11. Réunion de chantier

Depuis le début
                                    

Il ne laisserait pas Dylan traverser ce que lui avait eu à traverser. En tout cas, pas sans lui tendre la main pour essayer de le tirer de là.

– Dylan, mon grand, on va reprendre dans l'ordre, tu veux bien ?

– D'accord...

– Notre première rencontre a été... Disons que je ne l'oublierai pas de sitôt.

– Je suis vraiment désolé. Mais c'est pas ma faute : je suis toujours comme ça ! Je me précipite, je ne fais pas attention, je...

– Stop ! Arrête. Tu as beau avoir dix-huit ans, tu es encore un ado. Ou au mieux, tu es tout juste un début d'adulte. Personne ne te demande d'être parfait ! Dis, comment crois-tu que j'étais, moi, à ton âge ?

– À mon âge, toi, tu étais déjà un loup depuis longtemps ! T'avais déjà roulé ta bosse ! Et je sais que tu n'as pas fait autant de conneries que moi.

Eden eut l'impression qu'on venait de le gifler. Oui, Dylan avait raison : à son âge, il était déjà un loup. Mais contrairement à ce que semblait penser son compagnon de tiroir, personne ne lui avait laissé le choix. Il s'apprêtait à remettre le louveteau brutalement à sa place, mais il se ravisa et opta pour une autre tactique.

– Dylan, je crois qu'il faut que tu saches deux ou trois choses sur moi... et sur mon histoire. Je suis à peu près certain que tu ne sais pas tout, parce que ce qu'il s'est passé ce jour-là, c'est un sujet plutôt sensible. Pour tout le monde. Alors je vais te raconter ce que personne ne t'a jamais raconté.

Une lueur s'alluma aussitôt dans le regard du jeune homme.

– Dylan, je n'ai pas choisi de devenir un loup. Je suis devenu un loup parce que si Seth ne m'avait pas fait muter, je serais mort à treize ans. Je suis devenu un loup parce qu'il n'y avait aucune autre solution pour me sauver la vie. Et tu peux me croire, muter aussi jeune n'a pas été une partie de plaisir.

– Je ne savais pas...

– Je te l'ai dit : à La Hêtraie, c'est un sujet tabou. Pour faire court, le jour où je suis arrivé ici, je me suis fait attaquer par un loup, près de la vieille remise au fond du jardin.

Dylan, captivé par l'histoire, lui lança un regard interrogateur.

– La remise n'existe plus. Seth l'a démolie lui-même, de la toiture jusqu'aux fondations, pour que je ne revive pas ce moment pénible à chaque fois que je la verrais. Elle était là où se trouve maintenant la balançoire. Donc, il a fallu que je me vide de mon sang pendant trois jours pour qu'Emme finisse par obliger Seth à me transformer.

– Emma ? Obliger Seth ?

Eden sourit :

– Quand il s'agit de la harde, c'est Seth le big boss. Mais à la maison, c'est Emma qui gère. Je pensais que tu t'en serais rendu compte, depuis le temps que tu habites ici ?

– En fait, je crois que je passe plus de temps à les énerver qu'à les observer...

– Tu les énerves parce que tu ne tiens pas en place, oui. Mais ils t'adorent, et je me demande s'ils ne s'ennuieraient pas un peu si tu quittais la maison. En tout cas, si tu veux devenir profiler, il va falloir que tu apprennes à faire attention à ce qu'il se passe autour de toi, à la façon dont les gens agissent et réagissent. Parce que le diable est dans les détails, et la clef d'une enquête également.

– Et donc, elle a obligé Seth à faire de toi un loup ?

Décidément, il ne perdait pas le nord, le louveteau !

Les loups ne se mangent pas entre euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant