Lucia - L'Elémentaliste [Fanf...

By Edaura_

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Son nom est connu des plus grand, entre rumeur et légende. Sa prime est démesurée. Son histoire gardée sous s... More

I - La salle des ventes
II - Lucia
III- Disparition aux Sabaody
IV- Ici
V - Ace et Lucia
VI - Ca valait la peine de naître
VII- Je ne baisserai pas la tête
VIII - Dernier voyage
IX - Ton père
X - Famille
XI - Au nom de quelle justice?
XII - Forcer le verrou
XIII - Enfin libres
XIV - Mon nom
XV - La guerre est terminée
XVI - Réveil douloureux
XVII - Explications
XVIII - Que sais-tu du D.?
XIX - Ace. Luffy. Sabo.
XX - Frères et sœurs pour la vie
XXI - Regulus
XXII - Coopération
XXIII - L'incendie de Gray Terminal
XXIV - La disparition d'un frère
XXV - On se reverra
XXVII - Cœur endommagé
XXVIII - Entrainements
XXIX - Les choses vont changer
XXX - Un petit sacrifice
XXXI - Demain
XXXII - Helios
XXXIII - Vela
XXXIV - Immersion
XXXV - Arrivée sur l'île des Hommes-Poissons
XXXVI - Le fantôme d'une fleur de lys
XXXVII - Tu ne possèdes pas de mains palmée
XXXVIII - Haine et pardon, amis ou ennemis
XXXIX - Bataille sous-marine
XXXX - Sang
XXXXI - Tu es ma soeur
XXXXII - Mer brûlée et regard glacé
XXXXIII - Alliance
XXXXIV - Je ne cherche pas à sauver tout le monde
XXXXV - Voir les choses autrement
XXXXVI - Lien nocturne
XXXXVII - Combat forcé
XXXXVIII - Dressrosa en vue
XLIX - Corrida Coliseum
L - Rage
Pas de chapitre aujourd'hui
LI - Héritiers
LII - La cage à oiseau
LIII - Tuer ou être tué
LIV - Fais moi confiance
LV - Leo's fireflies
LVI - Dragon Céleste
LVII - Celle qui éventra le ciel
LVIII - Haki des Rois
LXIX - Je promets de tout faire pour survivre
LX - Marionnette
LXI - Merci d'avoir survécu
LXII - Tueuse de dieux
LXIII - Comment faire pour s'aimer
LXIV - En route vers Zo
LXV - La tribu Mink
LXVI - Le récit de Wanda: l'attaque de Jack et la décision de Sanji
LXVII - Minks et samouraïs
LXVIII - La fille de Roger et le fils d'Oden
LXIX - Aquarius. Zodiac. Les deux armes oubliées.
LXX - La voix de Zunesha
LXXI - Renard des neiges
LXXII - Larmes et baisers
Petit mot
LXXIII - Mutilation
LXXIV - Retrouvailles
LXXV - Les fantômes du Pays des Wa
LXXVI - La fureur de Kaido
LXXVII - Esclandre à la capitale
LXXVIII - Dinosaure, Germa et cicatrices
LXXIX - On en reste là
LXXX - Smile
LXXXI - Des vies a sacrifier
LXXXII - Kyoshiro le Somnolent

XXVI - Intrigué

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By Edaura_

Quand Lucia posa le dernier mot de son récit, le silence parut lourd dans le navire du Heart. Elle avait rebalayé une grande partie de son enfance pendant plusieurs heures, laissant les souvenirs affluer dans son esprit. Elle s'était souvenue de détails dont elle ne soupçonnait même plus l'existence. Elle n'avait presque rien omis. Ace. Sabo. Luffy. Le Mont Corvo. Tout s'était déroulé sur l'espace de 10 mois. Elle soupira avant d'effectuer un râle en se reposant contre le dossier de sa chaise :

- Aaargh, ma vie pour un verre d'eau là maintenant tout de suite, geignit-elle.

Vif comme l'éclair, Sachi et Penguin se précipitèrent pour lui apporter une carafe et un verre. Elle but l'eau à grande gorgées avant de soupirer de satisfaction. Puis elle reposa le regard sur l'équipage qui l'avait écouté religieusement pendant presque quatre heures.

- J'espère que ça vous va parce que là j'ai plus la force d'articuler un seul mot, plaisanta-t-elle.

- C'était... à la fois très triste et très beau... commenta Bepo.

- Merci de nous avoir partagé ça, s'exprima Jean Bart.

Lucia eut un sourire puis tous se mirent en route vers le dortoir commun :

- N'empêche, c'est dingue le destin, murmura Penguin. Que les deux enfants de Roger se retrouvent sur la même île et la même ville dans ce vaste monde... c'est à peine croyable...

- Se retrouver lors de la même exécution aussi, tu te rends compte ? Et la Marine qui n'était même pas au courant... enchaîna Sachi.

- Même leurs fruits du démon, le feu et l'eau, c'est à peine croyable... murmura Ikkaku, la seule femme de l'équipage.

Lucia entendit ces messes basses mais ne les releva pas, leurs remarques étaient pertinentes et sûrement à l'image des propos qui circulaient dans les esprits de tous les civils qui avaient reçu le journal. Désormais, les choses avaient changé. Elle ne serait plus qu'un visage et un nom sur un avis de recherche que personne ne connaît réellement. Elle soupira, pourquoi avait-il fallu qu'elle hurle son nom comme ça ? Surtout qu'elle n'en avait aucun souvenir. Elle fronça les sourcils en continuant d'avancer. Pas moyen d'avoir le moindre fragment mémoriel de ce qu'elle avait fait après avoir assisté à la mort de son frère. Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas que Bepo s'était soudainement arrêté et lui rentra dedans pas inadvertance. Elle rebondit contre la douce fourrure blanche et se trouva les fesses par terre.

- Oh je suis désolé, je suis désolé, s'exclama l'ours en l'aidant à se relever.

- Pas de soucis, mais je peux savoir pourquoi tu t'es arrêté ? demanda Lucia.

- Je viens de me souvenir que j'ai oublié d'aller donner son café au captain...

- Attends t'es son navigateur ou un majordome ? s'étonna Lucia en haussant un sourcil.

- Je suis désolé...

- Mais t'as pas fini de t'excuser oui ? rit Lucia. Mais dis-moi, t'as pas l'air enthousiaste à l'idée de retourner dans la cuisine je me trompe ?

L'ours blanc tressaillit et baissa la tête, un peu honteux :

- J'aime pas le réfectoire de nuit, il y a toujours des bruits bizarres et l'obscurité là-bas me met mal à l'aise, marmonna-t-il. Et en plus comme on a plus de lumière pour l'instant... Je suis vraiment désolé.

Elle s'apprêtait à lui répéter d'arrêter de s'excuser à tout bout de champ avant de comprendre que c'était peine perdue. Elle se contenta alors de commenter la première partie de sa réponse :

- Ecoute, si tu veux je peux y aller à ta place. Redis-moi juste comment aller à la salle de commande et je me débrouillerai.

- C'est vrai ? Tu ferais ça ?

- Moins je vois le regard flippant de ton capitaine et mieux je me porte en théorie mais ce serait un crime que de te laisser là alors que tu me fais cette bouille adorable alors... oui je vais le faire.

- Oh t'es vraiment une chic fille Lucia ! s'exclama l'ours en prenant Lucia dans ses bras pour la serrer contre lui.

- Je vais surtout devenir un chic cadavre si tu continues de m'étouffer... marmonna Lucia, la voix étouffée sous les poils.

- Oh oui je suis désolé... dit l'ours en la relâchant.

Lucia leva les yeux au ciel mais laissa couler. Bepo lui indiqua le chemin pour rejoindre la salle de commande en la remerciant une nouvelle fois. A tâtons, Lucia s'orienta dans le sous-marin, la main posée sur le mur pour ne pas se perdre. Elle retrouva ainsi la cuisine et prépara un café à l'aveuglette. Il lui semblait qu'elle retrouvait petit à petit ses réflexes et les avantages de son fruit du démon. Elle ressentait plus nettement les courants marins qui faisaient tanguer le navire, l'eau qui bouillait dans la cafetière. Elle fut soulagée, ravie de voir que son blocage n'avait été que temporaire. Entre ses doigts elle étira une fine pellicule d'eau qu'elle déroula puis fit glisser entre ses phalanges, savourant ce contact qui lui avait manqué. Puis, une fois la boisson prête, elle prit la direction de l'avant du sous-marin. Arrivée devant une porte massive, elle toqua trois fois avant de s'annoncer :

- C'est le room service.

Quand elle entra, elle remarqua d'abord le chapeau de Law qui dépassait du siège tourné vers les machines. Le plus silencieusement possible, elle posa la tasse de café dans un coin. Puis elle releva les yeux et fut sonnée par le spectacle qui se déroulait devant elle. A présent que ses yeux étaient habitués à l'obscurité, elle distinguait plus nettement les mouvements qui se situaient derrière les larges vitres du navire. L'absence totale de lumière de la part du sous-marin permettait à la mer de donner à voir ses plus belles couleurs, même de nuit. Des poissons passaient par dizaines autour d'eux, jouant avec les rayons de la lune qui parvenaient à tomber à cette profondeur et faire scintiller les quelques bulles d'air qui subsistaient encore. Fascinée, Lucia s'avança un peu plus pour venir coller ses mains sur la vitre, son souffle créant une petite buée sur le verre. Elle posa son front sur la surface froide et ferma les yeux un moment, tentant de capter les mouvements de l'océan. Elle sourit doucement lorsqu'elle sentit les spirales qui tournaient au-dessus et en-dessous du sous-marin, que les poissons suivaient tranquillement. Elle eut un petit rire avant de rouvrir les yeux :

- Arrête donc de faire le mort et bois ton café avant qu'il ne soit froid, ricana-t-elle.

Dans un soupir, Law se redressa sur son siège et releva son chapeau pour dégager ses yeux. Il jeta un regard à la tasse posée à côté de lui mais ne fit pas un geste pour la récupérer.

- Non il n'est pas empoisonné, répliqua Lucia. C'est Bepo qui voulait te l'amener mais je me suis dévouée pour le faire à sa place.

- Tu n'as toujours aucun souvenir de ton combat contre les amiraux ? demanda soudainement Law.

- Non, avoua-t-elle. Je ne te cache pas que si ce n'était pas toi qui me l'avais annoncé, je n'aurais jamais cru à une histoire pareille. Mais étant donné ton absence d'humour apparente, je doute que ce soit une mauvaise blague... même si ça me paraît assez improbable.

- C'est étrange, commenta Law sans relever sa provocation. C'est comme si ton esprit avait voulu se dissocier de ce qu'il s'était passé tout en restant profondément ancré dans la réalité.

- Si tu es en train de me dire que je me suis comportée de façon très primitive... ce serait un peu vexant mais pas totalement faux j'en ai peur, soupira Lucia en se laissant tomber dans le siège à côté de celui de Law.

- Qui t'a donné l'autorisation de t'asseoir ici ? releva Law en fronçant les sourcils.

- Moi, répondit-elle, laconique. Bois ton café, ça me ferait suer de l'avoir fait pour qu'il reste là à refroidir...

Law prit sur lui et saisit la tasse qu'elle avait déposée, il souffla pour refroidir le liquide avant de le goûter du bout des lèvres. Il était bon. Il ne fit aucun commentaire.

- A quel point tu négliges ton sommeil pour prendre des cafés à une heure pareille ? s'étonna Lucia.

- Et à quel point tu méprises le tien pour trainer ici à une heure pareille ? répliqua-t-il.

- Ta répartie est tellement mauvaise que ça finira certainement par être plus efficace que n'importe quel somnifère, bailla-t-elle dans un geste provocateur.

Il ne répondit pas, soudainement concerné par les cernes qui commençaient à apparaître sous les yeux bleus de la jeune femme. Il fronça les sourcils :

- Cauchemars ?

Elle acquiesça sans un mot. Le silence retomba entre les deux adultes avant qu'elle ne se décide à s'expliquer :

- Chaque fois, quand tu te réveilles tu as une demi-seconde. Une toute petite demi-seconde durant laquelle tout va bien, où tu te sens en paix, où ton esprit te laisse tranquille. Et puis après tout revient d'un coup. Les images. Les sons. La douleur. Le chagrin. La culpabilité. Et ça ne te lâche pas de la journée. Depuis plusieurs jours ça va mieux, c'est encore là, en arrière-plan dans mon esprit mais ce n'est plus aussi corrosif que les premiers jours. Je peux penser à autre chose, je peux vivre. Mais le soir c'est une autre histoire. La nuit on a aucun contrôle sur notre cerveau... cette saloperie est en roue-libre... et c'est l'enfer...

Sa voix mourut sur le dernier mot. Law sentait toute sa fatigue et sa lassitude. Le regard perdu dans l'océan, les milliers de points lumineux qui se reflétaient dans la mer étaient également capturés au fond de ses yeux bleus.

- Mais je t'apprends rien pas vrai... ricana-t-elle doucement.

Il arqua un sourcil :

- Comment ça ?

Elle tourna la tête vers lui, le fixant intensément :

- Y a pas des milliards de raisons qui peuvent pousser un homme à ne plus trouver le sommeil à ce point...

- Occupes-toi de tes oignons gamine, tu sais pas de quoi tu parles ! répondit-il avec un regard dur.

Elle soupira avant de se retourner vers la vitre :

- Je te préviens si tu t'endors ici je te laisse te casser le dos sur ta chaise, marmonna-t-elle.

Ils restèrent encore un moment côte à côte sans rien dire, les yeux fixés sur le ballet de l'océan. Lucia ne l'aurait jamais admis mais elle se sentait bien à cet instant précis. Elle ne savait pas si c'était parce qu'elle avait parlé si longtemps de son enfance, si c'était parce qu'elle avait retrouvé son pouvoir, si c'était cette soudaine proximité avec l'océan, ou peut-être même était-ce parce qu'elle n'était pas seule. Dans tous les cas, elle n'avait pas envie de partir. Petit à petit, ses paupières se firent plus lourdes et commencèrent à se fermer. La tête posée sur ses avant-bras, eux-mêmes appuyés sur la table de commande, elle s'endormit doucement. Sa respiration se fit plus profonde, son visage se détendit. D'abord sur le qui-vive, Law finit par lui jeter un regard narquois. Qui s'endort en premier donc ? Il eut un petit sourire puis se renfonça dans son siège, le chapeau sur le visage, et ferma les yeux à son tour. Il médita un moment sur ce qu'elle lui avait dit. Pendant quelques secondes il avait eu presque peur d'elle, peur de la douceur de son regard, de la compassion de son sourire... de son empathie et surtout, peur qu'elle arrive à lire en lui. Il parvint enfin à mettre un mot sur le sentiment qu'il éprouvait à l'égard de Lucia depuis qu'elle s'était effondrée contre lui à son réveil, même peut-être depuis qu'elle était intervenue dans cette salle des ventes. Elle l'intriguait. Il ne comprenait pas. Il ne la comprenait pas. Et il détestait ne pas comprendre.

Le lendemain, Lucia fut réveillée par quelqu'un qui secouait doucement son épaule. Courbaturée de partout, elle se redressa tant bien que mal en plissant les yeux pour essayer de discerner celui qui lui parlait. C'était Ikakku qui la regardait d'un air inquiet :

- Lucia ? Ca va ? Tu es restée dormir ici toute la nuit ?

Lucia jeta un œil autour d'elle et constata qu'elle était toujours dans la salle des commandes. Soupirant, elle répondit :

- Ouais... j'ai dû m'assoupir sans faire exprès.

- On a accosté sur une île ce matin pour pouvoir réparer le navire, tu devrais sortir prendre un peu l'air à mon avis, ça te ferais du bien.

Suivant ses conseils, Lucia sortit sur le pont du navire, s'étirant sous la lumière du soleil. Ikakku avait eu raison, sentir l'air frais sur sa peau lui fit le plus grand bien. Elle se réveilla tranquillement sans se rendre compte qu'une ombre l'observait sur le pont. Elle huma l'air, ça sentait l'herbe fraiche, les fleurs et le sel. Le sous-marin avait été amarré dans une crique isolée, sous un renfoncement dans la roche. Elle pouvait néanmoins apercevoir la plage qui se profilait au loin et une envie irrésistible d'explorer les environs lui titilla les jambes. Elle s'apprêtait à partir quand une voix l'interrompit :

- Je serais toi je ne ferais pas ça...

Le ton morne mais ferme de Law la stoppa net dans son mouvement. Levant les yeux au ciel elle se retourna vers lui, il s'était avancé vers elle :

- Je te rappelle que tu es censée être morte...

Lucia se mordit la lèvre. Il avait raison.

- J'ai qu'à me déguiser... mettre une cape... je sais pas mais j'ai besoin de marcher.

- J'ai dit non, reprit Law. Tant qu'on ne t'as pas débarquée là où c'est prévu tu es sous ma responsabilité alors tu m'obéis et tu restes là.

- Pour être obligée de te supporter ? Plutôt mourir une deuxième fois, répliqua Lucia. Je ne sais pas qui t'as collé cette idée de responsabilité dans le crâne mais je suis majeure depuis longtemps donc je peux m'occuper de moi toute seule merci !

Law prit sur lui pour rester calme :

- Ecoute, j'ai demandé à Bepo et aux autres d'aller en éclaireur voir si l'île était habitée ou non. Si elle est déserte tu pourras sortir. En attendant tu vas me faire le plaisir de garder tes fesses ici.

Lucia poussa un long râle avant de renoncer et s'appuyer contre la rambarde, non sans lui avoir lancé un regard mauvais qu'il ignora royalement. Law prit place en face d'elle, son sabre toujours posé sur l'épaule. Lucia le regarda d'un air ennuyé :

- Tu comptes sérieusement jouer les baby-sitters ?

- J'ai bien saisit qu'avec toi je ne suis jamais à l'abri d'une mauvaise surprise...

- Merci du compliment, ricana-t-elle.

De longues minutes passèrent avant qu'un des deux ne bouge. Utilisant son pouvoir, Law fit apparaître deux pommes depuis la cuisine. Sans prévenir il en lança une à Lucia qui, même si elle regardait ailleurs, la saisit en plein vol d'un geste nonchalant. Law eut un petit sourire :

- Joli réflexe princesse !

Le sang de Lucia ne fit qu'un tour. En l'espace d'une fraction de seconde elle était devant le pirate et lui assénait un coup de poing au visage. La violence et la rapidité du choc le déstabilisa. D'une vivacité surprenante, deux sphères d'eau d'une pression impensable virent bloquer les mains du Chirurgien de la mort, l'empêchant d'utiliser son pouvoir et elle le saisit par le col de son pull pour approcher son visage du sien :

- Je t'interdis... je t'interdis de m'appeler comme ça c'est clair ! lui cracha-t-elle au visage. Ne t'avise plus JAMAIS de m'appeler comme ça !

Elle avait le souffle court, les poumons gonflés par la rage, le regard incandescent. Law était complètement tendu, la mâchoire crispée, le regard dur. Ils restèrent ainsi pendant un moment qui lui parut interminable, confronté au visage furieux de l'Elementaliste, son corps plaqué contre le sien, l'océan qui clapotait doucement en contrebas.

- CAPTAAAIN ! HOI CAP... tain...

La voix de Bepo baissa drastiquement d'intensité quand il parvint au sous-marin et qu'il découvrit cette scène surprenante. Après quelques secondes, Lucia finit par relâcher le pirate d'un mouvement sec et retourna dans le navire. Les prisons aquatiques qui bloquaient les doigts du pirate retombèrent sur le pont, formant deux flaques sur le bois clair. Il tira sur le col de son pull et tenta de se redonner contenance. Il était furieux. De quel droit se permettait-elle d'être aussi agressive tout à coup ?

- Dites captain, tout va bien ? demanda doucement Bepo qui était monté sur le navire.

- Ouais ouais... répondit Law. Ca donne quoi sur l'île ?

- Personne en vue ! On dirait qu'elle est inhabitée, on a pu chasser quelques animaux et récupérer des fruits pour se ravitailler. Une partie du groupe arrive avec les provisions tandis que les autres sont partis trouver du bois et des matériaux pour réparer le navire.

L'ours avait débité tout son compte-rendu d'une traite, d'un ton très professionnel. Law acquiesça, il avait entendu mais son esprit était entièrement tourné vers sa petite confrontation avec l'Elementaliste. Bepo remarqua que son regard n'avait pas quitté la porte par laquelle Lucia était passé quelques minutes avant :

- Il y a un souci avec elle ? s'inquiéta-t-il.

- Je vais aller faire en sorte qu'il n'y en ait plus ne t'inquiète pas, je te laisse en charge de l'équipage pour le moment.

- A vos ordres !

D'un pas décidé, Law retourna dans le sous-marin, cherchant la jeune femme. Il fouilla partout avant de se rendre dans la salle de commande. Il sut qu'elle était là en entrant. Son reflet était visible sur la vitre qui donnait sous l'eau. Les genoux ramenés contre la poitrine, la tête baissée, elle était prostrée dans le siège sur lequel était lui-même assis la veille. Il posa son sabre dans un coin puis ferma la porte brusquement. Puis il s'appuya contre le mur, bras croisés. Elle avait forcément entendu. Elle savait forcément que c'était lui. Elle ne disait rien.

- Tu m'expliques ?

Sa voix se répercuta contre l'acier de la salle dans un écho qui les hanta tous les deux. Elle pouvait aisément imaginer sa posture et son regard incisif à cet instant précis. C'était pas compliqué à deviner. Elle passa nerveusement ses mains dans ses cheveux, les ramenant en arrière pour dégager son visage. Puis elle inspira profondément avant de lever les yeux. Elle croisa son regard dans le reflet de la vitre. Elle fit glisser ses mains le long de son visage.

- Je suis désolée... dit-elle platement.

- C'est pas ce que je t'ai demandé, répliqua Law sans ciller.

- Je sais mais la moindre des choses c'est de commencer par ça, cracha Lucia en le foudroyant du regard.

Il tressaillit. Il voyait sa peur et sa douleur. Elle utilisait sa colère pour lui faire face alors qu'au fond d'elle, elle se désintégrait. Sans le vouloir, il venait d'actionner le mauvais bouton. Tout le travail qu'elle avait abattu depuis des semaines pour se remettre du traumatisme qu'était Marineford venait de voler en éclat en quelques secondes.

- Ecoute j'ai pas tout ton temps alors arrête de geindre comme une enfant et expliques-moi ce que signifie ta petite crise, reprit-il sur le même ton dénué d'émotion.

Lucia se cacha le visage entre les mains, incapable de le regarder en face.

- Que tu décides de jouer les fortes têtes en répondant à tout ce qu'on te dit : très bien. Que tu m'adresse tes plus gros regards noirs passe encore. Mais je n'apprécie pas qu'on me saute à la gorge sans raison donc je ne me répèterais pas : tu m'expliques maintenant ou je t'assure que tu vas passer le reste du trajet enfermée double tour dans une cabine enchaînée avec du granit marin.

- Wow, à quel point je t'agace pour que tu me menace avec cette solution pour le moins drastique ?

- Au plus haut point, réponds! lui ordonna-t-il une nouvelle fois.

Excédée, Lucia se releva brusquement et lui fit face, le visage déformé par la colère et la douleur :

- C'était Ace qui me surnommait comme ça ! « Princesse ». C'était lui qui m'avait donné ce surnom.

- Quoi ? C'est tout ? grogna le pirate. T'as rien de mieux en stock là ?

- Désolée de décevoir vos hautes espérances votre majesté, répliqua Lucia. Je me doutais bien que cette petite justification ne vaudrait rien à vos yeux étant donné l'absence de cortex émotionnel et empathique dans votre cerveau.

- C'est bon, t'as fini ? demanda-t-il ennuyé.

Lucia manqua de souffle, sa respiration se fit difficile. Une main sur la poitrine, elle tira sur son t-shirt pour vainement gagner de l'air. Dans son empressement, elle commença à planter ses ongles dans les bandages qui recouvraient sa plaie à peine cicatrisée. Le tissu blanc commença à se teinter de rouge. D'un geste vif, Law saisit ses poignets et l'assit de force sur le siège, prenant place sur celui d'à-côté pour lui faire face. Fermement, il poussa sur son dos pour lui mettre la tête entre les genoux :

- Respire profondément, je veux sentir ma main qui se lève et s'abaisse quand tu inspires et expires. Allez. Calmement.

La tête en bas, Lucia prit sur elle pour gagner un semblant de contrôle sur sa respiration. Petit à petit, il y eu moins d'à-coups, moins de secousses dans sa cage thoracique, le sifflement disparut. Law maintenait toujours fermement ses poignets ensembles mais il sentit ses bras et ses mains se détendre, la tension qui crispait ses muscles se relâchant. Il retira un doigt, puis un deuxième, et finit par la lâcher. Il enlevait également sa main de son dos quand sa voix l'atteignit :

- Non laisse-la s'il te plaît... juste... pour être sûre que ce soit passé...

La stupeur passa sur son visage alors qu'elle en était presque à le supplier. Comment elle pouvait passer de la plus grande arrogance à une fragilité pareille en quelques secondes ? Cédant à sa requête, il reposa sa paume sur le dos de la jeune femme, calquant sa propre respiration sur la sienne.

Ils restèrent ainsi de longues minutes, sans bouger, sans parler. Simplement liés par leurs respirations communes et la main de Law posée entre les omoplates de Lucia. Ca faisait longtemps qu'il ne sentait plus sa cage thoracique bouger mais il avait compris que ce qui importait maintenant pour elle, c'était sa présence, tout simplement. Ce n'était pas son genre d'habitude, de céder aux caprices des autres et surtout quand cela nécessitait une présence affective et démonstrative. Il ne savait même pas pourquoi il l'avait fait. Il n'y avait pas réfléchi, il l'avait fait tout simplement. Sa voix finit par se faire entendre :

- Merci...

Il s'éloigna d'elle, reposant son dos contre le dossier de son siège, croisant les bras contre son torse :

- Si je t'avais pas arrêtée tu aurais rouvert tes plaies, j'ai pas envie que tu sabotes mon travail ni de devoir te charcuter à nouveau.

- Non je disais pas merci pour ça... reprit-elle en se relevant également. Merci d'être resté...

Il soupira :

- Je veux pas avoir ta mort sur la conscience...

Elle eut un petit rire. Il la regarda d'un air interrogateur.

- Rien, rien... fit-elle.

Lucia regarda son bandage et le souleva légèrement pour voir l'étendue des dégâts sur sa peau. Elle fut soulagée de constater qu'il n'y avait rien de grave, elle avait à peine gratté le tissu cicatriciel :

- Sois rassuré, nul besoin de m'opérer à nouveau. Le docteur peut prendre son jour de congé. Elle laissa passer un temps. Et encore désolée pour le coup de poing.

Il détourna son regard pour contempler l'eau claire qui ondulait devant eux :

- Au moins ça me prouve que tu n'es pas qu'une grande gueule. Ça m'a à peine picoté mais l'intention était là...

- Menteur, ricana-t-elle.

Il soupira :

- En tout cas c'est noté, je t'appellerais plus comme ça. J'avais juste entendu le vieux t'appeler comme ça à la salle des ventes c'est tout.

Elle acquiesça :

- Oui je me doute bien, j'ai pas vraiment réfléchi sur ce coup-là...

- Ah parce que d'habitude c'est le cas ? Première nouvelle.

Elle tourna vers lui un regard mi-amusé, mi-vexé. Un sourire en coin étira les lèvres du pirate :

- Alors ça fait quoi de se prendre son propre comportement en pleine face ?

- Alors ça fait quoi de laisser tomber le masque du pirate ronchon pour se prendre au jeu ?

Il ne répondit pas, le même sourire en coin. Définitivement, elle l'intriguait.

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