Mutante - Tome 4

By Ashayanne

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/!\ Cette histoire est la suite de Mutante Tome 1, 2 & 3 /!\ En fuite après ma capture, je suis obligée de me... More

Chapitre 1 : Piste
Chapitre 3 : Vitoria
Chapitre 4 : Doutes
Chapitre 5 : Tornade
Chapitre 6 : Entrevue
Chapitre 7 : Appel
Chapitre 8 : Alaska
Chapitre 9 : Explosion
Chapitre 10 : Liz
Chapitre 11 : Démonstration
Chapitre 12 : Inquiétudes
Chapitre 13 : Élixir
Chapitre 14 : Conflit
Chapitre 15 : mr yoan
Chapitre 16 : M. Martin
Chapitre 17 : Culpabilité
Chapitre 18 : Maîtrise
Chapitre 19 : Hôpital
Chapitre 20 : Confrontation
Chapitre 21 : Retrouvailles
Chapitre 22 : Mental d'acier
Chapitre 23 : Elijah Walker
Chapitre 24 : Proposition
Chapitre 25 : Evasion
Chapitre 26 : Piège
Chapitre 27 : Défoulement
Chapitre 28 : Preuves
Chapitre 29 : Dîner
Chapitre 30 : Pression
Chapitre 31 : Regrets
Chapitre 32 : Vaniya
Chapitre 33 : Non-dits
Chapitre 34 : Nuit agitée
Chapitre 35 : Shade
Chapitre 36 : Surprise
Chapitre 37 : Le grand soir
Chapitre 38 : Fuite
Chapitre 39 : L'île (Fin T.4)
Mutante Tome - 5

Chapitre 2 : Shemus

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By Ashayanne

– Tu es sûr qu'on est en sécurité ? répétai-je, inquiète.

Adam leva à nouveau les yeux au ciel.

– Oui, alors va dormir.

– Je n'en ai pas besoin.

C'était même le contraire. Ma petite performance avait consommé le Giaco apporté par le sang, mais pas entièrement. J'en avais assez en réserve pour faire exploser encore deux ou trois voitures. 

J'étais sur les nerfs, parce que nous n'avions aucune nouvelle de Lucy ou Zéphyr. Law était reparti à leur recherche, après avoir colmaté le trou que j'avais fait dans le pare-brise. Au moins, mon coup se trouvait net et précis. 

J'avais besoin de bouger, de courir, ce que le petit appartement m'empêchait de faire. Adam avait contacté une amie à lui en vitesse, dont il savait qu'elle avait un logement dans le coin, aux Etats-Unis. Cette fille ne m'inspirait pas confiance, mais tant qu'elle n'était pas là, tout m'allait. 

Adam ne la pensait jamais capable de le trahir, je ne pouvais pas montrer tant d'assurance. Mise à part mes proches, tout le monde était à mes yeux suspect. Je tournais en rond, alors qu'Adam réglait des affaires pour son Clan. Il portait ses lunettes de repos, qui lui donnait un côté scientifique tout à fait sexy.

Mes émotions étant exacerbées par le sang, une bouffée de désir monta à mes joues. Je faisais les cent pas, essayant d'ignorer le brasier naissant dans mon bas-ventre. Adam finit par reposer sa tablette, exaspéré.

– Tu peux arrêter de bouger comme ça ? râla-t-il.

– Et s'ils sont enfermés ? S'ils sont torturés ? Je ne peux pas les laisser comme ça !

J'étais prête à sauter par la fenêtre et m'envoler pour les retrouver.

– Ils savent se défendre, et Law est en chemin. Je suis plus inquiété de savoir qu'on a été trouvé. Je sus sûr qu'ils sont en train de cuisiner nos poursuivants là-dessus, me rassura-t-il.

Ça ne suffisait pas à calmer ma nervosité. Je devais m'occuper avant de péter les plombs. Je passais vaguement en revue l'appartement, sans que rien ne soit intéressant. J'avais l'impression d'étouffer, il fallait que je sorte. Je me dirigeais vers la porte, mais Adam saisit mon bras.

– N'y pense même pas, m'interdit-il. Tu tiens vraiment à te faire attraper ?

Il avait raison, mais je devais vraiment expulser ce surplus d'énergie !

– Si je ne m'active pas, mon trop plein d'énergie va me tuer, geignis-je, ma main tapotant frénétiquement le mur.

Adam leva un sourcil.

– Trop plein ? Tu étais crevée il n'y a même pas six heures.

– Le sang, éludai-je. Si je ne veux pas détruire cet appartement, je dois vite trouver un moyen de dépenser mon énergie.

Une drôle de lueur passa dans son regard. Avant que je ne m'en rende compte, sa bouche fondit sur la mienne. Mes mains agrippèrent ses cheveux soyeux. Il me plaqua au mur, ses mains parcourant doucement mes hanches. J'ouvris mes lèvres, laissant sa langue s'insinuer dans ma bouche. Il s'écarta, un sourire espiègle au visage.

– Je connais un excellent moyen de se dépenser, déclara-t-il d'une voix rauque.

Je passais mes jambes autour de sa taille, le corps chauffé par mon désir. Je tirais sur son pull, l'attirant plus proche de moi. Je l'embrassais à pleine bouche, alors que mes mains passaient sur son visage, voulant le rapprocher un peu plus de moi. 

Je faillis protester quand il s'écarta, mais ne dis rien quand il embrassa ma mâchoire, puis mon cou et ma clavicule. Cette nuée de baisers attisa un peu plus mon désir.

– Prête à découvrir la chambre ? fit-il, amusé.

Je glissais mes mains sous son pull, sur son ventre ferme. Ses muscles se contractèrent sous la pulpe de mes doigts.

– Quand tu veux, souris-je.



Je ne pouvais pas nier que j'avais dépensé mon énergie. Et d'une façon très plaisante. Mais dès que nous ayons eu terminé, l'inquiétude me rongea à nouveau. Adam était retourné sur sa tablette, examinant ce qui aurait pu nous faire défaut dans notre discrétion. 

Je commençais sincèrement à me demander si cet homme n'était pas un vampire. Il ne dormait jamais, ou presque. Je m'occupais de la partie suceur de sang, au moins, me rendis-je compte avec amertume. Je jetais un coup d'œil par la fenêtre, cherchant le moindre indice suspect. 

Law devait nous tenir au courant de son avancée, mais c'était silence radio depuis plus de deux heures. Je faillis avoir une crise cardiaque quand le téléphone sonna. Je l'attrapais en moins d'une seconde, tandis qu'Adam me rejoignait.

– Law ? fit-il quand je mis le haut-parleur.

– C'est bon. Lucy et Zéphyr vont bien.

Le soulagement faillit me faire plier les genoux. Je commençais enfin à relâcher mon souffle.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? questionna Adam en prenant ma main.

– Je suis entré discrètement dans l'appartement, et j'ai entendu des coups. Lucy et Zéphyr se faisaient interroger.

Mes poings se serrèrent, comprimant la main d'Adam sans le vouloir. Je voulais massacrer ces fumiers pour avoir osé toucher mes amis. Adam me lança un regard d'avertissement, en voyant les fines lignes rouges sur ma peau. 

Je me forçais à calmer mes muscles, et me débarrasser de cette tension. Après les expériences, il me fallait réapprendre à gérer mes émotions.

– Je les ai pris par surprise, et Lucy et Zéphyr ont attaqué de leur côté. Ils avaient réussi à enlever discrètement leurs liens. On les a presque tous assommé, puis interrogé.

– Comment nous ont-ils trouvé ? m'impatientai-je.

– L'homme que tu es allé voir au bar soupçonnait ton identité, avant même que tu ne le rencontres. On a loupé l'un de ses gars, qui nous a suivi discrètement. Il a trouvé le Airbnb que nous voulions louer, et y a envoyé ses sbires. Ils sont arrivés une dizaine de minutes avant nous.

– Si nous étions montés à ce moment là, ils m'auraient vu, réalisai-je avec effroi.

– Exact. Évidemment, Lucy et Zéphyr n'ont rien avoué, donc leurs soupçons n'ont pas pu se confirmer. Ils ont maintenu leur version d'une mission pour le Clan des Lumières, arguant que c'était même une demande d'Esteban Arrano.

– Ces gars sont des Lumières ? questionna Adam.

– Oui, comme l'homme que tu as rencontré. Donc ils n'ont pas pu te reconnaître quand tu étais dans le bar, heureusement. Amy, Lucy veut te parler.

Je l'entendis passer le téléphone à la jeune fille.

– Amy ? fit-elle d'une voix fatiguée.

– Lu ! Tu vas bien ? Ils t'ont blessé ? m'écriai-je.

– Rien de grave, éluda-t-elle. Et toi ? Ou es-tu ?

– Dans l'appartement d'une amie d'Adam. Il faut que vous partiez vite du Airbnb avant que d'autres n'arrivent. On va vous envoyer l'adresse d'ici.

– On a presque fini de nettoyer. Amy... je ne pense pas que ce soit une bonne idée. On ne sait pas si on va encore se faire suivre. Si ces gars nous ont signalé Zeph et moi, il vaut mieux rentrer à Light et faire profil bas.

Mon ventre se tordit.

– Mais s'ils vous ont signalé justement, vous allez vous faire attraper à Light ! protestai-je.

– Que pourront-ils faire de plus ? Ils nous ont déjà interrogé, ils n'ont pas le droit de plus nous garder.

J'avais envie de lui crier qu'ils n'avaient pas non plus le droit de me traiter comme ils l'avaient fait. Pourtant, c'était arrivé.

– Elle a raison. Ça sera beaucoup moins suspect, renchérit Adam. On fera profil bas pendant quelques temps, en attendant que ça se tasse. Je n'aurais pas dû accepter que tu fasses les négociations, se reprocha-t-il.

Je me mordis la lèvre. La seule fois où j'étais sortie, les problèmes avaient accouru. Si Law était allé à ma place, est-ce qu'on se serait fait suivre ? La culpabilité tordit mes entrailles.

– C'est moi qui ai voulu, malgré les risques, le rassurai-je. Lucy, tu me promets de me tenir au courant de tout ce qu'il se passe ? Et de m'appeler tous les jours pour que je sache que vous allez bien, toi et Zéphyr ?

– Je te le promets. Je vais te laisser, on va essayer de dégager au plus vite.

Il y eut un petit bruit de fond, puis la voix de Law retentit dans l'appareil de communication.

– Je ne vais pas vous rejoindre non plus. Je ne suis pas certain d'éviter une filature.

– Tu es sûr, vieux ? douta Adam.

– Je vais aussi rentrer à Shade, sûrement faire une mission banale. Eden sera heureux d'être de retour dans sa forêt habituelle. Toi aussi, tiens nous au courant. Faîtes profil bas pendant quelques temps. Des informations ne valent pas vos vies. Amy, fais-moi plaisir, décoince un peu Adam de son boulot. Il va faire un burn-out sinon.

– Je ne suis pas coincé dans mon boulot ! protesta Adam.

– Le Clan saura tourner sans toi pendant une semaine. Ton frère ne réussira pas à tout faire péter en si peu de temps !

Je compris qu'Adam surveillait constamment son frère jumeau. Mais ça lui demandait beaucoup de travail. Il pesta dans sa barbe contre Law, qui entendit tout et rit.

– A plus, les tourtereaux. Ne cassez pas le lit !

Et il raccrocha. A défaut d'être complètement rassurée, il m'avait tiré un sourire. Adam roula des yeux, faussement exaspéré par son ami. Je reposais le téléphone, et m'écroulais sur le canapé. 

J'avais peur pour Lucy et Zéphyr, car ils étaient les premières cibles de Phaïp. Après ma fuite, ils les avaient immédiatement convoqués, essayant de les persuader que j'étais un danger. Devant le refus de mes amis, il avait employé les menaces. Mais Zéphyr était un Arrano, et la famille de Lucy de bons Lumen Warrior. Ils n'avaient rien à se reprocher. 

Puis Phaïp avait essayé de faire chanter Lucy à cause de l'état de Gale. Il pouvait avoir des tas de compensations si elle me livrait. Mon amie n'avait pas flanché une seule fois. Elle avait même sous-entendu des menaces si Phaïp osait s'approcher de son frère, ou ses parents. Elle m'avait avoué devoir se retenir de le frapper, surtout après avoir vu ce qu'il m'avait fait subir. 

Ma mère se cachait à moitié, ou du moins ignorait les convocations du Clan. Les journaux essayait de la descendre, surtout à cause de son statut de Venor. Mais elle s'en fichait royalement, tant que j'étais en sécurité. 

Je lui avais demandé de prévenir son frère Nathan, ainsi que tous mes cousins. Elizabeth avait déjà été une cible, je ne voulais pas qu'il lui arrive de nouveau malheur. Avec Phaïp, on ne savait jamais. Il serait capable de prendre ma famille en otage pour me mettre la main dessus. 

Je poussais un long soupir, exténuée par mes émotions. J'avais l'impression que cette cavale n'en finirait jamais. Adam tapotait rapidement sur sa tablette, sourcils froncés. J'allumais la télé, et tombais sur une chaîne du Clan des Ombres. Intriguée, j'observais les images de Shade, leur équivalent de Light.

– Vous n'avez pas eu d'attaque de Mutants au sein de Shade, récemment ? demandai-je.

Adam releva la tête, surpris.

– Ça n'a jamais été le cas, je crois.

Je plissais les yeux.

– C'est étrange qu'il y en ait eu trois à Light, fis-je.

Adam reposa sa tablette, songeur.

– Peut-être que des animaux ont récemment muté juste à côté. Shade est presque souterrain, donc difficilement accessible par les airs. Qu'est-ce que tu soupçonnes ?

Je me mordis la lèvre.

– C'est stupide, mais... j'avais l'impression que quelqu'un a envoyé ces Mutants. Qu'ils n'étaient pas juste là pour se nourrir. Et plus étrange, c'est qu'ils ont tous visé une cible. La première, la manticore, a cherché à me tuer. Le deuxième Mutant avait attaqué une fille brune de mon âge. Le troisième était plus confus, mais il a attaqué là où je me trouvais.

Adam pianota sur sa tablette, et afficha les articles de presse concernant ces événements sur la télé.

– Tu as raison, ils ont visé le même type de personne. Attends, tu insinues que quelqu'un te recherche ?

– Si j'étais la cible à chaque fois, oui. Mais ça ne s'est passé qu'à Light.

Je secouais la tête, me rendant compte de la folie de mes idées.

– C'est idiot, aucun Mutant ne ferait ça. En plus, ça voudrait dire que quelqu'un leur a ordonné de venir me chercher, ou me tuer. Comme si on pouvait les commander ! ris-je nerveusement.

Adam me fixa, yeux écarquillés. Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte de mes paroles.

– Comme quand ton père a ordonné de protéger la roche près de la maison de Roxanne, souffla-t-il.

Ma respiration s'accéléra. Mon cœur cogna contre ma poitrine. Mon père me rechercherait ? L'espoir fleurit dans mon esprit, avant de vite s'étioler. Mon père n'avait pas besoin de ça pour me trouver, il suffisait de contacter ma mère. Et puis la manticore avait essayé de me tuer, pas de m'emmener.

– Ça n'a aucun sens, pourquoi mon père ferait-il ça ? Il ne me voudrait pas de mal !

Adam prit un air peiné. Je sentais que ce qu'il s'apprêtait à me dire n'allait pas me plaire.

– Tu sais, rester seul pendant longtemps peut l'affecter. Quand je vois la puissance que tu développes, si la même chose est arrivée à ton père, il a pu être capable de donner ces ordres. Sans compter qu'il ne peut peut-être pas quitter le Livre Z, comme le disait la notice : il faut un gardien.

– Mon père n'est pas devenu fou ! m'écriai-je avec virulence. Et quelque chose le retient, pas de simples mots ! Il ne voulait pas partir dès le départ, il ne voulait pas nous laisser, ma mère et moi.

– A chaque attaque, tu te baladais avec Caligo, peut-être veut-il la récupérer ? supposa-t-il. Cette épée est spéciale, après tout. On ne sait pas ce qui lui est arrivé.

Je me levais, furieuse.

– Arrête d'insinuer que mon père a orchestré ces attaques. Il ne ferait pas de mal à des innocents !

Adam se leva aussi, me faisant face.

– Qui d'autre peut commander les Mutants ? Tu ne le connais pas, Amy !

Je plaquais mes mains sur son torse, la colère grondant en moi.

– Arrête de parler de lui comme ça. J'ai lu ses lettres, ma mère m'en a assez parlé pour que je sache que c'est quelqu'un de bien. Il n'aurait jamais fait ça !

– Alors pourquoi n'est-il pas rentré ? me confronta-t-il.

– Quelque chose le retient, c'est tout ! m'exclamai-je, pourtant pas totalement certaine. Il a sûrement muté, je ne sais pas !

Une lueur compatissante passa dans le regard d'Adam.

– Tu sais qu'il n'est pas comme tu l'imagines. Je ne veux pas que tu t'attendes à trouver quelqu'un qui t'aimeras au premier regard, et te donneras toutes les réponses que tu cherches. Il n'est pas comme tu le penses.

– Il ne s'en prendrait jamais à des innocents ! répétai-je.

Il attrapa mes mains, toujours posées sur son torse.

– Il a essayé de tuer mon père. Même si c'était réciproque, je ne peux pas le croire complètement bon. Malgré tout ce que mon paternel a fait, je tiens à lui.

Quelque chose se brisa en moi. Mes yeux tombèrent du visage d'Adam. L'image que je me faisais de mon père se fissurait, lentement mais sûrement. Je voulais absolument croire qu'il était retenu, et surtout qu'il était encore en vie. Mais le plus probable était qu'il soit un Mutant. 

Adam me confrontait à cette réalité que je ne voulais pas. Si mon père était comme ça, que ferais-je ? Si je ne pouvais pas communiquer avec lui ? S'il essayait de me tuer, comme avec ses attaques ? Voilà que je les lui attribuais ! 

Je serrais les poings, au bord des larmes. Adam tint fermement mes mains, m'empêchant de reculer.

– Mon père ne peut pas être derrière ça, réfutai-je, la voix chevrotante. Pourquoi le serait-il ?

Mes yeux restés rivés sur le torse d'Adam, alors que je voulais ignorer la réalité.

– Papillon, ce n'est peut-être pas lui derrière les attaques.

Ses mots étaient dénués de conviction. Qui d'autre avait prouvé pouvoir commander aux Mutants ? Et pourquoi essayer de m'attaquer ? Une boule se forma dans ma gorge.

– Je ne veux pas y croire, avouai-je.

Adam m'attira à lui, passant ses bras autour de moi. Mes mains restèrent coincées entre nous.

– Quoi qu'il soit devenu, on résoudra ça ensemble. D'accord ? Je ne veux juste pas que tu te fasses d'illusions à son sujet.

Je hochais la tête. Je voulais seulement profiter de sa chaleur réconfortante, de ses bras qui me donnaient l'impression que rien ne pouvait nous atteindre. On resta un long moment comme ça, alors qu'il me massait la nuque pour m'apaiser. Je m'écartais légèrement, ses bras toujours fermement enlacés autour de moi.

– Je suis désolée pour ton père.

Il haussa les épaules, faisant comme si ça ne l'atteignait pas. Mais c'était faux. Je dégageais une de mes mains, et la posais sur son visage.

– Réellement. Ne me cache pas l'aversion que tu as pour mon propre père.

Un muscle de sa mâchoire tressauta, et je compris que j'avais visé juste.

– C'était il y a longtemps. Ils sont tous les deux parmi les guerriers les plus forts de nos Clans, c'est logique qu'il y ait eu un affrontement. Même si maintenant, je comprends que Daniel ait pu battre mon père. Objectivement, il reste le meilleur combattant que je n'ai jamais vu.

– Tu sous-entends que mon père a triché ? l'accusai-je, en plaisantant légèrement.

– Il n'y a pas de règles dans ce genre de combat. Sais-tu comment Daniel créait de la brume, alors ?

– Il peut manipuler l'eau, à cause d'une greffe que Rishi lui a faite. Bon, ça n'a pas marché, et il en a perdu sa main. Mais il semble avoir acquis la maîtrise de l'eau avec.

– Tu penses pouvoir la maîtriser aussi ? me demanda-t-il.

Je secouais la tête.

– Je suis affiliée au vent. J'arrive à établir une communication avec différents types de Mutants uniquement quand ils sont réceptifs. Agir sur les énergies d'un autre élément que l'air, je ne pense pas. Si je peux contrôler le vent, c'est parce que j'en suis « composée » en partie. La communication entre Mutants se fait dans les deux sens, et les éléments un seul. Si tu n'as pas cet élément dans le corps, comme la communication est à sens unique, tu ne peux pas l'influencer.

Adam me scruta avec une vénération qui me troubla. Je fronçais les sourcils, perplexe.

– Tu comprends ça toute seule, avec tes propres expériences. Je trouve ça incroyable.

Je rougis sous son compliment.

– Les notes de mon père m'y ont aidé.

Il releva mon visage d'une main.

– N'atténues pas ton travail. Sincèrement, je trouve ça fou.

Un sourire se dessina sur mon visage, alors que je m'écartais.

– Je vais faire du thé. Tu en veux ? lui proposai-je.

Il acquiesça, et rattrapa sa fameuse tablette. J'aurais pu dire qu'elle était greffée à ses mains, mais il avait déjà le nécessaire dans la tête. Je me dirigeais vers la cuisine, et fouillais les placards jusqu'à trouver les ustensiles. 

Je fis chauffer l'eau, avant de sentir une odeur sucrée. J'ouvris le frigidaire, et vis qu'une petite quantité de nourriture y était entassée. Quelqu'un avait fait les courses ? Je questionnais Adam, toujours dans le salon.

– Vitoria a dû le remplir avant que nous n'arrivions. Elle est retournée à Shade juste avant.

J'étais sceptique face à l'attention un peu trop poussée de cette Vitoria. Mes poils se hérissèrent, alors qu'un sentiment de jalousie naissait dans mon ventre. Je revins au salon avec deux tasses de thé fumantes.

– Et c'est qui, cette Vitoria ? me méfiai-je.

Je sentis Adam se crisper. Il ne m'en avait jamais parlé jusqu'ici, et je compris que le sujet était sensible. Il mit d'ailleurs du temps à répondre.

– Une amie, éluda-t-il. On a déjà fait quelques missions ensemble.

Je plissais les yeux, toujours pas satisfaite de sa réponse. Mais je ne voulais pas passer pour une fille possessive et jalouse pour un rien. Surtout que mon attention fut attirée par les recherches d'Adam. Il avait tapé mon nom sur le moteur de recherche des Clans. Il lisait un nouvel article que je n'avais pas vu. 

Je m'installais à côté de lui, essayant de déchiffrer les lettres. J'étais bonne en anglais, mais l'alphabet me donnait du fil à retordre.

– Ils parlent de possibilité de guérison pour faire valoir ton arrestation, m'expliqua-t-il. Tu as parlé à quelqu'un des gens que tu as soigné ?

Je secouais la tête.

– Cathleen sait que j'ai soigné sa sœur, mais n'en a jamais parlé par la suite.

– Elle serait du genre à te trahir et le clamer ?

Je fis la grimace. Cathleen et moi nous étions toujours détesté, même si sa haine avait un peu diminué une fois que j'eus soigné sa sœur. Elle était toujours aveugle, mais ses jours n'étaient plus comptés. Adam me demanda son nom de famille.

– MacGillmartin.

– Je vais vérifier qu'elle n'en a parlé nulle part. Phaïp pense que tu n'as pas de capacité de guérison, mieux vaut que ça continue comme ça.

Il afficha alors plusieurs fiches d'identité, d'abord celle de Cathleen. Il s'intéressa à ses proches, mais un nom fit tilt quand je le vis.

– Tu peux cliquer sur Shemus MacGillmartin ?

Je me souvins d'une conversation entre Cathleen et Marco. Elle avait l'air dépitée, et le nom de Shemus était apparu. Selon les fiches d'Adam, il s'agissait de son frère.

– Tué par deux griffons lors d'une sortie en camping, lut Adam. Apparemment, c'est aussi là que la sœur de Cathleen a été infectée, et a plus tard perdu la vue. Tu la reconnais ?

Il me montra la photo d'une jeune fille, dont les yeux ne regardaient pas l'objectif. J'acquiesçais, c'était bien la sœur de Poil de Carotte que j'avais soigné, du moins en partie. Intriguée, Adam me donna quelques renseignements sur la famille de la jeune fille.

– Alors leurs vies ont basculé quand ils sont allés faire cette sortie, réalisai-je, pleine de compassion pour Cathleen.

– Shemus est mort en défendant sa famille, et sa sœur a été blessée. Cathleen avait treize ans. Il est noté qu'elle a été suivie pendant longtemps à cause de stress post-traumatique. La forêt aurait dû être sans danger, car les Mutants étaient exterminés il y a un bout de temps. Ça m'étonne que des griffons y aient élu domicile en si peu de temps. Les associations de Mutants sont rares, et prennent des dizaines d'années à définir leur territoire. La personne qui devait nettoyer la forêt a mal fait son boulot, voire pas du tout. Pourquoi ça t'intéresse ?

Je pinçais des lèvres. Je n'avais jamais apprécié Cathleen, et elle non plus. Je n'aimais pas sa façon d'être, encore moins sa manière d'agir avec moi. Mais je n'avais jamais compris pourquoi. Sa famille avait été fortement blesséee par des Mutants. Ça expliquait son comportement froid et cassant, qui était en faite une carapace à cause de sa souffrance.

– Qui devait tuer les Mutants de la forêt ? m'enquis-je, une appréhension que je ne comprenais pas me tenaillant le ventre.

Adam parcourut les dossiers, et écarquilla les yeux.

– 1998. Daniel Weyl.

Je m'enfonçais dans le canapé. Mon père devait nettoyer cette forêt, et ne l'avait pas fait. La famille de Cathleen avait été touchée par sa faute. Adam me jeta un regard soucieux, alors que je plaquais une main sur ma bouche. Je lui demandais plusieurs informations.

– Il a dit avoir exterminé tous les Mutants de la zone, et a envoyé un rapport. Il n'a nulle part mentionné de griffons.

– Or les couples mettent des décennies à s'installer, n'est-ce pas ? fis-je.

On appelait « couples », des Mutants de la même espèce qui cohabitaient ensemble. C'était rare, mais à la fin, ils se partageaient tous les butins. Souvent, l'un tuait l'autre. C'était exceptionnel que deux Mutants arrivent à parfaitement vivre en symbiose, et il fallait des décennies pour que ça devienne stable. 

Une fois que c'était fait, ils se liaient pour la vie, et n'acceptaient pas qu'un autre être vivant s'approche de leur compagnon. Ils devenaient encore plus possessifs avec leur compagnon qu'avec leur territoire.

– Exact, marmonna Adam. Donc il n'aurait pas pu les louper, vu qu'ils étaient déjà en couple quand Cathleen est allée camper. Je ne comprends pas comment il a pu les éviter.

– Il n'y est pas allé, objectai-je.

Il fronça les sourcils. Je secouais la tête, incrédule.

– Mon père prenait des missions comme excuses. Ça lui permettait de se déplacer sans soupçons. Il a dû prendre celle-là, et faire un faux rapport. Résultat, la forêt n'a pas été nettoyée. S'il n'y avait pas eu de couple de griffons, personne ne l'aurait su. Des Mutants auraient pu revenir entre-temps. Mais un couple est forcément là depuis des dizaines d'années. Bon sang, ce qui est arrivé à la famille de Cathleen est totalement la faute de mon père !

Je me repliais sur moi-même, effarée. Adam prit ma main, inquiet devant ma mine atterrée.

– Je ne comprenais pas la haine immédiate de Cathleen envers moi. Maintenant, oui, soufflai-je.

– Tu n'es pas responsable des actes de ton père, m'assura Adam.

J'eus un rire cynique.

– C'est tout comme. Et je ne peux pas lui en vouloir.

Cette information venait d'achever l'image que j'avais de mon père. Je pouvais lui trouver des excuses – la mission, la mutation – pour nous avoir abandonné. Mais plus j'avançais, moins il semblait être quelqu'un de bien. 

L'étais-je seulement moi-même ? Non. Plus après ce que j'avais fait. Finalement, je lui ressemblais bien plus que ce que je ne pensais. Comme ma mère, j'allais avoir des tas de vies sur la conscience. Comme mon père, je me transformais en Mutante. J'étais bien la fille de mes parents. 

Mon père aurait pu nous expliquer la mission Z. Envoyer une lettre avec Caligo. Mais il avait choisi de garder le silence. Il avait préféré me laisser seule avec ma mutation, plutôt que m'accompagner dans cette étape. 

J'en voulais presque à ma mère, qui attendait son retour avec foi. Elle s'empêchait de refaire sa vie avec quelqu'un parce qu'elle l'aimait toujours. Je l'admirais pour ça. Je ne pouvais cependant m'empêcher de penser que mon père avait un autre choix. Il aurait pu me mener à lui à travers un mot. Au lieu de ça, il avait créé et dissimulé des indices pour me mettre à l'épreuve. 

Mes muscles se raidirent. Quel genre de père avais-je donc ? Je me mordis la lèvre, accablée. J'avais l'impression que ses fautes me revenaient. Je fermais les yeux, en proie à la culpabilité. J'avais déjà du mal avec mes propres choix, alors porter ceux de mon père ! J'allais m'écrouler ! Les bras d'Adam se refermèrent autour de moi.

– Papillon, parle-moi. Qu'est-ce qu'il y a ?

Je me tournais vers lui, me plongeant dans ses yeux rassurants. Ils me fixaient, inquiets. Je lui adressais un sourire timide, et me pelotonnais dans ses bras. Je lui avouais mes craintes, si bas que je crus les avoir seulement pensé.

– Quel genre de père met sa fille à l'épreuve pour savoir si elle est digne de le retrouver ? m'indignai-je.

– Tu es certaine de ça ? me demanda-t-il avec douceur.

J'acquiesçais.

– Le Livre D de la librairie, Caligo et son coutelas, le manuscrit laissé à ma mère. Roxanne ! Tout ça, ce sont des indices qu'il a laissé. Plutôt que me faire une chasse au trésor, tu ne penses pas qu'il aurait pu tout me dire en face ?

– S'il a muté peu après ta naissance, il n'aurait pas pu. Cette chasse au trésor est peut-être un moyen de te donner ces informations une fois que tu serais assez grande ? le défendit-il.

Je me crispais, furieuse.

– Parce que laisser une lettre à ma mère était certainement trop compliqué ! rageai-je. Et si je n'étais jamais partie à sa recherche ?

Adam recula, sourcils froncés. Je déversais ma colère envers mon père sur lui. Je secouais la tête.

– Excuse-moi. Je n'aurais pas dû m'énerver contre toi, tu essaies seulement de m'aider.

Il me fit un sourire triste.

– Être en colère contre son paternel, je connais.

Je soupirais, et me calais dans le creux de son épaule. J'eus peur qu'il me repousse, mais il m'accueillit à bras ouverts. Je laissais sa chaleur m'envelopper, et apaiser les craintes qui me tiraillaient.

– On a tous les deux une drôle de famille, souffla-t-il tout bas.

– A qui le dis-tu.



Je faisais tellement d'aller-retours dans l'appartement que j'allais finir par creuser une tranchée dans le sol. J'avais besoin d'air frais. De m'échapper de là. Je ne cessais de ruminer, n'ayant rien de mieux à faire. Adam devenait de plus en plus exaspéré par mon comportement, et je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. J'étais plus que pénible. Insupportable, en somme. 

J'aurais dû être heureuse de passer mon temps avec l'homme que j'aimais. Mais mon côté Mutante s'en fichait royalement, et voulait simplement aller voler. Il n'avait aucune notion d'amour, que de la survie, même si un certain attachement semblait transparaître parfois. 

Pour expulser mon trop plein d'énergies, je m'entraînais régulièrement à manipuler le vent. Sauf que ça finissait généralement par casser un meuble. Après avoir écumé toutes les chaînes classiques, je tombais sur celles des Ombres. 

Ça me rendait toujours curieuse d'observer ce qu'il se passait dans le Clan. Mise à part que je ne comprenais pas la moitié de ce qui se discutait. Je ne connaissais aucun nom politique, et leurs débats sur les Mutants m'indignaient au plus haut point. Ils suggéraient de faire exploser les plus gros repères, et endiguer totalement les menaces. 

Ils affirmaient que tous les Mutants allaient se révolter d'un jour à l'autre, assoiffés de sang. Tous les Mutants n'étaient pas comme ça, et la plupart n'entamaient un combat qu'une fois qu'ils étaient attaqués ! Mais ça, personne n'avait jugé bon de le souligner. 

Ce fut donc d'une humeur encore plus morose que je vis Adam passer la porte d'entrée. Il était chargé de trois sacs de course. Je les lui saisis, le tout à une main. Ça me donnait au moins quelque chose à faire. Il attrapa mon bras, faussement contrarié.

– Avant que tu n'exploses tous les œufs, j'ai le droit à un baiser ?

La dernière, fois, j'avais tenté de faire une omelette pour m'occuper. J'étais tellement sous pression que la moitié des œufs étaient tombés à terre, et j'avais saccagé deux poêles. J'avais passé l'après midi à tout nettoyer. 

Je lui lançais un regard faussement bougon et plantais un baiser volontairement rapide sur ses lèvres. Il me retint, un sourcil levé. Je posais les sacs à terre, avec précaution.

– Mon omelette cramée ne te plaît pas ? susurrai-je en passant mes bras autour de son cou.

Il fit mine de réfléchir.

– Disons que je m'attendais à une couleur jaune plutôt que noire, ricana-t-il.

Je lui lançais une tape sur le torse.

– Dis que je suis une piètre cuisinière !

Il pinça les lèvres, véridique.

– Je n'oserais jamais, s'offusqua-t-il. Disons simplement que ta cuisine est... antithétique à celle de Law.

Qui était un cuisiner hors-pair. Je n'étais pas blessée par sa remarque, je savais que je n'étais pas douée pour faire à manger. Mais j'essayais de m'améliorer. C'est-à-dire, commander à manger après avoir mis la cuisine sans dessus-dessous.

– Je prends ça comme un compliment, soupirai-je. Il faut croire que je ne saurais que faire cuire des pâtes jusqu'à la fin de mes jours.

Il frôla mes lèvres avec les siennes, me faisant languir.

– T'aies-je déjà dit que j'adore les pâtes ?

Je souris, ma mauvaise humeur envolée. Je capturais sa bouche avec la mienne, et glissais les doigts dans ses cheveux. Ils avaient légèrement poussés, me rendis-je compte. Adam attrapa ma taille, tandis que je me dressais sur la pointe des pieds. Ses bras s'insinuèrent sous mon pull léger, et je me courbais en arrière sous son baiser. 

Il alluma un brasier qui me rendit toute tremblante. Je reculais mon pied pour ne pas perdre l'équilibre. J'entendis alors un bruit de craquement. Je tournais la tête, et lâchais un juron en voyant un liquide jaune se répandre sur le parquet. Je m'accroupis, et essayais de stopper les dégâts des œufs. 

Adam éclata de rire. Je lui lançais un regard exaspéré, les mains gluantes. Je pestais, et allais chercher de quoi éponger dans la cuisine. Il était toujours plié en deux quand je revins.

– Tu pourrais au moins m'aider ! m'exclamai-je, scandalisée.

– J'aurais dû parier sur le temps de survie de ces œufs ! s'amusa-t-il en m'aidant.

Ce léger incident eut fini d'achever ma bonne humeur naissante. Je massacrais le reste d'œufs en essayant de récupérer la boîte. Je lâchais un chapelet de jurons. J'avais envie de terrasser la population de poules pour avoir produit des aliments pareils. Mes mains pleines de jaune d'œuf n'aidèrent pas. En voulant éponger un peu plus, il s'insinua sous les plaintes du mur.

– Fais chier ! m'écriai-je, morose.

– Ce n'est pas grave, relativisa Adam.

– Je ne suis même pas foutue d'effacer mes conneries ! lâchai-je, tremblante.

Adam fut surpris par ma réaction excessive. Ça n'avait pas grand-chose à avoir avec les œufs, mais mon ras-le-bol général prenait le dessus. Adam absorba le reste d'œuf, et fourra les feuilles d'essuie-tout dans un sac.

– Ça arrive à tout le monde de faire des erreurs, m'assura-t-il.

Je secouais la tête.

– Les erreurs des autres ne mettent pas en danger leurs amis ! Et ne leur font pas risquer la torture ! m'écriai-je, la chair de poule remontant le long de mes bras.

Je les frictionnais, en proie à une nouvelle crise d'angoisse. D'habitude, elles venaient seulement la nuit. Maintenant, elles apparaissaient aussi la journée. Je perdais l'espoir d'être un jour tranquille. Adam se releva, et attrapa mes bras.

– Papillon, rien de tout ça n'est de ta faute !

– Si ! contrai-je. C'est à cause de ma négligence que j'ai été repérée. A cause de moi, ma mère, Lucy et Zéphyr sont en danger constant. Même toi, à rester à mes côtés, tu risques ta place dans ton Clan. Si ton père découvre notre relation ? Tu seras exclu, ou pire, pour avoir collaboré avec une Lumière ! Law aussi ! Regarde autour de moi, tous mes proches sont en danger ! A cause de ce que je suis, ils risquent tous leur vie ! Il faut que je parte, que j'arrête de les mettre en danger...

Je me dégageais de sa prise, et m'enfonçais dans la chambre. Frénétiquement, je sortis un sac de voyage, et fourrais mes affaires dedans. Adam me suivit quelques secondes plus tard, et m'obligea à me tourner vers lui.

– Qu'est-ce que tu racontes ? Tu ne peux pas sortir comme ça, c'est trop dangereux !

– C'est moi, le danger ! Non seulement à cause de ceux qui veulent ma peau, mais aussi... je vais exploser, Adam. D'une seconde à l'autre. Je le sens, je n'arrive plus à contrôler mon côté Mutant. Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai failli casser la fenêtre pour m'envoler. J'étouffe, et en restant ici, je mets mes amis en danger. Toi aussi. Il faut...

– Non ! me coupa-t-il avec fureur. Tu ne t'enfuiras pas seule. On peut changer de planque, si tu veux. Je vais trouver un autre endroit.

– Tu ne comprends pas ! Tant que tu restes avec moi, tu es en danger. J'ai peur de... j'ai peur de moi-même. Je ne sais pas si je réussirais toujours à me contrôler. Tu le sais très bien, toutes les nuits, à chaque crise, j'ai failli te blesser ! m'écriai-je, la voix douloureuse.

– Mais tu ne l'as pas fait ! Écoute-moi bien. Rester avec toi, je l'ai choisi. Tu entends ? C'est mon choix. J'en assume les conséquences. Lucy et Zéphyr aussi. Ne crois-tu pas qu'ils sont assez grands pour décider de ce qu'ils font de leur vie ? Ils t'aident parce qu'ils tiennent à toi. Et parce qu'ils savent que tout ça n'est pas de ta faute. Que tu ne les a jamais intentionnellement mis en danger. Tu le comprends, ça ?

– Je l'ai pourtant fait. Je ne suis pas quelqu'un de bien, Adam. J'ai tué des gens.

– Moi aussi, répliqua-t-il. Est-ce que tu me voies comme un monstre pour autant ?

Je sondais ses magnifiques yeux bleus. Ça me déchirait de vouloir partir. Mais la dernière chose que je souhaitais, c'était le blesser. Et à part m'éloigner de mes proches, je ne voyais pas d'autre solution. 

Cependant, plus je me perdais dans ses pupilles, plus ma détermination flanchait. Je ne voulais pas le quitter. Je ne voulais pas quitter sa présence réconfortante, et mon cœur était tailladé rien qu'à l'idée de m'en éloigner. 

Je serais devenue folle dès le premier jour à rester enfermée, s'il n'avait pas été là. Rester dans les mêmes pièces me rappelait bien trop ma captivité sous le joug de Phaïp. Ma part Mutante aussi s'en souvenait.

– Tu n'as jamais tué pour le plaisir. Tu t'es toujours défendue contre des gens qui te voulaient du mal.

– Mais tuer est mal, peu importe les circonstances, affirmai-je.

C'était ma façon de penser, autrefois. Pour ne pas tomber dans un côté Mutant sans vergogne.

– Ce qui est bien et ce qui est mal dépend de chacun, rétorqua-t-il avec ferveur. Je ne regretterais jamais de tuer quelqu'un si c'est pour te protéger. Tu es tout ce qui compte à mes yeux, tu comprends ?

J'allais fondre en larmes. Je le savais. Je saisis ses bras, et l'obligeais à me lâcher.

– Tu ne sais pas ce dont je suis capable. Je pourrais te tuer en un coup !

Rien qu'une énorme boule de vent, et ses os se briseraient en mille morceaux. Il parut blessé par mon refus. Je ne pouvais pas le blâmer. Il leva les mains, puis les laissa retomber, dépité.

– Tu as toujours peur de toi-même, n'est-ce pas ? soupçonna-t-il.

Je ne répondis pas. Je pensais avoir acquis un contrôle parfait sur mon côté Mutant, maintenant que je savais ce qui il était. Ça ne m'empêchait pas d'être effrayée par ce que je pourrais faire.

– Rester enfermée est horrible, pour un Mutant. Je n'arrive plus à contrôler ça, il faut que je sorte, avouai-je. Sinon, je vais exploser. Et je ne veux pas te faire de mal.

Adam se gratta la nuque, hésitant.

– Tu sais aussi bien que moi que c'est trop dangereux.

– Juste quelques minutes, s'il te plaît ! l'implorai-je.

Depuis des jours, je voulais sortir, mais à chaque fois Adam m'en empêchait. On se disputait souvent à cause de ça. Il ne comprenait pas le besoin viscéral qui m'alimentait. Je savais que c'était dangereux, mais j'en avais réellement besoin.

Je crus qu'il allait de nouveau refuser, mais il prit ma main. Il sorti les clés de sa poche, et ouvrit la porte d'entrée. Il inspecta longuement le couloir, avant de me faire signe de le suivre. On entra dans la cage d'escalier, puis grimpa les marches rapidement. Il poussa une porte grinçante. 

L'air frais s'engouffra dans ma poitrine, comme une salve d'énergie. Je courus sur le large toit, un sourire béat aux lèvres. La nuit était tombée depuis un moment, déjà. L'immeuble était très haut, surplombant la ville.

– Un groupe de jeunes squattait ici, auparavant, m'expliqua Adam. J'ai fini par les faire dégager. A défaut de pouvoir courir, ici c'est sans trop de danger, la nuit. Et le visage couvert.

Aucune lumière ne pouvait distinguer ma présence d'en bas. Je me tournais vers Adam, et sautais sur lui.

– Merci, murmurai-je en ponctuant d'un baiser.

Je retirais mon pull, et laissais mes ailes se déployer. Je sentais la crispation d'Adam, mais il n'essaya pas de m'en empêcher. Je savais les efforts que ça lui coûtait. Il tenait vraiment à ma sécurité, depuis la course-poursuite. Un peu trop même. 

Je formais une boule de vent entre mes mains, laissant mon surplus d'énergies se libérer. Je la laissais s'envoler dans le ciel, où elle ne ferait de mal à personne. Adam se colla à mon dos, ses bras entourant ma taille.

– La vue est belle, d'ici, murmura-t-il.

– C'est vrai.

Je me tournais vers lui.

– Pendant combien de temps on devra se cacher, tu penses ? Ça fait trois semaines qu'il n'y a pas eu de mouvement.

Je le sentis se raidir. Mes lèvres s'entrouvrirent.

– Qu'est-ce que tu ne m'as pas dit ? l'accusai-je.

– S'il te plaît, ne...

– Adam, je connais ce regard. Qu'est-ce que tu m'as caché ?

Il serra les mâchoires. Mon cœur s'accéléra, je sentais que la suite n'allait pas me plaire.

– Des tas de chasseurs de primes entourent la ville. Si on essaie de sortir, peu importe le moyen, on se fera repérer.

– Mais comment ? Personne ne nous a aperçu ici !

Sa grimace m'inquiéta encore plus.

– Ce n'est que la norme. Il y a cette situation partout autour des grandes villes. Ils ont compris qu'on se cachait dans l'une d'elles.

Mon ventre se noua

– Ça n'a aucun sens. Pourquoi déployer tant d'hommes ?

Là encore, son visage m'annonça la mauvaise nouvelle. Il hésita, puis finit par avouer.

– Le Clan des Lumières a augmenté ta prime. Tu es actuellement l'une des personnes les plus recherchées au monde.

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