle pour moi.

- Tu le sais, je le sais, nous le savons.

Je vois son visage acquiescer malgré que cette décision ne soit pas simple pour elle.

Romy s'attache très vite.

Elle a énormément souffert de la mort de ma sœur, elles étaient comme les deux doigts de la main.

Perdre Kali, cela appuie une nouvelle fois sur cette blessure qui s'efforce de guérir.

Je sais qu'elle comprend que c'était la meilleure chose à faire pour Kali.

Même si ce n'était pas la plus facile et la plus agréable.

Son téléphone vibre dans sa poche et, après m'avoir salué d'un regard, elle quitte la maison et je me retrouve seule face à mes pensées.

Ces pensées systématiquement tournées vers la même personne.

Je savais que ça allait être compliqué, pas que ça allait faire aussi mal. 

Dehors, la nuit est tombée sans même que je m'en aperçoive. 

Sachant pertinemment que le sommeil ne viendra pas, comme tous les soirs d'avant, je décide de me rendre à la cuisine faire ce foutu remède de grand-mère que Kali me cassait les couilles à faire. 

Je me suis toujours foutu de sa gueule, je me suis toujours dit que jamais je ferais ces vieilles recettes qui ne marchent jamais. 

Et me voilà aujourd'hui dans la cuisine, la tasse qu'elle m'a offert dans la main, patientant que le lait boue. 

Elle arrive à contrôler même mes actions, sans être avec moi. 

C'est flippant. 

*

Ça fait maintenant des jours et des jours que je la suis, que je garde toujours cet œil sur elle, car je l'ai juré, j'ai juré d'être toujours là pour la protéger, et je le ferais. 

J'ai pris du temps à la trouver, je ne savais pas où chercher, je ne voulais pas prendre le risque qu'elle le sache, cela ne ferait que l'embrouiller davantage. 

Mais maintenant, je l'ai trouvé et, chaque matin, je passe dans la rue à 8h36 exactement, le cœur serré en la voyant à travers la vitrine de la boulangerie. 

Elle ne fait pas grand chose d'autre, mais, une chose est sûre, c'est que tous les jours, à 8h36, elle se trouve devant le comptoir, louchant sur les viennoiseries présentées. 

Et même si, à chaque fois, elle réfléchie pendant un long moment, causant une queue derrière elle, elle ressort toujours avec un pain au chocolat et un beignet. 

Et ça, tous les jours. 

C'est comme si cette habitude lui procurait un sentiment de sécurité. 

C'est tellement frustrant de la voir tous les jours et de ne pas pouvoir la serrer dans mes bras, la sentir près de moi, son parfum chatouillant mes narines, son sourire faisant rater plusieurs battements à mon cœur. 

Mais c'est comme ça, elle est mieux sans moi et je ne veux plus la faire souffrir, elle en a déjà trop bavé avec moi. 

Je ne suis pas celui qu'elle recherche. 

Je regarde le soleil se coucher, assis sur son lit blanc, repassant dans ma tête tous nos moments ensembles.

Pourquoi ne veut-elle pas sortir de ma tête ?

C'est si dur que ça d'oublier le soleil de notre vie ?

Oui.

Près de moi, mon téléphone sonne 1 fois, puis deux, et quand je regarde le nom affiché sur l'écran, mes lèvres s'étirent.

Grand-mère

Mon doigt glisse automatiquement sur le téléphone vert pour décrocher et je fronce les sourcils lorsque je remarque sa tête à travers l'écran.

Elle m'a appelé en facetime.

- Abuelita ?

Son visage se rapproche de l'écran, je ne vois maintenant plus que son oreille collé à l'écran.

- Pourquoi diable je vois la tête de Daemon, je l'entends marmonner entre ses dents.

- Abuelita, nous sommes en facetime, dis-je avec un sourire, amusé de la voir dans cette situation.

Elle se replace devant l'écran et adopte un visage méfiant en détaillant chaque détail de ma peau.

Elle tapote plusieurs fois sur l'écran, m'offrant une belle vision de ses doigts dans tous les angles et je m'esclaffe lorsqu'elle ferme les yeux quelques secondes, espérant qu'en les ouvrant, tout sera revenu normal.

- Daemon ? Pourquoi apparais-tu avec une tête de cadavre ?

Je déglutis maladroitement.

Ma tête doit vraiment être horrible pour qu'elle le voit à des centaines de kilomètres de moi, à travers un téléphone qu'elle ne sait même pas se servir.

- Nous sommes en appel vidéo Abuelita, c'est le but. Tu me vois, je te vois, c'est presque comme si nous étions dans la vraie vie, je lui explique.

Sa bouche reste fermée un long moment avant de s'ouvrir :

- Ces téléphones ne savent plus quoi inventer, grogne-t-elle.

Je rigole légèrement en ayant la preuve sous les yeux de son vieil âge et elle me regarde en pleine incompréhension.

- Tout va bien, je demande, surpris par cet appel.

Même si elle m'appelle souvent, c'est la première fois qu'elle le fait en facetime, sûrement une erreur de manipulation.

- Oui et toi cariño ? Tu n'as pas l'air en forme.

- Beaucoup de travail, je mens en essayant de garder le visage impassible.

Elle bloque plusieurs secondes sur mes traits, je sais qu'elle sait que je mens, mais elle ne dit rien de plus et je lui en remercie.

Elle passe à autre chose en me racontant son histoire avec le voisin, je souris en l'écoutant me raconter les potins, elle qui adore fourrer son nez là où ne sont pas ses affaires. 

- J'espère simplement que tu ne côtoies plus Pierre, dis-je d'une voix plus forte, ne voulant pas qu'elle traine avec lui. 

Je vois ses yeux se lever et elle me fait signe de passer à autre chose. 

- Bon, sinon, quand est-ce que tu viens cariño ? 

- C'est compliqué, je viens dès que j'ai réglé mes derniers dossiers. 

- Viens aussi avec Kali, cette fille est un sucre, ajoute-t-elle. 

Mon corps se tend et ma respiration se coupe. 

Abuelita doit sentir le problème car elle me regarde intensément à travers l'écran et comprend rapidement que ce sujet est délicat. 

- Qu'as-tu fait Daemon, me demande-t-elle aussitôt, sachant très bien que c'est moi qui ai merdé. 

- De la merde, dis-je simplement. 

Elle acquiesce et se retient pour ne pas me faire une leçon de morale. 

À la place, elle me regarde tendrement et sa voix et sa sagesse me remontent légèrement le moral, lui qui n'est pas vraiment haut ces derniers temps. 

- Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous, mais s'il te plait cariño, retrouve là et fais en sorte d'arranger les choses. Elle était ce qui t'étais arrivé de mieux depuis longtemps, et je n'ai pas eu le temps de la remercier d'avoir fait réapparaître le joli sourire de mon petit fils. 

J'esquisse un sourire en acquiesçant, mais je sais au fond, que c'est loin d'être aussi simple. 

- C'est plus compliqué Abuelita, elle sera plus heureuse sans moi, je le sais. 

- Tu l'aimes ? 

J'ai l'impression qu'ils se sont tous passé le mot pour m'enfoncer encore plus dans le cauchemar que je suis, me rappelant comme je suis violemment amoureux d'elle et que ma vie n'a pas de sens sans elle. 

Derrière mon silence se cache énormément de choses et je n'ai pas besoin de lui expliquer pour qu'elle comprenne comme Kali était ce que j'aimais le plus dans ma vie de merde. 

- L'amour c'est quelque chose d'extraordinaire, l'amour nourrit nos rêves il est notre plus bel espoir. Il faut que tu te battes pour elle, Kali vaut la peine que tu  retournes la Terre entière pour elle. 

Je ne la quitte pas des yeux pendant tout son discours et sa voix tendre redémarre ce qui s'était éteint intérieurement. 

- L'ennemi numéro 1 du cœur, c'est l'amour. Mais cet ennemi, il faut qu'il devienne ta force, et je sais que tu y arriveras. 

J'entends ses mots, je les enregistre et me les répètes. 

J'avais lu un jour un article sur l'amour, et je m'étais moqué de cette stupidité, cette dépendance excessive. 

Je me rappelle avoir lu quelque chose comme : " Ne vous inquiétez pas, il arrivera un jour ou quelqu'un rallumera les lumières que d'autres ont éteint."

J'avais explosé de rire devant cette stupidité. 

Mais maintenant je ne peux que me foutre moi-même de ma gueule, car c'est ce qui s'est passé. 

Kali a rallumé toutes les lumières que les autres ont éteint, elle m'a redonné espoir, m'a apprit à m'aimer et à aimer. 

Abuelita a raison, elle en vaut la peine. 

*

- Pourquoi ce qui est censé nous faire du bien, nous fait plus de mal qu'autre chose, je demande à Tristan, accoudé au bar comme une épave. 

Mon haleine doit empester l'alcool et tout le monde a quitté le bar, ne laissant plus que le responsable Tristan et moi. 

Je sens qu'il commence à en avoir marre de m'entendre me lamenter sur mon sort, enchainant les verres comme si c'était de l'eau. 

Je m'étais promis de ne plus boire, quelque chose est arrivé une fois à cause de cet abus, je ne veux plus jamais avoir à revivre ça. 

Mais pourtant, me voilà bourré à 3 heures du matin, m'apitoyant sur mon sort car je n'arrive pas à me la sortir de la tête. 

L'amour n'est pas censé être quelque chose d'extraordinaire ? 

Pourquoi c'est si douloureux ? 

- Tu devrais te calmer Daemon, je pense que tu as assez bu pour ce soir, souffle Tristan en stoppant mon geste vers le verre.

Mais je repousse sa main et laisse le liquide me brûler la gorge, accentuant le mal de crâne qui ne souhaite apparemment pas me laisser tranquille. 

Elle était sous mes yeux, il y a quelques heures, vêtue simplement d'un maillot de bain faisant chauffer tout mon corps, on se regardait comme si cela faisait une éternité que l'on ne s'était pas vu. 

En réalité, ça faisait près de 4 mois que l'évènement avait eu lieu. 

Mais pour moi, c'était comme si tout ça c'était passé il y a moins d'1 mois. 

Le coma m'a évité de souffrir dans le ventre, je me suis endormi longtemps, mettant en sourdine ce supplice. 

Mais lorsque je me suis réveillé, malgré la douleur que la balle aurait du me causer dans le ventre, ce n'était pas là que j'avais le plus de mal en ouvrant les yeux et constatant la réalité. 

Et la voir tout à l'heure devant moi, j'ai cru rêver pendant plusieurs secondes. 

Nous étions à quelques centimètres, je piuvais entendre son spuffle se saccader, nous respirions le même oxygène.

Ce n'est que lorsqu'elle a ouvert la bouche que mon cerveau s'est reconnecté.

Je ne rêvais pas. Elle était bien là. Ce que j'avais imaginé depuis ce long mois de rétablissement était présent sous mes yeux. 

Mon cœur s'est automatiquement accéléré, comme à chaque fois lorsqu'elle était près de moi. 

Elle avait l'air différente, je ne reconnaissais pas le soleil que j'avais laissé partir. 

Bien que tous les jours, à 8h36, elle sortait de cette boulangerie, l'avoir à quelques centimètres était complètement différent, mes émotions étaient intensifiées. 

J'avais envie de la serrer dans mes bras, de poser mes lèvres sur les siennes et retrouver leur goût, celui qui me hante depuis des mois. 

Mais j'en ai été incapable, je l'ai laissé vider sa colère et sa haine sur moi, encaissant la douleur, la laissant piétiner ce qui reste de mon cœur. 

J'ai voulu tant de fois lui dire la vérité, j'allais tout lui révéler, mais elle a commencé à énoncer tout ce que je rêvais pour elle et je me suis rendu compte que depuis le début je me mentais à moi-même lorsque je voulais la garder près de moi. 

Elle était mieux sans moi, plus heureuse, plus épanouie, plus vivante. 

Mais je crois que ce qui a fait le plus mal c'est lorsqu'elle m'a annoncé qu'elle avait rencontré quelqu'un. 

À ce moment là, j'ai su qu'il fallait que je tourne la page, que je ne pouvais plus l'emprisonner dans mon monde, qu'il fallait que je laisse complètement tomber. 

Je voulais le meilleur pour elle, et c'est parce que je l'aime que j'ai décidé de la laisser tranquille, la laisser s'épanouir dans la vie qu'elle mérite, sans moi et tous les morts que je traîne derrière moi. 

Elle a eu raison lorsqu'elle m'a dit que j'étais un poison, c'est la vérité. 

Et c'est pour ça que ça a fait si mal d'entendre ces mots sortir de sa bouche. 

Car je fermais juste les yeux sur ce que j'étais, elle m'avait fait devenir quelqu'un de meilleur. 

Mais sans elle, je ne sais pas si j'ai envie de croire en ce qui a de bon en moi. 

D'un côté, je n'ai plus envie de me battre. 

Mais de l'autre son visage angélique me conjure de ne pas lâcher. 

Moi aussi j'ai le droit à mon bonheur. 

Même si elle seule me suffisait et qu'elle était mon bonheur. 

- Je ne peux pas être celui que les autres veulent que je sois. Ce qu'elle veut que je sois. Je ne la mérite pas, c'est comme ça, je ne suis pas une bonne personne, j'articule d'une voix rauque.

Je termine cul sec le verre et me rattrape difficilement au comptoir en m'exclamant fortement :

- Daemon redeviendra une obscurité effrayante. 

Je lève un autre verre comme si je me portais un toast à moi-même mais Tristan me le saisis des mains et me prive de ce qui calme petit à petit cette douleur dans la poitrine. 

C'est le seul moyen que j'ai trouvé. 

- Je ne la connais pas, mais je suis sûre d'une chose, c'est qu'en te voyant comme ça, je suis sûre qu'elle ne regrette pas d'être partie. 

Ses mots me blessent plus qu'ils ne le devraient. 

Peut-être est-ce parce qu'au fond, je sais qu'il a raison. 

Ma tête est en train de tourner, le bar danse la macarena et Tristan me semble de plus en plus flou. 

Je sais que, demain matin, je me réveillerais avec une belle gueule de bois, et je n'ai pas envie. 

Je n'ai pas envie que tout explose encore plus intensément à ma figure, me montrant simplement que ça ne disparaitra jamais. 

Je retournerais dans mes ténèbres, seul, car je suis le seul à mériter autant de noirceur.

Tristan pose ses yeux sur moi et me réprimande d'un regard quand je commence à passer par dessus le bar chopper les bouteilles. 

La suite de ce qui s'est passé, en vérité, je ne me souviens pas. 

Je me rappelle simplement le sentiment douloureux que j'éprouvais qui disparaissait de plus en plus. 

J'étais plus léger, plus heureux, je ne prenais plus rien à cœur. 

Mais quand je me réveille ce matin et que les battements de mon cœur tambourinent atrocement violemment dans ma tête, je me rends compte que c'était une très mauvaise idée et je regrette aussitôt. 

L'alcool n'efface pas la douleur, elle la fait s'éteindre un moment, mais c'est pour éclater plus intensément par la suite. 

C'est mon réveil qui m'a sorti de mon sommeil ce matin, et quand j'ouvre les yeux avec difficulté, je découvre que je n'ai toujours pas enlevé la fichu alarme me rappelant l'heure où elle se rendait à la boulangerie.

8h21, dans 15 minutes, elle sortira avec son petit pain au chocolat et son beignet, un sourire aux lèvres. 

10 minutes, c'est le temps qu'il me faut pour rejoindre sa boulangerie.

Il faut que j'arrête de me rendre là-bas. 

Cela me rappellera qu'elle est mieux sans moi. 

J'éteins la sonnerie désagréable avant d'avoir des envies de meurtres et grogne contre le coussin quand je fais un mouvement sur le côté et que ma tête bourdonne d'une atroce façon. 

Bonjour la gueule de bois.

Je me force à me lever, sachant très bien que le sommeil ne reviendra pas et que rester sous la couette ne fera pas avancer le business du cartel. 

Mais lorsque j'enfile mon tee-shirt, une idée me vient et je me résous à écouter une dernière fois mon cœur. 

Je vais me rendre à cette boulangerie, je la regarderais sortir les cheveux au vent et profiterais de cette dernière image d'elle. 

Une dernière fois. 

Un dernier sourire et je quitte sa vie. 

Je la laisse avec cet homme qui la rendra plus heureuse que moi. 

____________________________________

Alors ?? Daemon est accro on est d'accord ? 

Désolée pour l'attente, j'avais prévenu :/

Inutile de me demander quand sortira la suite, je ne le sais pas, j'écris comme ça et quand j'ai le temps, pas de jours précis, profitez de celui-ci <3

Plus que 3 chapitres si je compte bien...

Merci infiniment, ily !!

Des bisoussss










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