L'autre côté de la porte

By delavieencouleurs

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« En réalité, nous ne sommes jamais sûrs de ce que nous allons trouver de l'autre côté de la porte, n'est-ce... More

Prologue
1 | Flat line
2 | Tequila et champagne
3 | Premier vendredi du mois
4 | Parfait
5 | Un truc qui cloche
6 | Une merveilleuse nouvelle
7 | Malentendu bienvenu
8 | Surprise
9 | Parfum de glace
10 | Loué soit le dieu des quiproquos
11 | Talents d'actrice
12 | Connerie
13 | Voix alcoolisée
14 | Relation passée.
15 | Dans le genre.
16 | Rictus de façade.
17 | Toute la mauvaise foi.
18 | Dimanche matin.
19 | C'était inéluctable.
20 | Je suis folle
21 | Profondeurs de l'illusion.
22 | Paris et elle.
23 | La ville rose.
24 | Sourire hypocrite.
25 | Dis-le.
26 | Parfaits ensemble.
27 | La prochaine danse.
28 | Kuala Lumpur
29 | Pourquoi
30 | Désabusée.
31 | Quatres murs désespérément ternes.
32 | Bête
33 | Un air de déja vu.
34 | Ne fais pas ça
35 | Foudroyante douleur.
36 | J'imaginais
37 | Comme un refuge.
38 | Fugitive.
39 | Une question de confiance
40 | Au point de départ.
41 | Sous surveillance.
Épilogue

42 | C'est fini.

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By delavieencouleurs

Sans attendre la réponse, Evan m'attrape vivement par le coude pour me lever mais je perds aussitôt l'équilibre, assaillie par un vertige plus impitoyable que jamais.

Bordel mais qu'est-ce que j'ai ?!

Expirant brutalement dans un léger gémissement, j'atterris contre son torse pendant que ses bras m'entourent pour me maintenir à la verticale. Pour être honnête, je ne comprends pas quelles raisons l'ont poussé à me faire ça, ni pourquoi mes effets secondaires sont plus forts qu'habituellement, cependant ce n'est clairement pas le moment de l'interroger – je suppose que vous êtes d'accord –. Est-ce parce que l'injection a été avancée de presque deux semaines ? Cela ne m'est pas arrivé. Je suis une patiente assidue, dites-vous, donc n'ai aucun recul pour évaluer cette situation. Car vous l'avez compris, non ? Que cette douleur sur le haut de ma cuisse et mes étourdissements sont liés à mon traitement contre les migraines. J'ai rendez-vous avec le docteur Bratt dans quelques jours, d'ailleurs, et comptais lui dire qu'il est vraiment inconfortable. Perdues dans mes interrogations, je remarque quand même qu'Evan s'est mis en marche pour m'amener vers la sortie, que l'agent Allen semble sur le point de se jeter sur nous tandis qu'Ariana jauge la scène avec un calme olympien, mais surtout que leur supérieur hiérarchique est hésitant.

Pu-tain.

— Vérifier quoi ? soufflé-je dans un murmure traînant, jouant à nouveau la carte de l'ingénue.

Hypocrite !

Tu préfères que je sois exposée ?!

Évidemment que non !

Alors ta gueule !

Vous ignorez tout de pourquoi vous êtes ici, n'est-ce pas ? me demande Duke.

Non, c'est très clair !

Tout à fait, affirmé-je avec toute ma fausse conviction rassemblée.

J'espère donc ne plus en avoir besoin, car j'ai officiellement épuisé le stock ! Mon estomac se noue, et c'est le pouls hors de contrôle que je retiens mon souffle, attendant une sentence qui ne se fait pas désirer.

— Pouvez-vous aller nous attendre dans le couloir, mademoiselle Davis ? me commande-t-il avec un tact professionnel certain. J'aimerais faire le point avec mes hommes.

Merde.

Ouais. Ça pue.

Vous le sentez, vous aussi ? Le traquenard dissimulé l'air de rien ? Parce que moi oui ! Certaines choses m'échappent, mais sûrement pas celle-là ! La porte close me séparant de l'endroit où je suis censée me rendre est un indice évident. Une façon aussi discrète qu'efficace de me mettre à l'épreuve sans faire de vagues. En niant le faire vraiment. C'est...

Malin.

Un trait de famille sans doute, Taylor !

Ouais. Génial. Fabuleux. EXTRAORDINAIRE !

Garde ton calme !

COMMENT ?!

Tandis que je déglutis péniblement, ravalant mon accès de panique tout en gardant le contrôle de ma respiration, l'étreinte d'Evan se resserre imperceptiblement autour de ma taille, me faisant instinctivement lever la tête vers lui. Le cœur battant à tout rompre jusque dans mes tempes, je rencontre un regard – parfait – qui m'enveloppe en s'accompagnant d'un sourire confiant.

Bordel. De. Dieu.

Ça va aller, me dit-il avec une décontraction évidente.

Pardonnez-moi mais... Était-ce une affirmation ou une question ? Le ton employé me fait pencher pour la première hypothèse mais comment peut-il penser une chose pareille ?! Je suis au bord du gouffre ! Prise au piège ! Encore ! Même si ce n'est pas de son fait, cette fois. Enfin je crois...

— Y a-t-il un problème ? s'inquiète son oncle en me scrutant avec attention.

C'est le moins qu'on puisse dire putain !

— Seulement car j'ai malencontreusement surdosé le sédatif que Malone m'avait confié pour que je puisse la ramener après avoir vérifié l'absurde théorie d'Allen, explique Evan avec nonchalance. Donc elle a des vertiges.

Tu dis n'importe quoi !

Néanmoins, son propos n'interpelle. Vous comprenez pourquoi ? Et si la dose d'Emgality administrée n'était pas celle qui m'est prescrite habituellement ? Mais...

Qu'est-ce que t'as foutu ?!

— Tu l'as drogué ?! s'étrangle Duke en écarquillant brièvement les yeux avant de se ressaisir.

— Comme si j'avais pu la faire réintégrer les lieux autrement, rétorque-t-il en haussant les épaules sans dissimuler son arrogance.

— As-tu perdu la tête ?! rugit l'agent fédéral en bondissant vers nous.

Je n'aurais pas dit mieux !

— Laissez tomber, articulé-je en feignant un état plus mal que celui dans lequel je me trouve réellement. Je ne serais jamais revenue calmement, mais il prétend que c'est important.

N'importe. Quoi. Taylor.

Je. Sais. J'essaye juste de lui faire confiance !

Es-tu sûre de toi ?

Je...

— Êtes-vous capable de sortir seule ? me demande-t-il finalement, refermant ainsi l'inéluctable guet-apens.

Suis-je inquiète ? Non. Ce que je ressens se situe au-delà de ce sentiment que je ne connais que trop bien. S'il fallait classer les synonymes par ordre croissant, lequel serait en tête de liste, pour vous ? Affolée ? Terrifiée ? Angoissée ? Terrorisée ? Épouvantée ? Faites votre choix, mais le pire est celui qui colle à ce moment si particulier que je vis. Non. Il est encore trop faible, je pense. Quoi qu'il en soit, sachez que je peine à respirer et que même l'éducation que j'ai reçue me paraît insuffisante afin de réussir à donner le change. Si Carly était présente, elle deviendrait folle à me voir ainsi. Lyly... Vais-je la retrouver un jour ? Pourrais-je lui confier cette mésaventure car elle appartiendra au passé ? Que vais-je devenir ? Quel est le futur qui se profile pour moi ? La seule chose dont je sois sûre, c'est que ce dernier est entre les mains d'Evan Northwood, et qu'il n'a pas partagé son plan. Il le détient, ainsi que son ex petite-amie slash plan-cul slash va-savoir-ce-qu'il-en-est-vraiment.

Hum. Présenté ainsi ce n'est pas très encourageant, Taylor.

Je ne sais pas trop.

En réalité, c'est pire que ça, là aussi. Au-delà de mes vertiges, il y a tant de questions qui se bousculent dans mon esprit que je pourrais perdre l'équilibre rien qu'à cause d'elles. Pourquoi Evan m'a-t-il réellement ramené ? Quelle est cette enquête pour laquelle il a placé mon bureau sous surveillance ? Comment peut-il espérer que je sorte par cette porte sans faire voler mon secret en éclats ? Donc pourquoi est-il si détendu, tellement sûr de lui ? Je tente de rassembler les bribes de mes souvenirs de ces derniers jours pour échafauder des théories prenants l'allure du plus grand des complotisme porté par cette terre. Ce n'est pas très glorieux, donc. Il y a les expériences de voyages faites par la force de mon étrange cerveau, ma possibilité de choisir ma destination à l'aide de mes connaissances ou d'une image, cette injection inexpliquée... Mais je ne trouve rien qui puisse m'aider.

J'ignore ce qui est censé se trouver de l'autre côté de la porte, je ne peux pas tricher !

Taylor ?

Ce n'est pas le moment !

Je crois que si.

Mais quoi, encore ?!

Tu oublies quelque chose.

Pardon ?

Tu. Oublies. Quelque. Chose.

O-kay !

Je te le dis ?

Ha. Ha. Très amusant ! C'est vrai que j'ai tout le temps du monde, là !

Tu as saigné du nez.

Hum ?

Souviens-toi. Après avoir ouvert toutes ces portes en moins d'une minute, Ariana a crié qu'il fallait t'arrêter, et tu perdais du sang. Juste avant qu'elle ne te drogue.

Et alors ?

Tu ne fais pas un lien éventuel, désormais ?

Mon cœur a un immanquable raté car effectivement, une idée plausible vient d'émerger en bousculant le reste de mes pensées dispersées. Je n'ai pas vraiment de connaissances médicales – vous le savez – mais je crois entendre le docteur Bratt m'expliquant le mécanisme de l'anticorps monoclonal de mon traitement, ainsi que sa fonction sur le CGRP – calcitonin gene-related peptide –. Ce dernier joue un rôle sur la transmission de la douleur et...

Bordel. De. Dieu. DE ! MERDE !

À cet instant je porte impulsivement ma main au dessus de ma bouche, et le léger hochement de tête d'Evan me fait comprendre que j'ai mis le doigt sur la vérité. La question principale qui me vient n'est désormais plus en lien avec moi-même.

De quoi l'agent Alfred Roberts est-il mort ?

Je ne peux pas la poser à voix haute, vous le comprenez. Néanmoins il y a désormais un semblant de logique à l'enchaînement des événements que je vis depuis vendredi soir. Et ce putain d'espoir totalement fou qui explose au creux de ma poitrine, me donnant le courage dont j'ai besoin pour les prochaines secondes. Alors dans un dernier effort, je me redresse en esquissant un sourire – sorti des tréfonds de mon instinct de survie – à l'attention de l'agent Duke.

— Je pense que ça va aller, affirmé-je sans trembler tout en me détachant d'Evan.

Il n'a plus l'air si serein, dites-vous. Un rapide coup d'œil en direction d'Ariana et ses mains crispées m'indique que nous jouons là un coup de bluff sans réelle garantie de résultat. Mais je n'ai plus le choix, n'est-ce pas ? Alors je m'avance jusqu'à la porte, puis la touche en réprimant la nausée qui m'envahit. Mon étourdissement excuse probablement l'hésitation de mes gestes, mais je me drape dans le peu de cran qui me reste pour ne pas stopper mon mouvement.

Continue, Taylor.

Vous entendez ? Non. Parce qu'il n'y a aucun bruit. Et ce n'est pas seulement parce que tout le monde retient son souffle que je fais cette remarque. Pourquoi, vous demandez-vous ? Revenons un peu en arrière, car je suppose que la raison va vous sembler plus claire. Pour se faire, souvenez-vous de mon premier soir ici. Oui. L'instant précis où j'ai décidé de m'enfuir par la porte, prête à passer toutes celles nécessaires afin de me mettre à l'abri, même si cela signifiait abandonner ma vie. Ça vous revient ? À cause de ces fichues électrodes collées sur mon crâne, une alarme avait retenti quand je suis entrée en contact avec la poignée, comme la preuve flagrante qu'il se passe quelque chose dans mon encéphale lorsque cela arrive – ou que la machine a un problème –. Mais là, bien que j'appuie pour ouvrir, c'est le calme plat. Je suis sur le point de m'effondrer, cependant, ne vous y trompez pas. Mes yeux sont envahis de larmes alors que je tire la porte vers moi, et que ma vue brouillée découvre...

Putain !

Je réprime un sanglot puis vacille, désormais incapable de faire face plus longtemps. Heureusement, les bras d'Evan m'enveloppent immédiatement pour m'empêcher de tomber. Pendant que l'agent Duke pousse un long soupir, les autres restent silencieux.

— Ramène-la, dit-il lentement. Mais je te veux dans mon bureau demain à la première heure.

Bordel... De... Dieu... De...

Incapable de parler, marcher, penser et sans doute même respirer, je sens qu'il décolle les pastilles blanches de mes cheveux, puis me soulève du sol pour m'emporter loin de ce cauchemar.

— C'est fini, chuchote-t-il à mon oreille au moment où les portes de l'ascenseur se referment sur nous.

***

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