Prise de risque

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Bastien ne tarde pas à me rappeler, il me branche sur une soirée à la sortie de la Rochelle, un peu loin du domicile de Marielle, mais comme elle est quasiment en colocation avec sa nouvelle amie du moment, elle est bien placée pour trouver les meilleurs spots pour danser.

Stella l'entraîne sans vergogne dans son sillage sans mesurer les conséquences que cela pourrait engendrer sur leur couple. Car Marielle sous ses airs de femme qui assume sa nouvelle vie festive entretient un lien indéfectible avec Léo, celui qui l'a prise sous sa houlette dès son plus jeune âge, son seul protecteur pendant toutes ces années. Tel un papillon de nuit attiré par les lumières, elle risque désormais de se brûler les ailes.

Je m'habille pour la soirée avec un soin particulier. Je mets du gel dans mes cheveux. Mes chaussures bien cirées et ma chemise blanche ne manqueront pas de l'attirer dans mes filets. Enfin, je crois. Après toutes ces années de complicité, notre relation peut aboutir à un duo charnel, celui dont je rêve depuis mon adolescence. J'essaie de m'en convaincre. Devant la glace, je m'amuse à répéter des phrases censées la séduire au moment opportun :

— Alors, Marielle, je te croyais toujours avec Léo. Et te voilà, plus belle que jamais, par hasard, à cette soirée. Le célibat te sied à merveille. Je te sens épanouie. On va fumer dehors tous les deux pour évoquer le bon temps ?

Voilà comment je l'aborderai. Je masque mes mains tremblantes. Ce soir, c'est l'instant de vérité. Ma vie va peut-être changer. Enfin.

22h00. J'ai fait en sorte de ne pas arriver trop tôt, je m'engouffre dans l'immense salle louée pour l'occasion. Le champagne coule à flots, des montagnes de petits fours s'offrent aux invités qui se trémoussent sur un air de rap. Je ne sais même pas qui est l'organisateur. Qu'importe. Mon regard va de fille en fille, de décolletés en talons aiguilles pour essayer de repérer celle que je cherche. La foule compacte m'oblige à me frayer un passage, je m'excuse mille fois du dérangement. Je commence à transpirer, le découragement me guette.

Et si je jetais un coup d'œil aux toilettes ? En général, la plupart des filles y passent la moitié de la soirée. Bingo. Elle est là, dans une robe bustier rouge. Des bas à petits nœuds couvrent ses jambes fines et musclées, le tout agrémenté de bottines vernies. Encore plus belle que dans mes rêves. Je me dissimule derrière un poteau en haut de l'escalier. Je prends le temps de l'observer. Je reconnais aussitôt sa nouvelle copine blonde, Stella.

Je ne peux m'empêcher de grimacer à sa vue. Qu'est-ce qu'elle peut être vulgaire. Du mascara noir qui déborde au coin de l'œil, un jean déchiré, un top qui s'arrête au niveau du nombril. Rien à voir avec la classe naturelle de Marielle. J'entends son rire métallique résonner dans le couloir. Elle a déjà bu, n'est plus dans son état normal. C'est ce que j'espérais.

Je réfléchis à la façon dont je vais l'aborder, je souhaite absolument qu'elle soit seule, ce qui arrivera à moment donné. Justement, Stella papillonne d'un garçon à l'autre, se love dans les bras d'un grand blond, puis donne un baiser à un petit brun. Leurs déhanchements lascifs attirent tous les regards. Soudain, d'un mouvement leste et soudain, un grand frisé vêtu d'un jean et d'un sweat-shirt informe l'attrape d'une main ferme et l'entraîne dehors.

Marielle, désormais accessible, se dirige vers le bar et s'assoit sur un siège haut, dans une attitude rêveuse. J'en profite pour me hausser sur le tabouret voisin. Elle m'observe, surprise, et réalise qui se trouve à côté d'elle.

— Jonathan ! Quelle surprise !, s'exclame-t-elle en me détaillant de la tête aux pieds.

— Incroyable, non, de se retrouver ici tous les  deux, répliqué-je, le plus naturellement possible. Comment vas-tu ?

À la dériveWhere stories live. Discover now