To Be Young » Nekfeu

By kplem_

212K 5.6K 504

Passionnée de mode, May quitte la campagne pour s'installer en ville, à Paris. Elle s'imaginait déjà vivre co... More

1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22 - part. 1
22 - part. 2
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65 - part. 1
65 - part. 2
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98

51

1.8K 45 0
By kplem_

May
Bretagne - Saint-Malo


J'ai passé toute la nuit à lire ces fichus lettres.

Il est bientôt sept heures du matin et je viens de finir de lire la dernière lettre. Je n'arrive pas à y croire. Mon père est resté trois mois en camp de désintoxication pour lutter contre sa consommation de drogue. Du premier juin au premier août. Jusqu'au dernier jour, il n'a cessé de nous écrire à ma mère et moi. Il explique qu'elle et moi étions sa force pour continuer à se battre. Il disait aussi qu'il regrettait fortement tout ce qu'il nous avait fait enduré. J'ai versé quelques larmes en lisant cela. Il nous a toujours aimé alors que mes grands-parents me faisaient croire le contraire.

Pourtant, en faisant attention aux dates, je me suis rendue compte qu'il y a quelque chose qui cloche. Le cinq août ma mère et moi avons eu notre accident de voiture mais il est sorti de son hospitalisation le premier août, alors où est-il pendant ces quatre jours ? S'il savait que ma mère était décédée, il aurait dû venir me chercher et s'occuper de moi, non ? Pourquoi j'ai vécu toute ma vie avec mes grands-parents ?

Je n'avais pas arrêté de cogiter. En plus de ne pas avoir dormi, la colère montait de plus en plus en moi. Toute ma vie on m'avait menti. J'ai la haine d'avoir été prise pour une idiote ! Non seulement j'avais vécu dans le déni mais en plus dans la haine de savoir que je ne comptais pas pour mon père ! Savoir le contraire me faisait tomber des nues.

Avant de descendre au salon, je décide de prendre une douche. L'eau chaude me fit le plus grand bien ! Même si j'étais déjà réveillée, elle me réveilla deux fois plus. Après avoir enfilé des vêtements propres, je décidais qu'il était temps de descendre. Je pris les lettres avec moi pour confronter mes grands-parents. Ayant l'habitude de se lever à l'aube, je savais que je les trouverais déjà réveillés.

— bien dormi May ? Me demanda mon papy.

Il était assit dans son fauteuil individuel avec une tasse de café dans la main et le journal dans l'autre. Quant à ma grand-mère, elle buvait son thé dans l'autre canapé. En me voyant arriver, ils me sourirent. Ça augmenta encore plus ma colère.

— tu te lèves tôt aujourd'hui ! Souligna mamie.

— oui. J'ai pas dormi de la nuit, répondis je sans émotions.

— pourquoi ? Tu as fais un cauchemar ? Elle s'inquiète. Tu peux m'en parler si tu le souhaites !

— non, j'ai lu tout ça.

Je balance toutes les lettres sur la table basse. Ils se lancent un regard que je ne serai déchiffré mais j'arrive à percevoir de l'inquiétude et de l'affolement sur le visage de ma grand-mère.

—,assis toi s'il te plaît agapimenos, elle demande d'une voix douce.

Si j'essayais de contenir ma colère, là je n'y arrive plus. C'est la goutte de trop ! Comment peut-elle m'appeler avec ses mots doux en croyant que je vais me calmer ?

— non je ne m'assiérais pas ! M'écriai je. Vous m'avez menti ! Toute ma vie je pensais que mon père nous avait abandonné alors que c'était faux ! Comment vous avez pu me faire ça ?

— May, il est toxique, dit mon grand-père. On a fait ça pour te protéger. S'il te plaît calme toi.

— arrête de me dire que je dois me calmer ! Je comprends que vous vouliez me protéger quand j'étais petite mais me mentir sur le fait qu'il ne nous a jamais aimé, ça j'accepte pas. Toute mon enfance j'ai souffert de l'absence de mon père. Tous les enfants en avaient un sauf moi ! Je les jalousais en me disant qu'eux au moins ils avaient de la chance de profiter de leur père alors que le mien devait me détester.

— mais nous étions là, dit tristement ma grand-mère.

Je souffle. Elle ne comprend pas.

— oui vous étiez là et je vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez fait pour moi mais me mentir droit les yeux, j'peux pas. Hier encore quand je t'ai demandé si tu avais des infos le concernant, tu m'as menti sans aucun scrupule !

Je passe rageusement mes mains dans mes cheveux. Cette situation me fatigue. J'ai les nerfs à vif. J'ai envie de tout casser ! Comment les seules personnes que je considérais le plus ont pu me décevoir aussi fort ? Je me sens tellement trahie !

— mais il est malade May ! S'exclame mon grand-père.

— on ne voulait pas que tu ailles à sa rencontre, alors je t'ai encore caché la vérité. Je pensais que tu abandonnerais, explique ma grand-mère.

« Cacher la vérité » ? Si c'est comme ça qu'elle voit les choses...

— j'ai bientôt vingt ans, c'est à moi d'en décider, répliquai je froidement.

Voyant qu'ils ne trouvent rien à dire, je reprends les lettres et monte. Dans l'escalier je croise Adèle. Elle me regarde surprise. Elle doit sans doute avoir remarqué que je suis très énervée. Et puis elle a probablement entendu nos cris.

— qu'est-ce qui se passe May ?

— ils m'ont menti. J'ai trouvé toutes ces lettres dans le bureau de papy, je lui montre les feuilles. Depuis le début j'aurai pu avoir une piste pour retrouver mon père, t'imagines ! Si je n'aurai pas chercher, j'aurai continué à vivre dans le déni !

Adèle, bouche bée, ne sait pas quoi répondre.

— j'arrive pas à le croire, souffle-t-elle. Ils doivent avoir une bonne raison, peut-être qu'ils-

— non Adèle, la coupai je. Même s'ils ont voulu me protéger ils n'avaient pas le droit de m'empêcher de faire mes propres choix.

Après quelques secondes de silence, je reprends la parole.

— je me casse, dis je. Je rentre à Paris !

— quoi ?! Attends May on est sensé rentré dans trois jours.

— désolé Adèle mais j'en ai rien à faire. Je me sens oppressée, je ne peux pas rester ici.

Je continue ma montée pour accéder à ma chambre mais je sens qu'elle me suit. Je tire ma valise et remets mes affaires dedans.

— ok je comprends ta décision. Tu veux qu'on parte ce soir ?

— « qu'on » ? Demandai je. Adèle reste. Profite de tes vacances avec Doums. C'est pas tous les jours que tu vois tes parents.

— non je ne peux pas te laisser rentrer toute seule je-

Je me lève et prends ses mains dans les miennes.

— écoute, commençai je. Je veux que tu restes. Ne te préoccupe pas de moi, ça va aller. On se revoit dans trois jours à Paris, ok ?

Elle souffle mais fini par accepter. Quant à moi, je finis de faire mon bagage. Je ne resterai pas une minute de plus ici. Je prends mon téléphone pour réserver un billet de train pour ce soir. J'ai un train en direction de Paris pour quatorze heures. Une fois tout arrangé, je m'allonge sur mon lit. Je suis épuisée.

Bizarrement je ne ressens même pas le besoin de pleurer. Je crois que j'ai tellement la rage que ça surpasse toutes mes émotions. Habituellement, j'aurai fondu en larmes. Mais là, rien ne sort. Je crois que mon esprit ne prend pas encore totalement conscience de cette trahison. Je branche mes écouteurs à mon téléphone pour penser à quelque chose d'autre. Finalement, je fini par faire une sieste.


[...]



La faim vient de me réveiller. N'ayant pas manger depuis ce matin, j'ai le ventre qui gargouille. Je décide de me préparer un sandwich. Dans la cuisine, je retrouve ma grand-mère en train de cuisiner. Quand elle me voit, elle s'arrête.

— May, tu ne peux pas partir comme ça, dit-elle tristement. On ne voulait pas te blesser.

— c'est trop tard.

— t'es le seul souvenir de ta mère qui nous reste.

Je fronce les sourcils. Je ne savais pas trop comment interpréter ce qu'elle me disait. Je trouvais sa phrase un peu étrange.

— peut-être mais je suis aussi celui de mon père. Vous n'aviez pas le droit de m'arracher à lui. D'ailleurs est-ce qu'il sait que maman est parti ?

Elle détourne le regard. Donc en plus il n'a jamais su que ma mère est décédée ? Il doit peut-être penser qu'elle l'a effacé de sa vie ! Plus j'en apprends, plus cette histoire m'affecte.

— je vous déteste, soufflais je froidement.

Je quitte la pièce pour aller manger dans le jardin. Je n'ai même plus faim ! Je mange la moitié du sandwich et jette le reste.

Je sens quelqu'un s'assoir à mes côtés. Je constate que c'est mon grand-père.

— je suis désolé.

Je ne réponds pas. A quoi bon ?

— je suis prêt à répondre à toutes tes questions ma chérie.

Je tourne vivement ma tête vers lui.

— je veux que tu me dise tout sur mon père.

— il s'appelle Samba Cissé. C'est un brave type. Quand ta mère nous l'a présenté, je l'ai tout de suite apprécié mais malheureusement il a fait des bêtises. Il vous aimait, c'est sûr mais ça ne l'a pas empêché de fauté. Alors quand on a su l'accident de ta mère, ta grand-mère et moi avons décidé de prendre la relève.

— mais pourquoi m'avoir menti à son sujet ? Demandai je tristement.

— on ne savait pas ce qu'il était devenu. Tout ce qu'on voulait c'est qu'il ne sombre pas une deuxième fois avec toi. On avait déjà perdu ta mère, on ne voulait pas te perdre à ton tour.

Je triture le collier de ma mère suspendu à mon cou. Je comprends mieux mais ça n'efface rien.

— j'ai pris un billet pour rentrer plus tôt à Paris.

— d'accord je comprends, dit il surpris. Je veux que tu saches que malgré tout ce qui s'est passé, nous serons toujours là pour toi. Nous t'aimons agapi.

Je lui souris tristement et me lève. Mon train part dans moins de deux heures, il est temps de partir. Je préviens ma tante pour qu'elle me dépose à la gare. Malgré moi, je quitte la maison le cœur lourd. Sur le pas de la porte, mes grands-parents me regardent tristement mais je ne leur accorde aucun regard. Si je le fais, je vais fondre en larmes. Je sens ma gorge se serrer. Dans la voiture, je m'attache rapidement. Adèle démarre sans attendre une seule seconde. Elle tente de me parler mais voyant que je ne lui réponds pas, elle arrête. Mes yeux se perdent sur l'horizon jusqu'à ce que j'arrive à la gare.

— t'as demandé à Ken ou Moh de venir te chercher ?

— non, je prendrai un Uber. Je ne veux pas les déranger.

— comme tu veux. Tu m'envoies un message quand t'arrives ?

— oui, lui répondis je.

La brune me prend dans ses bras.

— je te le dis pas souvent mais je t'aime. Je te considère plus comme ma sœur que comme ma nièce. Même si l'on se voit de moins en moins, sache que tu comptes énormément pour moi.

Une larme coule sur ma joue. Ça me fait du bien d'entendre ces mots après tout ce qui s'est passé. Je crois qu'au fond de moi, c'est tout ce dont j'avais besoin. Je resserre mes bras autour d'elle. Elle m'embrasse le front et me laisse partir.


Quelques heures plus tard...

Il est seize heures et demie quand mon train rentre dans la gare de Paris. En attendant que mon taxi arrive, j'envoie un message à Adèle pour lui dire que je suis bien arrivée. Même si j'ai rattrapé une partie de ma nuit ce matin, je ressens énormément la fatigue maintenant. Je suis à deux doigts de dormir debout.

Heureusement, mon Uber est là. Au bout d'une trentaine de minutes, je suis enfin chez moi. Retrouver l'appart où je vis depuis presque deux ans me fait le plus grand bien. J'éteins mon téléphone et me mets en mode hibernation. Je ne veux parler à personne !

Je troque mon jeans contre un pyjama douillet. J'enlève mes lentilles et mets mes lunettes de vue. Je ne prends même pas la peine de manger, je vais directement dans mon lit. Après ce que j'ai appris, j'ai décidé de rechercher mon père. Maintenant que j'ai une chance de le retrouver, je ne vais pas rester les bras croisés.

Je prends mon ordinateur et vais sur les pages jaunes. Je tape « Samba Cissé » et le département du Val-de-Marne. Je trouve une liste interminable de Samba Cissé vivant dans le 94. Je décide d'imprimer la feuille. Je commence à en appeler quelques uns mais soit ça ne réponds pas, soit ça me raccroche au nez.

Au bout d'une heure, je commence à avoir mal à la tête. Je prends donc la décision d'arrêter ce que je fais. Je continuerai demain matin. Pour le moment, je décide de regarder ma série pour penser à autre chose. Si je continue à cogiter, mon cerveau va exploser. Mais à peine suis-je au quart de l'épisode que je m'endors comme un bébé.

Continue Reading

You'll Also Like

343K 11.4K 60
« Plus personne n'aura la capacité de me blesser, plus personne n'en aura le pouvoir. » Vivre seule, être indépendante et ne jamais baisser sa garde...
111K 8.7K 45
- 𝗟𝗡𝟰 ; Amaya et Lando « Dans les yeux de l'amour, tout est possible. » 24.03.24 - 17.05.2024 Cette histoire n'est pas une chronique. [Terminé...
209K 10.1K 102
Une Star de la télé-réalité et un chanteur. Ils sont amis depuis longtemps mais entre eux c'est compliqué. [Terminé]
225K 11K 21
Et si finalement Tomioka était capable d'éprouver des sentiments envers l'un de ses soldats? Serait-ce une entrave aux règles? Peut-être, néanmoins...