RAVEN
Je descends du camion pendant que l'envie de régurgiter tout ce que j'ai mangé plus tôt monte de plus en plus.
J'ai chaud.
- J'ai prévenu Igor, lui et les autres nous attendent dans la salle de réunion pour faire le rapport.
Je hoche la tête alors qu'on se dirige vers l'ascenseur.
J'appuie sur le bouton pour s'élever au troisième étage et ferme les yeux.
Ça va aller.
Je dois tenir encore un peu et je pourrais aller me coucher.
Navaya me secoue légèrement quand on est arrivé et je me redresse pour sortir dans le couloir menant à la salle de réunion.
J'éternue et le bruit résonne dans ma tête alors que je m'engouffre dans la pièce sans toquer.
Je vois tout le monde, sauf Cassian.
Il avait dit être malade ce matin, je crois qu'il doit être dans sa chambre...
Comme j'aimerais l'être.
- Salut tout le monde ! s'exclame Navaya.
La ferme... Elle crie trop fort...
Je m'assoie à ma place habituelle et vois le regard d'Ivan se poser sur moi.
Il cherche à capter mon attention mais je l'ignore et attends que la réunion débute.
- Bien... Je vous écoute, dit-il en brisant le silence.
À mesure qu'ils parlent, je reprends mes esprits.
Le trajet en camion m'avait vraiment mise mal.
Moi qui voulait m'entraîner ce soir, je pense que je vais remettre ça à plus tard.
Je repense aux paroles de Navaya.
Qu'est-ce qui cloche avec moi ?
Je ne comprends pas ce que je ressens envers Ivan.
Mais je sais que ce n'est plus de l'amitié.
Et je déteste ça...
« Qu'est-ce que tu aimes de toute façon ? »
Et pourquoi tout le monde insiste sur le fait qu'il a fait tout ça pour moi... Je ne comprends pas.
Qu'est-ce qu'il a fait pour moi ?
Qu'est-ce qu'il c'est passé pendant ces cinq ans ?
Je meurs d'envie d'avoir des réponses à mes questions mais je sais que personne ne me répondra.
Et si je n'ai pas de réponses de leur part... Je les chercherai moi-même.
- À quoi penses-tu ?
Je relève la tête et vois la table vide.
Ils sont partis...
Ils sont tous partis sauf Ivan.
Il était face à moi, adossé contre un mur.
Je me lève doucement me sentant lourde.
- Rien...
- Tu es malade, affirme-t-il.
- Non.
Il contourne la table et se déplace jusqu'à moi. J'ai un mouvement de recul quand le dos de sa main vient effleurer ma joue.
- Tu es brûlante Raven.
Je décide de changer de sujet.
- Tu ne m'avais pas dit que c'était à Zack qu'on devait faire cette livraison.
Quand je le regarde, je vois son visage se fermer.
Il ne l'a jamais apprécié pourtant aujourd'hui ils venaient travailler ensemble.
- Je ne pensais pas qu'il serait passé te saluer... dit-il alors que sa mâchoire tressaute.
Je ris nerveusement au ton de sa voix.
- Il t'a même laissé un petit message, le provoqué-je.
J'allais partir sans rien lui dire bien évidemment mais je sens ses doigts s'enrouler autour de mon poignet et je souris.
Dépendant et faible.
C'est tout ce qu'il ai.
Je secoue la tête pour lui signifier que je ne dirais rien.
- Aлмаз... Je te conseille de vite parler. (Diamant)
- Sinon quoi ? le défié-je.
Au lycée il détestait me voir parler avec lui.
Il détestait me voir parler à un autre garçon que lui.
Il se rapproche de moi et mon sourire s'intensifie quand il me plaque dos à la table.
Faible, répète mon cerveau.
J'attrape sa cravate et le tire vers moi pour chuchoter :
- Il a dit que sa petite chose était devenue très appétissante.
Ses joues se creusent alors qu'il se mord l'intérieur de la bouche.
Mais j'en veux toujours plus.
J'aime le provoquer parce que je sais qu'il se retient avec moi.
Il est patient et je veux le rendre fou.
Je veux qu'il explose.
- Et je peux aussi dire qu'il est devenu pas mal...
Sa main attrape mon cou et je sens sa respiration s'accélérer quand il pose son front sur le mien.
- Ne me provoque pas Raven... Je sais pourquoi tu fais ça...
Je le pousse à l'aide d'un coup de pied et le plaque contre le mur à son tour.
- Je ne serais jamais ta petite chose.
Il se détend et toute colère disparaît de son visage pour afficher de l'amusement.
Maudit sourire.
Je sens mon cœur battre fort dans mon crâne.
Sa bouche effleure ma joue.
- Je ne veux pas que tu sois ma petite chose Raven... Je veux beaucoup plus... Je veux que tu domines comme tu l'as toujours fait.
Il suffit qu'un de nous deux s'avance encore un peu et nos lèvres seront scellées.
J'ai vraiment envie de l'embrasser.
Mais je ne le ferais pas.
- Raven ?
...
Je peine à ouvrir les yeux.
Ma tête me faisait mal et j'avais chaud.
Trop chaud.
Quand j'essaye de bouger, mon corps me semble peser une tonne.
- Elle se réveille, j'entends une voix douce.
Je frissonne en sentant un tissu froid se poser sur mon front.
Qu'est-ce qu'il c'est passé ?
J'ouvre lentement les yeux en essayant de m'habituer à la lumière artificielle de la pièce et passe la langue sur mes lèvres pâteuses.
On m'aide à m'adosser sur la tête du lit et une autre personne me tend un verre d'eau que j'avale d'une traite.
C'était Navaya... Et Ivan.
- Ça va ? me demande-t-elle.
- Ça va... Merci. J'ai dormis combien de temps ?
- Il est presque deux heures du matin donc quatre heures, m'explique Ivan.
Je hoche la tête alors que Navaya vient plus près pour m'examiner les yeux et la bouche.
- Qu'est-ce que j'ai ? demandé-je la langue tirée.
- Oh rien de grave, une fièvre de trente huit et un petit rhume. Tu devras te reposer quelques jours et ce sera bon !
Quelques jours ?!
- Bon, dit-elle en se tournant vers Ivan. Tu lui donnes cette gélule deux fois par jour jusqu'à qu'elle guérisse et veille bien à ce qu'elle mange convenablement... Et j'allais oublier pas d'alcool !
- Je suis là tu sais ? Je peux m'occuper de moi même toute seule.
Elle lève les yeux au ciel avant de poser tout le nécessaire sur la table de chevet et s'en aller.
Ivan reste debout alors que je le regarde.
On a failli s'embrasser il y a à peine quelques heures...
La fièvre me montait vraiment à la tête, ce n'est pas possible.
- Je t'ai laissé un verre d'eau à côté du médicament.
Il sait que je ne prendrai pas cette merde.
Il défait sa cravate et passe ses mains dans les cheveux avant de venir s'asseoir au bord du lit.
Je ne peux pas détacher mon regard de son profil.
Il enlève ses chaussures et s'évapore dans la salle de bain la seconde d'après.
Je regarde le verre d'eau et la pilule juste à côté et déglutis doucement.
C'est mort.
J'entends l'eau couler de l'autre côté du mur et je soupire en pensant à cette journée épuisante.
J'étais encore habillé avec mes vêtements de la journée.
Je jette le tissu sur mon front et gémis en essayant de me lever du lit. Je m'avance vers la penderie pour y dénicher un short et un débardeur.
Je profite qu'Ivan soit encore dans la salle de bain pour me changer rapidement et retomber sur le matelas comme un poid.
Mes joues étaient sûrement rouges et brûlantes comme le reste de mon corps.
Mes yeux avaient dû mal à s'ouvrir sous l'effort.
Et je respirais par la bouche.
Quelques instants plus tard, Ivan ressort propre et habillé d'un ensemble de survêtement gris. Des gouttes d'eau perlent de ses cheveux alors que ses yeux verts croisent mon regard.
Il ne maintient pas le contact visuel et dévie ses yeux sur la table de chevet où ni le verre d'eau ni le médicament n'avaient bougé.
- Je ne prendrai pas ces trucs.
Il se mord la joue inférieure, pour s'empêcher de rire.
- Je ne comprendrai jamais ta peur des médicaments, explose-t-il à la fin.
- Figure toi que ça existe et que ça s'appelle la-
- Pharmacophobie, termine-t-il. Je t'écoute quand tu parles tu sais.
Je sais...
Il connaît mes défauts comme mes qualités.
Mais il connaît mes forces comme mes faiblesses...
- Raven... Tu dois prendre ce truc pour guérir plus vite.
Il s'avance vers le lit et je secoue la tête en signe de négation.
- Gamine.
- T'es pas mieux t'as peur des aiguilles.
Il me pousse pour se faire une place à côté de moi et me tend le verre d'eau.
Je repousse d'une main et il fronce les sourcils.
Il ne parle pas pendant plusieurs secondes.
Plusieurs secondes qui me paraissent durer des heures. Ses yeux ont cette mélange de douceur et de force en même temps.
Il n'a jamais changé avec moi, peut importe le contexte et le moment.
Mais je sais que moi... Je le blesse de jour en jour à me comporter de cette manière.
- Bien... J'aurais voulu que notre premier baiser se passe autrement mais tu ne me laisse pas le choix.
Quoi ?
Il pose la gélule sur sa langue et prend une gorgée d'eau.
Je n'ai pas le temps d'assimiler les informations qu'il pose sa main sur ma nuque et plaque sa bouche contre la mienne.
Il soupire alors que mes yeux s'écarquillent.
Mais je ne le repousse pas... Je devrais pourtant, mais ses lèvres étaient douces.
Son autre main glisse autour de ma mâchoire, me forçant à m'ouvrir à lui.
Un gémissement traverse mes lèvres quand sa langue s'immisce dans ma bouche en même temps que l'eau et le médicament.
Je le déteste.
Un filet d'eau coule de ma bouche jusqu'à mon cou alors que je suis forcé d'ingurgiter le liquide.
Mais sa langue continue de m'explorer alors que mes mains tremblent légèrement en s'accrochant à son t-shirt.
Foutu Volkov.
Connard.
Connard.
Connard.
Il augmente la pression de sa bouche sur la mienne, ce qui me fait reculer sur le lit.
En quinze ans d'amitié, jamais nous n'avions franchis cette limite.
Je finis par détourner la tête à bout de souffle.
- Je te déteste, murmuré-je.
Il passe son pouce sur mon cou où l'eau avait fait son petit chemin.
- Menteuse, dit-il d'une voix légèrement fatigué.
Ses lèvres étaient gonflées et rouges.
Je le pousse et essaye de ne pas penser à ce que je viens d'avaler.
Il éteint la lumière de la chambre sans rien ajouter et vient s'allonger auprès de moi. Je décide de lui tourner le dos.
Je n'assume absolument pas ce qu'on vient de faire.
Mais j'ai aimé... Et je veux recommencer.
Non tais toi.
Je passe mes doigts sur mes lèvres.
Je pousse un cri de rage et prends mon coussin pour lui jeter dessus.
- Connard !
Il l'attrape et explose de rire.
- Arrête de rire ! Tu... Putain Ivan !
Je détourne le regard en lui reprenant l'oreiller et m'allonge pour dormir.
- Bonne nuit алмаз. (diamant)
Je lève mon majeur pour toute réponse.
...
Pendant les jours qui ont suivi, je n'ai revu qu'Ivan et Navaya.
Ils me bichonaient comme si j'étais leur enfant et j'ai crois que je vais jamais m'en sortir.
Malgré ma phobie, j'ai pris mes médicaments tous les jours comme demander. Je ne voulais pas risquer que l'autre repose ses lèvres sur les miennes.
Je me hais de repenser à cette scène à chaque fois que je le vois.
C'est-à-dire vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Au fil des jours j'en ai aussi conclu que Cassian devait toujours être malade sinon il serait sûrement venu pleurer à mes pieds en demandant à Dieu de me guérir.
- Raven !
Je tourne ma tête vers la porte... Oh non.
- Je suis guéri ! s'exclame Cassian.
Eh merde...
—
Hello !
Alors ce chapitre ?
Déjà ! Je continuerai de poster une fois par semaine je pense maintenant que les cours ont repris, c'est super fatiguant pour moi mais je déteste ne pas être régulière donc on commence par un chapitre par semaine et peut être que je posterai plus en fonction des cours.
Sur ce on se retrouve bientôt !
Kiss <3