Balcon #2 (c'est pas une suite)

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- T'as jamais eu envie de tout détruire ? Ta vie je veux dire. Puisqu'il n'y a pas grand chose à sauver, pas grand chose de beau.
Le soleil ou la pluie c'est la même chose pour moi, le jour ou la nuit, des bras ou des jambes. Je ressens presque rien Rémi.
J'ai envie de crier à chaque seconde, d'oublier les lois et de faire de la merde jusqu'à en mourir. J'ai envie d'arrêter d'être le gentil silencieux que tout le monde prend pour un fantôme dérangeant leur bruit paisible.
J'ai envie de partir en vrille, avec autant de joie que de désespoir, tu comprends ?
La joie, je sais même pas si je l'ai.

- C'est bien la première fois qu'on a le même point de vue sur un sujet.

- ...Toi aussi ?

- Hum. Ces yeux étaient fixés sur la rambarde de fer abîmée par le temps et les coudes venus s'y poser.

Balcon d'un studio d'enregistrement parisien et cigarettes, bras d'un grand bouclé autour de mes épaules avachis. Peut-être que c'est la seule chose qui pouvait me calmer.

- Maladif. Un léger sourire se dessina.

- Ahah oui purée, j'irais pas jusqu'à braquer une banque. Fut ma réponse, accompagnée d'un hochement de tête pour me convaincre moi-même que j'en arriverais jamais là.

- Clairement pas, on est juste des petits apaches.

- Des voyouuuus. (<-- clairement dit comme un hurlement de loup)

Rires entremêlés comme nos mains. Sourire dissimulé par la nuit. Peut-être que c'est ça qui m'empêchent de tout foutre en l'air. Lui, ses gestes et ses mots.

- Tu penses à quoi pour continuer de sourire comme ça ? Son regard sur moi.

- Je fais la différence entre tes bras et tes jambes à toi.

- Qu'est-ce que tu nous racontes là Alien, quel con. Il riait à tout.

- Et j'ai besoin des deux je crois.

- Quoi ?

- Enfin non, j'ai besoin de tout.

Mes lèvres sur les siennes, l'échange de cette fumée toxique. Ses mains sur mon torse. Son étreinte. Je vais mieux maintenant, même si ça ne dure qu'un temps.

- Arrêtes d'être un poète tu veux ? Il avait murmuré à mon oreille, c'était doux.

Son dos, lui s'éloignant vers la lumière alors que j'étais resté seul sur le balcon. C'était ça, l'abandon qui me faisait mourir.

- Tu viens ?

Merde, lui il ne part pas seul.

- Al' ?

Il ne part pas.

Aliex (zéro profondeur dans le titre)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant