Ken
Paris - appartement de Adèle et Doums
Quelques semaines plus tard...
— faut que tu lui dise.
— je sais, répondis je en soupirant.
Mon regard s'arrête sur ma petite meuf qui rigole à l'autre bout de la pièce avec Adèle. Sans même m'en apercevoir, ça me fait sourire. J'aime la voir comme ça, insouciante de ce qui se passe mais juste là à profiter du moment. Elle est trop belle dans sa ptite robe volante qui met sa taille en valeur.
Malheureusement je ne crains que ça le restera longtemps quand je lui apprendrai la nouvelle.
S'il y a bien un truc que je craignais en me mettant avec May, c'est qu'elle m'aime plus que je l'aime. Pourtant, au final, on s'aime aussi fort l'un que l'autre mais il y'a bien quelque chose qui m'embête... elle est dépendante de moi. Pour certains hommes ça les fait kiffer mais pas moi. Je le vois bien, elle souffre beaucoup quand je ne suis pas là et quand je suis là, elle s'accroche à moi. Le truc que je me dis c'est qu'elle ne devrait pas parce que ça lui fait plus souffrir qu'autre chose. Sauf que je suis sensé le lui expliquer comment ? Elle ne le comprendrait pas, c'est sa façon de fonctionner.
— c'est quand ? Demande Hakim.
— fin juin.
Les gars grimacent. Il ne me reste qu'un mois et quelques semaines pour le dire à May.
Avant de lui annoncer cette décision, je préfère me concentrer sur elle et profiter d'elle. Je ne veux en aucun cas gâcher sa joie. Après le lancement de sa marque, elle n'a reçu que des compliments et des bons retours alors bien évidemment je n'ai pas envie de tout gâcher. Ce que j'ai à lui dire peut attendre encore peu.
En parlant d'elle, elle vient s'assoir sur mes genoux. Je pose ma main sur son ventre que je caresse et l'autre sur sa cuisse.
— j'ai faim, dit-elle.
Parce que j'aime la voir rougir, je me mets à l'embêter. Je colle mes lèvres à son oreille.
— j'sais pas si on a la même faim, mais moi j'ai faim d'toi.
Je me recule pour voir sa réaction. Loin d'être étonnant, elle rougit avant de me frapper l'épaule.
— t'es chiant, dit-elle gênée.
Je rigole et lui embrasse le bas de sa mâchoire.
— en vrai, tu veux manger quoi ?
— j'sais pas, j'ai juste faim mais je ne sais pas quoi manger.
— nous voilà avancer, je lève les yeux au ciel.
— y'a un Mcdo pas loin, tu m'accompagnes acheter des nuggets ? Propose-t-elle.
Je réponds positivement. Elle quitte mes jambes, je dis aux gars qu'on sort vite fait et on pars. Comme d'habitude, on garde une distance de sécurité pour ne pas que notre couple se fasse cramer. On marche côte à côte mais on ne se touche pas. Je meurs d'envie de lui tenir la main mais malheureusement je ne peux pas.
Lorsqu'on arrive au Mcdo, May commande pour nous deux.
Ensuite on prend la direction des quais de Seine pour se poser. Heureusement, on trouve un coin discret où on est sûr de ne pas nous faire embêter. Il n'y a presque personne autour de nous. Après avoir déballé notre graille, nous nous mettons à manger.
Bizarrement, aucun de nous deux ne parle. D'habitude il y'a toujours l'un de nous pour taper la discute mais là c'est le calme absolu entre nous deux. En observant ma brune, je me rends compte qu'elle est perdue dans ses pensées. Je ne sais pas à quoi elle pense mais je compte interrompre sa réflexion. Je me dis que c'est le bon moment pour lui parler de ma décision.
Sauf qu'au même moment on ouvre la bouche.
— faut que je te parle, disons nous en même temps.
Elle sourit.
— vas-y, toi d'abord, je dis.
— ok hmm, je ne sais pas comment te le dire, je fronce les sourcils. J'ai pas envie que tu le prennes mal.
J'avoue je commence à stresser. J'ai peur de ce qu'elle veut m'annoncer. J'espère que ce n'est pas quelque chose de grave.
Je vois bien qu'elle cherche ses mots, ce qui augmente mon stress. Elle s'essuie les doigts dans sa serviette en papier. Puis elle relève la tête. Elle expire avant de me dire ce qu'elle a sur le cœur. Elle commence à parler à toute vitesse.
— de base je ne voulais pas te le dire parce que je ne veux pas paraître pour une égoïste. Je ne veux pas que tu te sentes mal à cause de moi. Je sais que ce n'est pas de ta faute mais je-
Je la coupe en prenant ses mains dans les miennes pour la rassurer. Je vois bien que ça la pèse mais qu'elle ne sait pas comment aborder le sujet. Je le ressens qu'elle a vraiment peur que je le prenne mal.
— déjà détends toi pour commencer, elle souffle. Maintenant dis moi.
— j'appréhende le fait que tu partes encore à Nice. Déjà y'a le fait que tu me manques beaucoup quand tu pars et j'avoue ça me rend triste. Mais je n'aime pas non plus quand tu me tiens écarté de toi, ça me fait mal.
— comment ça ? Je demande en fronçant les sourcils.
— quand tu quittes Paris tu as tendance à t'éloigner de tout ce qui te lie à la capitale. En soit je le comprends, tu veux faire une vraie detox. Mais du coup tu t'éloigne aussi de moi et ça me blesse. Tu réponds à peine à mes messages et à mes appels. Et puis de ton côté tu me parles pas non plus. Du coup je suis toujours dans l'attente d'un signe de vie mais rien.
J'ai l'impression de me prendre une grosse gifle quand ses yeux tristes me fixent tout en m'expliquant ce qu'elle ressent. Je suis qu'un con. Elle a du croire que je l'aimais moins en la mettant de côté alors que ce n'est pas du tout le cas. La connaissant, elle a dû beaucoup cogiter quand c'est arrivé. Je n'imagine même pas tout ce qu'elle a imaginé à cause de moi.
Je me déteste de la faire sentir aussi mal avec mon agissement. Bien évidemment que je ne le fais pas exprès. Quand je me tiens loin de mon téléphone, je me dis qu'obligatoirement May comprendra que ce n'est pas contre elle si je ne lui réponds plus mais je n'avais aucune idée que ça la blessait autant.
— j'suis désolé, je réponds sincèrement. T'aurais dû me le dire que ça t'affectais autant.
— je savais pas comment te le dire, avoue-t-elle. Peut-être que ça te fait vraiment du bien d'être loin de ton téléphone alors je ne veux pas te forcer à être près de lui pour me parler.
Je passe ma main sur sa joue et la caresse.
— tu sais May c'est pas parce que je ne t'appelais pas que ça veut dire que je ne t'aimais plus, je la rassure.
Ses yeux s'ouvrent en grand.
— comment tu sais que-
— je te connais, la coupais je en souriant. Je sais que tu l'as pensé dans ta petite tête, je tapote sa boîte crânienne. Mais sache que quand je suis loin de toi, il n'y a pas une seule seconde où j'arrête de penser à toi.
— c'est vrai ?
— oui jte le jure, elle sourit. J't'aime trop pour te zapper du jour au lendemain.
Elle rougit.
— maintenant t'arrêtes de douter, ok ? Je demande.
— seulement si tu promets de ne pas me mettre complètement de côté, dit-elle.
— promis bébé. Je t'enverrai tellement de messages que t'en auras marre.
Elle rigole doucement. Ce son remplit mon cœur de joie. Je suis content d'avoir su la rassurer.
Elle déplie ses jambes et se rapproche de moi. Elle oublie que l'on est à l'extérieur et qu'on peut se faire cramer et m'embrasse. Moi aussi j'oublie ce détail quand elle approfondit le baiser. Je l'attrape par les fesses pour qu'elle finisse sur mes jambes mais elle décale sa tête.
— et toi tu voulais me dire quoi tout à l'heure ? Demande-t-elle.
Je l'observe. Depuis qu'elle m'a dit ce qu'elle avait sur le cœur et qu'on a mît les choses à plat, elle a retrouvé son sourire. Je vois bien qu'elle est de nouveau heureuse et ça me fait plaisir. Trop plaisir au point que je n'ai aucune envie d'effacer cette joie.
Alors je mens.
— j'sais plus, j'ai oublié, je réponds.
— hm ok.
Elle ne cherche pas plus loin et me rembrasse de nouveau. Je souris contre ses lèvres. Jamais je m'en lasserai. J'approfondis notre baiser en jouant avec sa langue. Mes mains passent sur ses cuisses et sous robe pour les caresser.
A bout de souffle on se sépare mais ce n'est pas pour autant que j'arrête de la toucher. Ma bouche descend maintenant dans son cou. Je la sens frissonner.
— Ken, elle gémit. On est en public là.
Pour la provoquer je mordille sa peau. Puis mes lèvres glissent dans son petit décolleté. Là, elle attrape ma tête et la relève. Je souris narquoisement.
— j't'ai dis que j'avais faim de toi, la taquinai je.
— ouais bah pas en public, dit-elle en rougissant. On continuera plus tard.
— hmm ok.
J'embrasse sa joue puis la mord.
— mais orh ! Arrête !
J'éclate de rire contre elle. Qu'est-ce que j'adore l'embêter. Je crois que c'est mon activité préférée.
— tu penses pas qu'on devrait retrouver les autres maintenant ? Demande-t-elle.
— flemme, on est bien là.
— mais j'ai envie de voir Ismael.
Je roule des yeux.
— t'es accro à lui ou quoi ?
— ouais, je l'aime trop, dit-elle. J'ai l'impression que c'est mon fils.
— j'imagine pas ce que ça sera quand on aura nos gosses...
Elle sourit niaisement.
— t'as hâte ?
— de quoi ?
— d'être papa.
Je réfléchis quelques secondes à sa question. En soit j'ai pas hâte mais j'avoue que j'aime beaucoup l'idée d'avoir des enfants. Alors oui j'en ai envie, mais je ne suis pas pressé.
— j'ai pas hâte dans le sens où je me dis que chaque chose en son temps mais oui j'en ai envie. Et toi ?
— ça peut paraître bizarre mais depuis que je vois Adèle en mère et qu'il y'a Ismael dans ma vie, je me vois bien être maman. Je trouve ça trop beau, dit-elle rêveuse.
Une brise légère fait voler quelques unes de ses mèches de cheveux. Elle est trop belle. Je sais que je le répète souvent mais je me sens obligé de le redire. Plus je la regarde et plus je tombe amoureux.
Perdue dans ses pensées, elle ne fait pas du tout attention à moi. Elle se reconcentre sur moi quand je glisse une de ses mèches derrière son oreille.
— on y va ?
J'ai aucune envie de me relever et de repartir mais j'accepte quand même.
Sur le chemin du retour, May et moi croisons un chien qui vient en notre direction. Ma brune ne peut s'empêcher de s'accroupir pour caresser le bouledogue.
— oh regarde Ken ! Il est trop mignon !
Le chien, qui apprécie ses caresses, se colle à ses jambes et renifle sa main. Je les prends discrètement en photo. Son propriétaire, qui doit avoir notre âge, s'approche de nous.
— oh désolée, s'excuse May. Je le trouve trop mignon, j'ai pas pu m'empêcher de le caresser.
— elle, il la corrige en souriant.
La brune se relève. On salue le gars avant de continuer notre chemin. Avant même qu'elle n'ouvre la bouche je sais déjà quelle proposition elle va me faire.
— viens on-
— non, la coupai je.
— tu sais même pas ce que j'allais dire ! Dit-elle choquée.
— ok dis moi, je souris de façon moqueuse.
— viens on adopte un chien.
— voilà je le savais ! Et c'est toujours non May.
— mais pourquoi wesh ?!
— mise à part le fait qu'on ait de l'argent, on n'a pas le temps. Un animal ça a besoin de beaucoup d'amour, de temps et d'énergie. Sauf que tu bosses, t'as cours et moi aussi je travaille.
— ok bah après ma licence, j'adopterai un chien. Là j'aurai du temps, de l'énergie et surtout beaucoup d'amour à lui donner.
Je souffle, qu'est-ce qu'elle est têtue quand elle s'y met !
— on verra.
De retour chez Doums et Adèle, ma petite brune prend directement son petit cousin dans les bras. Comme d'habitude je les trouve trop mignons ensemble. May s'amuse à faire des bisous partout sur la petite bouille de Ismaël. Et lui ne fait que rigoler de tout ça.
— alors vous avez parlé ? me demande Hakim.
— ouais mais pas de ça.
— frère t'abuses ! C'était grave le bon moment en plus !
— j'le sais mais j'pouvais pas. J'te jure Hakim que je l'aurais fais, mais je ne pouvais pas gâcher sa bonne humeur. Sérieusement regarde comment elle est heureuse là !
Mon ami suit mon regard et fixe May.
— que ça soit maintenant ou demain, elle finira toujours triste. Mais lui en parler le plus tôt fera qu'elle s'en remettra plus rapidement.
Ça, je n'en étais pas si sûr...