Partie 1

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Sur le balcon de ma chambre, je profite de l'air frais qui souffle sur la ville. Le soleil, haut dans le ciel, réchauffe doucement mon visage. Je clos les paupières, appréciant la sensation de bien-être qui se répand dans mes veines. Le parfum des fleurs qui monte du jardin m'enveloppe. Il sature mes sens de cette odeur enivrante. Les Dieux sont cléments avec nous en ce moment. Père dirait que c'est grâce aux offrandes que nous avons déposées dans les temples. Peut-être a-t-il raison. Ces derniers mois, les récoltes sont bonnes, le temps est agréable et propice à la culture. Aucun de nos navires ne s'est perdu en mer. Tous reviennent les cales pleines de nourriture, de bijoux ou de tissus. Nous n'avons subi ni catastrophe ni épidémie depuis longtemps. Il n'y a qu'un point noir dans notre ciel. La guerre. Mon cœur se serre à cette pensée funèbre.

Si les batailles entre les spartiates et les perses nous ont pour l'instant épargnés, je ne sais combien de temps nous pourrons rester à l'écart. Thèbes, Thessalonique, Larissa et même Vólos ont envoyés des guerriers pour que notre pays tienne face aux envahisseurs. Mais je doute que cela suffise face à l'armée de nos ennemis. On dit qu'ils possèdent des créatures tout droit sorties de l'enfer. Hadès lui-même reculerai devant la noirceur de leurs âmes. Je réprime un frisson en imaginant ces bêtes aux portes de notre ville. Elles saccageraient tout, tueraient quiconque se trouve sur leur chemin. Combien de morts y a-t-il déjà eu dans les villages qu'elles ont dévastés ? Je n'ose y penser.

Père refuse de mettre Athènes en danger, mais il ne se rend pas compte que nous nous mettons encore plus en danger en restant immobile. Si le royaume de Perse gagne nous ne serons pas en mesure de lui tenir tête, et ployer devant eux est inconcevable après ce qu'ils ont faits. Mais si la Grèce remporte la guerre, nous ne serions plus acceptés nulle part. Considérés comme lâches, le commerce avec les villes voisines serait terminé. Nous ne pourrions pas survivre. Quoi qu'il arrive, nous sommes piégés !

Mes poings se serrent quand je repense aux deux messagers que le roi Léonidas de Sparte a envoyé pour nous demander d'entrer en guerre à leurs côtés. Père ne les a même pas reçus, les renvoyant chez eux sans prendre la peine d'écouter ce qu'ils avaient à dire. Si seulement je pouvais faire quelque chose !

Le vacarme de la rue me sort de mes sombres pensées. Mon regard tombe sur les athéniens criant et sifflant alors qu'ils se rendent aux arènes. Tout mon corps se crispe alors que je pense à ce spectacle macabre. Comment peuvent-ils se réjouir de cette mise à mort organisée ? Comme si c'était le moment de perdre des hommes capables de se battre !

Des coups portés à ma porte me sorte de ma contemplation. J'entre dans la chambre alors que Sélène passe le battant.

— Il est temps d'y aller, Astrée. Le roi vous attend déjà sur place.

J'acquiesce alors qu'elle s'approche de moi pour resserrer la ceinture qui marque ma taille. Elle réajuste le tissu blanc qui m'habille alors que j'observe son visage, à quelques centimètre du mien. Un sourire satisfait étire ses lèvres quand elle a terminé son travail. D'un geste de la main, elle m'invite à sortir.

Le bruit de mes sandales résonne dans les couloirs de notre demeure. Sélène marche quelques pas derrière moi, tout comme les deux soldats qui m'accompagnent partout. Le soleil m'éblouit quelques secondes quand je quitte l'enceinte des murs. Les athéniens s'écartent tout en s'inclinant respectueusement sur mon passage. Quelques murmures s'échappent alors que je passe devant les conseillers de mon père. Ma beauté, ma prestance, ma pureté sont mises en avant. Ils ne parlent que mes qualités physique, me comparant parfois à Aphrodite elle-même. Mais rien sur mon intelligence, ma capacité de raisonnement, ma gentillesse ou ma culture. Encore moins sur mes dons que vantent sans cesse les hommes qui me forment en secret. Non, évidemment. Pour eux, je suis bonne qu'à donner un héritier au trône. Aucun d'eux ne me connaît, ne sait qui je suis réellement. Cela ne les intéresse pas. Après tout, je ne suis qu'une femme ! S'il savait ce dont je suis capable !

Nouvelle érotiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant