Le Royaume perdu

By Sheila_Letanovsky

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Arcanya Lake vit dans le royaume d'Oriolen, où règne le roi sanguinaire Menevras Erhavsha. Chaque année ving... More

1- L'Appel
3- Verité ou Mensonge
4- Terreur et Combat
5- Plans
6- Nid de Serpents
7- Rencontre surprise
8- Course poursuite
9- Une journée en Enfer
10- Se fondre dans le décor ou faire brûler le décor
11- Eveil
12- Rituel
14- Perte de controle
15- L'aide inespérée
16- Faire le grand saut
17- Evasion
18- En cavale
19- Ratrappés
20- Démons nocturnes
21- Encore marcher
21- La grive
22- La region des Lacs
23-L'attaque
24-Ruines anciennes
Ruines anciennes 2
26- Vaenira
27- La cité des espoirs
28- La cité des espoirs partie 2
29- Liens de sang
30- La Bibliothèque
30- Reunion
31- L'arme
32-Les Liés
33- Le Haut Roi
34- L'arène
35- L'entrainement
36- Bataille
37- Affrontement
38- Le sanctuaire maudit
39- Le sortilege

2- L'Appel partie-2

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By Sheila_Letanovsky

Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose...

J'avais été tirée au sort. Ma vie n'avait plus aucune valeur. Mes jours étaient comptés. Et par conséquent ceux de ma famille également. Jamais ma mère parviendrait à trouver assez de nourriture pour elle et mon frère. Tandis que je marchais vers l'estrade toutes sorte de pensées me traversaient l'esprit. Tel un flot discontinu qui tourbillonnait dans ma tête m'empêchant de me concentrer. Un étrange bourdonnement persistait au creux de mes  oreilles, estompant le brouhaha. Les deux hommes resserèrent leur grippe autour de mes bras et m'entrainèrent au devant de la scène avant de me poster à côté d'une des Désignées qui sanglotait tout en se tenant la tête. Je pris conscience que je ne pleurais pas. Peut être que la réalité n'avait encore fait son chemin jusqu'à mon cerveau. Je croisai alors le regard de ma mère dans l'assemblée. Elle non plus ne pleurait pas. Elle se contentait de me fixer avec intensité, une étrange lueur dans le regard. Cet échange visuel me permit de garder un peu plus le contrôle de mes émotions. Je fixais ses yeux. Je ne voyais aucun chagrin. Aucune larme. Mon cœur se serra. Je savais nos rapports tumultueux mais pas à ce point là. Je la regardai en retour en tentant malgré tout  de lui communiquer mon amour, car je connaissais le règlement: les au revoir n'étaient jamais au programme. La dernière image que vous aviez de votre famille se résumait à des pleurs échangés à distance. Le roi Ménévras faisait tout pour tenir le peuple de la Ville Basse dans son étau afin de répandre la tristesse, la désolation et la terreur. Tandis que la Haute ville, la cité qui entourait le Palais Noir, regorgeait de richesse et de joyaux. Je baissai alors les yeux, en faisant tomber un rideau de cheveux rouges devant mon visage, pour ne pas avoir à affronter le regard de mon frère, Zahir. Il n'avait que onze ans, je ne voulais pas lui laisser cette image de moi comme dernier souvenir. Captive et sans défense, face au pouvoir cruel de notre roi. Impuissante et insignifiante. Je lui devais bien plus que cela. Je ne crierais pas, ne pleurerais pas, afin qu'il ne garde pas cette image traumatisante. C'était, dans ma vie, la seule personne à m'apporter du réconfort et de l'amour. La seule personne que je chérissais de tout mon cœur. Je regardai donc mes pieds tout en serrant mes points aussi fort que je le pouvais. Puis des gardes arrivèrent et nous conduisirent hors du centre de notre village. Le reste devint un mélange flou et bruyant. Je choisis d'en faire abstraction.

Mes derniers pas dans mon village natal, ne me tirèrent aucune tristesse. Rien ne me manquerait ici, hormis mon frère. Lucide, je savais que je n'y remettrais plus jamais les pieds. Que j'arrive à m'échapper ou non, je ne pourrais plus m'y réfugier. Ce serait le premier endroit où l'on me chercherait. A la sortie, plus personne ne nous suivait hormis des gardes. Tous étaient rentrés chez soi, soit soulagés de ne pas avoir été pris, soit pour pleurer un proche. Des charrettes miteuses nous attendaient là, sur un sentier. Nous montèrent dedans sans un mot et le paysage commença à défiler. La forêt, ma forêt, où j'avais appris à manier les couteaux et où j'avais appris à chasser défilait sous mes yeux. Chaque arbres, fourrés et rochers, qui passaient devant mes yeux mornes, je pouvais les citer. Au fil des années, ils étaient devenus des repères dans mes parties de chasse. La tristesse me serra enfin le cœur à la pensée de cet endroit que j'abandonnais derrière moi. C'était un lieu sacré pour moi. Un lieu où je gardais les seuls souvenirs de mon père. Je le regardai s'éloigner tout en sachant que c'était la dernière fois que je le contemplais. Je le regardai s'éloigner, jusqu'à ce qu'ils ne deviennent plus qu'une ligne à l'horizon. Ce n'est qu'à ce moment là que je détournai la tête. Je me fis la promesse de tout faire pour rester en vie. Je n'étais censée restée captive de ce roi infâme qu'une année seulement. J'en étais capable. Et même si jamais personne ne s'en était sortie, il devait forcément y avoir un moyen de survivre dans ce château maudit. Et ce moyen je le trouverai.

Je croisai le regard d'un garçon en face de moi. Lui non plus ne pleurai pas : l'allure fière, il toisait d'un air dédaigneux tous ceux qui pleuraient. Nous échangeâmes un regard moqueur. Visiblement, nous étions les seuls à ne pas nous morfondre. Ou les seuls à envisager une potentielle chance de survie. Mais un idiot pouvait vouloir ce qu'il voulait, ne l'obtenait que celui qui s'en donnait les moyens. Je n'avais pas besoin d'alliés et détournai donc mon regard. Le trajet dura quatre longues heures, et le Palais Noir se dessina enfin devant nous. Le crépuscule laissait encore entrevoir la route et là où elle menait. Bien qu'il ne soit pas en totalité noir en apparence à l'extérieur, le palais était surnommé ainsi pour tout les secrets et atrocités qu'il renfermait. Si le roi conviait bien souvent la haute société a des bals et autres activités mondaines, seul son cercle privilégié y avait accès à leur bon vouloir. Ce petit groupe n'était connut que de nom. Jamais personne n'avait vu leur visages assez longtemps pour pouvoir en parler. L'on savait juste que c'était des immortels comme le roi qui le secondaient depuis toujours, dans les affaires du royaume et qu'ils étaient aussi abjects que la famille royale.

Les hautes tours du palais se dressaient devant nous et l'aura de noirceur et de malveillance qui s'en émanait nous firent tressaillir. Une terreur irrationnelle semblait vouloir s'infiltrer dans chacun de mes organes. Je me forçais à respirer calmement. Une foule de nobles se pressait à pieds des charrettes pour essayer de nous apercevoir. Pourquoi? Car dans leur quotidien rempli de banquets et festins, venait s'ajouter une autre activité frivole : parier sur le dernier des Désignés à rester en vie. Je les trouvais ridicules, avec leur cheveux teint et tirés à quatre épingles. Leur habits dégoulinaient de luxe et d'or et suggéraient une richesse démesurée. Ils criaient et riaient ouvertement de nous. La rage au ventre, je les voyais déjà échanger des pièces, signe de leur pari ignoble. L'ombre du palais s'abattit sur nous. Chaque seconde passée nous rapprochait un peu plus de ses murs épais et froids, de ses hautes tours surmontées de tuiles noires et de ses grandes fenêtres dans des tons ambrés et noirs.

Lorsque la charrette passa sous les lourdes portes noires je sentis mon cœur sombrer dans ma poitrine. Chasser et risquer de mourir sur le coup est une chose. Allez au devant d'un futur où la mort est quasiment inévitable en est une autre. Malgré ma promesse intérieure de survivre, je sentis mon pouls s'emballer de plus en plus. Les gardes nous poussèrent hors des charrettes et nous ordonnèrent de marcher. Nous fûmes conduit à travers de nombreux couloirs débordant d'or et d'ornements.  Les sols étaient recouverts d'épais tapis et les murs parés des plus belles tapisseries et tableaux que j'ai jamais vu. Au bout d'un énième couloir apparut enfin d'immenses portes. Les pas des uns et des autres ralentirent peu à peu par crainte. Un garde perdant patience poussa un garçon dans le dos et lui aboya d'avancer. Ce garçon je le reconnut. Il était de mon village. Je l'avais aperçu à plusieurs reprises sur le petit marché, qui vendait tout ce qu'il pouvait...et qui volait tout ce qui passait sous sa main. Il avait trois petits frères et un père presque fou à nourrir. Lui aussi avait été, tout comme moi, forcé de grandir bien trop vite. Désormais, en plus d'avoir sa propre vie condamnée, il laissait derrière lui, quatre vies supplémentaires. Seulement pour avoir eu le malheur de naître dans la Basse ville. La poussée de colère qui surgit en moi me donna la force nécessaire pour stopper mes tremblements. Je pris de profondes inspirations tout en marchant et pris peu à peu la tête de notre groupe, mon pas devenant un peu plus affirmé que les autres. Je serrai mes points et me jurais de ne pas céder à la peur quoique qu'il puisse se passer. Des paroles que mon père me répétait petite me revinrent en tête: le courage est d'or mais la sagesse est létale. Des paroles, signifiant que à chaque situation, la réflexion était capitale. Ne jamais se précipiter, toujours analyser afin de pouvoir s'en tirer. Être courageux ne suffisait pas. A quoi bon foncer sans peur dans chaque situations, si cela se soldait par notre mort.

A l'époque, mon père ne me l'avait dis que pour ses conseils de chasse dans les bois. Je m'étais lancée à l'attaque d'un cerf adulte, pensant qu'un couteau faisait l'affaire. Heureusement que mon père avait été là pour le faire fuir avant qu'il ne me tue. L'animal m'avait renversé et manquai de m'éventrer avec ses bois. Je m'en étais sortit avec des contusions et des bleus sur tout le corps. Et cette maxime me montrant que si le courage pouvait être bénéfique et nous sortir de bien des situations, la sagesse nous en sortait de toutes sans exceptions. La sagesse pouvait tuer, tout aussi bien qu'une lame affûtée.

J'arrivai devant les grandes portes que deux gardes s'empressèrent d'ouvrir. Je me répétai la maxime encore une fois et franchit le seuil des portes. Nous fîmes notre entrée dans la grande salle du trône. Mon cerveau remuait à toute vitesse. Je devais montrer ma soumissions à la famille royale, mais tout en ne montrant pas ma peur irrationnelle. Les bêtes sauvages sentaient la peur. Pour pouvoir m'en sortir je devais non pas raisonner en proie acculée mais en prédateur réfléchi, certes blessé et en mauvaise posture mais capable de se défendre. Je marchai d'un pas lent et plus incertain mais en regardant devant moi. Je ne baissai les yeux qu'en arrivant face à la famille royale et me triturait les mains, seul signe de ma peur face à leur puissance. J'en profitai pour observer les alentours. La salle gigantesque qui se trouvaient autour de moi était à l'instar de tout les couloirs que j'avais déjà traversé. Des lustres pendaient au plafond et de riches ornements apparaissaient de partout, sur chaque surface de libre. Une richesse ostentatoire, un paysage dans lequel, notre petit groupe fit son apparition. Nous faisions tâche au milieu de toute ces pierreries. Du coin de l'œil je vis le garçon téméraire avec qui j'avais échangé un sourire durant le trajet, se placer à mes côtés. Je levai alors les yeux sur la famille royale assise sur leurs trônes d'or et de diamants noirs. La reine Ravenna, droite et hautaine nous toisait de toute sa hauteur. Le roi Ménévras nous regardait comme il aurait regardé une livrée de gâteaux appétissants. Il avait l'air de jubiler. A sa droite se tenait le prince Maven qui lui avais l'air de s'ennuyer à mourir. Il se tenait avachi, avec une grâce nonchalante, les jambes croisées et la tête appuyée sur sa main. Tous avait des cheveux noir de jais, caractéristique de leur lignée royale. C'était des individus vieux de plusieurs vies. Ils vivaient et se nourrissaient de la peur et la soumission des autres. Déconnectés de toute humanité depuis bien longtemps. Ils étaient terrifiants. Ils ne paraissaient pas humains. Leur beauté étaient si froide qu'elle en paraissait irréelle. Le roi se leva. A l'image de sa reine et de son fil, il était une statue implacable de cruauté.

- Bien, s'exclama t'il, vous voilà tous réunis. Mes enfants, voici venu un grand jour. Le jour où un plan depuis maintes années maintenant est en place et qui va enfin aboutir.

Il ponctua cette phrase, sans aucun sens à mon avis, par un large sourire et écarta les bras en grand comme pour montrer une victoire quelconque. Ses paroles qui sortaient de sa bouche, me paraissaient presque irréelles tant elles faisaient familières pour un être tel que lui. Jamais je n'aurai pensé me retrouver un jour face à lui. Son nom, sa cruauté, sa réputation... Il était un démon hantant bien des cauchemars d'enfants. Frissonnante je vis ses lèvres se soulever mais le rictus n'atteint pas ses yeux. Tandis que je le regardai jubiler, je sentis derrière moi les autres se trémousser de malaise. J'étais comme obnubilée par leur puissance. Aucun de nous ne savaient ce dont le roi Ménévras pouvais bien parler. Nous restâmes immobiles et tendus. Je ne regardais personne, comme aucun des Désignés ne me regarda. Nous étions peut être dans le même bateau, mais à peine nos noms étaient appelés, que nous nous retrouvions chacun sur des radeaux différents. Nul ne s'aidait et nul ne se soutiendrait. Le personnage royal braqua soudain ses yeux violets sur moi. Je tressaillit aussitôt. C'étaient deux puits sans fond qui rappelaient des ténèbres à l'état pur.

Je sentis qu'il n'y avais pas que le roi qui me regardait. La reine c'était également redressée et le prince avait adopté une posture moins désinvolte. La sensation de malaise s'accentua et je perdit le semblant d'assurance qu'il me restait encore. La peur m'envahit. Parfois les serpents pouvaient être si avides qu'ils tuaient sans plus se poser de questions. Et je me sentais leur cible en ce moment précis. Le garçon téméraire a mes côtés pris soudainement la parole:

- Et ce plan, quel est t'il, Votre Majesté?

Je sursautais au ton qu'il employa pour dire le titre royal. Par la déesse, il voulait se faire tuer. Il n'avait pas de plan de survie ou même une bribe de sagesse pour l'aider. Son ton agressif et irrévérencieux surprit tout le monde dans la salle. Des éclairs de peur à l'état pur fusèrent de toutes les personnes se tenant face à Ménévras. Pourtant le roi se contenta d'esquisser un petit sourire :

- Et bien, tu fais bien de demander mon garçon, la curiosité peut parfois s'avérer être un point positif. Malheureusement dans ton cas, ce n'est pas le cas et tu n'auras jamais la réponse que tu souhaites.

Mon sang se glaça dans mes veines en prévision de ce qui allais se produire. Les mots de Ménévras tombèrent dans un silence de mort. Le sourire du roi était aussi froid que ses yeux.

- Et d'ailleurs, lança Ménévras à la cantonade, aucun de vous, pauvres paysans, ne l'auraient jamais...

Il eut un petit geste de la main et j'entendis les gardes se mettre en action. Des frissons me remontèrent la colonne vertébrale et je me retournai d'un bond. J'aperçus l'éclat des lames et le chatoiement rubis des gerbes de sang qui les sillonnaient. Avant que je put reprendre une seule inspiration je sentis un bras se saisir de mon poignet. Je bondis en me retournant. Mon instinct de survie ne fut pas assez rapide car je fut plaqué sur le sol en une fraction de seconde. Je vis un garde, penché au dessus de moi, l'épée à la main. Son pieds immobilisait mon dos et son bras libre tordait le mien en arrière. Je ruais, pour tenter de libérer mes mains. Le souffle court j'attendis la mort dans un état second. Mon sang rugit dans mes oreilles. Sang qui dans peu de temps glisserait sur le sol en marbre tandis que je rendrai mon dernier souffle. J'entrevis le garçon insolent sortir une dague de sa ceinture mais malgré une maîtrise évidente de l'arme, il ne faisais pas le poids contre les longues lames de la garde royale. Il fut rapidement tué sous mes yeux. Je regrettai furtivement que jamais je ne connaîtrai son nom. Jamais plus sa famille ne le verrai. Tout comme les autres familles de ces adolescents morts autour de moi. J'étais là seule encore vivante, me rendis je compte en haletant. La prise sur mon bras douloureux se relâcha. Brutalement mise debout, je refit face à la famille royale. Les jambes tremblantes et les cheveux étalés sur mon visage livide, je cherchais désespérément à reprendre mon souffle. Je bloquais les hoquets bruyants qui remontaient ma gorge. Le roi n'avais en rien perdu son sourire cruel et la reine regardait d'un œil froid le massacre qui nous entourait. Je reprit une inspiration tremblante et repoussais mes cheveux de devant mes yeux. L'horreur de la situation me laissais au bord des larmes.

Dans la Ville Basse l'horreur et la cruauté faisaient partie d'un quotidien. J'avais déjà vu la mort, le sang et la douleur. Mais jamais d'une telle manière. Les gens se battaient, en venaient à s'écharper, presque tous les jours. Mais, ils le faisaient par désespoir, par faim et par misère. Rien ne justifiaient leurs actions. Moi même je m'étais battu plus d'une fois. Mais, rien n'était jamais gratuit. Aucun massacre ne survenait après un malheureux geste de la main d'un seul homme. Ils étaient morts en l'espace de quelque secondes. Et dans d'atroces souffrances simplement sur ce geste de main de l'homme en face de moi. Le cœur au bord des lèvres, je me rappelai à moi même que ce n'était pas un homme. C'était un monstre. Une créature malfaisante qui aimait la cruauté et se repaissait de l'horreur des autres. Je jetai un coup d'œil au prince qui ne paraissait plus aussi indifférent. Sans se préoccuper du massacre une seule seconde, il c'était redressé et ses yeux flamboyant tout aussi violets que ceux de son père étaient rivés sur moi. Il se leva brusquement et se tourna vers le roi:

-  Encore un de vos plans, père, dit il, d'une voix calme et terrifiante. Encore un auquel je vais devoir me plier ?

Le regard de haine que retourna le roi à son fil me flanqua d'encore plus gros frissons que ce que je n'avais déjà.

- Tu feras ce qu'on te dis, lâcha froidement Ménévras.

Je ne compris pas sa réponse. Mon esprit se brouilla. La fatigue, le choc et l'incompréhension se mélangeant dans ma tête je n'étais plus capable de suivre le moindre échange. Je me revis la veille au soir mon frère dans mes bras devant le feu. Je ne pensais qu'à ma chasse du lendemain et a rien d'autre. Les chances que je sois désigné étant tellement minime que je ne m'en étais presque pas préoccupé. Et pour cause j'étais même arrivé en retard. Un garde se saisit de mon bras et me poussa devant lui. Je bataillais pour reprendre le dessus dans la bataille que livrait mon cerveau. Je ne pouvais me permettre de me laisser aller. Mes idées s'alignaient déjà un peu plus. Nous passâmes les grandes portes de la salle où nous nous trouvions et le garde se mit à me traîner dans toute une suite de couloirs. Sa main en étau autour de mon bras, me faisait mal, mais encore dans un état second, je ne réagit pas. Au bout de quelque minutes je parvins à reprendre totalement mes esprits et retirai brusquement mon bras. Je pris alors conscience que c'était le prince Maven qui me guidait. Debout et non plus avachie dans son trône, il était bien plus grand que ce que je ne l'avais pensé. Je m'immobilisais au milieu du couloir. Il se retourna agacé et me regarda d'un air noir:

- On à pas le temps pour vos pauses, aboya t'il.

- Pourquoi, demandai je abruptement dans un murmure.

Il haussa un sourcil. Un air surpris se peignit l'espace d'un instant sur son visage.

- Pourquoi quoi ?

- Vous les avez tous tués, m'écriais je presque hystériquement, pourquoi tout les Désignés viennent d'être assassinés et je reste vivante? Et de quel plan votre ...

Je ne finit pas ma phrase car je me retrouvai écrasée contre un mur, le prince penché sur moi. Il me regarda d'un air froid et cruel:

- Que vous restiez en vie ne n'importe peu, donc vous allez cessez de poser vos questions et me suivre. Sans plus jamais vous adresser à moi ainsi.

Visiblement, je n'étais pas encore tirée d'affaires. Il avait seulement posé son bras en travers de ma poitrine. Mais, je ne parvenais plus à respirer tant il m'oppressait. Je voulus hocher la tête, mais il ajouta alors:

- Vous pensiez peut être que avoir était épargné était une faveur mais vous n'allez pas tardez à déchanter. Les plans de mon père sont rarement des parties de plaisir, pour ses pions...

- Mais...

Il me fixa en baissant les yeux sur moi. Il les plissa et eut l'air de se concentrer. J'arrêtais de respirer. Il me relâcha soudainement l'air surpris.

- Comment est ce possible ? souffla t'il.

Je me recroquevillais sur moi même. Depuis ce matin je nageais en pleine incompréhension et j'étais terrifiée. J'avais l'impression que ce cauchemar avait commencé il y a déjà des années et pourtant cela ne faisait que quelque heures. Que venait de tenter le prince ?

- Ce n'est pas possible, souffla le prince en se rapprochant à nouveau de moi.

- Et pourtant si, fit alors une voix derrière nous.

Le roi Ménévras en personne fit son apparition. Tout aussi grand que son fils, l'air dans le couloir pourtant large, se fit encore plus irrespirable.

- Nos pouvoirs ne marchent pas sur elle.

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