May
Paris - appartement de Adèle
Toutes les voix s'arrêtèrent de parler dès mon arrivée dans la pièce à vivre.
— Adèle tu nous avais pas dit que ta cousine était une bombe ! Cria l'un des gars, provoquant mes joues rouges.
Je déteste avoir l'attention sur moi et encore plus quand ça provient de garçons. Je ne suis pas du tout à l'aise avec ça.
Étant de nature timide, je préfère quand on ne me remarque peu voire pas du tout. Et là c'est tout le contraire. Le groupe de gars dans le salon m'observent tous attentivement. Je joue nerveusement avec mes doigts.
— Moh arrête tu la gêne !
— Elle a 18 ans mec, calme toi, ajouta Doums en rigolant. En plus c'est sa nièce pas sa cousine.
— Ah dommage...
Ses potes rigolèrent, alors que j'étais très gênée. Y'a pas à faire ça alors qu'on ne se connaît pas. C'était sans doute de l'humour mais me mettait mal à l'aise.
— Les gars je vous présente May, ma nièce et May voici Nek', Sneaz, Mekra et Fram'.
Je ne savais pas trop quoi faire pour leur dire bonjour alors je leur fis la bise. Finalement, j'oubliais ma soif et je m'assis à la seule place vide, entre Nek' et Sneaz, si j'ai bien retenu.
— Du coup tu t'appelle May comme le mois de mai ? demande Fram.
— Ouais. Et vous c'est vos vrais prénoms ? demandai-je en fronçant les sourcils
— Non, c'est nos noms de scène, confirme Sneaz. D'ailleurs mon vrai prénom c'est Mohammed.
— Ah d'accord.
— Donc qu'est-ce que tu fais chez Adèle ? Elle ne nous avait jamais dit qu'elle avait une nièce jusqu'à ya 2 semaines.
Je lança un regard à ma tante. Je ne savais pas trop comment réagir à cette information. Si j'avais bien compris ça faisait un bout de temps qu'ils étaient tous amis alors pourquoi ce n'est que maintenant qu'ils apprenaient mon existence ? C'est un peu bizarre.
— A la rentrée j'intégrerai une école de mode alors pour ne pas à avoir fait le trajet tous les jours, je me suis installée chez Adèle.
Alors que je m'exprimais, je sentais bien le regard du gars à ma gauche. J'osais à peine le regarder. En plus d'être beau, il sentait bon. Ça me stressait encore plus.
— Y en a pas d'où tu viens ?
Il pose beaucoup de questions le Sneazzy. Déjà que j'aimais pas m'exhiber devant tout le monde, j'étais assez mal à l'aise de parler de moi. En plus de cela, je me trouvais entre deux garçons que je ne connaissais pas du tout.
Je ne voulais qu'une chose : disparaître dans le canapé.
— Je viens de la Bretagne donc forcément les grandes écoles se retrouvent ici. Et vous, vous êtes tous rappeurs c'est ça ? demandai-je pour détourner l'attention de moi.
— Ouais. T'as déjà écouter nos sons ?
— Non, j'écoute pas du tout de rap français.
— ah oui je vois. T'inquiète, on te fera écouter, dit-il avec un clin d'oeil.
Je lui faisais un petit sourire avant de passer nerveusement mes mains dans mes cheveux. Heureusement la discussion dériva sur un autre sujet. Ils commençaient à parler de rap entre eux et de leurs différents projets. J'écoutais attentivement même si je ne comprenais pas tout.
J'appris qu'ils étaient tous en tournée des festivals ces derniers jours avant de rentrer à Paris. Chaque été c'était comme ça apparemment. Ça devait être grave cool ! Je n'ai jamais été à un festival mais j'aimerais bien y aller.
Trouvant la pièce calme, Framal décida de mettre de la musique via une enceinte. Pourtant avec l'agitation de ses potes, c'était tout sauf calme. Certains parlaient en buvant et fumant alors que d'autres jouaient à la play.
— Tu veux mettre un son May ? Me demande-t-il.
— heuu ouais.
Je sors mon téléphone pour voir ma playlist actuelle puis je choisis un son.
— T'es fan d'Ariana Grande ? Demanda Sneazzy en incrustant son gros crâne près du mien.
— Ouais, rougissai-je. Met Hold On We're Going Home de Drake, s'il te plaît.
— Bon choix, me tchéqua Framal.
Lorsque je releva la tête, mon regard croisa celui de Nekfeu qui était en train de parler avec Mekra. D'ailleurs c'était les deux seuls avec qui je n'avais échangé aucun mot. Peut-être étaient-ils timides ou ne m'appréciaient pas. Ne m'en préoccupant pas plus que ça, je partis voir Adèle.
— ça va ? me Demande-t-elle.
— J'ai un peu faim, mais sinon ça va.
— Tu veux manger quoi ?
— j'ai une envie de nuggets là !
Elle ria.
— Les gars ça vous dit un Mcdo ?
— Non flemme de manger un filet-o-fish, cria Sneaz.
— Au pire on prend des pizzas ? Et je te prendrai ton Mcdo, dit-elle en se tournant vers moi.
— Ok, répondis je.
Après avoir attendu une demie-heure pour que chaque commande soit faite, Adèle appela la pizzeria. Ensuite, on en profita pour aller chercher mon Mcdo. On se fit accompagner par Nekfeu car apparemment lui aussi voulait manger là-bas.
— Tu vas prendre que des nuggets ? Me demande ma tante.
— Je sais pas, je vais voir.
Je sentais le regard de son ami sur nous, plus particulièrement sur moi, mais j'essayais de ne pas y faire attention. Il aimait un peu trop m'observer, remarquais je. Mais moi je détestais qu'on me fixe.
— Et toi Nek ?
— Oh je sais pas, je verrai sur le moment.
Alors qu'on continuait de marcher, je pris une photo du paysage parisien. J'étais émerveillée devant la seine et ce coucher de soleil. Je pris une vingtaine de photos à la seconde et rejoignit rapidement Nekfeu et Adèle qui m'attendaient plus loin. Intérieurement, je me promis que j'en enverrai quelques unes à Lucas et mes grand-parents.
— désolée, mais j'aime trop Paris !
— T'inquiète c'est normal. Tu fais ta touriste, me sourit la brune.
On arriva enfin devant le McDonald's.
Je réfléchis pendant une quinzaine de minutes avant de finalement prendre le menu que je commandais toujours : celui des 9 nuggets.
Quant à Ken, il prit un menu big mac. En attendant nos commandes, on se fit aborder par trois personnes qui ont reconnu le rappeur.
Il discutait quelques instants avec ses fans de son dernier album. De loin il paraissait nonchalant mais en l'observant bien, je voyais qu'il était un peu gêné. Il jouait beaucoup avec ses bagues autour de ses doigts et parfois il remettait en place sa casquette.
Je trouvais ça un peu étrange. Pas dans le sens péjoratif mais je me disais que c'est étrange qu'il agisse de la sorte alors que ça devait faire partie de son métier non ? Peut-être qu'il n'était pas très à l'aise avec ça.
Lorsque nos commandes arrivèrent enfin, nous quittions le fast-food. En chemin, nous récupérons les pizzas avant de rentrer à l'appart.
On s'est à peine absenté moins d'une heure et pourtant c'est comme si nous étions parti plus longtemps. À l'intérieur c'est devenu un aquarium. Ça pue ce que fument les garçons, et la musique a doublé de volume. Adèle râle avant d'ouvrir les fenêtres en grand.
Quand nekfeu pose les pizzas sur la table basse, ils sautent tous dessus comme des morfales. J'ouvre grand mes yeux. On dirait que ça fait des années qu'ils n'ont pas mangé !
— doucement sur les pizzas wesh ! Crie Adèle. Ma nièce va croire que je traine avec des sauvages !
— c'est ce que tu crois May ? Me demande Mohammed.
Tous ses amis sont pendus à mes lèvres, attendant ma réponse. Je rougis légèrement.
— bah un peu, avouai je.
Les garçons éclatent de rire.
— tranquille c'est que sur la nourriture qu'on se jette comme ça, dit-il. Sinon le reste du temps nous sommes civilisés.
— dit le mec qui a osé lâcher une caisse en cours pour interrompre un contrôle, lance Nek.
— gros, c'était question de survie. J'avais pas appris aussi !
J'éclate de rire en même temps que le reste du groupe. S'en suit de plusieurs anecdotes racontées. Je comprends donc qu'ils se connaissent tous depuis plus ou moins beaucoup de temps. C'est beau de voir que leur amitié ne date pas d'hier et qu'ils ont grandi ensemble.
Après manger, certains se remettent à jouer aux jeux vidéos et d'autres se remettent à fumer.
— Bon les gars il est bientôt 23h, je commence tôt demain... c'est pas que je veux vous mettre dehors mais j'aimerais bien dormir en paix.
— Mais Adèle j'ai pas fini ma partie, pleurnicha Doums.
Elle roule des yeux mais ne dit rien.
Quant à moi, je commençais à ranger le bazar que les garcons avaient mit. J'empila leurs verres et parti dans la cuisine pour les déposer. En ressortant de celle-ci je rencontra quelque chose de dur. Je crois que je m'étais cognée contre quelqu'un.
— Aie, dis-je en relevant la tête.
Effectivement je venais de rencontrer le torse de quelqu'un. Celui de Nekfeu.
— Désolé, reprit la voix que j'entendis pour la première fois s'adresser à moi.
Je reculais et le regardais dans les yeux. Il faisait une tête de plus que moi. La première pensée qui me vint à l'esprit fut celle sur son physique. Il est mignon en vrai... En analysant son visage, j'aperçois son sourire au coin.
De nouveau gênée, mes joues chauffèrent. Je crois que je le fixais depuis trop longtemps.
— c'est moi désolée, je faisais pas attention, lui répondis-je.
— tranquille, c'est pas grave.
Mal à l'aise, je sors rapidement de la pièce et rejoins ma chambre. En arrivant dans celle-ci, je vis que j'étais toute rouge. Je tapotais mes joues. Il ne s'était rien passé dans cette pièce et pourtant c'est comme si je l'avais embrassé. A cette pensée, j'eus envie de me frapper.
Orh ! Qu'est-ce que je me déteste quand je suis embarrassée pour rien !
Je reste dans ma chambre un bon moment au moins jusqu'à ce qu'il ait quitté les lieux. J'ai conscience que j'abuse peut-être mais je suis trop mal à l'aise pour ressortir. Pour me changer les idées, j'envoie des messages à Lucas. Je profite pour lui envoyer les photos que j'ai pris aujourd'hui.
Quelqu'un toque à ma porte.
— oui ? Entrez ! Dis je.
Doums passe sa tête dans l'entre bâillement de la porte.
— ça te dis de venir au studio avec moi demain ?
— studio où t'enregistre tes sons ?
— ouaip.
— oui je veux bien alors. Il y'aura tes amis ?
— Cool ! Et oui il y aura sûrement ceux que tu as vu aujourd'hui, plus d'autres gars.
— d'accord.
— bon je te laisse, il sourit. Bonne nuit May.
Je lui réponds la même chose avant qu'il ne ferme la porte.
Je suis trop contente qu'il m'ait proposé de l'accompagner au studio. Je vais pouvoir découvrir l'univers de la musique et plus particulièrement du rap, c'est trop stylé !
Mais ça veut aussi dire que je vais revoir le brun. J'espère qu'il aura zappé cet épisode dans la cuisine. J'ai dû paraître pour une fille bizarre ! La honte !