Le Roi Soleil 'Mon Essentiel'
Nouveau repas de famille chez les Lee, où Jaemin est bien évidemment convié, parce que la mère de Jeno l'a expressément invité, puisqu'il « fait partie de la famille maintenant ! ». Le jeune homme se sent à sa place dans cette famille accueillante et chaleureuse, qui rajoute toujours un couvert au cas où quelqu'un viendrait à l'improviste. C'est une vieille coutume familiale, et pour en avoir parlé avec Jeno, il sait que son petit-ami va perdurer cette tradition qui lui tient à cœur. Il trouve ça beau, lui qui n'a rien à perdurer, dont le seul héritage est une haine et une homophobie à son encontre. Cela fait maintenant neuf mois que leur couple vit sur ce petit nuage et il pense vraiment finir sa vie avec Jeno. Il ne se voit pas la partager avec qui que ce soit d'autre. Il veut passer chaque instant à ses côtés, célébrer chaque Noël, chaque fête, chaque anniversaire ensemble. C'est d'ailleurs le cas aujourd'hui. C'est le 18e anniversaire de Jeno, d'où le repas.
Jaemin a bien aidé à préparer la petite fête, il a organisé la table et le repas avec la mère de son petit-ami et l'a même aidé à lui choisir un cadeau. Sans surprise, il a aussi dû aider Mark et Donghyuck, qui sont bien évidemment de la partie, surtout pour une date aussi importante. Il a tout de même eu le temps de lui trouver quelque chose qui, il le sait, va lui plaire. Quelque chose et de symbolique pour tout deux. Ils en ont parlé plusieurs fois, et ils veulent quelque chose de fort, un lien matérialiser, qu'ils puissent partager pour symboliser et montrer leur relation. Quelque chose qui serait discret mais élégant et plein de signification. Alors Jaemin a opté pour des colliers. Une chaîne en faux or avec un médaillon discret sur lequel est gravé le surnom de l'autre et la date de leur mise en couple. Quand Donghyuck l'a su, il en a profité pour se moquer gentiment de lui. Jaemin a fini par lui rabaisser le caquet en lui rappelant que lui offrait à Jeno une peinture d'eux quatre au bord de la mer.
La fête n'étant pas surprise, Jeno y a accueilli chaque invité, Jaemin à ses côtés. Il est souriant, heureux. Leurs doigts sont étroitement mêlés, remplaçant l'étreinte qu'ils ne peuvent pas partager sur l'instant. Personne ne fait aucune remarque, tout le monde est respectueux. Jaemin se sent à sa place. Il se sent « en famille », pour la première fois de sa vie. Pas d'homophobie, pas de haine. Il ne ressent aucun poids, aucune pression. Quand il ne parle à personne, Jeno le regarde et lui sourit, comme si il était la personne la plus précieuse de sa vie. Et Jaemin fait de même car il est la personne la plus précieuse de sa vie. Il lui est essentiel.
La soirée à ce goût de paradis qui rend heureux. Le repas se passe dans la bonne humeur, chacun riant. Jeno a un grand sourire scotché aux lèvres, ça fait chaud au cœur. Jaemin ne peut s'empêcher de le fixer, attendri par son air béatement heureux. Il espère pourtant avoir l'occasion de prendre son petit-ami à part pour lui parler et lui offrir son présent. Certes il pourrait lui offrir en même temps que leurs amis mais il a besoin d'un peu d'intimité pour lui dire tout ce qu'il à besoin de lui dire, ce qu'il a sur le cœur, ce qu'il ressent. Plus que les colliers, il veut lui offrir son cœur à une autre échelle. Et comme si Jeno savait les mots sur ses silences, il le tire discrètement à l'écart dès que l'attention se tourne vers un autre sujet que lui, prenant délicatement sa main, mêlant tendrement leurs doigts. Cette douceur fait sourire Jaemin tandis que des dizaines de papillons s'envolent dans sa poitrine. Il plonge sa main dans sa poche et sers la petite boîte dans laquelle sont rangés les bijoux.
Enfin ils atteignent un endroit seul, le balcon côté cuisine. Pas un grand balcon. Pas un beau balcon. Mais un balcon au calme, au dessus de la ville. Un balcon où ils sont seuls au monde. Ils se sourient, sans un mot, se regardent, s'observent. C'est un moment hors du temps, un moment qu'ils gravent silencieusement dans leurs mémoires. Finalement, Jeno soupire et s'assoit lourdement au sol en riant doucement, rejoins aussitôt par Jaemin qui ne peut le lâcher du regard. Il est si beau, dans cette aura de bonheur pur, elle le rend époustouflant.
« Tu voulais me parler n'est-ce pas, Demande Jeno à mi-voix, pour ne pas briser le moment, je t'écoutes.
- Oh, oui ! C'était pas parler exactement. Enfin j'ai des choses à dire aussi mais je voulais t'offrir ton cadeau en tête à tête.
- Mon cadeau ? Maintenant ? Tu as peur que Hyuck se moque ?
- Crois moi, il l'a déjà fait. Mais je voulais juste de l'intimité. »
Jeno acquiesce silencieusement, lui adressant un nouveau sourire. Jaemin sort la boite de sa poche, doucement. C'est étrange, il a l'impression de lui faire une demande en mariage. Cette pensée fait s'envoler des papillons dans son cœur mais il les ignore, se concentrant sur l'instant présent au lieu de rêver du futur. Ce jour arrivera sûrement mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Jeno et c'est la seule chose qui compte. Il sort donc l'écrin et le lui tend, étrangement nerveux. Jeno la prend, toujours en douceur, cette douceur étrange, qui ne brise pas l'instant et contribue à la formation de cette bulle rassurante où ils sont seuls au monde. Il l'ouvre, découvrant la chaîne et le médaillon et sourit.
« C'est magnifique Jaemin... »
Si Jaemin doutait encore de la perfection de ce cadeau, le ton touché et émerveillé de Jeno fini de le convaincre que son choix était bon. Il se penche pour aider son petit ami à mettre le collier et s'éloigne après un court baiser. Puis il sort sa chaîne de sous son t-shirt pour la lui montrer.
« Tu vois, on a la même. Je me suis dit que ça te plairait, on en avait parlé.
- C'était une excellente idée, merci beaucoup Nana, j'adore, Jeno sourit, attendrit.
- Ce collier, Jaemin prend une grande inspiration, ce collier il représente combien tu compte pour moi. Je t'aime plus que personne au monde et je veux que tu le sache. Tu es la personne qui me le connais le mieux au monde, tu sais les mots sur mes silences, tu sais toujours quoi dire pour me rassurer, pour me consoler. Tu as fait en sortes que je me sente chez moi quelque part, et ça veut tout dire pour moi. Je n'imagine pas mon avenir sans toi, je n'imagine rien sans toi, que du vide infini. Je suis tellement reconnaissant que l'on t'ai mis sur mon chemin quand j'en avais le plus besoin et que tu m'accompagne chaque jour depuis. Merci. Et joyeux anniversaire Nono. »
Durant tout son monologue, Jeno le regarde avec des yeux attentifs et plein de tendresse. Il ne fait pas un bruit pour ne pas couper ce flot de parole timide mais sincère. Quand Jaemin s'arrête, à bout de souffle et d'idées, il le prend dans ses bras, dans une chaude étreinte, le serrant fort dans un bras. Une étreinte bourrue, comme un ours, par laquelle il fait passer tous les sentiments qu'il veut exprimer. Jeno n'est pas doué avec les mots, et son petit ami le sait, mais il n'y a besoin d'aucun mot, ce contact physique fait passer tous leurs sentiments, tout ce qu'ils sont incapable de nommer. Ils s'aiment. Fort. Plus que tout au monde. Et rien ne changera jamais ça.