Marin

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Nouvelle école et nouveaux amis, l'avait encouragé sa tante ce matin-là.

Combien de temps s'était-il écoulé depuis l'incendie ?

Une semaine ? Un mois ? Un an ?

Marin avait arrêté de compter.

Le concept du jour et de la nuit n'avait plus aucun sens pour lui : il était plongé dans une obscurité perpétuelle que même le soleil le plus éclatant n'arrivait pas à percer.

Pour se donner du courage face à la journée qui l'attendait, Marin recouvrit le noir qui l'entourait par des souvenirs colorés.

Il se peignit sa propre toile et son propre univers, créant une œuvre abstraite qui n'avait de sens que pour lui.

L'émeraude des yeux de sa mère.

Le caramel de la peau de son père.

L'azur des murs de sa chambre.

Le grenat de sa housse de couette.

Le mauve de la nappe de la cuisine.

L'acajou de la table du salon.

Le crème de son pantalon favori.

Le corail des tulipes du jardin.

Le topaze du beurre au petit-déjeuner.

Le fushia de la boîte à sucre.

Le sépia de la porte d'entrée.

L'indigo de la glacière à pique-nique.

Le saumon des assiettes ébréchées.

Le saphir de sa tenue de sport.

Le lila des carreaux de la salle-de-bain.

Le pervenche des cravates du dimanche.

Et dans ce kaléidoscope multicolore, Marin retrouva un peu de chez lui.

Et il se rendit compte que, même si la blessure était toujours là et qu'elle ne s'effacerait jamais vraiment, il était prêt à vivre et à laisser le passé derrière lui.

Nouveau départ, avait complété Marin.

Et s'il avait pu voir son reflet dans le miroir, il aurait vu un sourire se dessiner sur ses lèvres.

- FIN -