Pour moi, jeudi rime avec agonie. Avez-vous déjà passé une journée en accumulant 2 heures de maths, histoire, 2 heures de littérature et biologie ? Moi oui, une fois par semaine je passe la pire journée de tout les temps.
" Hello honey ! " dit le blanchâtre. Il pose ses lèvres collantes sur ma joue.
" Bwa, t'as bouffé quoi t'es tout collant. " Hurlais-je presque.
" Ehm... Rien de particulier... " Il dit.
" Mouais. T'aurais pas embrassé quelqu'un ? " Je demande agressivement.
Mais qu'est que ça peut te faire ? Me souffle ma conscience.
Rien mais s'il embrasse quelqu'un alors que tout le lycée nous croit en couple, je vais passer de féminine à cocue. Et là, aux grands dieux, je jure sur ma vie que... Que... Je sais pas ce que je fais, mais il n'en sortirai pas indemne.
" Pourquoi ? T'es jalouse ? " Je le frappe.
" Non mais si tu as le malheur de le faire alors que le lycée nous voit ensemble, je te massacre. " Je lui souris de la façon la plus hypocrite qui soit.
Ce benêt rit et m'entraîne à l'intérieur du lycée.
" J'ai pas envie. " Je gémis.
" Moi non plus mais vois le bon côté des choses, on commence par biologie, et on est ensemble. " Il me fait un clin d'œil et je fais semblant de vomir. " Arrête, je sais que tu me kiffes à mort, chérie. "
" Ah mais de trop mon amour... " Je prends une voix de pouf et le regarde, blasée.
Il rit et me traîne jusqu'au labo de biologie.
*
" Une dissection ? Sérieux ? " Je demande, enthousiaste.
Je vous en pris, ne me prenez pas pour une psychopathe, c'est juste que c'est bien plus intéressant que d'étudier la biocénose et la biomasse d'une forêt.
" Oui. " Me répond mon professeur. " Mettez vous par deux et venez chercher vos grenouilles. "
Michael s'avance vers moi et me tend une affreuse blouse blanche, pleine de tâches non identifiées.
" Tu sais qu'une fille ne réagit pas comme ça quand on lui annonce une dissection. " Je souffle. " Généralement elles font : euuuurk. " Je rigole face à cette imitation ratée. " Mais je préfère que tu réagisses comme ça parce que je pense qu'on va vraiment bien s'éclater. " Il met sa main en l'air comme pour m'inciter à lui faire un high-five mais je l'ignore.
" Tiens, tu as lâché Jacky Chan pour te mettre avec moi. " Remarquais-je. " C'est bien trop d'honneur, monsieur Clifford ! "
" En réalité, c'est lui qui m'a lâché, mais prenons-le dans ce sens si cela vous fait plaisir, mademoiselle Fawkes. "
J'ignore sa réponse et lui ordonne d'aller chercher notre amphibien, ce qu'il fait. Aaahhh ce qu'il est soumis...
Il revient et m'agite l'animal mort sous le nez.
" Dis bonjour à Géraldine. C'est notre animal de compagnie, étant donné que l'on est en 'couple', il nous en faut un. "
" C'est tellement plus mignon qu'un chien. " Je touche la chose du bout des doigts.
" Et plus orignal. "
" Et moins niais. "
" Et... "
" Et ta gueule Clifford. Pose moi cette chose visqueuse sur la table que je lui ouvre le bide. "
" T'es crade, honey. "
Pour toute réponse je lui lève mon majeur, et il me pince en riant.
Tiens, il t'as appelé 'honey' et a mentionné le fait que vous formiez une pseudo-couple, et tu n'as même pas rechigner. Peut-être que l'idée ne te déplaît plus... Me souffle ma conscience, pour la deuxième fois de la journée.
C'est ça, oui.
*
Alors que la dissection se passait entre ordres lancés à mon camarade, insultes et sang de grenouille, ce dernier eut, pour une fois, une brillante idée.
" Tu n'as vraiment pas envie d'aller en cours après ? "
" Non, je suis fatiguée. "
" On sèche ? "
" Waaah, est-ce-que Michael Clifford me proposerait de faire l'école buissonnière avec lui ? "
" T'aimerai bien, hein ? " Il agrémente sa phrase d'une danse de sourcils ridicule.
" Ouais. " Répondis-je à sa question principale. " On sort après ? "
" Let's go ! " Il réessaie de me faire un high-five, auquel je réponds, cette fois-ci. " Tu connais la sortie pour ne pas se faire remarquer ? "
" Tu me prends pour une débutante ? "
" S'cuse, j'avais oublié que je parlais à Alix Fawkes. " Je lui mis une petite tape derrière la tête.
" Ne t'avise plus de l'oublier. "
Il rit et son rire me contamine, si bien que notre prof nous rappelle à l'ordre.
*
Nous attendons qu'un groupe de sport passe et on se fond dans la masse pour réussir à sortir par le portillon. Une fois dehors, il nous suffit de s'éclipser discrètement sans que le prof nous voit.
" Bon bah on a réussit. " Me dit Michael une fois hors du groupe de 5ème année. " On fait quoi ? "
Mon ventre gronde, répondant à ma place, ce qui fait rire Miss Gaga.
" Je propose... "
" ... Dunkin' Donuts ! " On dit d'une même voix.
*
On était assis dans l'herbe, chacun avec son donut et son smoothie, quand il gâcha tout et ouvrit la bouche pour parler.
" Sinon, pas trop stressée ? "
" Stressée pour quoi ? " Demandais-je en feignant l'ignorance.
" Le bal. " Il lève les yeux au ciel.
" Ne lève pas les yeux quand tu me parles. Insolent. " Il rit. " Pourquoi je devrais être stressée ? "
Parce que tu es loin d'être féminine.
Je suis assez féminine pour porter des jupes et me maquiller. Alors je suis assez féminine pour aller à ce foutu bal, être élue reine et gagner les 200$ mis en jeu. Alors non, je ne stresse pas.
Ou du moins, pas assez pour le lui avouer.
" Même pas un peu ? " Insiste-t-il.
" Tu trouves que je suis féminine ? " Je change de sujet.
" Quoi ?! " Il manque de s'étouffer avec son smoothie. Tant mieux, aha. " Bien sûr, tu as fait plus de 'progrès' en un mois que n'importe qui en Australie. Tu n'es peut-être pas un exemple de féminité mais moi je te trouves géniale comme ça ! "
Je souris. J'ai bien conscience qu'il essaye de me rassurer mais j'espère au fond de moi qu'il a raison.
À ce moment, je remarque notre proximité, ainsi que le fait que l'espace qui nous sépare est lentement en train de se réduire. Sa tête se rapproche lentement de la mienne, si bien que nos nez se frôlent, et que je peux sentir son souffle s'abatte lourdement sur mes lèvres.
Je lève les yeux et me plonge dans les siens. Il me fixe, comme pour demander ma permission pour faire ce geste qui pourrait l'entraîner à sa perte.
Mon manque total de réaction et mon hésitation ont dû être très mal interprétés étant donné qu'il posa brusquement ses lèvres sur les miennes.
Au départ je ne réagis pas, trop occupée à assimiler les événements qui se passent en ce moment. La décharge électrique que me procure le contact de ses lèvres sur les miennes me ramène à la réalité. Je saisis le reste de mon smoothie, me décolle de lui et lui jette à la face.
" T'es taré, dude ? " Je cri, alertant des adultes autour de nous, et lui lance la moitié restante de mon beignet à la gueule. " Je te l'ai déjà dit, je suis pas une de tes putes avec qui tu peux baisser dans les chiotte. Connard. "
Sur ce, je pars, non pas sans repasser dans le magasin pour me racheter un beignet et un smoothie. Pendant la file d'attente je consulte mon téléphone. 5 nouveaux messages.
De : Juliet lapabel
T'es où ? Je te garde une place ce midi.
Me réponds pas surtout. 😒 T'es avec Michael c'est ça ? 😏 Je vous laisse. Mais dis-lui que s'il te touche j'le démonte.
Ma petite Juliet, on a des trucs à se dire... Je crois que si je lui dis, le pauvre Michael va s'en prendre pleins la gueule...
J'vais me gêner, tiens !
De : Eden
Tu fous quoi ? Encore avec l'autre là ?
De : Nolan
Ouuuuuh la petite racaille, elle sèche les cours !!! 😱 Rentre pour midi, je crois qu'Eden va péter un câble. 😓
De : Dracula
Je suis désolée Alix, j'ai du mal interpréter quelque chose. Tu es où ? On doit rentrer.
Je vais répondre à tout ce petit monde quand même.
À : Juliet lapabel ; Eden ; Nolan
J'arrive, gardez-moi une place à table.
À : Dracula
Nique ta mère, toi. J'm'en bats les reins que tu aies mal interprété quoique ce soit je t'avais prévenu mais apparement c'est pas passé dans ton cerveau de pauvre con. Alors j'espère que le smoothie t'aura remis les idées en place et que tu ne t'aviseras plus de faire ça. Je rentre solo. Viens plus me parler avant le bal, couillon.
Sur ce message pleins d'amour et de bons sentiments, je paie ma commande et repars en direction du lycée.
*
Quand je reviens au bahut, j'arrive à faire passer ma petite sortie pour un rendez-vous médical.
" Et vous ne savez rien à propos de Michael Clifford ? " Demanda le surveillant qui, à mon avis, passé trop de temps à regarder des séries policières.
" Absolument rien. "
Si ce bouffon pense que je vais le couvrir.
*
" Eh bah, la voilà notre petite délinquante ! " Cri Nolan quand je passe la porte du self.
Je lui adresse mon majeur et me mets dans la file de la cantine.
Lorsque je pose mon plateau sur la table de mes amis, je remarque tout de suite le regard noir d'Eden. S'il ne sort be serait-ce qu'un seul reproche, j'explose et risque de leur raconter tout, comme le ferai une gamine qui vient de conclure avec son copain. Beurk.
" Alors ? Que s'est-il passé d'intéressant ? " Demande Juliet.
Je lui fais un regard qui insinue 'je te raconte ça APRÈS manger' mais elle ne semble pas très réceptive à mes signaux. C'est quoi le problème des gens à ne pas comprendre clairement ce que je leur dis ?
" Peu importe. C'était complètement irresponsable de ta part. " Me sermonne Eden.
Mais il s'arrête aussitôt en jetant un regard noir derrière moi. Je me retourne et... Au malheur. Le bouffon est là. Le t-shirt recouvert de smoothie à la fraise.
Automatiquement, je me lève, sans savoir pourquoi.
Bravo Alix, tu viens de te faire repérer.
Argh. Je lance aux autres des appels au secours que tous captent rapidement. Ils prennent leur sandwich et sortent de la salle avec moi.
" Putain, mais c'est quoi ce bordel à la fin ? " Vocifère Eden une fois dehors.
" Michael m'a embrassé. " Je prends une énorme bouchée de mon sandwich.
" QUOI ?! " Hurlèrent Eden et Juliet en même temps.
Nolan, lui était mort de rire.
" Je savais que ça arriverait, mais pas aussi tôt ! " Il rit de plus belle.
" Bouffon. " Je grogne.
*
J'ai réussi à terminer la journée en évitant totalement de croiser Elza. Juliet aussi était résolue à ne pas le laisser s'approcher de moi. Eden, quant à lui, avait essayé de me trouver un cavalier parmi ses coéquipiers de foot pour la fête qui avait lieu dans 8 jours.
Mais une fois chez moi ce soir, il m'appela.
Je laisse mon cellulaire sonner pendant plusieurs secondes et finit par me dire que le fuir ne servirai à rien. De toute façon, je préfère lui parler par le biais de mon téléphone qu'en face à face.
Lâche, je sais.
" Allô ? " Je demande, hésitante.
Hésitante ? Non, Alix. Tu veux pas lui dire que tu l'aimes et que tu veux te marier avec lui aussi ? Garde un minimum de dignité. Déjà que cet enculé t'a volé ton premier baiser, ne le laisse pas penser qu'il a le pouvoir de te faire perdre tes moyens en t'embrassant.
" Ehm... Qu'est-ce que tu veux ? " Demandais-je en essayant de paraître un peu plus sûre de moi.
" Alix, je suis désolé. J'ai mal compris. Je pensais que... "
" Non, tu pensais à rien du tout. Tu es débile Michael. Tu m'as volé quelque chose que je comptais donner donner à la personne que j'aimerai réellement. Pas à un garçon qui n'a pour seul objectif de me transformer en quelqu'un que je ne suis pas. Je ne peux pas aimer une personne qui ne m'aime pas tel que je suis. " J'ai plus l'impression d'essayer de me convaincre moi que de le convaincre lui.
" C'était ton premier ... " Il s'arrête.
" Oui, Michael. C'était mon premier baiser. " Silence. " Tu entends à quel point je sonne pathétique ? Je te déteste. "
" Alors... On oublie le bal ? "
" Tu vois ?! " Vociférais-je. " Tu n'as que ça à la bouche ! Le bal, le bal, le bal. Tu ne peux pas arrêter de parler de ça. Il se passera quoi après ? Rien. Alors laisse-moi Michael. "
" On parlera de ça demain, Alix. Tu dis n'importe quoi. "
Sur ce, il raccrocha. De rage, mon téléphone percuta le mur de ma chambre de pleins fouets.
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⭐UPADATE⭐️
Un très long chapitre pour vous !
Dites-moi ce que vous en pensez parce que j'ai pas l'habitude d'en écrire des aussi longs !
Luv u all 💕 xx 🙏