10. Discussions

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– Tu crois qu'il va être d'accord ?

– D'accord avec quoi ?

– Avec ce qu'on a prévu de lui demander. Je te rappelle que c'est aussi pour ça que j'ai décidé d'enterrer la hache de guerre : la famille avant l'individu.

Emma réfléchit un court instant avant de répondre.

– Ma foi, je ne vois aucune raison qui le pousserait à répondre « non » à la première question. En revanche, je t'avoue que pour la seconde, je suis un peu moins affirmative.

– Et si jamais il dit « non », on fait quoi ? Pour la seconde question.

– Écoute, ça doit bien faire six mois que je lui parle de Dylan. Même s'il ne l'a rencontré qu'aujourd'hui, il sait déjà à peu près tout ce qu'il y a à savoir sur lui. Alors si sa réponse est « non », je me charge de le faire changer d'avis. Et toi, pendant ce temps-là, tu te trouveras autre chose à faire : je ne veux surtout pas que tu t'en mêles ! Il m'a fallu plus de dix ans pour vous réconcilier après votre dernière dispute, je n'ai pas envie de devoir tout reprendre à zéro ! Sommes-nous d'accord ? demanda Emma sur un ton qui n'autorisait qu'une seule réponse.

Seth déposa les armes sans même chercher à combattre :

– Oui, ma douce. Bien sûr que nous sommes d'accord.

Des bruits de pas précipités sur le gravier, suivis de cris, vinrent interrompre la conversation.

– Tu ne m'attraperas pas !

– On parie ?

Seth et Emma se tournèrent vers la fenêtre, pour voir ce qu'il se passait : Dylan traversa la cour comme une flèche, suivi de près par Eden. Avant qu'il ait pu atteindre la grille qui menait aux vergers, Eden lui fit un superbe placage dans le gazon, et le louveteau se retrouva le nez dans la pelouse, coincé sous le poids de son aîné.

– Je me rends !

– Désolé, mais c'est trop tard...

Lorsqu'Eden se mit à chatouiller Dylan, celui-ci se mit à hurler de rire.

– Arrête ! Arrête ! C'est pas juste ! T'es même pas chatouilleux !

– Tu n'aurais jamais dû chercher à le savoir, jeune padawan.

Dans le salon, les adultes, rassurés, s'amusaient beaucoup du spectacle.

– Tu crois qu'il faut que je les sépare ? demanda Seth.

– Pas tant qu'il n'y a pas de sang qui coule sur mon gazon anglais, ou que l'un des deux ne crie pas « au secours ».

– Tu es dure, là.

– Moi ? Pour la tranquillité des familles, je les laisse saboter mon gazon anglais, et tu trouves que je suis dure ? Ne t'en fais pas : Eden saura s'arrêter avant que ça dégénère, sans compter que c'est une bonne façon pour lui de poser ses limites. Et puis franchement, c'est la première fois depuis un sacré bail que je les vois aussi heureux, l'un comme l'autre. Ça vaut bien deux mètres carrés de gazon.

– Ça, pour ce qui est d'être heureux... J'espère seulement qu'ils ne le seront pas trop.

– Comment voudrais-tu qu'ils soient « trop » heureux ?

– Ça m'ennuierait que leur relation...

Seth ne poursuivit pas : il savait très bien qu'Emma avait saisi. Même si elle fit mine de ne pas comprendre :

Les loups ne se mangent pas entre euxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant