Highway to Hell [ EN PAUSE ]

By Luxxiaomeng

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Un château de cartes qui s'écroule. Un empire qui s'effondre. Le temps passe. L'espoir s'amenuise. Mais... E... More

Highway to Hell
00. Prologue
01. You're the only friend I need
02. Run, Freya
03. I'm begging you
04. Live fast, die young
05. I'm alone
06. Hide & Seek
07. Special gift
09. Just give me a reason
10. Who are you ?
11. Aimed to kill
12. Jealousy, jealousy
13. Birthday party
14. Magic trick
15. Little thief
16. Fascination
17. Where are you ?
18. Liar
19. Cat got your tongue ?
20. I've got my eye on you
21. Sorry

08. Toy Story

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By Luxxiaomeng


Soundtrack : I Put A Spell On You - Nina Simone

Allan

La fête bat son plein. Les gens boivent, dansent et profitent. Certains dévisagent Hadès à cause de son masque. Néanmoins la plupart des gens savent qui il est.

Je sais qu'il n'aime pas se montrer en public, mais je ne lui ai pas laissé le choix car rester enfermer chez soi reviendrait à prouver à nos ennemis qu'il y a un problème dans notre organisation. C'est le cas, personne ne doit le savoir. Jusqu'à présent, on a réussi à faire taire les quelques rumeurs qui circulaient. Malheureusement, plus les années passent, plus j'entends des on-dit. J'ignore pendant combien de temps on va tenir. Les membres parlent entre eux et quand je passe à côté, ils chuchotent de peur que je ne les entende. Manque de bol, ils ne sont pas très discrets. Il va y avoir un moment où il y aura une rébellion, j'en suis certain. C'est beaucoup trop calme ces derniers jours. Il va falloir qu'on se prépare.

Nous nous apprêtons à descendre en bas quand Alexis nous stoppe.

— Qui s'occupe de Freya ?

La concernée est en train de dormir paisiblement sur la banquette. Je m'avance vers la rouquine et la prends dans mes bras telle une princesse. Elle n'est pas bien lourde. Il faut vraiment qu'on fasse attention à son alimentation. Ce serait dommage de se retrouver avec un squelette. La connaissant, elle est capable de se laisser mourir de faim. Je suis déjà épuisé d'avance. J'ai horreur de jouer les baby-sitters, surtout quand il s'avère que la personne est une adulte et non une enfant. J'aime les enfants. C'est uniquement à partir du moment où ils chialent, bavent et chient partout que je ne peux pas me les voir en peinture. Dans ces moments-là, je n'ai qu'une envie, c'est de les balancer par la fenêtre.

— C'est bon. Je m'en charge, lui réponds-je.

Nous sortons et voyons Ross, le chauffeur, qui nous attend à l'entrée du Republic NOLA. Alex s'est fait aborder par une jolie petite asiatique lorsque nous étions dans les escaliers. J'espère qu'elle va vite se dépêcher car nous avons besoin d'elle ce soir enfin ce matin vu qu'il est quatre heure.

Je suis donc en compagnie de la belle au bois dormant et de monsieur ronchon. Je suis surpris que Fox ne se soit toujours pas réveillée. Après tout, elle n'est pas en sécurité avec nous. Ses traits sont détendus, elle paraît tellement innocente en cet instant.

Je m'installe dans le SUV, à la suite d'Hadès. Le trajet se fait en silence. Je ne peux m'empêcher de jeter des coups d'œil à la rousse ayant peur qu'elle se brise en mille morceaux entre mes mains.

Arrivés devant la maison, Ross se gare et nous rentrons à l'intérieur. Nous descendons les marches menant au sous-sol et le russe ouvre la porte d'une cellule. Nous tombons face à une table de torture où il y a quatre sangles pour maintenir les membres de la victime.

Je dépose Freya et nous l'attachons à l'aide des sangles en cuir. Hadès s'éclipse un moment puis il revient avec tout le matériel nécessaire. Alexis et Perle l'accompagnent.

— Tu vas vraiment lui infliger cela ? demandé-je inquiet.

Je l'aime bien cette petite rouquine. Elle est assez atypique dans son genre.

— Va chercher des masques de protection Allan. Vous en aurez grandement besoin.

Je suis mal à l'aise à l'idée qu'il lui fasse ce qu'il a prévu de faire. Je scrute tour à tour les filles et constate qu'elles sont dans le même état que moi. Surprenant de la part de la blonde car elle n'a pas l'air d'énormément l'apprécier.

Je monte en vitesse à l'étage, trouve des masques dans son bureau et reviens dans la cellule. Je les distribue et nous les enfilons.

— Maintenez-la, ordonne le parrain.

Malgré les liens qui la retiennent, il vaut mieux qu'il y ait, en plus, des gens pour la tenir. Je ne sais pas s'ils seront assez solides.

La rousse se réveille doucement sentant qu'il y a du mouvement autour d'elle. Le lieu est éclairé par des bougies et ses yeux s'habituent à l'obscurité. Se rendant compte qu'il se passe quelque chose d'anormal, sa respiration s'accélère. Sa tête pivote dans tous les sens afin d'essayer de comprendre ce qui lui arrive. Elle tire sur ses attaches pour s'extirper de cette situation, c'est un échec.

— Qu'est-ce que tu fais ? Libère-moi. Je n'ai rien fait. Je n'ai même pas tenté de te tuer, s'adresse-t-elle au russe totalement paniquée.

Nous la tenons fermement, elle nous assassine du regard.

— Prends une grande inspiration, малышка. Ça risque de piquer, la prévient-il en s'approchant de la table et en se plaçant à sa gauche où il a placé un tabouret.

Il allume le stylo à cautériser et patiente le temps qu'il soit suffisamment chaud.

Les iris verts de Fox reflètent la panique et l'incompréhension qui l'envahissent. Elle me supplie silencieusement de la sortir d'ici, je détourne la tête et me concentre sur Hadès. Je n'ai ni la force ni le courage de l'affronter. Je suis incapable de m'interposer.

Mon ami attrape le bas de sa petite robe et la remonte jusqu'à sa taille. Freya est complètement terrifiée et retient son souffle.

De sa main gantée, il baisse légèrement le haut de sa culotte. Elle gigote dans tous les sens en espérant secrètement que les sangles se détachent.

— ENLÈVE TES SALES PATTES DE LÀ ! NE ME TOUCHE PAS ! JE T'INTERDIS DE POSER TES MAINS SUR MOI ! s'époumone-t-elle.

Il claque sa langue contre son palais. Ce simple son l'immobilise et la fait frissonner.

— Tu devrais apprendre à fermer ta gueule. Je n'aurais aucun scrupule à t'arracher la langue. Et s'il te plaît, Henriksen, arrête de bouger.

Il se pince l'arête du nez et pousse un lourd soupir.

— Tu ne voudrais quand même pas que je te brise les genoux pour arriver à mes fins ? Je me trompe ?

— Non, en effet, murmure-t-elle discrètement.

— Parfait.

Il s'assoit sur le siège et pose sa paume sur sa hanche pour la clouer contre la table. Elle déglutit et ferme les paupières se préparant mentalement à ce qui va suivre.

Il nettoie sa peau avec un mélange d'eau et de savon, il rince et passe ensuite une solution antiseptique. Après avoir réalisé cette asepsie de la peau, il utilise le stylo comme un manche de bistouri électrique. Dès la première incision, je perçois un cri étouffé. Une forte odeur de chair brûlée se répand dans la cellule. Les filles sont à deux doigts de vider le contenu de leur estomac. Je n'en mène pas large non plus. J'imaginais plutôt que ça sentirait le bacon. Alors oui, ça sent le cochon grillé, mais c'est horrible. J'ai l'impression d'être dans la cuisine d'un cannibale qui est en train de cuire son repas.

Au menu, le chef vous propose comme plat du jour une jolie petite rouquine. Quelle cuisson souhaitez-vous pour la viande ? Saignant ? À point ? Bien cuit ?

Je vais vomir mes tripes.

Ce n'est ni le bon endroit ni le bon moment, bouffon.

Le masque que nous portons ne nous protège pas assez puisque je sens presque le goût de sa chair brûlée sur ma langue. Ce parfum plus qu'écœurant reste sur mes pauvres glandes olfactives qui n'ont absolument rien demander. Le dentifrice ne sera pas suffisant pour nettoyer ce goût immonde. Je vais avoir besoin de centaine de litres de bain de bouche.

Alexis ne tient plus. Elle abaisse son masque sur le menton et régurgite l'alcool qu'elle a bu durant la soirée. Blondie chérie veut l'aider, je secoue négativement la tête. Hors de question que je sois le seul à endurer ce calvaire.

J'ose zieuter la petite furie. Elle se mord la lèvre jusqu'au sang afin qu'aucun autre bruit ne sorte. Ses ongles sont enfoncés dans ses paumes. Elle ouvre les yeux et ravale aussitôt ses larmes quand nos regards se rencontrent.

Hadès en est à la moitié de son motif. Il trace une nouvelle ligne et cette fois-ci, Freya ne peut plus se retenir. Elle hurle comme un porc qu'on égorge, comme un animal qu'on marque au fer rouge. Et c'est ce qu'elle est. Ce n'est rien d'autre que du bétail. C'est un jouet, c'est son jouet. Quiconque voudra la lui voler en paiera le prix cher. Désormais, elle lui appartient corps et âme.

J'étudie avec minutie chaque mouvement qu'exécute Romanov. La peau de la petite rousse fond comme neige au soleil et très peu de sang s'écoule de sa plaie. Il manie avec habileté le stylo à cautériser comme si c'était une simple aiguille qu'on utilise lors des tatouages.

Son visage n'affiche aucune émotion. Il est totalement neutre. Cet homme m'étonnera jusqu'à ce que je crève. Amis depuis si longtemps et pourtant, étranger depuis toujours. Bien que je ne sache pas grand-chose sur lui, je serai toujours à ses côtés.

Je suis en train d'assister à un remix de Toy Story en direct. Carrément flippant. Sauf que dans le film, Andy, il me semble que c'est son prénom, écrit au stylo son nom sur la chaussure de ses figurines. Il ne brûle pas la peau d'une personne vivante contrairement au mafieux.

Nono adore ce dessin animé. On l'a vu un nombre incalculable de fois. Ses parents étant souvent absents à l'appartement, ils lui ont acheté plein de conneries suite à son obsession pour ce film. Avant il s'amusait avec ses jouets et ses peluches puisqu'il est fils unique. Il inventait tout un tas d'histoires aussi farfelues les unes que les autres. Aujourd'hui, ses jouets sont rangés dans une boîte car il préfère les jeux vidéos. Je le comprends, j'étais comme lui à l'époque.

Personnellement, Toy Story m'a toujours effrayé. Quand j'étais enfant, je craignais que mon doudou prenne vie et qu'il s'attaque à moi. J'étais un chouïa parano, on ne va pas se mentir. Toutefois, cette paranoïa était justifiée. Je le suis toujours d'ailleurs et plus les années ont passé, plus elle s'est amplifiée.

Un jour alors que j'étais dans mon salon devant la télévision. J'ai aperçu une ombre dans les escaliers. Ma mère était aux toilettes et mon père encore au travail. J'ai observé les alentours, les volets étaient fermés, ce n'était donc pas une personne de l'extérieur. Je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie.

Je crois que c'est cette soirée-là où j'ai commencé à faire attention au monde qui m'entourait.

Quand j'étais à l'étage, je vérifiais toujours que personne n'était derrière moi. Je m'assurais que toutes les pièces de la maison étaient vides. Je regardais sous le lit et dans l'armoire au cas où quelqu'un décidait de se cacher dedans. Lorsque j'éteignais la lumière, je courais me réfugier dans ma chambre. Et au moment de dormir, je montais ma couette jusqu'à me recouvrir complètement. Évidemment, je ne pouvais pas savoir s'il y avait un tueur en série, mais je me sentais en sécurité caché sous mes draps.

Maintenant, j'ai grandi et j'ai pris en assurance. Parfois mes vieilles habitudes refont surface. N'empêche que cela arrive de plus en plus rarement. Je suis fier d'avoir évolué parce que ça commençait à devenir handicapant.

Mes pensées sont interrompues par le silence total. Notre captive a cessé de se déchirer les cordes vocales. Elle a maintenant un regard dans le vide. On dirait qu'elle s'est déconnectée de la réalité, que son esprit s'est dissocié de son corps.

Est-ce plus facile de supporter la douleur dans cet état-là ?

Hadès a terminé sa petite œuvre. Il éteint le stylo et nettoie la blessure de Freya puis s'en va. Alexis et Perle quittent immédiatement le sous-sol, quant à moi, je reste et analyse le motif qu'il a dessiné ou plutôt gravé dans sa chair. Je reconnais tout de suite le symbole. C'est celui d'un dieu grec et plus précisément celui du dieu des enfers. Hadès, le dieu des Enfers.

La rouquine est complètement éteinte. Son cerveau est en off et il ne répond plus.

J'enlève les sangles qui la retiennent sachant qu'elle aura du mal à marcher pendant quelques jours. Si elle parvient à s'échapper c'est qu'elle n'est pas humaine.

Je monte à l'étage et retrouve mon ami sur le balcon, un verre de bourbon à la main. Je pose mes paumes sur la rambarde avant de me tourner vers lui.

— Pas besoin de me regarder ainsi Allan.

J'ouvre la bouche m'apprêtant à le sermonner mais il me devance.

— Pas besoin non plus que tu me fasses un discours moralisateur. Va voir ailleurs si j'y suis. La petite serveuse de chez Joey ne t'attend-elle pas dans ta chambre ? Comment s'appelle-t-elle déjà ? Vanessa c'est ça ?

— Vaea. C'est Vaea son prénom. Et non, figure-toi qu'elle est partie en vacances pendant un mois.

D'origine française, elle a emménagé à " Big Easy " dans le but de s'éloigner de ses parents. Elle habitait à Saint-Martin avec son père, sa mère et sa grande sœur. Il s'est avéré que ses géniteurs la forçaient à faire des pubs ou des shootings pour qu'elle devienne célèbre. Ça avait fonctionné avec sa frangine donc ils voulaient aussi que leur petite dernière soit une star. Vaea n'en avait que faire et dès qu'elle a pu, elle s'est barrée. Celle qui était destinée à être mannequin est actuellement serveuse dans un bar.

C'est une jolie petite blonde aux cheveux bouclés et aux yeux bleu ciel qui fait chavirer le cœur de tous les clients.

Il est vrai qu'on a tendance à souvent se retrouver dans mon lit. Cependant, je ne compte pas laisser mon meilleur pote seul. Les amis avant le sexe. Telle est ma devise.

Il finit son verre d'une traite et plonge ses iris de minuit dans les miennes.

— Mince. Quel dommage ! Je vais devoir te supporter à longueur de journées, me charrie-t-il. Elle me manque. Au moins quand elle est là, je n'ai pas à endurer ta compagnie.

Je lui frappe l'épaule tout en rigolant.

— Tu ne le diras jamais, toutefois, je sais que tu m'adores. Je suis génial comme mec en même temps. Tout le monde aimerait être mon ami. Et toi, petit chanceux, tu me connais depuis que j'ai quinze ans. C'est exceptionnel. Tu devrais te sentir privilégié.

Un mince sourire incurve ses lèvres.

— Tu n'as pas besoin de te cacher avec moi ? Tu en as conscience ? le questionné-je plus sérieusement tout en observant les passants dans la rue.

Il soupire et s'allume une clope. Sa tête bascule en arrière pendant qu'il expire la fumée. Il retire son masque puis le fixe. C'est un masque tout blanc. Il n'y a aucun motif, aucune couleur. Quand il le met, il couvre la moitié de son visage et cela l'arrange puisqu'il a seulement été touché du côté droit.

J'évite de le scruter trop longtemps ne voulant pas qu'il soit mal à l'aise en ma présence. Son apparence est sa plus grosse faiblesse. Peu de choses arrivent à le blesser. Mais dès qu'il observe son reflet dans le miroir, il a envie de se crever les yeux afin de ne plus voir le monstre qu'il est devenu, selon lui.

Je pensais qu'au fil des années, son mal-être se dissiperait. J'ai eu tort. Il ne fait qu'accroître, j'ai l'impression.

En portant ce masque, Hadès inspire le mystère et le danger. Les gens le craignent, et pourtant, je sais de source sûre que certains l'admirent secrètement.

— Si je ne l'avais pas fait, certains auraient continué de s'en prendre à elle, m'explique-il, brisant ainsi le silence qui s'était installé.

Il ment. Ce n'est pas pour cette raison qu'il l'a marquée. Mais ignorant ce qu'il se trame dans son esprit, je rentre dans son jeu.

Je ricane et nos regards s'entrechoquent.

— Au fond de toi, t'es conscient que cela ne changera rien. Cela ne les empêchera pas de lui faire du mal.

Le muscle de sa mâchoire tressaute et son poing se serre.

— Je ne laisserai plus personne la toucher. Tu me connais Al. Tu sais de quoi je suis capable. Je n'aurai aucun remords à les tuer un par un. S'il le faut, je mettrai la Nouvelle-Orléans à feu et à sang pour elle.

Je passe mes doigts dans mes cheveux bruns et reporte mon attention sur les touristes.

J'ignore ce qui lui prend tout d'un coup à se montrer si possessif avec une femme. Une femme qu'il a kidnappé il y a quelques jours à peine. Ce n'est pas son style de se comporter ainsi. Il est vrai qu'il l'a longtemps surveillée entre le jour de sa première exposition et celui de sa deuxième. Ce n'est quand même pas une raison valable pour sa possessivité. Si ?

Qu'est-ce qu'elle a de spécial comparé à d'autres ?

Elle est très belle, c'est un fait. Je ne vais pas le nier. Seulement jusqu'à présent, personne n'avait retenu son attention de la sorte. Je suis sûr que c'est une sorcière et qu'elle lui a lancé un sort.

Je n'irais pas à dire qu'il déteste le sexe opposé, mais il n'a jamais vraiment apprécié leur compagnie. Sauf Alexis et Perle. Généralement, il n'est pas du tout sur la même longueur d'onde avec cette dernière. Ils parviennent quand même à coopérer de temps en temps. Par exemple, blondie a galéré pour qu'il accepte de mettre des plantes dans la maison. Elle a ramé pendant des semaines. Elle a réussi seulement parce qu'il n'en pouvait plus de l'entendre gueuler à chaque fois qu'elle rentrait des courses que cette baraque manquait cruellement de décoration.

— Te serais-tu entiché de cette petite rouquine ? le taquiné-je en lui balançant mon coude dans les côtes. Je vous imagine déjà marié avec des enfants si tu veux mon avis.

Il grogne mécontent. Je me gratte le menton en faisant mine de réfléchir.

— Oh ! J'allais oublier ! Vous auriez un chien aussi et ce serait un golden retriever ! ajouté-je en lui envoyant un clin d'œil.

Cliché, c'est vrai. Mais j'adorerais le voir en père de famille.

— Et moi je t'imagine enterrer six pieds sous terre en train de hurler à la mort pour que l'on te sorte de là. Je me tiendrais debout, devant ta tombe, et j'écouterais tes cris qui ressembleraient, pour mes oreilles, à de la musique classique.

La main sur mon organe vital, je fais semblant d'être choqué. Ma mâchoire manque de se décrocher et mes yeux sont exorbités. Il faut qu'il y croit après tout.

— Tu viens de me briser le cœur, m'exprimé-je de façon théâtrale. Tu te rends compte de la cruauté dont tu fais preuve ?

Je me frotte les yeux comme si je séchais mes larmes et je renifle fortement. Je crois que ça fonctionne. Il a l'air de croire à ma comédie.

— Vivement que Vaea se dépêche de rentrer. Tu me fatigues. Elle est partie quand ? me demande-t-il.

— Trois jours, réponds-je en arrêtant de jouer au comédien et avec une légère pointe de tristesse dans la voix.

Il se pince les lèvres pour se retenir de rire face à mon expression dépitée.

— Trois jours qu'elle n'est plus là et te voilà déprimé. Serais-tu amoureux Allan ?

J'écarte les bras tout en les tendant dans sa direction et m'avance vers lui. Comprenant ce que je m'apprête à faire, il pose sa paume sur mon front afin de me repousser. Je résiste et appuie contre sa main pour l'atteindre. N'étant pas très grand, je ne le frôle même pas du bout des doigts.

— Tu es censé me réconforter dans les moments difficiles.

— J'en conclus que j'ai raison et que tu l'aimes. N'est-ce pas ?

Je cesse de vouloir l'étreindre et croise mes bras sur mon torse. Je fuis ses prunelles et préfère me concentrer sur la lune qui scintille de mille feux.

Je ne l'aime pas. Nous sommes juste amis avec quelques avantages que certains ne possèdent pas.

Avouer qu'on aime une personne a une signification très importante. Les adolescents l'emploient couramment. C'est stupide, je trouve.

Oui, c'est uniquement trois petits mots. Et pourtant je n'arrive pas à les prononcer. Je suis incapable de les formuler. Pour la simple et bonne raison que ces trois mots valent de l'or et c'est triste de le dire, mais on les utilise à tort.

Durant mes vingt-huit ans d'existence, je n'ai jamais dit " Je t'aime. " à quelqu'un. Mes parents étaient des beaux enfoirés donc ce ne sont clairement pas eux qui vont recevoir une marque d'affection de ma part.

Après réflexion, si nous continuons sur notre lancée avec Vaea, j'envisage peut-être la possibilité d'aller plus loin avec elle. C'est une fille super cool et sans prise de tête, c'est agréable. Le feeling passe très bien entre nous et nous avons de réelles discussions. Ouais, il y a des chances pour que je fasse le premier pas.

— Il est vrai que je l'apprécie énormément, marmonné-je de manière peu audible.

Il place sa main au niveau de son lobe et se penche sur le côté.

— Tu peux répéter. Je me fais vieux.

Un rictus mesquin s'imprime sur son visage, je lève les yeux au ciel.

Je décide de retourner à l'intérieur pour me coucher. Je m'allonge et tombe rapidement dans un sommeil profond.

~

Je récupère mon téléphone, l'écran affiche qu'il est déjà midi.

Mince !

Ce n'était pas prévu au programme que je dorme si longtemps.

J'ai besoin de prendre l'air et d'aller boire un verre. Je m'habille en vitesse et claque la porte d'entrée.

Je ne change pas mes habitudes et marche jusqu'à chez Joey. Quand j'entre dans le bar, je remarque tout de suite au fond de la salle Lina, la fille de Joey, en train de colorier son dessin. Je salue d'un mouvement de tête les serveuses et le barman puis je m'installe en face d'elle. Elle relève le menton et son visage s'illumine quand elle s'aperçoit que c'est moi.

— Allan !

Elle saute de sa chaise avant de se jeter dans mes bras.

— Salut Linette cacahuète.

Je lui ébouriffe ses cheveux, elle grimace. Ses petites mains me repoussent et elle s'assied sur mes genoux. J'attrape son coloriage et l'admire.

— Qu'as-tu dessiné de beau ?

— C'est Hadès et moi ! s'exclame-t-elle.

Sur sa feuille, deux personnes sont représentées. La première est la petite chinoise portant une jolie robe de mariée et la deuxième, c'est mon ami en costard. Ils sont tous les deux sur un des remparts du château. Très princesse. Très cucul la praline. C'est la définition même de Lina.

Hadès et moi connaissons la mioche depuis sa naissance. Joey est un homme d'honneur et il a toujours été là pour nous. Lorsque nous avons appris que Jo était père, nous étions tellement contents pour lui. Après l'accouchement, sa femme s'est enfuie, les laissant tous seuls, car elle avait des problèmes avec un gang, il me semble. Nous lui rendions souvent visite et nous l'aidions. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Romanov s'est directement attaché au bébé. Quant à Lina, elle n'a jamais eu peur de lui. Comme elle aime le répéter, elle est amoureuse de lui. Elle me fait rire cette gamine.

Du haut de ses huit ans, elle est rayonnante. Et ça fait du bien d'avoir ce genre de personnes dans nos vies. Je pense que sans Nono et Linette, je broierais constamment du noir. Hadès n'est pas quelqu'un de très positif on va dire.

— Tu crois qu'il acceptera un jour de m'épouser ? m'interroge-t-elle coupant mes pensées.

Adorable.

— Quand tu seras une adulte oui.

Elle descend de mes genoux et court vers son père qui vient vers nous.

— Papa ! Papa ! Allan a dit qu'Hadès et moi nous nous marierons plus tard !

Le quadragénaire me foudroie sur place avant d'esquisser un sourire hypocrite à sa fille. Il lui fait un câlin puis l'embrasse sur le front.

— C'est génial ma puce.

Il se relève et me prend à part.

— Pas question que Lina fasse partie de votre monde. Elle ne doit jamais être au courant de votre organisation. Compris ?

Je hoche la tête complètement d'accord avec lui. Je refuse que ce rayon de soleil s'éteigne. Je refuse qu'elle soit souillée par nos pêchés. Elle doit vivre une vie normale. Elle doit être épanouie dans ce qu'elle entreprendra. Elle mérite sa fin heureuse. Je m'en voudrais si par malheur, il lui arrivait quelque chose.

Noah est condamné. C'est pour cela qu'il faut que je sauve Lina avant que les ténèbres ne la consument. Avant que sa flamme ne s'éteigne.

_______________________________


Bonjour les copains.


Trop contente de vous retrouver dans ce petit chapitre qui est très sympathique 🙂.

Je trouve que je parle beaucoup trop de moi à travers Allan mais c'est pas grave. Au moins, on fait connaissance 😭.

Bref.

S'il y a des fautes, je suis désolée, je n'ai pas fait gaffe.

N'oubliez pas d'appuyer sur l'étoile si le chapitre vous a plu.

La bise.

P. S : je vous aime 💛

- Lu 🐥

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