JULIETTE
Avril 2025
La Fashion Week londonienne battait son plein.
Je courrais de défilé en défilé, de réception en réception sans voir les jours passer ni même les pays.
J'étais en route pour une soirée récompensant la mode mais ne serait pas libre de retrouver ma chambre d'hôtel avant d'avoir fait une apparition à l'after qui s'y trouvait par le plus grand des hasards.
-Tu seras placée à la table de Clémentine normalement.
-Et qui d'autre ?
-Son agent et moi.
-Bien. Je vais pouvoir souffler un peu et elle pourra me raconter son défilé Burberry tranquille.
-Tu aurais vraiment dû le faire, ça t'aurais ouvert une nouvelle porte.
-Je ne pouvais pas être à celui de Victoria Beckham et celui de Burberry en même temps.
-Si on avait..
-Non. J'ai assez donné les courses entre les défilés. Je n'ai plus rien à prouver à personne alors on peut faire des choix. Peut être que la saison prochaine leur défilé ne tombera pas en même temps qu'un autre.
-S'ils te réinvitent.
Elle continua de déblatérer mais je me perdis dans l'écran de mon téléphone et ma conversation avec Len.
@mister_bn : t'as du temps pour qu'on s'appelle ce soir bébé ?
@juliette_blanchard : en route pour une soirée qui comprend un after dans le package...
@juliette_blanchard : tu me manques Len.
@juliette_blanchard : Raph est toujours à Londres ?
@mister_bn : oui mais plus pour très longtemps. Il est encore trop près de Paris.
@juliette_blanchard : je ne trouve pas que je suis trop près de Paris actuellement.
@mister_bn : je viens te voir dès que les merdes avec le merch sont réglées.
@juliette_blanchard : j'aimerais que tu ne sois pas obligé de faire le tour de la terre juste pour quelques moments volés...
@mister_bn : j'irai jusqu'à la lune pour toi Juliette.
@juliette_blanchard : je t'aime.
@mister_bn : moi aussi.
-On est arrivées.
Après une série de poses et de faux sourires, je quittais le photocall pour suivre Claire dans la salle.
-Juliette !!!
Clémentine me fondit dessus avant de me tendre une flûte de champagne sans même me laisser poser mon téléphone sur la table.
-Putain meuf faut vraiment que je te raconte !
Son agent lui fit signe de se calmer un peu mais elle leva les yeux au ciel avant de terminer sa flûte d'une traite et de s'asseoir en m'attirant sur la chaise à côté d'elle.
-Je t'avais parlé de Mike ?
-Mike?
-Michael! De Vision!
Ah oui, le play-boy du dernier boysband à la mode !
-Oui tu m'en avais parlé. Mais je suis restée à l'étape des DMs moi.
-Il était au défilé Burberry!!! Front row! Rien de bien étonnant tu me diras mais je m'y attendais tellement pas! Surtout qu'il est ami avec le fils Beckham donc il aurait pu être au défilé de Victoria mais non ! Je l'ai tout de suite vu en entrant sur le podium et là j'ai tout donné !
-Ça aurait con qu'il ait été impressionné par une autre.
-Exact !
-Et alors ? Comment tu peux savoir que ta technique a marché ?
-Il m'a filmé et posté dans sa story. J'ai vu ça en me faisant démaquiller donc très poliment j'ai répondu en lui demandant si le défilé lui avait plu...
Elle faisait durer le suspens, elle adorait ça.
-Et ?? Demandais-je en terminant à mon tour ma flûte.
-Il sera à l'after tout à l'heure.
-Tu penses qu'il y a moyen de conclure ?
-Si on ne conclut pas ce soir on ne conclura jamais.
-Et tu fais quoi de ton musicien italien ?
-Massimo ? Oh c'est que de la galère avec lui.
-Mais t'adore les galères.
-Paraît-il mais Michael à vraiment l'air d'un chouette type.
Elle disait toujours ça.
-Et toi avec Len alors ?
-Rien de neuf.
-Vous vous êtes revus depuis la Saint Valentin ?
-Non.
-Ah bon ? Ça fait plus de deux mois !
-Je sais mais il avait sa tournée, moi les fashion weeks, les shootings et tout le bordel. On devait faire une pub pour Dior mais on a même pas eu le temps de la caser.
-Elle est terminée depuis un moment sa tournée maintenant non ? Demanda t-elle en alpagant un serveur pour qu'il nous resserve.
-Oui mais tu les connais, ils ont toujours des trucs en route. Il doit venir au Japon normalement mais on en a pas reparlé depuis un moment.
-Tu pars demain, tu devrais le relancer et vite.
J'haussais les épaules.
-J'ai vu que Raphaël était à Londres, j'aurais pensé le croiser.
-Selon Len il se terre dans une chambre d'hôtel.
-Pourquoi il est là alors ?
-Pour éviter Eugénie.
Elle grimaça avant de soupirer.
-Ça va faire quoi ? 3 mois ? Et j'en reviens toujours pas.
-Qu'ils se soient séparés ?
-Ouais. Ils étaient si bien ensemble ! Et si amoureux ! Tout allait bien au nouvel an pourtant et d'un coup bam. Ça je l'avais vraiment pas vu venir.
-Je crois que même eux ne l'avaient pas vu venir.
-T'as des nouvelles de Gèn ?
-Pas beaucoup.
-On devrait se faire une soirée fille quand on sera toutes à Paris, histoire de lui changer un peu les idées.
-Je ne pense pas que la meuf et l'ex de ses meilleurs amis sont les mieux placées pour l'aider à oublier son ex.
-Je ne suis pas l'ex de Medhi.
-Quasiment.
On dû se taire pour écouter la cérémonie mais on ne pu s'empêcher de bavarder à voix basses face à la somme pharaonique d'informations en anglais qu'il y avait à assimiler.
On se retrouva ensuite toutes les deux dans ma chambre d'hôtel pour se changer avant de descendre pour l'after.
Clémentine avait toujours accepté les choix des stylistes, maquilleurs et coiffeurs sans discuter. Quand elle arrivait sur un shooting ou dans une loge, elle enfilait ce qu'on lui tendait puis s'asseyait et se détendait le temps qu'on la pomponne.
Moi, c'était tout le contraire.
-J'aime pas cette robe.
-Juliette, Dior l'a envoyé pour toi.
-Sans me demander mon avis.
Claire était déjà à deux doigts de s'arracher les cheveux.
-Qu'est-ce que tu n'aimes pas ? Demanda t-elle calmement cependant.
-C'est entièrement transparent ! C'est pas une robe mais un filet ! Je suis censée mettre quoi la dessous ?
La styliste me tendit un ensemble de sous vêtements.
-Et bien c'est hors de question.
-Juliette on n'a pas le temps là.
Clémentine était déjà quasiment prête alors que j'étais encore dans ma tenue de la soirée.
-Combien de fois je vais devoir vous dire que je ne suis pas une barbie ? Et encore moins une prostituée !
-C'est Lénaïc le problème ?
-Pardon ?
-La robe, tu ne veux pas la mettre à cause de lui ?
J'éclatais de rire et j'entendis Clémentine pouffer derrière moi.
-Absolument pas. Lénaïc n'a jamais mis son grain de sel dans mes affaires et il ne le fera jamais. S'il n'aime pas certaines de mes tenues il se garde bien de me le dire parce que ce n'est pas mon chien de garde. Qu'est-ce qu'il y a de bizarre dans le fait que, moi, je n'ai pas envie de passer pour une fille facile ?
-Ce n'est pas si transparent que ça. Passes au maquillage, on verra après.
Comme si dix minutes allaient me faire changer d'avis.
Les paupières closes pour qu'on me les maquille, je triturais nerveusement mon téléphone, attendant nerveusement la réponse à mon énième message disant à quel point il me manquait.
Puis après quelques retouches à ma coiffure, on se retrouva à la case départ de la robe.
-Essayes la au moins !
Je l'enfilais juste pour lui faire réaliser que, même si la fine résille comportait des manches qui s'arrêtaient à mes poignets, on voyait tout ce qu'il y avait en dessous.
Tout ce que je détestais montrer.
Voyant que ni mon agent, ni la styliste ne semblaient disposées à faire un effort, je me tournais vers les quelques autres tenues du portant.
Après avoir écarté les premiers cintres, je tombais sur une autre robe Dior : en soie noire, coupe lingerie.
-Parfait.
-Juliette....
-Ils ont aussi envoyé la nouvelle collection joaillerie ?
-Oui, mais...
-Super. Je mettrais la parure verte.
J'enfilais la seconde robe sur la première sans plus écouter ses protestations avant de me parer des bijoux et d'une paire d'escarpins noirs.
Je me tournais finalement vers le miroir.
Le tulle de la première "robe" rendait mon buste brillant à cause des petits strass incrustés et la robe noire ajoutait un peu de couvrance.
J'adorais le résultat.
-Parfait.
Claire n'ajouta rien, signe qu'encore une fois, j'avais eu raison.
-Putain t'es canon Ju, mets toi devant la porte que je te prenne en photo.
Clémentine me mitrailla avant que je fasse de même pour elle et que Claire nous prenne ensemble.
En entrant dans l'ascenseur, je publiais une des photos de moi toute seule en identifiant Dior, l'hôtel et le partenaire qui avait organisé l'after avant d'en poster une avec Clémentine dans ma story.
"The French duet is in town 🇨🇵🇬🇧"
Les portes s'ouvrirent au même moment que je regardais la réponse de Len.
"De : Len ❤️⚡
J'ai dépassé le stade du manque. Je ne peux même plus fermer les yeux sans penser à tout ce que je voudrais te faire"
Je piquais un fard mais Claire me confisqua mon portable avant que je ne puisse répondre.
Voilà que moi aussi je n'allais pas arrêter de penser à tout ce que je voulais lui faire.
Et tout ce que je voulais qu'il me fasse.
Clémentine me plaça très vite un verre de vin blanc dans les mains et on arpenta la salle pour papoter avec un peu tout le monde.
On me demanda une cinquantaine de fois quel créateur m'avait habillé.
C'était quelque chose de flatteur.
Lire l'envie dans les yeux des gens.
Se dire qu'ils auraient voulu être à ma place pour avoir ce que j'avais.
Pourtant certains d'entre eux étaient acteurs ou chanteurs et avaient eux aussi ces privilèges là.
Mais le mythe du mannequin devait les faire rêver, même eux, qui vendaient du rêve au monde entier.
Je souris en apercevant Di Caprio dans un coin et en me remémorant la soirée passée à Cannes avec Eugénie il y a quelques années.
-Oh ! Michael est là ! Tu viens avec moi ?
Je repérais le chanteur tout seul dans un coin.
-Merci mais je ne veux pas tenir ta chandelle.
-On ne va pas se jeter l'un sur l'autre, on est des personnes civilisées.
-Je te connais Clem alors permets moi d'en douter.
Elle rit.
-Aller viens, j'aimerais que tu me dises comment tu le sens, t'es trop forte pour cerner les gens.
J'avais dû apprendre à le faire à mes dépends, mais je me retins de lui en faire la remarque.
Le visage de Michael s'illumina quand il vit que Clem s'approchait.
Elle devait me cacher quelque chose parce que personne n'avait cette réaction quand juste quelques DMs avaient été échangés.
-Hi Michael!
-Hi Clémentine.
Si elle n'avait pas craqué avant, elle l'aurait fait en l'entendant prononcer son prénom avec son charmant accent British.
-Je te présente ma copine Juliette, je ne sais pas si vous vous connaissez.
-C'est un plaisir Juliette.
-Pareil Michael.
-Oh appelez moi Mike.
-Les autres garçons ne sont pas là ?
-Non, ils préféraient se reposer avant notre concert de demain.
Il était donc vraiment deter pour la pecho.
-Si vous voulez venir d'ailleurs ce serait avec grand plaisir.
-J'adorerais ! S'empressa d'accepter Clémentine.
-J'aurais adoré mais je pars au Japon demain.
-OH vraiment dommage. J'aurais au moins gagné une fan.
-On échange les rôles. Tu m'as vu sur le podium aujourd'hui et demain c'est moi qui te verrais sur scène.
Je connaissais Clémentine depuis des années. Elle avait toujours été très directe mais ce flirt taquin ne lui ressemblait pas. Une part de timidité ressortait qui ne lui était habituellement pas présente quand elle avait bu quelques flûtes de champagne.
La même petite lueur brûlait dans les yeux du chanteur : ces deux là se plaisaient, ça allait bien au delà d'une attraction physique.
Il semblait en tout cas adorable et je ne pourrais que la pousser à enfin avoir une vraie relation avec quelqu'un qui en valait vraiment la peine.
Une main se posant sur mon épaule me sortit de ma rêverie en me faisant sursauter. Je tournais la tête et mon sang se glaça à la vue de cette main tatouée.
-Juliette ! Quel plaisir !
-Alexander.
Son prénom fut la seule chose que ma bouche pu prononcer avant que ma gorge ne s'assèche subitement.
Ses doigts pressèrent légèrement mon épaule avant que je ne fasse un pas de côté pour me défaire de son touché.
-Oh Alex !
Michael lui fit une accolade fraternelle avant qu'il ne se penche pour prendre brièvement Clémentine dans ses bras. Il failli faire de même avec moi mais je reculais une nouvelle fois d'un pas en feignant de boire une gorgée de vin.
"respire, tout va bien"
Leur discussion me parvenait dans une sorte de brouillard et je tentais de me reprendre en regardant partout sauf vers lui.
Mes yeux s'arrêtèrent tout de même sur sa main. Le crâne noir qui l'ornait arborait toujours ce sourire sadique. En voulant m'en décrocher, je baissais les yeux vers mes pieds et accrochais ses baskets du regard.
Des baskets blanches.
Toujours des baskets blanches.
Le logo Nike de cette paire était tout de même rouge ce qui me glaça d'un nouveau frisson.
C'était trop difficile.
-Comment ça Juliette tu ne viens pas au concert ? Tu adores la pop ! Lança Alexander.
-Je...
Ma gorge se serra à nouveau, obligeant Clémentine à finir ma phrase.
-Elle part au Japon demain matin.
-De toute manière ce n'est pas nous pauvres anglais qui t'intéressons.
Clémentine et Michael froncèrent les sourcils alors que je me résignais à enfin tourner le visage vers lui.
Il n'avait pas changé.
Il était toujours beau comme un dieu avec ses cheveux brun coupés très courts et ses yeux verts réhaussants son teint pâle.
Ces yeux qui transparaissaient une confiance en soin inébranlable et un talent fou selon tous les médias sportifs mais dans lesquels j'avais vu la plus grande cruauté, du sadisme et de l'indifférence.
-Toujours avec ton frenchy ?
Apparemment il n'avait aucun problème à faire semblant d'être les meilleurs amis du monde.
-Bien sûr. Répliquais-je sèchement.
L'air devenait vraiment trop chargé.
-Ton petit copain est français ? Demanda Michael.
-Oui, il est rappeur.
Une main se posa sur mon bras et je sursautais une nouvelle fois avant de me rendre compte qu'il s'agissait de Clémentine.
-Viens avec moi Ju, mon verre est vide. On revient tout de suite.
Elle m'entraina à l'autre bout de la salle, vers le bar, alors que la sécheresse dans ma gorge se muta en boule de sanglots.
-Ca va ? T'es devenue toute blanche.
J'attrapais un verre d'eau sur la table pour le vider d'une traite.
Clémentine leva la main pour me toucher une nouvelle fois le bras mais je me reculais avant qu'elle ne puisse aller au bout de son geste.
-Qu'est-ce que...
-C'était lui.
-Lui ? Alexander ?
-J'étais avec lui. Avant Len.
Son visage passa de l'incompréhension à la surprise puis à l'indignation.
-Le gros connard c'était lui ?
Et encore, je ne lui avais servie que la version light n'incluant que le harcèlement et les premiers épisodes de violence.
-Oui.
Ma voix sortit à peine.
-Je vais me le faire cet enfoiré...
Elle était prête à bondir mais je la stoppais.
-Non.
-Juliette...
-Ca lui ferait trop plaisir et il n'attend que ça. On peut aller ailleurs ?
Je me sentis soudain oppressée car, malgré la foule, je devinais sa présence dans la salle.
Il était beaucoup trop près de moi.
-Tu veux remonter dans ta chambre ?
-Oui.
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Le passé de Juliette refait surface, je vous présente le très peu charmant Alexander Wayne...
Vous en saurez plus dans le prochain chapitre qui comportera des flash-back de violences.