Tome 2 : FORGIVE ME

By OxannaSkilly

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🚨« FORGIVE ME » EST LA SUITE DE « HATE ME »🚨 Alyssa a le cœur brisé et n'est pas prête de pardonner Aaron... More

FORGIVE ME
1 - AARON
2 - ALYSSA
3 - AARON
4 - ALYSSA
5 - AARON
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30 - ALYSSA

21 - AARON

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By OxannaSkilly

  J'attrape la bouteille devant moi et l'observe un moment hésitant. Ça fait deux jours qu'elle m'a dit toutes ces choses de merde qui tournent dans ma tête. Si j'avais su qu'un jour une fille serait en capacité de me briser, je n'y aurais pas cru. À croire qu'Alyssa est une exception dans tous les domaines de ma vie. Je repose la bouteille en soufflant, je ne veux plus boire. L'alcool ne change rien à ma situation, rien n'arrive à me sortir de cet état de déprime constante. Sérieusement, comment j'ai pu en arriver là ? J'aurais dû me douter que rien ne marcherait avec Alyssa, dès le début j'ai été le pire des connards avec elle. Comment ai-je pu croire un seul instant que tout finirait par aller bien, que je serais un mec normal et attentionné ? Ma vraie nature m'a rattrapé plus vite que prévu.

La porte d'entrée s'ouvre et Zack débarque.

- Ça va ? Demande-t-il innocemment en posant ses affaires de cours.

Il n'a pas posé de questions après la visite d'Alyssa, il n'a pas cherché à savoir ce qui avait bien pu se passer. Peut-être qu'elle lui a expliqué. Dans tous les cas, je suis bien content qu'il ne m'ait pas demandé quoique ce soit. Je ne suis pas prêt à parler de ce que je ressens. Je suis si faible, il a suffit qu'elle mette fin à quelque chose qui n'avait jamais commencé pour me mettre plus bas que terre. Je ne me reconnais pas et ça me fait franchement flipper, à quel moment j'ai déconné pour être si vulnérable ? Je pensais pouvoir tout surmonter, être inatteignable, mais cette fille m'a complètement retourné le cerveau.

- Ouais. Réponds-je l'air détaché.

Zack s'assoit en face de moi et observe la bouteille d'alcool que je n'ai finalement pas entamé.

- Aaron, je tiens à te remercier parce que j'ai vu mon père aujourd'hui et je sais que tu lui as parlé.

Je relève les yeux vers Zack qui m'adresse un petit sourire triste n'arrivant pas à se réjouir totalement en sachant que je suis complètement dévasté.

- Et qu'est-ce qu'il a dit ? Demandé-je méfiant.

- Il veut que je revienne à la maison. Il m'a expliqué qu'il avait peur pour moi, mais qu'il serait toujours là si j'ai besoin. Qu'il avait mal agi. Franchement, je ne sais pas ce que tu lui as dit mais, c'est la première fois qu'il reconnaît ses torts.

Je souris en voyant que ça le rend heureux. Il y en a au moins un pour qui tout s'arrange parmi nous.

- En fait, c'est Stan que tu devrais remercier. C'est lui qui a parlé à ton père. Moi, je me suis contenté de l'insulter.

Zack ricane amusé et secoue la tête.

- Mon père m'a parlé d'un mec grand et tatoué qui était prêt à lui refaire le portrait. Je trouve que la description te correspond mieux. Plaisante-t-il.

Je ris à mon tour en sortant une cigarette et Zack pince les lèvres comme s'il hésitait à me dire la suite.

- Je vais rentrer chez moi. Mais...je peux rester encore un peu si tu veux ? Propose-t-il.

J'allume ma cigarette l'air de rien. Cet idiot n'est pas dupe et a remarqué mon mal-être. Il se propose pour me chaperonner. Je sais que ça part d'un bon sentiment mais, ça me fait juste me sentir un peu plus ridicule et ça a le don de me foutre les nerfs. Je secoue la tête refusant la proposition et crache la fumée de ma cigarette.

- C'est bon, rentre chez toi. Tout va bien.

Il me fixe hésitant, évidemment que ça ne va pas. Ça saute aux yeux que je suis détruit. Mais, que peut-il y faire lui ? Rien.

Il se relève et passe nerveusement une main à l'arrière de son crâne.

- Je ne vais pas insister parce que tu vas m'envoyer balader. Mais, sache que si tu as besoin, tu peux toujours m'appeler. N'importe quand.

Je le regarde quelques secondes avant de hocher la tête pour lui signifier que j'ai bien noté cette information dans un coin de ma tête. Je n'appellerai jamais Zack, ni Stan ni personne. La seule personne qui peut guérir mon coeur est la même personne qui l'a brisé. Il se balance d'un pied sur l'autre ne sachant quoi faire et je me force à sourire pour le rassurer.

- C'est bon Zack, tu peux dégager. Plaisanté-je.

Il sourit rassuré de m'entendre plaisanter et s'approche en me tendant la main. Je la lui serre vigoureusement alors qu'il me met une tape dans l'épaule pour à la fois me remercier et m'apporter son soutien. Puis, il quitte la pièce pour aller rassembler ses affaires. Je redoute son départ parce que ça signifie que je vais être seul. Pour une fois, je préférerai ne pas l'être.


  Zack est parti hier et m'a envoyé un message pour prendre de mes nouvelles auquel je n'ai jamais répondu. Je viens de boire la moitié de la foutue bouteille à laquelle j'avais renoncé la veille et ma tête tourne dangereusement. J'avance vers ma veste pour y récupérer mon second briquet et trébuche en me prenant le pied de la table comme un idiot. Je ris nerveusement de ma propre bêtise et fouille les poches de ma veste à la recherche de mon feu. Pourquoi faut-il que le monde tourne autant quand on boit ? Je dois m'y prendre à trois fois avant de réussir à allumer ma cigarette et lance la musique sur ma télé. Une musique que je ne connais pas démarre et je me laisse tomber sur le canapé en appréciant le goût du tabac. Je monte le son sans penser aux voisins ni à personne d'autre. Je veux juste brouiller mes pensées, me noyer dans n'importe quoi pour ne plus voir la réalité en face.

J'écrase mon mégot quelques minutes plus tard dans un cendrier improvisé et entends à peine la sonnette de l'appartement par-dessus la musique. Je me lève et tangue en arrière avant de me rattraper au dossier du canapé.

- Merde. Juré-je en renversant la bouteille sans savoir comment.

Je l'attrape rapidement et la relève puis avance vers l'entrée. Je déverrouille la porte et un sourire provocateur prend place sur mon visage en découvrant mon voisin de palier sur le pas de ma porte.

- Bonsoir, est-ce que vous pouvez baisser le son s'il vous plaît ? Demande-t-il.

Je place une main proche de mon oreille feignant de ne pas entendre ce qu'il me raconte. Ce connard ne réussira pas à me faire chier, pas ce soir ni les autres soirs. Qu'il me laisse me noyer.

- Le son. Répète-t-il plus fort.

- C'est bon mec, vient boire un coup. Lancé-je en retour.

Le type aux cheveux grisés qui doit avoir la cinquantaine d'années fronce les sourcils.

- Je vais appeler les flics. Me menace t-il.

- Appelle les.

Je n'attends pas sa réponse et lui claque ma porte au nez. En pivotant pour retourner dans le salon, je fais tomber quelques conneries posées sur le meuble de l'entrée. J'ignore ce détail avançant directement vers ma bouteille d'alcool mais la sonnette de l'appartement retentit de nouveau. Ce connard de voisin n'a pas choisi le bon moment pour m'emmerder.

- Putain mais me fait pas chier. Lancé-je en ouvrant la porte avant de me rendre compte que la personne que j'ai en face n'est autre que ma sœur.

- Aaron ? Dit-elle surprise alors que je plisse les yeux pour me concentrer.

- Qu'est-ce que tu fais là Hope ?

Elle fronce les sourcils et regarde dans mon dos en entendant la musique.

- Je dois te parler. Annonce t-elle gravement.

Je n'ai pas le temps de réfléchir qu'elle s'engouffre dans mon appartement sans me demander mon avis. Je referme la porte, la rejoins dans le salon et la regarde éteindre la musique avant de se tourner vers moi. Quelque chose dans son comportement me dit que ça ne va pas. Elle a cette lueur d'inquiétude dans le regard, elle semble stressée.

- Tu as bu ? Demande-t-elle en voyant la bouteille presque vide posée sur la table.

Une envie de rire me prend mais c'est un réflexe nerveux parce que je connais ma sœur. Elle est venue me parler de quelque chose qui ne va pas me plaire, je le vois. Je le sens.

- Qu'est-ce qui se passe ?

Elle pince les lèvres jouant nerveusement avec la lanière de son sac. Ma sœur n'a pas peur de parler en temps normal, mon cœur s'accélère alors que je me prépare au pire.

- Tu devrais t'asseoir.

Je hausse les sourcils surpris.

- M'asseoir ? Répète-je hébété.

Ce qu'elle a à me dire n'est pas facile. Je ressens la difficulté qu'elle éprouve à s'exprimer. Je ne sais pas si c'est l'alcool mais, une envie de vomir me prend violemment.

- Dit moi ce qui se passe Hope. Ordonné-je ne supportant plus d'attendre.

Elle mène une lutte intérieure pour vaincre sa peur de parler et s'avance un peu. Elle lance un regard hésitant vers la bouteille d'alcool et je me doute qu'elle aurait préféré que je ne sois pas complètement saoul pour me dire ce qu'elle a à me dire.

- Aaron, s'il te plaît reste calme.

- Hope, dis moi ce qui ne va pas bordel ! M'exclamé-je perdant patience.

- Ça concerne papa.

Mon sang ne fait qu'un tour et j'avance vers ma sœur pour mieux la détailler. Ce connard est peut-être allé la voir ? Il l'a peut-être menacé ? Je cherche une quelconque trace de blessure sur son visage en vain.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

Mon ton est froid, chargé de stress. Je ne comprends pas où elle veut en venir pourtant des larmes affluent dans ses yeux.

- Il ne m'a rien fait...Il...

- Quoi Hope ? Qu'est-ce qu'il a papa ? Parle.

- Il est mort Aaron.

« Mort ».

Papa est mort.

Un silence s'abat dans l'appartement et je dois cligner plusieurs fois des yeux pour me rendre compte que c'est bien réel. Hope est bien présente dans mon salon en train de m'annoncer la mort de mon père. Je chancelle sous le poids du choc entendant mon cœur résonner bruyamment dans mes tempes.

- Comment...? Je ne comprends pas il...

Je ne trouve pas mes mots et Hope s'avance pour essayer de me prendre dans ses bras. Mais, rapidement, j'esquive son étreinte et elle me regarde ne sachant quoi dire.

- Overdose. Maman m'a dit que la nouvelle femme de papa avait porté plainte contre lui, qu'il s'est sûrement mis à prendre de l'héroïne juste après. Mais, il ne connaissait pas l'héroïne, il a dû en abuser. Tu sais comment il était...

Sa voix tremble alors que je peine à comprendre ses mots. Elle tente à nouveau de s'approcher de moi et je manque de trébucher en reculant. Je ne veux pas qu'elle me touche putain.

- Aaron. Dit-elle inquiète.

- Il est mort ? Répété-je.

Je devrais être heureux ou soulagé. Je ne sais pas, je devrais être content que le père qui me battait soit mort. Mais, je ne le suis pas. Je ne ressens rien de normal. J'aurais été capable de le tuer mais maintenant qu'il est mort, je ne sais plus. Comment est-ce que je pourrais avoir la chance d'être quelqu'un de bien maintenant que je sais qu'il est mort avant d'avoir changé ? Et puis, comment est-ce qu'il peut être mort ? Je n'arrive pas à le concevoir, c'est si soudain. Jamais je n'avais envisagé la possibilité qu'il crèverait aussi tôt pourtant, j'ai pensé un nombre incalculable de fois à la façon dont je le tuerai.

- Ça va aller Aaron. Tout est enfin fini. Dit-elle doucement alors qu'une larme coule sur sa joue.

Elle a raison, je sens un poids quitter mes épaules mais pas entièrement. J'ai l'impression que la mort de papa laisse quelque chose en suspend. Comme si ce n'était pas complètement fini. Il a tout détruit sur son passage, nos vies sont complètement brisées par sa faute et il est tout simplement parti ? Sans rien arranger ? Comment est-ce que c'est censé aller mieux ?

Sa mort ne change rien finalement. Moi qui pensais qu'elle serait peut-être une solution, je me trompais. Je suis toujours moi-même, un genou en moins et un cerveau qui déraille complètement. Et Hope sera toujours cette petite fille qui ne connaîtra pas de père. Sa mort n'apporte rien de plus qu'un problème sans fin. Comme si un auteur mourait avant d'avoir écrit le dernier chapitre de son livre, comme si le réalisateur d'une série quittait ce monde avant d'avoir tourné sa dernière saison. Comment est-ce que c'est censé finir ? Comment est-ce que je suis censé finir ? Hope pose ses deux mains de part et d'autre de mon visage pour m'obliger à la regarder dans les yeux alors que je commence cruellement à manquer d'air.

- Il est parti. On est libre maintenant. Assure-elle.

Mais ce n'est pas comme ça que je le conçois. Non, son départ n'a fait que m'enfermer définitivement dans un problème sans fin. Il m'a condamné à rester dans cet état pour toujours en partant. Je ne peux plus avoir l'espoir d'imaginer un avenir où je serais un homme bien. Je dégage les deux mains de ma sœur et attrape mes clés avant de quitter l'appartement sans faire attention à Hope qui me crie de rester. Je dévale les escaliers du mieux que je peux, la douleur dans ma jambe me renvoyant vers mon père. A peine ai-je franchi la porte que je tombe nez à nez avec Stan qui devait attendre ma sœur. Il me regarde inquiet et avance lentement vers moi comme si j'étais une bête sauvage qui s'apprêtait à lui sauter à la gorge.

- Ça va ? Demande-t-il.

Non putain. Ça ne va pas. Vraiment pas. Je suis en train de paniquer et l'alcool me rend dingue. La porte s'ouvre dans mon dos et je croise le regard de Hope. Je dois m'éloigner loin d'ici. Je descends les marches contournant Stan mais manque la dernière et perd l'équilibre. Stan me rattrape et je le pousse violemment en arrière.

- Me touche pas putain !

- Aaron... Essaye d'intervenir Hope.

- Non ! Tu ne comprends pas bordel ! Qu'est-ce que je vais devenir moi ? Il est mort et maintenant qu'est-ce qu'on doit faire ? Pourquoi ma vie est toujours aussi pourrie ? Tout ne devrait pas s'arranger comme par magie ?

Je regarde tour à tour ma sœur et mon meilleur ami n'arrivant pas à saisir comment est-ce qu'ils peuvent être si calme. Mon père est mort. Il est parti pour toujours. Je n'aurais jamais de réponse, jamais d'excuse, jamais je ne pourrais me venger. Rien n'apaisera ma haine ou ma douleur, rien n'effacera mon enfance.

- Aaron, qu'il soit en vie ou mort, ça ne change rien. Il n'aurait jamais pu réparer tout le mal qu'il a fait. Déclare Hope souhaitant me ramener à la raison.

Mais ça me fait encore plus flipper parce que si lui ne peut pas réparer ses torts, est-ce que moi je le pourrais ? Est-ce qu'un jour je parviendrai à effacer toutes mes fautes ? Alyssa pourra-t-elle me pardonner ? Ma sœur pourra-t-elle m'aimer sans que je ne la fasse souffrir ? Toutes ces questions me rendent fou. Je deviens complètement dingue, je passe nerveusement une main dans mes cheveux et recule encore un peu alors que Stan tente de s'approcher.

- Aaron écoute moi s'il te plaît. M'implore-t-il.

La vodka que j'ai ingéré me donne envie de vomir, mes mains tremblent. Mon cœur bat à vive allure et ma tête tourne. Je ne me sens vraiment pas bien.

- Tu as trop bu pour avoir les idées claires. On va retourner dans ton appartement, s'asseoir et discuter. Propose Stan.

Je ne veux pas parler avec lui. Je ne veux juste pas parler du tout. Je ferme les yeux essayant de rassembler mes esprits.

- Aaron, s'il te plaît. Sanglote ma soeur.

Ma soeur pleure mais Stan continue de me dévisager soucieux.

- Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Rien ne changera jamais ? Demandé-je faiblement.

La mort de mon père aurait dû être la clé mais, ce n'est pas sa mort qui me sortira de l'enfer. Ce n'est pas non plus l'alcool ou mes antidouleurs, tout redevient toujours aussi chaotique une fois les effets dissipés. Moi qui voulait me noyer, pour le coup c'est réussi. Je sombre encore un peu m'éloignant jour après jour de la lumière. Plus les heures passent, moins je perçois de chance de m'en sortir. Je perds espoir. Je n'ai même plus Alyssa pour me garder la tête hors de l'eau, je n'ai plus personne. Elle a été la plus intelligente en comprenant qu'il n'y avait pas d'avenir à mes côtés, elle a bien fait de me laisser tomber. Fatalement, ce n'est pas surprenant d'apprendre qu'elle en aime un autre, qui pourrait aimer quelqu'un comme moi ? Stan avait raison, même moi je ne m'aime pas. Je me déteste et j'ai toujours voulu qu'on me déteste. Je veux qu'on déteste le gamin faible qui a laissé sa soeur crouler sous les coups d'un père alcoolique, le même qui n'arrive pas à rappeler sa propre mère. Qu'on haïsse l'homme que je suis devenu. Alors pourquoi je n'accepte pas que cette fille, Alyssa, me déteste ? Pourquoi est-ce que j'aimerais que ce soit moi qu'elle aime et pas un autre ?

Sans que je ne m'en sois rendu compte, Stan s'est approché et a posé ses deux mains sur mes épaules. Il me regarde droit dans les yeux m'obligeant à l'écouter.

- Tu sais que tu es comme un frère pour moi ? demande-t-il. Jamais je ne te laisserai, jamais Aaron. Tu pourras tenter de me repousser autant que tu veux, de faire autant de mal que tu peux autour de toi en pensant que c'est la meilleure solution, tu n'arriveras pas à m'atteindre. Je vais rester et je vais t'aider à tout arranger pour que ça change pour de bon.

Je tente de me dégager de sa prise mais ses mains se referment plus fort sur moi.

- Aaron, ton père était un connard. Ce n'était pas lui la solution. Déclare t-il.

Mais ce n'est pas ce que je veux entendre. Si mon père n'était pas la solution alors, il n'y en a pas. Je ne la trouverai pas. Je repousse violemment Stan pour la seconde fois mais comme il tente de me calmer j'envoie mon poing sans réfléchir dans son ventre lui coupant la respiration. Il se redresse en m'assassinant du regard et je l'attrape par son teeshirt voulant déverser ma haine. Cette vie de merde coupe toutes les branches auxquelles j'essaye de me rattraper. Mon comportement est guidé par l'alcool, je ne sais même plus ce que je fais. En temps normal, Stan n'aurait eu aucune chance de s'en sortir face à moi, j'ai toujours été plus fort. Mais, ce soir, il ne lui ai pas difficile de reprendre le dessus. Je tombe à la renverse déséquilibré et il tente de me calmer en s'aidant du poids de son corps.

- Stanley ! Crie Hope non loin de là.

Celui-ci s'immobilise et me dévisage aussi perdu que moi. Il ne doit pas comprendre pourquoi je m'en prends à lui.

- Pourquoi Aaron ? C'est quoi le vrai problème ? Demande-t-il doucement sans que ma sœur puisse nous entendre.

J'essaye à nouveau de me relever mais ma tête tourne et mes mouvements sont trop aléatoires pour que je n'y parvienne. Je laisse retomber ma tête sur le béton abandonnant. Je ne gagnerai pas ce soir. Je suis un éternel perdant de toute façon.

- Elle m'a laissé. Avoué-je.

Il fronce les sourcils déconcerté et m'interroge du regard.

- Qui ? De quoi tu parles ?

- L'emmerdeuse, elle m'a dit qu'elle en aimait un autre. Qu'elle ne me pardonnerai pas.

Je ne devrais pas lui montrer à quel point ça m'atteint mais, je suis trop fatigué pour continuer de lutter.

- Je regrette Stan, je regrette. Je ne voulais pas qu'elle me déteste. Je n'ai pas couché avec Maddy. Je savais qu'elle viendrait, je voulais la protéger. Je l'ai fait tomber en la repoussant, j'ai agi comme mon père. Tu comprends ? Elle ne pouvait pas rester, j'aurais fini par lui faire du mal.

Ma phrase est désordonnée, je dis tout ce que j'ai à dire d'un coup souhaitant m'en débarrasser. Le vrai problème, ce n'est pas que mon père soit mort. C'est qu'Alyssa m'ait jeté. Stan hoche la tête l'air compréhensif et relâche sa prise sur moi en voyant que je ne tente plus de me relever.

- Alyssa n'aime personne d'autre Aaron. Elle est tout le temps avec nous, Kimberly est sa meilleure amie. On l'aurait su. Répond t-il dubitatif.

Je ris nerveusement en secouant la tête. S'il savait à quel point elle est forte pour mentir, il saurait que ça ne lui serait pas difficile de dissimuler une relation. McKenzie me l'a dit, elle l'a vu avec un autre mec. Un type que personne ne connaît. La gothique n'a même pas répondu aux messages que je lui ai envoyé dans lesquels je la félicite d'avoir vu juste.

- Tu ne la connais pas. Rétorqué-je ne croyant pas en son optimisme.

- Alors quoi ? Tu vas laisser tomber ? Tu vas continuer à boire tout seul dans ton appartement de merde à attendre que tout s'arrange sans faire d'efforts ? Ça ne marche pas comme ça Aaron, si tu veux quelque chose, tu dois aller te le chercher.

Je le repousse sur le côté et me relève en prenant soin de ne pas perdre l'équilibre toujours autant alcoolisé. Stan me regarde faire méfiant se tenant devant moi.

- C'est facile à dire pour toi. Craché-je.

- Facile ? Ça fait des années que je suis amoureux de ta sœur mais que je suis partagé entre elle et toi. J'ai choisi d'ignorer mes doutes pour pouvoir être avec elle, j'ai failli te perdre. Je sais que les choses ne sont pas toujours faciles quand on aime une personne qu'on n'est pas censé devoir aimer.

- Ce n'est pas pareil. Marmonné-je pas ravi d'encore une fois entendre parler de leur relation.

- Tu as raison, ce n'est pas pareil. Je n'ai pas autant souffert que toi, j'en suis conscient. Je sais que ma situation est facile par rapport à la tienne. Mais, il faut que tu arrêtes de croire que quand ça te concerne tout est impossible, ce n'est pas vrai. Tu peux aimer, tu peux tout arranger et surtout, tu peux être différent de ton père.

Je garde mon regard rivé au sien vérifiant qu'il est sincère. Je doute qu'il pense réellement ce qu'il dit.

- On veut tous ton bonheur Aaron, mais si tu ne veux pas être heureux on ne peut pas faire grand chose de plus.

- Je ne sais même pas ce que signifie être heureux ! Répliqué-je en haussant le ton.

C'est vrai, à quel moment dans ma vie ai-je été pleinement heureux ? Jamais. Je n'ai pas un souvenir d'enfance me rappelant un bon moment, pas une anecdote dans laquelle je n'étais pas secrètement effrayé à l'idée de rentrer chez moi et de m'asseoir à la même table que mon bourreau. Encore aujourd'hui, alors qu'il est mort, je ne ressens pas de quiétude, pas d'apaisement. Je suis toujours aussi terrifié, toujours aussi incertain et blessé. Alors oui, j'ai ri, j'ai souris. Certains jours étaient plus faciles que d'autres et m'ont apporté un peu de joie. Mais aucun de ces jour-là étaient des jours pleinement ensoleillés. Il y avait toujours cette petite part d'ombre au fond de moi qui me ramenait à la réalité. Cette petite pression sur mon cœur qui ne m'a jamais quitté même dans les moments les plus calmes. Rien n'a jamais pu me faire connaître le véritable bonheur. L'instant où tu es juste bien, où tu n'as plus à réfléchir. Où le monde autour de toi te parait simple et délicat et non pas compliqué et complètement terne, triste. Il m'est arrivé de regarder des hommes ou des femmes passer dans la rue et de les envier. De les envier parce qu'il y avait cette légèreté dans leur rire, dans leur regard. Ce détail qui nous montre qu'ils n'ont pas à supporter le même genre d'étau qui enserre mon cœur au quotidien. Eux, ils vivent leur vie sans accroc, avec quelques petits soucis dont ils se sortent plus ou moins facilement. Mais moi, je subis ma putain de vie. Je m'enlise pas après pas dans quelque chose qui me comprime la poitrine au point de me faire suffoquer.

- Mais avec elle, avec Alyssa, tu t'en rapproches du bonheur ? Demande-t-il.

Je ne suis pas heureux avec elle. Je ne suis jamais heureux. Mais au moins, je ne suis pas malheureux.

- Ne la laisse pas partir, quelle que soit son excuse. Si tu tiens vraiment à elle, va la chercher dans cette putain d'université et parle lui. Le Aaron que je connais n'avait peur de rien et surement pas d'aller se confronter à une fille.

- Je n'ai pas peur. Je n'aime pas ce qu'elle fait de moi, l'emprise qu'elle a sur moi. Il a suffit qu'elle me quitte pour que je ne trouve plus aucun sens à me lever le matin.

- Il faut savoir prendre des risques.

- Elle va me tuer.

Stan sourit tristement et secoue la tête pour me contredire.

- Non, elle va te sauver.

✶ ✶ ✶

  « Elle va te sauver». C'est à ça que je pense en passant les portes du bâtiment principal de l'université un lundi matin. Pour tout dire, ça doit être la première fois que je viens un lundi matin ici. Mais, Stan a raison. Je ne vais pas me laisser abattre. Ma faiblesse était passagère, je dois me reprendre et redevenir celui que j'ai toujours été. Je vais trouver l'emmerdeuse et lui montrer concrètement qu'elle ne pourra jamais en aimer un autre. La mort de mon père obscurcit mes pensées et d'après Hope, maman encaisse aussi difficilement que moi la nouvelle. À croire que, même mort, mon père arrivera toujours à nous détruire. Ça m'a fait un choc, et l'alcool qui parcourait mes veines lorsque Hope m'a appris sa mort ne m'a pas aidé à mettre mes idées au clair. Mais, maintenant que je suis sobre, je ne me permettrai plus d'être aussi faible. Je refuse que l'emmerdeuse puisse m'atteindre comme elle l'a fait. Je ne peux pas laisser autant de pouvoir à cette fille.

Je tourne à l'angle du couloir évitant deux étudiants et me dirige vers la porte de l'amphithéâtre dans lequel Alyssa a cours.

- Wade !

J'ignore l'idiot de sportif qui est en train de m'appeler. Je ne veux même pas savoir lequel c'est. Je continue ma route sans me retourner mais j'entends des pas précipités dans mon dos qui me forcent à me tourner. Owen arrive en trottinant attirant les regards, je fronce les sourcils méfiant.

- Pas aujourd'hui Owen. Dis-je fermement pas d'humeur à supporter ses provocations.

Il regarde autour de nous l'air gêné et je pivote déjà prêt à rejoindre cette foutue salle de classe pour montrer à Alyssa qu'elle n'a pas réussi à m'atteindre.

- Attends Aaron. Insiste-t-il en posant une main sur mon épaule pour me retenir.

Ma patience étant limitée, je me retourne et plaque ce connard contre le casier le plus proche mon avant-bras contre sa gorge.

- Pas aujourd'hui. Répète-je.

Il lève les bras en signe de reddition et je lui lance un regard noir le dissuadant de me courir encore après.

- C'est à propos de ta copine. Articule t-il difficilement.

Je hausse un sourcil surpris qu'il soit en train de continuer de me provoquer même dans sa situation délicate.

- Je dois te parler de son ex. Ajoute t-il.

Mon cœur manque un battement alors que l'image de Jayden me revient en tête. Comment Owen peut-il être au courant de ça ?

- De quoi tu parles ? Demandé-je méfiant.

- Jayden. Répond t-il en tentant de repousser mon bras qui lui écrase toujours la trachée.

Trop surpris, je relâche ma prise lui permettant de reprendre son souffle. Je reprends rapidement mes esprits et regarde autour de nous pour vérifier que personne ne peut nous entendre. Je ne suis pas étonné quand je surprends plusieurs regards rivés sur nous et comprend que trop d'oreilles trainent dans ces couloirs. J'attrape Owen par sa veste de merde au couleur de son équipe sans me soucier de ce qu'il en pense et l'entraine vers les toilettes les plus proches. Je pousse la porte alors qu'un type se lave les mains en se matant dans le miroir.

- Dégage. Personne ne rentre ici. Lancé-je à l'attention du mec qui n'a pas le temps de se sécher les mains et qui sort en nous incendiant du regard.

Je vérifie chaque cabine sous le regard du sportif qui n'a pas réouvert sa gueule puis revient vers lui. Sans prévenir j'attrape sa veste à deux mains et le plaque de nouveau contre le mur.

- Comment tu es au courant de ça toi ? Craché-je.

Pour la première fois, je vois de la peur traverser son regard alors que je le menace. Je le secoue un peu pour l'obliger à parler sentant mon coeur tambouriner dans ma poitrine.

- Écoute, c'est une longue histoire. Commence t-il levant les mains en l'air en signe de paix.

Mais, le fait qu'il soit au courant de l'existence de Jayden ne me dit rien qui vaille. Je ne sais pas comment il s'est procuré cette information ni ce qu'il compte en faire. Peut-être qu'il connaît l'ex d'Alyssa ? Je resserre ma prise sur sa veste et le plaque de façon plus virulente contre le carrelage qui tapisse les murs. Sa tête cogne fort et il grimace de douleur, refermant par réflexe ses mains autour de mes poignets.

- Dis-moi ce que tu sais. Ordonné-je.

Il hoche la tête et je serre les dents m'attendant au pire.

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