Winnie

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Voici Winnie, la petite soeur de Lukas telle qu'elle a été publié pour la première fois en 2018. Je vous laisse (ré)apprécier cette histoire. xoxo.

***

Je suis certain que chez vous, Saint Valentin rime avec joie, avec bonheur, avec amour. Lorsque votre esprit songe à ce moment, vous voyez des petits cœurs, et du rouge, beaucoup de rouge.

Pas chez moi.

Non.

Chez moi Saint Valentin rime avec stress, rime avec cri, rime avec dépenses inconsidérées pour réussir à mettre une fille qui s'est épilée dans mon lit. Ne vous faites pas d'illusion surtout, mesdames, si votre petit-ami vous emmène au restaurant, qu'il accepte de briser son PEL pour vos pousses de betteraves, c'est uniquement parce qu'il sait qu'au bout se trouve la récompense de temps d'effort, de sa quête.

Le Saint Graal. Votre Saint Graal, jalousement gardé et que vous n'offrez, théoriquement, qu'à peu d'entre nous, sauf si vous êtes une pute.

Je vous entends déjà me traiter de sale connard misogyne et vous avez presque raison. Je suis un sale connard, mais j'aime les femmes autant que je hais la Saint Valentin.

— Okay Luk'. C'est non. Tu ne peux pas me demander de publier ça.

— Tu voulais mon avis, si je ne m'abuse, mon avis sincère, soupire-t-il

— Tu ne peux pas traiter nos lectrices de pute ! C'est impossible. Okay tu écris bien mais tu as été trop loin cette fois.

Je le regarde, légèrement agacée. Est-il sérieux ? Il sait très bien pourtant que je ne peux pas publier ça. Je risquerai de le faire assassiner par les actionnaires et par mes lectrices. J'ai une entreprise à tenir. Il tapote son genou et finit par sourire, amusé.

— Winifred. Si tu ne veux pas de mon avis sincère, dis moi ce que je peux faire... pour te rendre heureuse. Je ferai n'importe quoi pour te contenter.

Il est gentil, je le sais, mais parfois, il déconne totalement. Je ne sais pas trop ce qu'il essaye de faire, mais, il est beau comme ça. Je finis même par sourire mais quand je me rends compte de ce que je suis en train de faire, je préfère baisser les yeux et je frôle mon oreille gauche, gênée. Ça fait trop longtemps que tu as pas tiré ton coup ma vieille. Je me lève souplement pour aller à la fenêtre. Je n'ai pas touché un homme nu depuis trop longtemps. Je sens mon corps qui brûle et personne n'est là pour éteindre cette flamme dévorante. Je n'intéresse plus personne.

— Recommence et cette fois, sois un peu plus...

— Commercial et lisse. J'ai compris.

Ce n'est pas ce que je voulais dire mais tant pis. S'il pouvait ne pas traiter les lectrices de putes, ce serait une avancée spectaculaire. Je regarde par la fenêtre l'agitation de la rue. Pourquoi suis-je la seule à ne plus avoir cette euphorie de la première rencontre ? Est-ce que mon temps est déjà passé ? Je n'ai pas entendu la porte se fermer et je vois que Lukas est toujours là.

— Tu es encore là ? demandé-je.

— Tu serais dispo pour aller boire un verre ce soir ? lance-t-il soudainement.

— Avec... toi ? balbutié-je.

— Ça te pose un souci ?

— Je voulais juste savoir si c'était tous les deux ou entre collègues. Dans tous les cas, c'est okay, mais c'est toi qui paye. Ferme la porte en sortant.

WinnieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant