Folie

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Apocalypse d'une ombre

Soleil plombant, aucune notion du temps.
La fille aux cheveux bleus regarde le sable couler lentement du sablier. Au fond d'elle la mer est d'huile. Elle voit du sablier s'écouler encore quelques grains de sables, elle ferme les yeux, et la personne qui les rouvrent n'a plus en commun avec elle que sa crinière bleu glace. Au fond d'elle s'anime un brasier que rien ne saurait apaiser. Elle s'empare du sablier et, au moyen d'une contraction musculaire parfaitement mesurée, le fait traverser la pièce pour s'écraser contre la vitre et se briser violemment. Faisant éclater le verre, et courir les grains de sable.
Abasourdie par les voix dans sa tête, elle écrase cette dernière contre le mur couleur crème. Elle y écrase ses poings, le dessus de ses pieds, la paume de ses mains, laissant chaque fois une plus large trace d'un sang timide. Chaque objets lui passant sous la main subit le même sort, traversé haineuse de la pièce et chute fatale contre un mur ou une vitre.
Une fois la névrose passée, forcée de regarder inlassablement les ruines de ce chantier, elle n'est plus en proie qu'à un profond sentiment d'impuissance.
La crinière bleue imbibée de larmes, de tout son long s'effondre sur le parquet, nue de toute arme.
Elle n'a toujours pas fermé les yeux, la raison est loin enfouie.
En une fraction de seconde, elle s'empare du déclin. Lames après larmes, elle retire insensiblement de son être le peu de cette incompréhensible folie qu'il possédait encore, jaillissant avec l'hémoglobine vermeille. La lame est la raison même, le père trop sévère, insensible à l'irrépressible folie qui hurle à l'aide, aveugle aux cris du corps, qui hurle à l'injustice.

Apocalypse Where stories live. Discover now