Ken
Paris - appartement de Ken
Il est bientôt treize heures et je viens de me réveiller.
J'ai passé une nuit de chien. Il y a quelques jours, j'ai attrapé la grippe et depuis je dors mal. Je crois que c'est quand j'ai passé ma veste à May, après le tournage de mon clip, que j'ai attrapé froid. Le lendemain, je n'avais rien ressenti mais le soir qui avait suivi je n'avais fait que tousser. Ca me soulait de tomber malade en cette période ! Tout était dans le rush, j'avais plein d'interviews partout, des sons à finir, ma collection de vêtements qui était en préparation... Bref, je ne pouvais pas tomber malade maintenant parce que je n'avais pas le temps !
En parlant de May, je souriais.
Cette fille me faisait trop rire. Elle n'était pas forcément rigolote mais le fait qu'elle soit tout le temps gênée pour tout et n'importe quoi me faisait rire. Je l'avais rencontré il y a presque 2 mois maintenant et pourtant elle paraissait toujours aussi intimidée par ma présence.
Mise à part ça, je ne pouvais le nier, mais elle est vraiment jolie ! Après elle a 18 ans, donc je ne me voyais pas la gérer. Sans compter que aussi c'est la nièce de ma meilleure pote.
M'enfin bref, je l'avais observé comme j'avais l'habitude de le faire avec les gens en général, et j'ai remarqué que c'est le cliché parfait de la campagnarde timide et réservée. Mais j'aimais bien. Et puis quand on creusait un peu plus, elle se révélait avec un caractère drôle et sans prise de tête. Malgré cela, je percevais qu'un truc manquait dans son regard et j'avais eu raison ! Elle me l'avait confirmé dans le train la dernière fois.
Je sortis de mes pensées quand je répondis à l'appel de Framal.
- Mec t'es où ? Tu devais poser ton couplet aujourd'hui sur Démarre !
- Frère, j'suis malade comme un chien, je toussais. Désolé mon kho.
- Bah prends un doliprane et ramène-toi !
- Tu crois je fais semblant ou quoi ? Criai-je avec ma voix cassée. Je serai là sinon !
J'entendis Framal répondre aux autres gars que je ne viendrais pas aujourd'hui. Certains me disent de bien me reposer et d'autres me traitent de "babtou fragile" ce qui me fait sourire.
- Vasy repose-toi bien mon frère, me dit-il avant de raccrocher.
En plus d'avoir la flemme, je n'ai aucune force pour aller me préparer à manger donc je préfère retourner au lit et me rendormir. Je mettais mon téléphone en mode « ne pas déranger » et m'endormais.
[...]
Une heure plus tard, je me réveille en nage dans mon lit. J'ai super chaud, je transpire de partout. Mon lit et mon taie d'oreiller sont trempés. Je sors du lit, enlève mon t-shirt et pars prendre une douche. Alors que j'enfile un jogging, ça sonne à la porte. Je pars ouvrir, le t-shirt à la main.
- Salut, j'ai appris que t'étais malade à cause de moi. Je me sentais trop mal alors je t'ai ramené un chocolat chaud, me souria la petite brune gênée.
May se tenait dans l'entrée de chez moi avec un emballage Starbucks comportant deux chocolats chauds avec chantilly et soupoudrés de chocolat.
- C'est gentil, entre.
Alors que je la laissais rentrer chez moi, je vis son regard s'arrêter sur mon torse. Je souriais au coin. Ses joues s'empourprèrent avant qu'elle ne passe devant moi.
- Vas-y installe-toi dans le canapé, j'arrive. J'enfile mon t-shirt.
- J'enlève mes chaussures ?
- Nan t'inquiète.
Lorsque je reviens dans le salon, je la découvris en chaussettes. Trop mignonne. Elle était assise dans mon fauteuil, toute intimidée, avec les mains sur les cuisses. Ses yeux analysaient la pièce. Heureusement que ces derniers jours je n'avais pas foutu le bazar.
- T'étais pas aussi timide en boîte l'autre soir, me moquai-je.
Un truc que j'aimais bien avec la métisse, c'était la rendre mal à l'aise encore plus qu'elle ne l'était déjà. Je ne sais pas pourquoi ça m'amusait. En plus, elle avait une telle facilité à rougir !
- Je pensais que t'étais malade, dit-elle avant de prendre sa boisson chaude.
- Ça ne m'empêche pas de te faire chier !
- Dommage, souria-t-elle.
Elle a un beau sourire.
- Tu veux regarder quoi ? Demandai-je après avoir mis Netflix.
Elle haussa des épaules.
- C'est bon si je mets Prison Break ?
- Comme tu veux. J'ai jamais regardé !
- Tu mens, m'exclamai-je choqué.
Non elle ne pouvait pas dire ça ! Prison Break était un classique !
- ok, installe-toi bien. Tu vas regarder ça !
J'étais déjà bien avancé dans la série mais j'avais remis le premier épisode rien que pour elle. Au fur et à mesure qu'elle regardait la télévision, je regardais ses expressions faciales. Elle était tellement concentrée sur ce qui se passait. Elle avait l'air d'apprécier l'intrigue et tout ce qui se passait à l'écran. Je savais qu'elle allait apprécier et puis qui n'aimait pas Prison Break ?
- Je peux aller aux toilettes ? Me demanda-t-elle à la fin de l'épisode.
- Bien sûr, première porte au fond du couloir.
- Merci.
Pendant son absence, j'en profitais pour aller jeter les gobelets en carton. Elle ne le savait pas mais me ramener une boisson chaude a été la meilleure idée de sa journée. Ça m'avait grave fait du bien.
- Tu vas sortir une collection de vêtements ? May était maintenant prêt de la table à manger. Elle tenait tous mes croquis entre ses mains. Désolée, je me suis permise de regarder.
- non mais y'a pas de soucis, ça ne me dérange pas. Et oui, en collaboration avec Adèle.
- Ah bon ? Elle ne m'en a même pas parlé !
Je me rapprochais d'elle.
- T'en penses quoi ? lui demandai-je après m'être assis près d'elle, alors qu'elle était restée debout. J'ai besoin de l'avis d'une experte en la matière...
Elle prit quelques secondes pour analyser les différents croquis puis ouvrit la bouche.
- Bah c'est bien. Déjà à première vue, ça te ressemble. On retrouve des pièces assez simples et unisexes, ça c'est cool ! Mais ce n'est pas assez personnalisé. Par exemple, sur ce bomber noir tu pourrais rajouter quelque chose qui a un lien avec tes sons ou ta personnalité !
- Comme le titre d'un des sons de mon album ?
- Ouais par exemple. Ça pourrait être cool !
Je commençais à y réfléchir. C'est vrai que ça donnerait bien de floquer un des titres de l'album sur le bomber. Pourquoi pas sur la poitrine ? Ou alors dans le dos ? J'en parlerai à la styliste et à Adèle pour avoir leur avis.
- Merci May, lui souriai-je après avoir toussé une énième fois.
- T'as pas froid en t shirt comme ça ?
- Un peu, mais j'en ai marre de rester en sweat et de transpirer comme un ouf après !
- Comme tu veux. Tu manges quoi ce soir ?
- Je ne sais pas, dis-je en haussant les épaules. Soit je commanderai, soit j'irai dormir comme ça. J'ai pas trop faim en sah.
Elle me proposa de me faire des pâtes mais je comptais refuser quand elle ne me laissait pas le temps d'en placer une ! On se retrouva rapidement dans la cuisine, moi adossé contre le plan de travail, luttant pour rester debout, et elle en train de fouiller mes placards.
- J'ai trouvé ! Je vais te faire des pâtes à la carbonara !
- T'embête pas, j'ai même plus le goût des aliments !
- C'est pas grave, ça ne me gêne pas.
Finalement, elle s'affairait à préparer les fameuses pâtes. Elle faisait une des choses les plus basiques sur terre mais j'étais comme obnubilé par ses mouvements ! Mon regard s'arrêta sur sa tenue. J'aimais bien son style ! Elle pouvait être super simple comme maintenant ou porter des tenues complètements extravagantes et travaillées. Là, elle portait un simple débardeur blanc, un jogging oversize gris et un gilet en maille gris.
D'ailleurs ce jogging lui faisait un de ces fess-
- Ken, j'avais une question.
- Hm ? Dis-je en relevant la tête après m'être chassé les idées.
- Dans tes sons, tu parles de tes vraies relations ?
- Oui et non.
- Comment ça ? Elle fronça les sourcils.
- Je m'inspire de certains passages de ma vie et d'autres sont amplifiés voire carrément inventés. Je vais pas raconter toute ma vie non plus ! Il reste des choses que je garde pour moi, expliquai-je.
- Oh ! Ça veut dire que, prenons un exemple, demain on sort ensemble, on s'embrouille à Dubaï comme jamais. Genre je te balance des trucs de ouf à la figure et tout. Tu vas te servir de cet évènement pour écrire une chanson ?
- Peut-être. Faut savoir que tout m'inspire May. J'écris tout ce qu'il y'a dans ma tête et ensuite je vois ce que je garde ou pas. Ce qui irait sur un son ou non. Des fois j'ai presque littéralement mon cerveau qui part en fumée.
- Genre t'as tellement d'idées que tu ne sais plus où donner de la tête ? me demande-t-elle.
- Ouais, dis-je, ce qui installa un petit silence. Mais toi ça te plairais ?
- De quoi ?
- Bah t'as parler de sortir avec moi !
- Nan mais c'était un exemple, rougissa-t-elle. En plus j'ai 18 ans, marmonna-t-elle.
- J'ai pas 40 ans non plus, abuse pas ! Dis-je en la bousculant alors qu'elle égouttait les pâtes.
- Hé ! Déjà de 1, j'aurais pu me brûler ! Et de 2, toi-même t'as dis dans Princesse : "Je côtoie des filles de mon âge et puis des filles âgées". Jamais t'as parlé de filles jeunes !
- Ouais et j'ai dis après "Et, même en amour, je vois peu de défis", citai-je en rappant. Et puis arrête de t'accrocher à mes paroles. C'est Nekfeu qui parle, pas Ken.
- Ouais t'as raison. Mais, dans tous les cas, la question ne se pose pas ! Y'aura jamais plus que de l'amitié entre nous, finissait-elle pour conclure.
Sauf que comme j'aimais avoir le dernier mot et avoir raison, je lui dis quelque chose pour la faire cogiter.
- Ça c'est ce que tu crois...
Ça eu l'effet escompté puisqu'en plus de rougir, elle se mit à réfléchir. Je souriais.