Précédemment :
"Je disais : je te ramène à Yuei. (Je hoche la tête.) Reposes-toi.
- D'accord..."
Je ferme les yeux tandis que la portière à mes côtés claque doucement.
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J'ouvre les yeux lorsque je sens que le ronronnement de la voiture s'arrête.
"Tu es réveillée ? m'appelle une voix grave."
Je tourne la tête vers Shota et le regarde. Il a l'air encore plus fatigué que d'habitude. Je m'en veux de lui imposer mon baby-sitting.
"Oui.
- Je vais sortir acheter deux/trois choses à la supérette, tu restes ici.
- Je peux attendre dehors ? J'aimerais prendre l'air."
Je n'ai pas à débattre longtemps, parce qu'il accepte aussitôt. Il a dû remarquer que ça n'allais pas parce qu'il ajoute :
"Je préfère que tu vomisses dehors plutôt que dans ma voiture."
(Sympa... Il ne connaît pas le tact lui...) Mais je dois avouer qu'il a raison, je ne me sens pas très bien, un bon bol d'air frais me fera le plus grand bien. Il ne m'a même pas laissé le temps de répondre qu'il était déjà dehors, et m'ouvrait la portière.
"Tu peux marcher ?
- Je crois."
Je sors tant bien que mal de l'habitacle, et me tourne vers lui.
"Va t'asseoir là-bas, je fais vite.
- D'accord."
Il me montre un banc du doigt, puis se dirige vers une supérette encore ouverte à cette heure plus que tardive.
Mon taux d'alcool n'a pas beaucoup redescendu, mais déjà, je me sens mieux sans tout ce bruit et grâce à l'air frais qui fait voler doucement mes cheveux lâchés. Je marche doucement vers le banc lorsque soudain mes oreilles s'agitent.
J'ai entendu du bruit.
Je n'aime pas ça.
Trois silhouettes s'approchent de moi. Des hommes. Ils ont l'air plus que louches, et sentent l'alcool à plein nez. Enfin... plus que moi en tout cas.
"Hey bonsoir ma jolie !
- Qu'est-ce que fait un petit chat par ici tout seul le soir ?
- Tu fais ta promenade nocturne ?
- ..."
Je ne préfère pas leur répondre et continue de me diriger vers le banc. Malheureusement, mes affaires, dont mon téléphone, sont restés dans la voiture de mon collègue.
"Ben alors... on a donné sa langue au chat ?
- AHAHAH ! Elle est bien bonne celle-ci chef !
- Tout comme elle, hein les gars ?"
Ils me répugnent. Je ne suis pas du tout en état de me défendre. J'ai un atroce mal de tête, et pour couronner le tout, je sens venir un nouveau vertige.
"Et si tu venais avec nous ?
- Non. Je n'ai aucune raison qui me pousse à venir avec vous.
- Ooooh mais c'est que le chaton sort ses griffes. J'aime ça.
- Allez, fais pas ta timide, on sait que tu veux t'amuser avec nous !"
Ils s'avancent de plus en plus vers moi, l'air menaçant.
"J'ai dit NON !
- Allez sal*pe ! Tu viens avec nous maintenant.
- Tu n'as pas le choix, tu es toute seule de toute façon."
L'un des trois m'agrippe alors le poignet avec une telle force que je ne peux pas le retirer. Alors ça y est. On en arrive à la violence, tout ça pour un "simple" refus ? Mes oreilles se couchent montrant ma peur. (Shota... où es-tu ? Dépêche-toi s'il te plaît...)
"Oui regarde, personne n'est là pour te sauver. Même pas un petit héros minable. Alors fais pas ta p*te et viens avec no-"
Soudain il s'arrête de parler et écarquille les yeux. Je sens une main chaude se poser sur le haut de ma hanche, et un corps se rapprocher de moi. Je ne sursaute pas, ayant senti son odeur avant même qu'il n'arrive près de nous, mais je frissonne lorsque je sens son pouce caresser inconsciemment mon dos nu.
"Je crois que la demoiselle vous a dit non.
- T'es qui toi conn*rd ?
- Je suis son petit-ami. Alors si vous osez encore poser la main sur elle, ou même ne serait-ce que les yeux, je vous le ferais regretter."
À ces mots, mon cœur loupa un battement. (Ce n'est pas le moment de penser à ça Léana...)
"Ahah ouais, j'attends de voir ça ! On est trois contre un, tu vas faire quoi ?
- Ah je vous ai dit aussi que je suis Eraser Head, un héros professionnel ?"
Il activa alors son alter. Les cheveux dressés, les yeux rouges fixés sur les trois hommes et l'air menaçant, il me chuchote :
"Ça va ? Tu peux tenir debout toute seule ?
- Je crois oui... Merci d'être venu à temps."
Il hoche la tête et me lâche s'avançant doucement tel un prédateur vers ses proies.
"Je ne suis pas en service et pourtant je suis obligé d'intervenir. Vous m'avez-mis de très mauvaise humeur."
Je n'ai pas suivi le "combat" parce qu'un violent vertige m'oblige à m'asseoir en vitesse. La tête entre mes bras, j'ai seulement pu entendre des cris de douleur, puis d'un coup, plus rien.
"Oui allô ? Ici Eraser Head. J'ai assommé trois agresseurs qui s'en prenaient à une civile... [...] Oui, je n'ai pas fait comme d'habitude, mais je n'avais pas mon arme de capture sur moi... [...] Je suis à côté de la supérette XXX. Je vous attends..."
Des pas s'approchent de moi. Je relève la tête vers Shota. Il s'est accroupi devant moi et me regarde de ses yeux blasés habituels, l'air tout de même un peu inquiet.
"Tout va bien Léana ?
- Oui, oui, merci Shota. Merci pour tout."
Il hausse un sourcil, montrant son incompréhension.
"Merci pour le duvet ce midi. Merci pour tout à l'heure dans le club, et merci pour ce qui vient de se passer. Dans mon état, je ne pouvais pas du tout me défendre..."
Il me tend une main pour m'aider à me relever, ce que j'accepte avec plaisir.
"C'est normal."
J'ai soudain eu comme des remords. Je pousse un petit rire nerveux.
"Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
- Tu as dû passer un horrible anniversaire à cause de moi.
- Je ne dirai pas ça..."
Mais il s'arrête là. Sentant qu'il n'en dirait pas plus, je n'insiste pas.
"Tiens prends ça."
Je baisse les yeux sur ce qu'il me donne. Une bouteille d'eau et une compote à boire. Je remarque qu'il a également dans son autre main, un petit sachet en papier.
"C'est donc ça que tu as été acheté ? Merci."
Je "m'empresse" de boire de l'eau, sous l'œil attentif de mon ami. Je suis en train d'entamer la compote lorsqu'une voiture de police arrive. Je laisse mon collègue s'occuper de tout raconter aux forces de l'ordre pendant que je sirote le contenant. (C'est pas mauvais ce truc... Je devrai lui en piquer à l'occasion.) Je fais un petit sourire, le regard perdu dans le vide.
Je me dirige le temps qu'il termine vers le banc pour m'asseoir. Vu mon état, je préfère, on ne sait jamais. Grand bien m'en fasse parce que mes jambes me lâchent tout à coup. Je pose mes mains sur ma tête. J'ai quand même sacrément mal, même si cela va mieux depuis tout à l'heure, grâce à l'eau que mon ami m'a forcé à boire.
J'ai froid. Mon gilet est dans la voiture de Shota, et le peu de tissu que possède ma robe ne m'aide pas beaucoup.
"Chat."
Au moins comme ça j'ai ma fourrure pour me tenir chaud. Je me roule en boule et ferme les yeux quelques instants.
"Léana ? Qu'est-ce que tu fais comme ça ?
- J'avais froid.
- Ça se tient... Tu viens ? On rentre.
- Shota ?"
Il s'apprêtait à partir, mais se tourne vers moi, les mains dans les poches, dans l'attente de la suite :
"Tu... Tu veux bien me porter ? Je n'ai plus la force de marcher... dis-je en baissant la tête."
Il soupire, mais il s'approche tout de même de moi et me prend délicatement dans ses bras.
Contre son torse, je peux sentir sa délicieuse odeur légèrement sucrée et boisée, comme une odeur de pommes chaudes et de pin. Je suis bien ainsi, dans ses bras chauds et musclés. Blottie dans le cocon de ses bras, je ne peux que fermer les yeux et m'endormir après cette journée épuisante après une pensée :
"Il sent bon... je préfère son odeur à celle d'Hizashi..."