Prologue

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Nous pensons tous avoir une vie parfaite jusqu'à ce qu'un brusque événement nous ramène à la réalité...

Par cette chaude journée d'été, j'attends patiemment depuis une heure déjà la sortie de ma sœur. Assise sur un banc en face de mon établissement, je profite de la fraîcheur que dégage l'arbre qui me sert d'abris contre ce soleil brûlant. Je soupire d'impatience...
Les parents viennent chercher leur enfants, et ceux-ci se font rare. Je suis pratiquement la seule.

J'ai pas vu ma grande sœur sortir de la maison aujourd'hui, elle est sûrement partie tôt. Elle m'attend souvent pour cheminer ensemble mais là personne.

La plupart de mes amis sont rentrés sauf Eva qui est collée pour une heure .

La cour de récréation est exempt de toutes activités.

Je décide de m'occuper en lisant un livre. Je sort de mon sac à dos La nuit qui ne finit pas , d'Agatha Christie.
Je me plonge dans ce univers mystérieux et frissonnant quand Eva se plante devant moi. Eva, ma meilleure amie. Ayant déménagé dans nôtre quartier il y a peu, son apparence joviale et son intérêt sincère pour les autres m'a tout de suite attiré.

Sous ses airs de miss parfaite et de petite fille riche se cache un grand cœur, une véritable amie qui a toujours eu les mots pour me consoler.

- Allez viens, rentrons. Je pensais pas que tu m'attendais, dit-elle de sa voix suave.

Je me lève mais ne fait pas un pas.

- Au fait j'attendais Tirana.

- Ta grande sœur ! Elle n'est pas venue aujourd'hui au cours. S'exclame-t-elle

- Ah ! Bon ! Comment le sais-tu ?

- Je suis passée devant sa salle de classe, elle n'y était pas. Reprend-t-elle en écartant une mèche rebelle.

Je soupire d'exaspération. Pourquoi n'est-elle pas venue ? Elle n'est pas du genre à sécher les cours...

- T'en fais pas. Elle en seconde ! Peut-être qu'elle est rentrée tôt pour apprendre ses cours, dit Eva essayant de me consoler.

Sans trop comprendre pourquoi, je pressens qu'un truc pas nette se trame.
Je fais quelques pas à contrecœur puis nous prenons la direction de la maison. Le regard dans le vide, la tête pleine de supposition, je n'écoute pas Eva me raconter ses aventures passionnantes du week-end...

- Tu ne me semble pas très à l'écoute. Finit-elle par dire en s'arrêtant

- Excuse moi... Je me sens pas bien. Dis-je d'une petite voix

- Détend-toi, je suis sûr qu'elle est tranquille à t'attendre à la maison.

- Je l'espère bien...

Au bout de cinq minutes de marche, Eva rentre chez elle tandis que je longe la rue. Un minute après, je me retrouve devant ma luxueuse maison. Cet quartier paisible et cette demeure rassurante que j'aime tant ne réussit pas à calmer mes doutes.
Je pénètre d'un pas rapide dans la maison et je vois mes parents debout au milieu du salon. Ma mère semble être en pleure pendant que mon père essaie de la calmer. Je l'ai bien dit qu'il y a un truc qui ne va pas...

Ils semblent ne pas avoir remarqué ma présence...

- Qu'avons nous fait ? Demande ma mère en sanglotant.

Mon père le regard dur, les yeux fermés lui répond d'un air assuré.

- On a fait ce qu'il fallait faire. Tu n'a pas à te sentir triste.

- Oui mais que dirons-nous à Victoria ?

Mon père se détache de ma génitrice et fait quelques pas, comme il a l'habitude de faire lorsqu'il veut se lancer dans un long discours.

- On lui dira que... Victoria ? Dit-il en me remarquant brusquement

Mince ! J'étais tellement pris dans la discussion que j'ai pas pris la peine de me cacher. Mon père pris au dépourvu me fixe de ses grands yeux bleus. Ma mère quant à elle prend la peine de nettoyer d'un geste rapide ses larmes avant de se retourner.

- Maman ? je demande d'une petite voix

Elle sniffe bruyamment et s'approche de moi.
Mon père se détend et laisse faire ma mère.
Cette dernière s'agenouille à mon niveau et pose sa main sur ma joue.

- Vas dans ta chambre ma puce, change toi et nous allons déjeuner. explique-t-elle en me carressant le menton

Je sens mon père soupirer.
Il y a un truc qui va pas et personne ne veut me le dire...

Ils pensent m'écarter aussi facilement ?

- Tirana n'était pas à l'école aujourd'hui ! je lâche

Ma mère surprise regarde mon père. Ils échangent un regard lourd d'expressions.

- Quoi ! Qu'est ce qui ne va pas ? je redemande, je sais que vous voulez rien me dire.

Ma mère m'observe avec insistance. Elle ouvre légèrement sa bouche et commence :

- Tirana a...

- Vas dans ta chambre et reviens quant on t'appellera ! Intervient brusquement mon père

Je regarde ma génitrice espérant qu'elle s'interpose mais rien.

- Fais ce que ton père te dit !

Énervée, furieuse, confuse ? Je ne saurais dire. Je me dépêche de m'enfermer dans ma chambre. Je ne demande pas l'or ! Juste qu'on me dise ce qui s'est passé et cela concerne Tirana.

Quelques longues minutes plus tard, après le déjeuner, ils pénètrent dans la chambre. Je reste assise sur mon lit en pleine révision.
Ils s'approchent.

- Allez viens, il faut qu'on parle.

Je me redresse. Mon père affiche un air sûr de lui tandis que ma mère semble ailleurs perdue dans ses pensées.

- Écoute ma puce, ce qu'on va te dire va pas être facile. Mais il faut que tu comprenne que parfois les gens se comporte d'une manière que nous ne pouvons pas toujours expliquer.

Je sens que je ne vais pas aimer ce qui va suivre.

Ma mère m'attire contre elle. Je me laisse faire et respire son odeur qui m'apaise instantanément.
Mon père passe ses mains dans mes cheveux.

- Où est Tirana ? je demande timidement consciente que la discussion qui va suivre portera sur elle

- On ne sait pas pourquoi mais elle a fugué. Elle est partie, elle nous a abandonné. Lâche-t-il d'un coup

Partie ? Où ? Pourquoi ? Toutes ces questions se bousculent en moi cherchant désespérément des réponses.

Je me blottie contre ma mère laissant les larmes couler. Non ! Elle ne peut pas m'avoir fait ça.
Nous étions si proche.

ROSEIRA Chroniques D'un Royaume Perdu [ En Écriture] Where stories live. Discover now