[ Chocolat chaud, Neige blanche ] - Chanlix

Chocolat Chaud, Neige Blanche

Qui il aimait.

Il se figea une seconde, la bouteille de lait à peine redressée après avoir accompli son devoir. L'instant passa, et il se reprit, rangeant le désordre qu'il avait créé sur le comptoir. Bien sûr, il aimait tout le monde dans son groupe d'amis. Mais il y en avait un qu'il aimait de façon un peu différente. C'était probablement pour ça que son visage était apparu à cette pensée plutôt que toute leur bande. Il avait toujours su que cet amour n'était pas le même que celui qu'il donnait aux autres, et c'était si naturel, il ne l'avait jamais questionné. Il y avait tous ses amis, qu'il aimait comme des frères.

Et puis il y avait Chan.

C'était confortable, se disait-il en remuant son chocolat chaud qui était plus au stade de chocolat froid qu'autre chose. Chan était spécial pour lui, de plusieurs façons. Ce n'était pas quelque chose qu'il essayait de cacher ou qui le faisait paniquer au moindre signe d'affection. Il ne faisait que recevoir sa gentillesse, sa douceur, ses sourires, le prendre dans ses bras quand les temps étaient durs, lire ses pavés de texte envoyés à trois heures du matin sur de grandes réflexions philosophiques oubliées au matin. Tout le monde savait que Felix lui accordait un traitement privilégié, Chan compris, de la même façon que tout le monde savait que Chan le regardait avec des étoiles dans les yeux, Felix compris. Il avait entendu des centaines d'échos des louanges qu'il chantait pour lui, quand il ne lui disait pas en face. Ils avaient été ensemble à des concerts de Twice, hurlant les fanchants, leurs mains liées agitant en rythme leur lightstick. Ils avaient dormi ensemble, blottis dans le canapé en cuir de Seungmin après une longue soirée, se servant mutuellement de coussin. Ils avaient eu ce moment qui lui donnait toujours des papillons dans l'estomac, quand après quelques verres de trop Chan s'était blotti au creux de son cou pour l'y embrasser doucement et qu'il avait caressé ses cheveux en retour.

Oui, Felix l'aimait d'une façon très différente des autres.

Il retira sa cuillère, la mettant à la bouche pour la nettoyer sommairement, le goût amer le faisant grimacer. Il lui restait encore à deviner combien de temps il fallait mettre sur ce micro-ondes, dont la magie noire l'avait laissé perplexe pendant tout leur séjour. Ces machines du démon étaient uniques à chaque maison et ne fonctionnaient jamais de la façon dont on l'aurait souhaité. Après quelques secondes de réflexion intense se basant sur ses expériences passées, il se décida sur un temps et fut récompensé par un vrombissement accompagné d'une lumière jaunâtre exposant la tasse tournant lentement. Si il était assez attentif, il pourrait ouvrir juste avant que l'alarme du minuteur ne réveille tout le monde. Tout ce qu'il avait à faire, c'était se concentrer.

Ce qui était assez difficile à faire en ce moment, si il devait être honnête. Parce que la situation avec Chan était confortable, leur relation était confortable, mais passer tout ce temps avec lui dans un environnement si différent de ce à quoi il était habitué lui faisait perdre pied. Être familier avec son sourire un peu de biais ne l'avait pas préparé à voir ce même sourire alors qu'il sortait du sauna, torse nu et luisant. L'admirer en train de jouer d'un instrument de musique était une chose, le voir faire un salto dans les airs avec son snowboard en était une autre. Si Felix devait trouver des mots pour définir son problème, il dirait probablement que le jeune homme était devenu difficile à ignorer. C'était difficile de ne pas protester quand la répartition des chambres d'une partie de pierre papier ciseaux l'avait empêché d'être avec lui. C'était difficile de ne pas avoir une pointe d'irritation quand des gens lui demandaient son numéro en bas des pistes. C'était difficile de lui lâcher la main quand il lui prenait. Difficile de ne pas graviter vers lui. Difficile de ne pas penser à lui.

Frappé d'un éclair de lucidité, il ouvrit à la volée le micro-ondes, une fraction de secondes avant le bip redouté. Avec un soupir de soulagement, il sortit sa tasse, testant la température du bout de la cuillère. Un peu trop chaud, mais il pouvait attendre. Se poser dans le salon, regarder par la baie vitrée géante remplaçant tout un mur, et profiter de la chaleur offerte par la cheminée semblait être un bon plan pour patienter. Il coupa la lumière, faisant quelques pas hésitants avec sa main libre tendue pour avancer à tâtons jusqu'au salon. Il commençait à regretter d'avoir abandonné son téléphone sous son oreiller, une lampe de poche aurait été utile. La lueur distante des flammes finirent par redevenir visibles, et il se détendit, la force avec laquelle il serrait la tasse diminuant.