𝓛𝓮 𝓟𝓻𝓮𝓶𝓲𝓮𝓻 𝓗𝓪𝓵𝓵𝓸𝔀𝓮𝓮𝓷 𝓓𝓮 𝓜𝓮́𝓵𝓪𝓷𝓲𝓮 - 𝐏𝐡𝐚𝐧𝐭𝐨𝐦 𝐌.

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Comme à mon habitude, j'attendais, les sens aux aguets, que le " Phantom ", mon père, Henry Ravenswood, vienne me hanter et me pousser à bout, me tuer à petits feux. Il s'amusait, tous les jours, à taper dans les murs, hurler et rire sadiquement, ou encore à apparaître soudainement, dans le seul but d'en finir avec moi. Ce qui me faisait le plus peur, c'était de voir son reflet dans mon miroir, lorsque je me coiffais. Voir soudainement une tête de squelette aux yeux rouges au moment où vous y attendez le moins... De quoi vous déclencher une crise cardiaque. À chaque fois, je me faisais avoir. Et je devenais de plus en plus folle, j'en avais conscience. Il faut dire que je n'étais plus sortie du manoir depuis bien longtemps... Depuis ce mariage raté, où mon doux fiancé n'avait donné aucun signe de vie. Mais cette fois-ci, aujourd'hui, je n'allais pas tomber dans le piège. J'allais lui rendre la pareille, me venger. J'avais un plan ! J'allais organiser une fête d'Halloween !

- C'EST HORS DE QUESTION ! Hurla mon père, à qui je venais de lui demander son accord pour ma fête. TU NE FERAS ENTRER PERSONNE ICI !

Je savais bien que cet humble " Phantom " n'aimait pas les gens, et que c'était une torture pour lui d'être en contact avec une personne qui lui était étrangère.

- Mais enfin... Papa... S'il te plait... Je ne suis pas sortie depuis bien longtemps, et je dois voir un peu de monde avant de devenir complètement folle et devenir comme toi ! De plus c'est ta faute ! C'est toi qui m'épouvantes tous les jours !

Il prit son regard sévère, puis éclata de rire.

- Tu me fais bien rire ma fille ! Mélanie, c'est toi qui ne veux pas t'en aller d'ici depuis le jour de ton mariage ! Ne rejette pas tout sur moi !

- Ooooh, s'il te plait papa ! En plus, je n'ai jamais fêté Halloween !

Ma mère détestait cette fête. De ce fait, je n'ai jamais pu faire le tour des maisons pour récupérer pommes et citrouilles, ni me déguiser et faire un tour de cheval avec le shérif... Mais, mon père restait sur sa position et s'éclipsa dans une brume violette. Il n'était pas très gentil. Enfin bon, c'était l'une des facettes de sa personnalité.

Errant toute la journée dans le manoir, je m'étais mise d'accord : j'allais tout de même organiser ma fête ! J'avais vingt-et-un ans quand même ! Je savais prendre des décisions par moi-même ! Je m'étais déjà occupée des affiches que j'avais placardées un peu partout dans la petite bourgade. Niveau déco, pas besoin de quelque chose d'exceptionnel, le manoir était tout décrépi et nous y avions laissé les araignées faire leur nid et la poussière s'étaler un peu partout. Je n'aurais juste plus qu'à demander à Mme. Leota, la tête de voyante dans la boule de cristal, de diffuser dans chaque pièce une brume orange, qui était de la même couleur que les courges que j'avais creusées et disposé devant le manoir. Je n'allais pas me déguiser, j'allais garder la robe de mariée que je portais.

Lorsque les premiers coups retentirent à la porte, j'accourais ouvrir. Les personnes rentrèrent sans faire attention à moi, posant leurs yeux sur chaque centimètre carré de la pièce, la bouche grande ouverte.

- Ravie de vous rencontrer ! Je m'appelle Mélanie Ravenswood, fille de Henry ! La fête c'est par ici ! Leur dis-je en leur indiquant la pièce par laquelle entrer. Mais, ils n'étaient déjà plus là; ils étaient déjà entrain de se servir du ponch que j'avais préparé avec soin.

La pièce se remplissait peu à peu de personnes mieux déguisées les unes que les autres, j'avais laissé la porte ouverte, pour que les gens rentrent eux-mêmes. Je me dirigeais vers le gramophone, pour lancer la musique, mais, lorsque celle-ci se mit en route, tout le monde s'immobilisa. Une petite fille se mit même à pleurer.

- Qui a-t-il ? On dirait que vous avez vu un fantôme ! Dis-je ne rigolant et en pensant à mon père.

Les gens se sont remis peu à peu à danser et a rigoler, je n'avais jamais vu le manoir dans une telle effervescence. Mais vint le moment que j'attendais le plus. Le "Phantom", maitre des lieux rentra dans la pièce et, pris de panique par la foule d'inconnu hurla et porta ses mains à sa tête. Il en redescendit une et pointa quelque chose derrière moi . Je me retournais, et vis quelqu'un qui fonçait dans ma direction, il n'était plus qu'à trente centimètres de moi. Je fermais les yeux, attendant qu'il me percute, mais, au lieu de ça, je ressentis un léger courant d'air dans tout mon corps. Je rouvris mes yeux, m'apercevant que cette personne était déjà loin derrière moi. Et, je venais de comprendre pourquoi je n'avais rien ressenti. Le sol semblait se dérober sous mes pieds et je tombais. Mon père arriva à temps pour me rattraper. Je le regardais dans les yeux et murmura :

- Je suis morte... Je suis un esprit... Voilà pourquoi ils m'ignoraient tous... Voilà pourquoi je n'ai rien ressenti quand cet homme m'a foncé dessus..

Henry me regarda à son tour, et avec un sourire bienveillant- que je n'avais jamais vu avant, même de son vivant- me dit :

- Je le savais ma fille... Je le savais... Tu crois que tu as vingt-et-un ans depuis combien de temps ?

J'aurais dû y penser.

- Voilà pourquoi je ne voulais pas que tu organises cette fête. Je ne voulais pas que tu le découvres...

Il marqua une pause, puis sourcils froncés me demanda :

- J'aurais toujours le droit de te faire peur, dit ?

Je souris et fit oui de la tête. Nous nous sommes relevés et avons commencé à effrayer tous les invités, lui en riant et hurlant, moi en chuchotant à leurs oreilles " Veux-tu m'épouser ?".

𝕋𝙴𝐱T𝖊Տ 𝗣𝒆𝚛𝕕𝓾𝔰 - 𝑹𝒆𝒄𝒆𝒖𝒊𝒍 𝑫𝒆 𝑵𝒐𝒖𝒗𝒆𝒍𝒍𝒆𝒔Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα