- Fais-toi donc le plaisir d'entrer, lança-t-il avec un rictus épuisé.

  La porte s'ouvrit dans un grincement délicat de bois, laissant entrer sa femme Narcissa. Elle était toujours si belle avec ses longs cheveux doux et soyeux, dont les deux couleurs distinctes du noir et du blanc mélangés donnaient un attrait de luxure sublimant ses pommettes hautes et son visage délicat. Contrairement à sa petite sœur Éléona, elle était élancée et d'une grande taille, mais ne le dépassait heureusement jamais.
  Ses yeux d'un magnifique bleu clair balayèrent une seconde la grande pièce sombre composée d'un bureau en bois sculpté près d'une immense bibliothèque victorienne et d'un guéridon en acajou comportant nombreuses jattes en cristal d'alcools diverses, qui se mariaient aux couleurs des tableaux accrochés aux murs - avant de tomber sur le haut des cheveux blonds polaires de son époux. Elle eut un sourire inquiet et s'approcha doucement, avec toute son élégance, pour s'asseoir sur un second fauteuil en cuir à côté de lui, placé en billet.

- Lucius ? dit-elle.

- J'ai toujours été persuadé de servir la meilleure cause qui soit, que nos progénitures seraient capables de rester dans le droit chemin...

  Il but une légère gorgée de son verre d'hydromel qui lui parut soudain si fade.

- ... Et pourtant, poursuivit-il d'une voix froide, dépourvue d'émotions ; regarde où j'en suis : à me lamenter seul dans mon coin parce que je m'interroge sur Mélody, de ce que le Seigneur des Ténèbres fera si elle ne le sert pas comme nous le faisons chaque jour.

  Il gardait ses yeux rivés sur le feu, ignorant le regard inquiet de Narcissa.

- Tu n'y es pour rien, répondit-elle à voix basse. Mélody... (Elle eut un soupir.) Mélody est comme elle est, et je suis sûre qu'elle reviendra à la raison. Quant à tes doutes, je les porte également, mais nous avons juré... Tu as fais la promesse de le servir quoi qu'il nous en coûte.

- Et c'est cela le problème, répliqua-t-il, jetant à son épouse un regard d'une faible conviction. Aujourd'hui, le tourment est indéfinissable. Je ne cesse de me demander ce qui lui arriva si elle refuse continuellement de se soumettre, si elle continue de jouer la petite écervellée qui ne fait que ce qu'elle veut. Comme échanger et faire causette amicale avec des Traîtres à leur sang, en l'en oubliant les préceptes familiales qu'elle n'a eut de cesse de se moquer.

  Sa femme posa sa main aux ongles parfaits sur celle plus grande de son époux, émettant un soupir vague. 

- Écoute, je ne suis persuadée de rien, Lucius, mais il y a une raison pour laquelle elle ne peut se détacher émotionnellement des Weasley...

- Que veux-tu dire ? demanda Lucius, dont la voix s'éteigna un instant par l'appréhension.

  Narcissa inspira pronfondément, mal à l'aise.

- J'ai entendu Drago en parler à ses amis tout à l'heure, confit-elle. Ils ricanaient plus ou moins, évidemment, mais j'ai bien compris que cette fois-ci, il n'y aurait pas de retour en arrière...

- Vas-tu donc aller droit au but ? s'agaça Lucius, haïssant entendre quelqu'un parler autour du pot.

  En voyant l'appréhension dans le regard de sa femme qu'il connaissait par cœur, il se dit qu'il avait halluciné les paroles qui s'en suivirent.

- Mélody est tombée amoureuse de George, l'un des jumeaux Weasley, et ils filent, à entendre Drago, le parfait Amour, acheva Narcissa d'une traite.

  S'en fut trop pour Lucius, qui sentit une bouffée de feu éclore dans son ventre et grandir dans ses organes.

Elementum {Tome 5}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant