Ma chère Jeanne,
Je t'écris cette lettre que tu ne liras peut-être pas car tu m'auras oublié. Je suis là à t'attendre et pourtant je sais que tu ne viendras pas. J'écoute Chopin en boucle sur un vieux tourne-disque poussiéreux et je pense à toi, mon vieux mange-disque aussi sans doute. Une mélodie mélancolique qui parle d'amour impossible et de tendresse humaine.
En attendant, ma chère Jeanne, je remets du charbon dans mon poêle et je me mets à rêver. J'ai froid. Je n'ai que le froid pour compagnon dans ma petite cabane ouverte à la ville et au monde. Je suis là à espérer. Espérer quoi? Je regarde le feu rougir, je sens la chaleur me bercer et porter mes pensées vers toi. Je vois encore ton visage juvénile et ton sourire radieux.
Je vis comme un clochard mais avec un feu et un lieu. J'ai des trous dans mes chaussettes et mes chaussures prennent l'eau. Le dénuement a quelque chose d'idéal. Vivre sans rien est un bonheur total auquel je t'invite bien volontiers. Je t'invite à vivre à contrario du mouvement universel mais tu es une femme. La décroissance n'est pas ton truc.
Appelle moi ou fais moi signe si tu changes d'avis.
Ton Adrien qui t'aime et qui brûle pour toi.
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lettre à Jeanne
SpiritualJ'ai honte. Oui, Jeanne. Oui, j'ai honte parce que je n'ai pas osé jusqu'ici avouer l'inavouable. La chose horrible, la chose épouvantable que l'on cache comme un ignoble secret de famille qui éclate au grand jour quand la mort frappe au portill...