May
Paris - appartement de Ken
— May éteint moi ça, marmonne Ken.
Mon réveil vient de sonner. J'arrête l'alarme et sors du lit de Ken. Le voir torse nu et allongé sur le ventre me donne envie de sécher pour rester avec lui toute la journée. Mais je ne peux pas. Alors je traîne des pieds jusqu'à la salle de bain et prend une douche. Après ça, je mets de nouveaux sous-vêtements. Puis je cherche un top qui m'appartient dans son placard mais ils sont tous au sal. Alors je lui pique un sweat oversize noir. Il est tellement long que ça fait une robe donc je le mets sans bas. Puis, je vole une casquette noir au brun. Je souris car je sais qu'il va encore râlé parce que je lui en ai piqué une.
Je me maquille légèrement. Je mets de l'anti-cerne pour camoufler quelques boutons et mes cernes. J'applique du mascara à mes cils, je fais le contour de mes lèvres avec un crayon marron et je mets du gloss, enfin j'ajoute une touche de blush sur mes joues.
Quand je jette un coup d'œil à mon téléphone, je remarque qu'il est temps de partir sinon j'arriverai encore en retard. Je repars dans la chambre pour récupérer mon sac à main et m'apprête à sortir mais Ken m'appelle.
— bé' tu finis à quelle heure ? Demande-t-il de sa voix grave du matin.
— quinze heures.
— tu passes au stud quand t'as fini ?
— yes, je lui souris.
Il est vraiment trop beau avec les cheveux ébouriffés et sa petite tête de bébé. Un peu plus et je sèche pour revenir dans ses bras. Je sors de ma contemplation à contre cœur. Je m'approche de Ken et lui fais un gros bisou sur la joue.
— a ce soir Ken !
[...]
École de mode
— je dois rejoindre Ken au stud'.
— ça y est vous ne vous quittez plus ? Se moque Lola.
— c'est lui il ne peut plus se passer de moi !
— quand je vais lui dire ce que tu dis sur lui, rit Louise.
— quelle poucave ! Dis je faussement outrée.
— les meufs y'a Edward qui vient vers nous, nous chuchote Lola.
— oh non, chuchotais je à mon tour.
— hi girls ! Nous salue le brun.
On se tourne vers lui et on lui lance toutes un sourire hypocrite. J'ai expliqué aux filles ce que Ken avait vu quand j'avais quitté Edward, hier. Depuis je suis excédée et je ne veux encore moins l'aider dans ses cours. Le métisse au dégradé bien tracé se tourne en ma direction. Même s'il est mignon avec son p'tit accent anglais, il ne m'intéresse le moins du monde.
— May je voulais te parler par rapport à tes notes. J'ai commencé à les lire mais y a deux trois trucs que j'ai pas saisis. Tu pourrais m'expliquer s'il te plaît ?
— je ne peux pas aujourd'hui, j'suis désolée, je dis.
— ok quel jour t'es dispo ? Je peux m'adapter à toi, il sourit.
— c'est-à-dire que, je cherche une excuse. En ce moment j'ai pas trop le temps mais tu peux demander à Estelle. C'est une vraie tête cette fille. Et elle explique très bien.
Il affiche une mine déçue. Puis il se reprend rapidement et se remet à sourire.
— ouais mais j'peux pas demander à Estelle de m'aider alors que ce sont tes notes que j'ai. C'est plus logique si c'est toi qui m'explique.
Un point pour lui. Dans quoi je me suis foutue encore ?
— aller May ! Accorde moi juste une petite heure !
Les filles roulent des yeux. Lola me mime la phrase « quel forceur ! » ce qui me fait sourire.
Une heure dans une vie c'est pas la mer à boire ? Si je lui accorde ça, il me lâchera la grappe. Enfin j'espère.
— ok mais juste une heure. C'est bon maintenant à la b.u ?
— oui. Merci, you're so sweet !
— faut que je parle aux filles mais j'te rejoins à l'intérieur dans deux minutes, dis je.
— ok.
Il part après avoir saluer mes copines.
— pas la peine de m'insulter, commençai je devant leur mine fermée. Je lui expliques quelques trucs et j'me casse.
— obligé il va tenter un bail, dit Lola.
Louise grimace.
— ça risque pas. On sera à la b.u et je ne compte pas le laisser faire, dis je. Bon les filles je vous aime mais je dois y aller.
— bon courage May !
Je leur fais la bise et les quitte. À l'intérieur de la bibliothèque, je trouve rapidement Edward assit à une table du fond, pianotant sur son téléphone. Quand je pose mes fesses sur la chaise en face de lui, il relève la tête.
— alors ? Qu'est-ce que t'as pas compris ? je souris poliment.
Il sort le cahier que je lui avait prêté et me montre les parties qu'il a souligné. Pour que ça soit plus simple, j'ai finis par m'assoir à côté de lui. J'enlève ma casquette pour mieux le voir. Quand il me montre ce qu'il n'a pas compris, je pars dans une explication simple et rajoute quelques annotations au cas où. Au bout d'un moment, je constate qu'il ne suit plus. Pourtant son regard est toujours concentré sur moi mais sur ma bouche.
— éh oh Edward ! Tu m'écoutes ?
— désolé. On peut faire une pause ? Il s'étire sur sa chaise.
Je regarde l'heure sur mon téléphone. Je suis sensée l'abandonner dans quinze minutes.
— je dois partir dans quinze minutes. Tu peux tenir d'ici là ?
— j'ai perdu ma concentration. Au pire on s'arrête maintenant et on continue un autre jour ?
Y aura pas d'autres jours.
— justement ça va être compliqué...
— ah.
Je commence à ranger mes affaires et il fait de même. Quand je me lève, il recopie mon geste.
— je suis désolée Edward.
— je comprends, il sourit. Est-ce que je pourrais avoir ton numéro de téléphone juste au cas où ?
— heu je-
— t'inquiète je ne vais pas t'harceler, il rigole. C'est juste au cas où s'il y a quelque chose que je ne comprends pas.
Je le regarde bizarrement quand il pose sa main sur mon épaule. Finalement, je lui donne mon numéro de téléphone.
— faut que j'y aille. Salut Edward.
— rentre bien May, il me lance un clin d'œil.
Je l'abandonne et pars en direction de la bouche de métro la plus proche. Heureusement, il n'a rien tenté.
Il est dix-sept heures quand j'arrive enfin au studio. J'enlève mon trench-coat et salut les mecs. Il y a Deen, Sneaz, Zer2, Doums, Framal, Mekra, Alpha, Hugz et bien évidemment Ken. Ça en fait du monde !
— tu date la reuss ! Crie Moh.
— toi aussi.
Je souris à Alpha quand j'arrive à son niveau. Je me rappelle de notre soirée où on s'était partagé un joint et qu'on avait bien parlé ensemble.
— ça dis quoi depuis la dernière fois ? Il me demande.
— on est là, je reprends les répliques de Ken.
— ah ouais tu parles comme le fennec maintenant ?
— c'est lui il me copie, je souris. D'ailleurs il est où ?
Quand je suis arrivée, j'ai trouvé tout le monde sauf lui.
— en cabine.
Je m'approche de la table de mixage et le vois en train de rapper de l'autre côté de la vitre. Le casque par dessus sa casquette, il parait super concentré. Le mixeur me passe son casque pour que j'écoute la musique. J'aime bien l'instrumental et ses paroles. Quand le refrain démarre, je reconnais la voix de Deen.
— vasy on peut reprendre juste avant stoplait ? Ken demande.
Quand il relève les tète, il m'aperçoit enfin. Il sourit grandement et sort de la pièce.
— tu m'as encore volé une casquette ?
— je me demande toujours comment ça se fait que tu les reconnaisse chacune alors que t'en as tellement.
Il me prend par la taille et m'embrasse la joue. Je rougis en sentant les regards des gars sur nous.
— éh mais t'as pris mon sweat aussi !
— bah ouais.
Il rapproche ses lèvres de mon oreille.
— jt'en veux pas parce que je kiffe quand tu portes mes fringues.
— je sais, je souris. Tu me kiffe tout court donc bon.
— ah ouais t'as pris la conf !
Il pince ma hanche sous mon rire.
— bon Ken, je veux pas vous interrompre mais t'as un couplet à finir.
Il me relâche et repars à l'intérieur de la cabine. Je pars m'assoir près de Moh. Le marocain me regarde en souriant.
— quoi ?
— avoue vous êtes ensemble !
— laisse-moi tranquille mec.
— vous avez conclu ?
— pourquoi tu veux tant savoir si on est ensemble ? Demandai je.
— parce que ça fait des mois que j'attends ça !
Il fait sa tête de chien battu. J'aurai pu craquer et tout lui avouer, mais à la place je lui fais une blague.
— on est juste amis, Moh. Passer du temps avec lui lors de sa tournée nous a beaucoup rapproché mais seulement en amitié.
— oh... ok.
J'ai envie d'éclater de rire devant sa tête choquée et déçue. J'ai l'impression de lui avoir annoncé qu'on irait plus à Disneyland. Je me retiens fortement mais j'ai tellement envie de rire. Mais c'est mignon de le voir aussi impliqué dans ma relation avec Ken. Quand il va savoir la vérité, il va me détester.
— en parlant d'amour, ça dis quoi de ton côté ?
— sonper tu connais. Célibataire vie ! Dit-il.
Je souris.
— zehma y'a personne qui t'intéresse ? Demandai je.
— déjà évite de parler arabe avec ton vieil accent, il rit. Et non j'ai personne dans mon collimateur.
— pourtant quand je parle à Louise, on dirait qu'il y a un truc...
— elle t'a parlé de moi ?! Il demande directement.
— ça t'intéresse maintenant ?
— non tranquille, il ment et détourne le regard.
— tu l'aime bien ? Louise ?
— ouais tranquille.
Je roule des yeux. Pourtant y'a deux minutes il voulait à tout prix savoir ce qu'elle pense de lui.
— mais vas-y elle veut être en couple alors que c'pas mon délire, il continue.
— pourquoi c'est pas ton délire ?
— pour l'instant j'me vois ap donner de l'amour et de l'affection a quelqu'un, t'as capté ? Genre j'suis bien là, sans rendre de compte à quelqu'un.
— je vois. C'est dommage. Parce qu'elle t'aime vraiment bien mais vous ne voulez pas la même chose.
— ouais.
Il se perd dans ses pensées. Ken qui a enfin fini sa séance d'enregistrement vient près de moi. Sans demander mon accord, il me soulève et prend ma place. Ensuite il me tire pour que je finisse sur ses genoux.
— fais comme chez toi, dis je ironique.
— c'est toi qui est chez moi madame.
Après avoir dégagé mes cheveux, il passe sa tête dans mon cou.
— tu sens mon odeur, j'aime pas.
— pourquoi ? Demandai en tournant mon visage sur le côté.
— j'préfère la tienne.
Il frotte son nez contre ma peau. Je frisonne.
— t'es sûre vous êtes qu'amis ? Me redemande Moh. Non parce que j'ai de gros doutes. Je connais mon kho et il n'est pas comme ça avec toutes les meufs.
— encore heureux qu'il ne soit pas comme ça avec toutes les meufs ! Je m'exclame.
Le torse du brun vibre parce qu'il rigole.
— genre ça te gênerait qu'il sorte avec une autre meuf que toi ?
- non tant qu'il est heureux, je mens.
Je me mord l'intérieur de la joue pour ne pas flancher. Maintenant que je suis avec Ken, je ne me vois pas loin de lui et encore moins avec une autre fille. Et puis quoi encore ? C'est mon Ken et ça le restera bien longtemps.
— et toi Nek ?
J'écoute attentivement sa réponse.
— ça dépend c'est qui, il lance malicieusement.
Sneaz plisse ses yeux en nous regardant.
— qu'est-ce que t'as a les fixer comme aç Moh ? Demande Framal.
- tu trouve pas qu'ils ont l'air en plecou ?
— ouais de ouf ! Dés qu'elle est arrivée, il était tout content.
— ça ne veut rien dire Idriss, dis je. Quand je suis arrivée en tournée, il était aussi content voire plus et pourtant on n'était pas ensemble.
— pourquoi tu parles au passé ? S'incruste Hakim. Ça veut dire que la situation a évolué depuis ?
Oh la boulette ! Faut que je me sorte de ce pétrin. Hakim me regarde avec un rictus.
— t'as mal entendu, j'ai parlé au présent, dis je toute rouge.
— j'ai entendu la même chose que Haks, dit Deen.
Ken qui était silencieux jusque ici, parle enfin.
— c'est bon les mecs vous forcez. On est amis, y'a quoi de pas compréhensible dedans ?
— c'est qu'une question de temps avant que ça change, lance Alpha.
— sinon c'est pas que je m'en fou de la vie sentimentale du fennec, mais vous n'avez pas faim ? Demande Théo. J'ai grave la dalle !
Tous les gars et moi même approuvons. On décide de prendre des grecs pour changer. Ken note la commande de chacun dans son téléphone et décide d'aller les chercher. J'en profite pour l'accompagner.
— faites vite les tourtereaux, lance Moh quand je ferme la porte derrière moi.
A peine dehors, le grecque me prend par la main.
— qu'est-ce qu'ils sont lourds quand ils s'y mettent !
— grave ! Approuvai je.
On se dirige vers sa voiture pour aller plus vite et puis surtout parce que j'ai froid.
— je comprends ap, dit Ken quand on pénètre dans sa voiture, t'es la meuf la plus frileuse de France mais tu sors en sweat sans pantalon et avec un simple trench ?
— le style ça ne s'explique pas.
Il lève les yeux au ciel. Avant de démarrer, il prend mon visage en coupe et me rapproche de lui. Il réduit l'espace qu'il y a entre nous en m'embrassant délicatement.
— putain c'que j'en avais envie !
Il remet une mèche de cheveux derrière mon oreille et je souris.