Comme le quartier-général des Avengers ne se trouvait qu'à seulement une trentaine de minutes de voiture de l'Institut Xavier, Dean, Peter et les trois Avengers qui s'étaient proposés pour les accompagner dans leur aventure convinrent qu'il valait mieux laisser le jet dans le hangar et voyager dans l'un des VUS laissés à la disposition de l'équipe de super-héros. De plus, la voiture leur assurait la discrétion dont ils avaient besoin et ne provoquerait pas l'hystérie générale parmi les élèves de Charles Xavier lorsqu'ils se stationneraient devant sa porte d'entrée. Alors vraiment, leur choix de moyen de transport était venu de lui-même, et il s'agissait bien de la première fois que Dean et Tony étaient parvenus à se mettre d'accord sur quelque chose sans manquer de déclencher une nouvelle guerre civile.
Néanmoins, maintenant qu'ils étaient tous entassés dans le véhicule, Dean regrettait qu'ils n'aient pas considéré aussi l'option du jet. La route lui semblait interminable, les secondes donnaient l'impression d'être plus longues que des minutes et la tension pesait à un tel point dans l'habitacle qu'il aurait littéralement pu la couper au couteau. Les regards méfiants que Tony posait sur lui à travers le rétroviseur central ne lui échappaient pas, tout comme les coups d'œil soucieux que lui lançaient ses parents à intervalles irréguliers. Malgré toutes ces œillades peu discrètes, aucun d'eux n'avait osé échanger un seul mot depuis leur départ. Seul Peter, assis aux côtés de Tony à l'avant de la voiture, avait babillé d'excitation pendant quelques minutes sur des théories génétiques toutes plus complexes les unes que les autres que le professeur Xavier avait apparemment mises au point, mais ses jubilations n'avaient pas fait long feu, puisqu'il ne tarda pas à remarquer que ses compagnons de voyage étaient beaucoup trop tendus par le fait de partager un même espace restreint avec leurs antagonistes pour apprécier l'enthousiasme du garçon.
Lorsque le chasseur ne put supporter plus longtemps le poids des regards posés sur lui, il tourna les yeux vers la fenêtre et observa le paysage de l'État du New-Jersey défiler devant lui à toute vitesse. Après un moment, Tony eut la bonne idée d'ouvrir la radio, et même si Dean ne se serait jamais rabaissé à le remercier, il se sentit infiniment reconnaissant envers le milliardaire d'avoir détendu au moins un peu l'atmosphère. Quelques minutes plus tard, le VUS s'engagea dans un riche quartier résidentiel, et ils ne tardèrent pas à tourner dans une familière allée privée qui les mènerait jusqu'au manoir de Charles Xavier.
Dean fut surpris de trouver Logan et le professeur sur le pas de la porte lorsque la voiture déboucha enfin devant l'immense résidence, comme si les deux mutants avaient su à l'avance l'heure exacte à laquelle ils arriveraient. Une femme rousse ainsi qu'un homme aux étranges lunettes teintées les accompagnaient, et tout portait à croire qu'ils faisaient eux aussi partie du comité d'accueil. Le jeune Romanoff-Barnes se refusa à rester une seconde de plus dans l'étouffant habitacle et sortit de la voiture avant même qu'elle se soit arrêtée pour se diriger sans plus attendre vers les deux visages amicaux qu'il connaissait, sachant que le reste de l'équipe ne serait pas loin derrière lui.
-Alors, je vous ai pas trop manqué ? sourit-il à leur intention en portant son attention sur Logan, qu'il crut vaguement voir sourire en retour.
-Tu te moques de moi, gamin ? La seule raison pour laquelle j'ai bien dormi ces trois dernières semaines c'est parce que je croyais que j'aurais plus jamais à voir ta sale tête.
-Le sentiment est partagé, crois-moi, répliqua narquoisement le chasseur au commentaire de Wolverine. J'avais l'intention de vous faire languir encore quelques mois avant de composer votre numéro histoire de me faire désirer un peu, mais vous deviez vous arranger pour que nos chemins se croisent plus tôt que prévu, hein ?
-De quoi tu parles, petit ? C'est toi qui nous as appelé, alors avoue-le que tu peux simplement plus te passer de nous.
-Et je suis bien content que tu l'aies fait, ça nous fera plaisir de vous assister dans votre quête, conclut le professeur Xavier pour mettre un terme à la dispute amicale entre les deux hommes. Je peux d'ailleurs constater que tu n'as pas chômé depuis notre dernière rencontre, mon garçon. J'imagine que tu es enfin parvenu à retrouver ta famille ?
Les yeux de Charles se posèrent sur Bucky et Natasha, qui avançaient d'un pas incertain dans leur direction, vraisemblablement désireux de rester en retrait de la conversation. Tony ne semblait pas du tout éprouver la même gêne, à le voir aller à la rencontre de la jolie rousse et du type aux étranges lunettes pour se présenter et leur serrer la main comme si l'endroit lui appartenait. Peter restait dans son ombre, mais il jetait de fréquents coups d'œil plein d'admiration en direction de Charles Xavier. Dean ne savait pas par quel sortilège le professeur était parvenu à deviner le lien qui l'unissait à Bucky et à Natasha, et l'espace d'un instant il craignit que le télépathe ait finalement réussi à entrer dans sa tête, mais à vrai dire, il se trouva trop choqué pour réellement s'en soucier. Choqué parce que le professeur s'était rappelé cette minime information qu'il avait laissé échapper trois semaines auparavant, soit son désir de retrouver sa famille depuis longtemps perdue, et qu'il prenait maintenant la peine de s'informer à ce sujet, comme si son bonheur lui importait sincèrement.
Il ne méritait pas une telle attention, il ne l'avait jamais mérité auparavant. Il ne méritait pas le regard chaleureux et protecteur que ce vieil homme dardait sur lui, lui qui n'était qu'une abomination, qu'un rat de laboratoire, qu'une machine à tuer sans scrupule...
Dean se secoua vivement la tête pour se libérer du tourbillon de mauvaises pensées qui l'assaillait, et il réalisa en rencontrant les regards soucieux et interrogateurs de Logan et de Charles qu'ils attendaient toujours sa réponse à la question du professeur.
-Oui, vous n'aurez jamais vu de retrouvailles plus émouvantes, répondit-il en forçant un sourire pour les rassurer. Après que je les aie convaincus que je n'étais pas un assassin à la solde d'HYDRA, c'est-à-dire.
-Alors quoi, les X-Men ne te suffisaient pas, il fallait que tu ailles faire de l'œil aux Avengers ? grogna Logan, et Dean lui fut reconnaissant de ne pas le questionner sur les raisons de cet égarement passager, même s'il paraissait en mourir d'envie.
-Ça me fera plaisir de vous le laisser si vous désirez le garder, lança Tony en s'insérant tout bonnement dans la conversation. Nous avons assez d'agents affiliés à HYDRA dans nos rangs pour partager, je vous assure.
-Je suis d'avis que ce sera à Dean de décider à quelle équipe il souhaite se joindre, et j'ai la certitude qu'il s'avèrera être un atout essentiel dans l'une comme dans l'autre, répondit Charles de son ton toujours posé, mais dans lequel Dean, à son plus grand bonheur, crut entendre une pointe d'agacement. Mais pour l'heure, vous agréerez avec moi monsieur Stark que la question n'importe pas, puisqu'il semblerait que nous soyons tous dans le même camp.
Le professeur ne porta pas plus longtemps attention aux remarques sarcastiques de Tony et se concentra plutôt sur l'adolescent dissimulé derrière lui qui l'observait d'un regard à la fois émerveillé et appréhensif. Le vieil homme lui sourit doucement en lui tendant la main, et la réaction de Peter face à ce seul geste redonna espoir en l'humanité à Dean. Ses yeux s'arrondirent démesurément sous le coup de l'excitation et ses joues rougirent au point où le chasseur craignit, l'espace d'un instant, qu'il avait oublié comment respirer. Il n'y avait bien que des monstres comme HYDRA pour vouloir faire du mal à un être aussi pur que Peter Parker.
-Tu dois être ce jeune mutant dont Dean m'a parlé, celui qu'HYDRA importune. Comment t'appelles-tu, mon garçon ?
« Pff, comme si vous ne le saviez pas déjà », songea Dean en se retenant pour ne pas rouler les yeux. À l'heure qu'il était, Charles avait probablement déjà dû fouiller l'esprit de chacun des nouveaux arrivants – excepté le sien, bien entendu – pour connaître leur identité, leurs facultés et les raisons ayant motivé leur présence sur les lieux. C'est ce que lui aurait fait s'il avait possédé un tel pouvoir télépathique, en tout cas.
-Je m'appelle Peter, monsieur, et je dois vous dire que j'adore votre travail, bredouilla fébrilement l'adolescent en serrant la main du professeur. J'ai lu toutes vos recherches sur les mutations génétiques, et vos théories sur les causes des mutations germinales et les effets des mutations post-zygotiques excèdent de loin celles des autres généticiens spécialisés dans le domaine, si vous voulez mon avis. Vos études sur les mutagènes ont considérablement fait avancer la science et notre compréhension des mutants, c'est seulement dommage que certaines personnes s'en soient servi à de mauvaises fins dans le but d'étendre leur pouvoir, mais entre les mains des bonnes personnes, les résultats de ces recherches pourraient véritablement produire des miracles, j'en suis convaincu.
-Eh bien, vous êtes vraiment un garçon unique en votre genre, mon cher Peter, répondit Charles, dont le sourire s'élargit foncièrement devant l'enthousiasme sincère de son jeune interlocuteur. C'est une heureuse surprise de tomber sur un comparse généticien, et le simple fait que vous ayez compris ces recherches à votre âge montre bien votre géni naturel dans ce domaine. Considérant votre fervent intérêt pour les mutagènes, je ne serais pas étonné que ce soit vous cette personne qui, dans un futur proche, parvienne à accomplir des miracles à partir de mes recherches.
-Ça oui, Pete est le gamin le plus brillant que vous n'aurez jamais rencontré, professeur, et s'il a déjà réalisé de grandes choses jusqu'à présent, je peux vous garantir que ce ne sera même pas comparable à ce qu'il est destiné à accomplir dans le futur, assura Tony en posant une main paternelle sur l'épaule de son fils adoptif, dont les joues s'empourprèrent encore plus, au point d'atteindre ce que Dean considérait être la limite de l'humainement possible. Si HYDRA devait parvenir à mettre la main sur lui...
Tony s'interrompit, mais ses yeux parlèrent à sa place. Son regard torturé par la peur de perdre ce garçon qu'il considérait comme son enfant se braqua dans celui du professeur Xavier, qui hocha la tête en signe de compréhension.
-Ça n'arrivera pas, monsieur Stark. Pas si nous unissons nos forces pour contrecarrer leurs desseins et arrêter cet ennemi qui agit dans l'ombre depuis déjà trop longtemps. Et si nous allions nous installer plus confortablement pour que vous nous expliquiez en quoi nous pourrions nous rendre utiles pour la suite des choses ? Nous avons libéré un salon en prévision de votre arrivée, et des chambres ont également été préparées à l'étage si votre séjour devait se prolonger.
-C'est très aimable à vous, professeur, mais nous tâcherons de ne pas trop nous attarder, le reste de notre équipe attend de nos nouvelles au quartier-général, expliqua Natasha en se frayant finalement une place dans le groupe.
-Essayons de ne pas les faire attendre trop longtemps, dans ce cas, répondit aimablement Charles en faisant signe à ses invités de le suivre à l'intérieur.
La femme rousse et l'homme aux étranges lunettes teintées les guidèrent jusqu'à un salon privé de style victorien annexe au bureau du professeur Xavier et les invitèrent à s'asseoir sur de riches fauteuils en bois sculptés et rembourrés de velours qui devait valoir trois fois le prix de la vie de Dean. Le décor s'opposait de toute part celui de la base des Avengers, ce qui convainquit le jeune chasseur une fois pour toutes que tout ce que Tony et Charles avaient en commun était l'argent et leur statut de super-héros. Autrement, les deux hommes se trouvaient aux antipodes l'un de l'autre, autant en ce qui avait à trait à leurs valeurs et à leurs goûts qu'à leur mode de vie.
-Alors, maintenant que nous ne risquons pas d'être écoutés ou dérangés, et si nous passions aux choses sérieuses ? proposa le professeur en stationnant sa chaise roulante devant ses convives. Au téléphone, vous disiez avoir besoin de mon aide pour trouver la localisation d'une base d'HYDRA en particulier dans laquelle seraient gardées des informations concernant notre jeune ami Peter et les raisons pour lesquelles l'organisation se montre autant intéressée par lui.
-C'est exact. Il se trouve que cette base est exclusivement réservée aux expérimentations sur les mutants, donc si ce sont les capacités de Peter sur lesquelles HYDRA souhaite mettre la main, il n'y a aucun doute que c'est à cet endroit qu'ils comptaient l'amener. J'ai déjà séjourné dans ce bunker il y a plusieurs années et je sais qu'il est caché sous terre, mais je n'ai jamais pu en sortir, alors je n'ai aucun moyen de savoir dans quelle partie du monde il est situé. Vous m'aviez dit lors de notre dernière rencontre que vous aviez le pouvoir de faire voyager votre esprit à travers le monde entier si vous le désiriez, tout comme vous pouvez voyager dans l'esprit des gens, alors comme une partie de mon esprit est encore liée à cet endroit...
-Ça aurait eu une chance de fonctionner, Dean, mais tu sembles négliger le point le plus important dans cette histoire : n'as-tu pas déjà oublié que je suis incapable de percer ton esprit ?
Dean pouvait sentir les regards stupéfiés de ses parents et de Peter sur lui, mais ce fut l'œillade accusatrice de Tony qui le transperça jusqu'à la moelle de ses os. « Encore un mensonge, l'entendait-il lui reprocher. Qu'est-ce que tu nous caches encore, espèce de nazi psychopathe ? Comment veux-tu qu'on te fasse confiance si tu t'évertues à garder tous ces secrets ? »
-Peut-être que la raison pour laquelle vous n'êtes pas parvenu à entrer dans mon esprit la dernière fois, c'est parce que je ne voulais pas que vous entriez dans ma tête, répliqua-t-il en faisant habilement abstraction de toutes ces paires d'yeux posées sur lui. Mais si j'abaisse mon mur mental, si je vous donne la permission d'entrer cette fois-ci, le résultat pourrait être différent.
-Si tu t'en crois capable, ça vaut toujours la peine d'essayer. Qu'en penses-tu, Jean ?
Le professeur se tourna vers la femme rousse, qui observait Dean avec intensité depuis déjà quelques minutes.
-Je n'ai pas non plus été capable de pénétrer son esprit depuis son arrivée, cette fortification mentale semble s'activer naturellement, par pur instinct, sans qu'il ait à faire le moindre effort pour contrecarrer notre télépathie, et tout porte à croire qu'elle ne sera pas aussi facile à contourner que ce qu'il peut laisser croire. Si nous avions plus de temps, je proposerais d'effectuer des tests préliminaires pour savoir si cette barrière est causée par sa mutation ou s'il s'agit d'une faculté développée au fil du temps par un entraînement soutenu ou encore par instinct de préservation. Toutefois, comme ils semblent pressés de partir, le meilleur moyen pour assurer notre réussite serait de joindre nos forces pour forcer le mur et nous donner toutes les chances de trouver l'information recherchée dans son esprit.
-Quoi, vous êtes télépathe vous aussi ? Et vous êtes en train de me dire que vous allez être deux à entrer dans ma tête ? C'est hors de question !
-Je vous assure que ce sera tout à fait indolore, vous ne vous rendrez probablement même pas compte de notre présence dans votre esprit une fois que nous aurons traversé votre barrière mentale, expliqua la femme rousse – Jean – dont le ton ne trahissait aucune empathie à son égard, seulement un froid professionnalisme. Et puis, une fois à l'intérieur de votre tête, je pourrai peut-être comprendre ce qui a pu causer la formation de ce mur. N'êtes-vous pas curieux de savoir ?
-Vous vous écoutez parler, un peu ? Vous voulez m'étudier, vous n'avez même pas cherché à le cacher, et Dieu sait que je ne servirai plus de rat de laboratoire pour qui que ce soit sur cette terre, peu importe les raisons que vous puissiez trouver pour expliquer vos recherches. Alors si vous espérez pouvoir entrer dans ma tête pour découvrir comment mon esprit fonctionne, vous pouvez mettre une croix là-dessus, madame : je refuse d'être le projet de qui que ce soit.
Sans même s'en rendre compte, Dean s'était levé de son siège, ses muscles tendus et prêts à bondir en cas de besoin. Il sentit à peine les mains que Natasha et Bucky posèrent sur ses épaules pour tenter de le calmer et de l'inciter à se rassoir. Son regard était résolument rivé sur la femme rousse, cette possible nouvelle menace qui souhaitait expérimenter sur lui contre son gré. En un clin d'œil, il avait déjà évalué ses moindres faiblesses physiques et considéré les manières les plus efficaces de la mettre hors d'état de nuire rapidement et efficacement si elle cherchait à s'en prendre à lui. Il eut presque envie de rire lorsque l'homme aux lunettes teintées se positionna devant elle, comme si c'eut pu la protéger. Ce type n'avait aucune idée à qui il avait affaire, il se mettait le doigt dans l'œil s'il croyait pouvoir faire le poids contre lui.
-Mademoiselle Grey s'est laissé un peu trop emporter par sa curiosité scientifique, Dean, tu n'as pas à t'en faire, s'imposa le professeur Xavier pour calmer l'atmosphère, qui se tendait un peu plus à chaque seconde. Loin de nous l'idée de faire de toi le sujet d'une quelconque expérimentation, nous souhaitons seulement retrouver ce laboratoire secret d'HYDRA. Dès que ce sera fait, nous sortirons de votre esprit. N'est-ce pas, Jean ?
La rousse parut hésiter un instant face à la question du professeur, et Dean sentit son père se lever à son tour de son siège pour se tenir à ses côtés. Finalement, la jeune femme hocha la tête, bien que ce fut visiblement à contre-cœur.
-Oui, bien sûr. Nous nous en tiendrons strictement à la mission si c'est ce que vous désirez. Je ne voudrais surtout pas agir sans votre consentement. Votre esprit et tout ce qu'il recèle vous appartient, après tout.
-Le fait est que je ne crois pas être assez puissant pour pénétrer dans ton esprit seul, et ce, même si tu m'accordes le passage, ajouta Charles en le priant du regard. Jean est une télépathe très puissante, encore plus puissante que moi. J'aurai besoin d'elle pour entrer et ressortir sans encombre de ta tête avec les informations nécessaires pour votre quête, donc si tu veux connaître la localisation de ce bunker, tu vas devoir nous ouvrir la voie à tous les deux.
Dean ne voulait pas de cette femme dans son esprit et les regards suppliants du professeur ne risquaient pas de le faire changer d'avis de sitôt. Il avait déjà de la difficulté à accepter que Charles pénètre dans sa plus profonde intimité alors qu'il avait confiance en cet homme (du moins, autant qu'il était possible à un individu avec un passé tel que le sien de faire confiance à quelqu'un), alors il ne pourrait pas tolérer que cette femme qui ne lui aspirait pas la moindre sympathie aille farfouiller à sa guise dans ses plus sombres souvenirs. Mais malheureusement, il n'était pas seulement question de lui. Le chasseur tourna la tête en direction de Peter, qui l'appuyait du regard, mais dans lequel le jeune homme pouvait tout de même percevoir une certaine appréhension. Et il avait de quoi être anxieux : si Dean refusait qu'on entre dans sa tête, ils seraient de retour à la case départ dans leur investigation.
-Tu n'as pas à accepter si tu n'en as pas envie, déclara Bucky, qui n'avait toujours pas lâché son épaule même s'il était littéralement collé à lui.
-On trouvera une autre solution, Dean, ajouta Peter. Avec les ressources qu'on a à notre disposition, on pourra retrouver ce bunker sans trop de difficultés. De toute manière, on n'était même pas certains que ce plan allait fonctionner.
Contrairement à ce que Dean prévoyait, Tony resta résolument silencieux, le visage impassible et les bras croisés contre sa poitrine, debout derrière le fauteuil sur lequel siégeait Peter. Pas une seule remarque désobligeante ne passa la barrière de ses lèvres. Son attention ne semblait même pas portée sur lui, mais plutôt sur Jean, à qui il servait le même regard soupçonneux que celui qu'il lui réservait habituellement. Voilà qui était étrange.
Le chasseur étudia ainsi chacune des personnes présentes dans la pièce pour faire durer l'attention, mais la vérité, c'est qu'il avait pris sa décision dès le moment où il avait croisé les grands yeux bruns de Peter. Le garçon n'avait fait que se sacrifier pour lui depuis qu'ils se connaissaient, il n'avait eu de cesse de le défendre alors que le reste du monde le pointait du doigt, alors le temps était maintenant venu de lui rendre la pareille. Et puis, peu importe le résultat de cette expérience, s'il pouvait ainsi prouver son allégeance aux Avengers, il n'aurait tout de même pas agi en vain.
-Je vais le faire, finit-il donc par grommeler.
-C'est vraiment ce que tu veux ? demanda sa mère en se relevant à son tour.
-Oui, qu'on en finisse une fois pour toutes.
-Très bien, approuva le professeur. Dans ce cas, nous allons préparer le matériel nécessaire pour assurer le bon fonctionnement de l'opération. Nous devrions être prêts après l'heure du souper. En attendant, vous pouvez vous promener dans le complexe, Logan vous tiendra compagnie. Veillez seulement à ne pas déranger nos étudiants.
-Quel matériel ? s'inquiéta Dean. Vous ne pouvez pas seulement poser vos mains sur ma tête et laisser vos facultés effectuer le travail ?
-Habituellement, ce serait possible, mais tu es un cas tout à fait à part, donc il vaut mieux être prêts à tout. Nous allons donc nous servir du Cérébro pour maximiser nos chances de réussite, il saura relier nos trois esprits avec une bien plus grande efficacité, mais il va nous falloir modifier certaines de ses fonctionnalités pour les besoins de la cause.
-Je vous accompagne, alors, répliqua le jeune homme d'un ton décidé. Je pourrai vous aider à régler ces technicalités et ça me rassurera de comprendre comment l'appareil fonctionne avant qu'on s'en serve sur moi.
Charles Xavier hocha la tête pour signifier son consentement au garçon avant de sortir du salon en compagnie de Jean et de l'homme aux lunettes teintées. Avant de quitter la pièce à son tour, Dean se retourna vers ses compagnons, qui semblaient hésiter à le laisser partir.
-Et nous, on n'est pas invités ? rechigna Stark. Après tout, c'est pas comme s'ils avaient le plus grand ingénieur du siècle sous la main pour ajuster leur machine télépathique.
-Tu es certain que tu ne veux pas qu'on t'accompagne ? s'enquit Bucky, incapable de masquer son inquiétude.
-Je suis parfaitement capable de me débrouiller tout seul l'espace de quelques heures, ne vous en faites pas, répondit Dean pour le rassurer, un sourire au coin des lèvres. De toute manière, quel risque est-ce que je pourrais réellement encourir ici, hein ? Et puis, je voulais justement prendre un moment pour discuter seul à seul avec le professeur, alors je compte bien sauter sur l'occasion. En attendant, amusez-vous bien avec Logan, ce type est un véritable rayon de soleil lorsqu'il se décoince un peu !
En disant ces mots, Dean frappa narquoisement l'épaule de Wolverine, qui grogna en dardant un regard assassin sur le garçon.
-Évite de tuer Jean, tu veux ? gronda-t-il alors que le chasseur passait le cadre de porte. Parce que si tu lui fais le moindre mal, alors je vais être obligé de te traquer et de te réduire en miettes, et tu mérites pas que je te consacre autant d'attention.
-Tu peux arrêter de jouer aux gros durs, Logan, tout le monde sait que tu craques pour moi, le nargua Dean en lui offrant un clin d'œil avant de disparaître pour de bon dans le corridor. Et t'inquiète pas, je sais comment agir en adulte responsable, je devrais être capable de réfréner mes envies de meurtre l'espace de quelques heures. De toute manière, il semblerait qu'elle me soit plus utile vivante que morte pour l'instant ta Jean.
-Wow, tu sais vraiment trouver les bons mots pour me rassurer, grommela-t-il avant de se tourner vers les membres des Avengers restés dans le salon. Et vous, j'espère que vous ne comptez pas que je vous serve de baby-sitter jusqu'au souper, parce que vous risquez d'être déçus.
-On devrait pouvoir s'en sortir sans toi, merci quand même, lança Natasha de son ton le plus détaché en se dirigeant vers la sortie, la main de Bucky encastrée dans la sienne. Peter, Tony, vous venez ?
-Tu peux les accompagner Pete, je ne serai pas long, lâcha Tony en serrant affectueusement l'épaule de son fils adoptif, qui lui servit un regard interrogateur en retour. J'ai seulement une petite question à poser à notre charmant ami avant de me joindre à vous.
Peter parut vouloir argumenter l'espace d'une seconde, mais un seul coup d'œil en direction de leur déplaisant interlocuteur parvint à le convaincre qu'il préférait encore se coltiner Bucky malgré tout le mal qu'il avait fait à la famille Stark.
-Ne tarde pas trop, surtout, chuchota le garçon à l'intention de sa figure paternelle avant d'aller rejoindre le couple de supers soldats hors du salon.
-Qu'est-ce que tu veux de moi, Stark ? demanda Wolverine une fois qu'ils furent seuls. Je croyais pas être assez bien pour que Monsieur daigne s'adresser à moi directement.
-Normalement je ne le ferais pas, parce que tu es probablement la personne la plus désagréable que j'ai jamais connue, et ce n'est pas peu dire considérant que je dois m'endurer à longueur de journée. Mais malheureusement, je crains bien que tu sois le seul à pouvoir m'éclaircir sur un point particulier, alors plus vite tu réponds, plus vite tu seras débarrassé de moi.
-Qu'est-ce que je peux faire pour toi, alors ? soupira Logan après une seconde de réflexion.
-C'est tout simple, vraiment : j'aimerais que tu me racontes dans les moindres détails comment tu as fait la connaissance de Dean Romanoff-Barnes.
***
Ave !! Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Le plan de Dean va-t-il fonctionner selon vous ? Que pensez-vous des frictions entre Jean et Dean ? Et est-ce que Logan va raconter à Tony ce qu'il veut savoir ?
Mille mercis à vous et à bientôt xxx
Joe.