Résistant

By plumedecriture

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18 juin 1940. Pendant des semaines, la voix du général de Gaulle résonne dans le cœur d'Elias. Un soir de sep... More

Avant-Propos
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23

Chapitre 18

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By plumedecriture


Les néons vibraient au plafond, le silence pesait sur l'atmosphère déjà lourde. Les trois jeunes hommes étaient adossés contre le mur, assis à même le sol, la bouche fermée, l'esprit ailleurs.

Les paupières d'Elias s'abaissèrent pour empêcher des larmes inutiles de couler. Son ventre se nouait et lui faisait mal depuis plusieurs heures, les battements de son cœur changeaient de rythme à chaque instant.

Le matin même, il avait dit au revoir à sa famille. Les yeux rouges, la tête lourde, il avait serré une dernière fois Clara dans ses bras. Ses longs cheveux noirs avaient balayé son dos et il s'était plongé dans l'infini de ses yeux verts. Les mains du boulanger blanchies par la farine avaient laissé des marques sur ses vêtements mais Elias s'en fichait ; ce qu'il voulait, c'était rester avec les Sanders, cette famille qui l'avait si bien accueilli.

Son amie semblait l'avoir pardonné. Elias avait craint une réaction bien pire. Son esprit s'était réchauffé en réalisant qu'ils se quittaient en bons termes.

En quittant la maison, il s'était retourné pour leur faire un dernier au revoir. Sa seule famille était en pleurs, tous les traits de leur visage se crispaient. Le père et la fille se retrouvaient désormais seuls.

Elias s'en était ensuite allé, sans se détourner, se concentrant sur son but pour ne pas flancher. Depuis, il se demandait à chaque seconde pourquoi il avait fait ce choix et pas un autre, pourquoi il avait décidé de devenir résistant, pourquoi il avait choisi de partir de Londres. Il n'en avait aucune idée, mais il ressentait un grand besoin au fond de lui, une source intarissable d'aider sa patrie, de faire ses preuves.

En arrivant à la salle d'entraînement, il avait paniqué. Est-ce que Louis viendrait ? La réponse était tombée dès qu'il avait aperçu son ami, lequel lui avait adressé un petit sourire. Après un rire, c'était au tour d'un regard de les réconcilier.

Ils s'étaient assis en compagnie d'Eugène, sans prononcer un mot. Puis, ils étaient partis vers la base d'aviation. Le dernier lieu où ils mettraient les pieds au Royaume-Uni.

Depuis plus d'une heure, les espions demeuraient immobiles et Elias sentait que pour ne pas succomber à la tristesse, il devait occuper son esprit. Il ramassa donc le jeu de cartes posé à terre et leur proposa une partie. La voix de Rostre, d'abord dédaigneuse, se fit plus encline et il accepta.

Je vais devoir l'appeler Eugène... Quel nom ringard !

Les trois hommes, trop heureux de se changer les idées, débutèrent leur belote. Ils se faisaient face et rentrèrent totalement dans leur jeu, faisant abstraction de l'atmosphère anxiogène qui les entourait.

Une heure plus tard, le calme fut troublé par des bruits de bottes dans le couloir. Un résistant s'arrêta devant le groupe en faisant claquer ses chaussures.

— Le décollage prendra place dans dix minutes, tenez-vous prêts ! déclara-t-il, le visage fermé.

Les espions se regardèrent pendant quelques secondes, tous partageaient le même sentiment d'exaltation et d'appréhension. Ils se séparèrent et retournèrent à leurs pensées noires, délaissant les cartes et la partie qui ne se finirait jamais.

Elias tenta d'apaiser la peur qui montait en lui, l'angoisse qui creusait un chemin dans son corps et les larmes qui se rapprochaient dangereusement de ses yeux. Il devait mettre fin à ce supplice. Il voulait partir loin de l'aéroport, qu'il soit en France ou à Londres, cela lui était égal, mais il ne souhaitait pas rester dans cette sorte d'entre-deux.

Les murs arrondis paraissaient l'oppresser, le plafond bas l'écrasait et les lampes grésillant paraissaient l'enflammer. Elias serra les dents, garda la tête baissée, la gorge nouée. Il se releva seulement quand l'homme revint les chercher.

Les trois résistants se levèrent, habillés d'une tenue passe-partout. Les parachutes étaient dans l'avion, tout était prêt, du moins matériellement. Leurs esprits hésitaient encore, cependant, dès qu'ils seraient dans les airs, plus aucun retour en arrière ne serait possible.

— Hé bien, allons-y puisqu'il le faut, hasarda Louis, la voix tremblante.

Il se mit en marche, suivi de ses deux compagnons. Leurs semelles claquaient sur le sol de béton, les échos s'amplifiaient dans les oreilles d'Elias. Le moindre petit bruit était retransmis plus fort.

Ils débouchèrent sur un petit hangar et à l'extérieur, le minuscule avion les attendait, le chef de leur mission sur le pas de la portière. Il serait avec eux lors du largage et pourrait ainsi leur donner les dernières recommandations.

Le groupe embarqua dans l'engin, le corps tremblant, les pas hésitants. Les sièges étaient rustiques, mais ils étaient habitués à peu de confort. Ils avaient déjà voyagé dans ce genre d'avions pendant leur entraînement.

Le pilote donna le départ, les portes se refermèrent en un claquement, scellant leur futur. Le moteur commença à tourner et rapidement, l'avion commença à rouler sur la piste. Elias retint sa respiration, il détestait cet instant, suspendu entre ciel et terre. Son vertige désormais apprivoisé ressortait parfois à certains moments et le résistant n'allait pas bien.

Louis le remarqua et sourit.

— Hé bien, monsieur a le peur du vide ?

— Oh, ça va ! Tais-toi ! répliqua Elias d'un ton colérique.

C'était la première fois qu'ils s'adressaient la parole depuis la veille et Elias fut heureux de ne pas entendre d'animosité dans la voix de Louis. Eugène leur lança un regard noir tandis que le chef de la mission leur faisait les gros yeux. Les deux amis rirent dans leurs capes, malgré la réponse violente d'Elias. Puis, ils se renfoncèrent dans leurs sièges.

Les roues avant de l'avion ne touchèrent bientôt plus le sol et celles de derrière ne tardèrent pas à suivre. Elias sentait son petit déjeuner remonter à cause de la vitesse. Au contraire, Louis semblait exalter.

La ville se rapetissait sous eux, les maisons devenaient minuscules tandis que les voitures et les habitants disparaissaient. L'immensité de la terre apparaissait sous leurs yeux ébahis. Aucun n'avait pris l'avion pour un si grand trajet, ils allaient traverser la mer, survoler des villes et villages par milliers.

Les champs verts s'étalaient sous leurs pieds. Ils fusaient dans les airs, parcourant des dizaines de kilomètres en seulement quelques minutes.

Elias se sentait si petit face au monde, totalement insignifiant. Il se disait ne jamais pouvoir trouver sa place dans cette Terre gigantesque. Sa peur du vide venait peut-être de là, l'univers était trop grand pour lui, tous les habitants ne pourraient pas admirer sa force.

L'avion volait toujours plus haut, côtoyant déjà la couche de nuages. Un espace cotonneux s'étendait désormais autour de l'engin, rien que du blanc à perte de vue. Des turbulences venaient parfois faire trembler les passagers qui, le dos meurtri par les dossiers de bois, grimaçaient.

Les parachutes, eux aussi, glissaient d'un bout à l'autre de l'avion. Dans une heure tout au plus, Elias allait devoir en accrocher un sur ses épaules et sauter dans le vide. Il l'avait déjà fait plusieurs fois, mais jamais dans un endroit inconnu... Qui sait ce qu'il pourrait se passer à terre ? Son vertige revint, il comprima sa peur dans un coin de son esprit, tentant de l'oublier une fois pour toutes.

Une heure plus tard, l'avion commença à amorcer sa descente. À travers les hublots, Elias ne discernait plus rien, seulement du blanc qui l'aveuglait. Son ventre se noua et ses joues s'enflammèrent. Il tournait ses mains dans tous les sens, ne sachant que faire.

— Hé bien, tu es agité ! Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer ! Calme-toi, murmura Louis.

— Laisse-moi tranquille, je n'ai pas besoin de tes conseils, répondit Elias d'une voix tranchante.

Ils n'avaient échangé que quelques mots du voyage, leur conversation se résumait à une dispute. Ailes s'en voulut de son ton un peu rude, mais ne s'excusa pas, bien trop fier.

Il est habitué à mes colères, je ne suis pas méchant... Mes répliques ne sont pas blessantes, si ? Il ne va pas se remettre en colère !

Elias détourna le regard, ne s'attardant pas plus que nécessaire, car le chef de la mission s'avança pour leur donner les derniers conseils :

— Vous voilà donc tous fin prêts. Vous connaissez le dossier par cœur, il n'y a pas de raisons de s'en faire. Soyez prudents et tout se passera bien, veillez les uns sur les autres, faites attention et ne tombez pas dans le mauvais camp. N'oubliez pas, il ne faut jamais que vous révéliez l'existence du SOE, ceci est un point capital ! Nous comptons sur vous !

Les résistants hochèrent la tête et s'équipèrent d'un parachute. Ils le placèrent sur leur dos et achevèrent les derniers réglages. Elias vérifia qu'il ne manquait aucun de ses objets dans ses poches, son petit sac contenant ses affaires attaché à la ceinture.

Il regarda à l'extérieur, les nuages étaient désormais au-dessus d'eux, la France s'étalait sous leurs yeux. Des maisons étant disséminées aux alentours, l'avion poursuivit sa route quelques instants puis, la porte s'ouvrit.

Le vent s'engouffra dans l'habitacle, soufflant les cheveux des résistants. Ces derniers se maintinrent aux sièges pour ne pas glisser. Tout était prêt, il ne fallait que sauter. Le pilote donnerait les ordres de départ quelques secondes plus tard. Les trois jeunes hommes se rapprochèrent du bord du véhicule en s'agrippant aux poignées. Leurs mains étaient rouges, congelées, frappées de plein fouet par le vent.

— 3, 2, 1... annonça le pilote.

— Bonne chance ! hurla le chef de mission pour couvrir le vacarme du vent.

— SAUTEZ ! grésilla la radio.

Il ne fallait pas hésiter et Elias respira. S'il ne sautait pas, ce serait trop tard, alors, il s'avança dans le vide et se laissa tomber.

Une bouffée d'oxygène s'engouffra dans sa trachée. Il toussota, tout en se remémorant ses cours de saut pendant l'entraînement. Il adopta la bonne position, mais ce n'était pas chose facile tant le vent le balançait d'un côté puis de l'autre.

Elias descendait toujours plus, le bleu du ciel défilait à toute vitesse sous ses yeux, et enfin, un claquement retentit, le parachute se déploya au-dessus de lui. Il poussa un soupir de soulagement : qu'aurait-il fait si cela n'avait pas été le cas ?

Quelques dizaines mètres plus loin, suspendu dans les airs, Louis était parfaitement à son aise. Tout sourire, il tenta de transmettre un message à Elias, mais ce dernier ne l'entendit pas. Alors, il leva simplement les deux pouces ; tout allait bien, la mission débutait en douceur.

Eugène, lui aussi, avait bien réussi le dépliage du tissu. Malgré le parachute, Elias trouvait que la terre ferme se rapprochait bien trop vite. La cime des arbres était maintenant à sa portée, mais le vent le déporta vers la droite et il heurta le sol en poussant un grand cri.

Son hurlement fut étouffé par le parachute qui recouvrait son corps. Il se dépêtra et commença à rouler les draps comme on le lui avait enseigné. Une fois sa tâche effectuée, il s'assura qu'il ne restait personne dans les airs et s'aventura à la recherche de ses camarades.

Il retrouva Louis en premier qui, un sourire aux lèvres, essuyait du sang qui perlait sur son visage. Une vilaine blessure lui barrait la peau ; il avait dû s'entailler avec une branche. Quelques secondes plus tard, Eugène les rejoignit, lui aussi indemne.

Elias se sentait à présent en confiance. Leur tâche pouvait commencer.

— Allons-y, affirma la voix caverneuse d'Eugène.

— Il nous faut d'abord nous débarrasser des parachutes.

Le trio creusa rapidement un trou et ils y enterrèrent l'intégralité des tissus blancs avant de se mettre en route avec prudence.

Les branches craquaient sous leur pas, les feuilles mortes se brisaient sous leur poids et les échos se diffusaient dans toute la forêt.

Metz n'était pas très loin, à trois ou quatre kilomètres. Il n'y avait personne aux alentours et les résistants ne faisaient pas beaucoup d'efforts pour être discrets.

— Stop ! Que personne ne bouge ! hurla une voix forte en allemand alors qu'ils traversaient un énième bois.

****

Hello

Dernier chapitre de la petite  série

On est arrivé en France ! 😚

Un peu d'action maintenant 😋

Plume

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