chapitre 2

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Les vêtements .que Leïos m'a apporté sont amples et parfaitement à ma taille, très colorés. Les couleurs dominantes sont le violet et le vert. Je me rappelle que se sont les deux couleurs préférés de ma mère et je ressens un pincement au coeur. Elle me manque ainsi que mon père. Je me retourne vers mon lit-bulle dont je ne connais pas encore le nom exact et me fige de stupeur. Sur un des murs encore vide il y a quelques instants est désormais fixé un miroir sans que personne n'est pu le déposer!

Je m'en approche et m'empêche de crier en découvrant mon reflet. Deux énormes bleus déforment ma tempe gauche et une partie de mon front! Sans que je ne sache vraiment pourquoi cette vision déclanche quelque chose en moi et je me mets à pleurer. Les larmes d'abord petites et discrètes font vite place à un torrent et la tristesse se mêle peu à peu à la colère. Je ne parviens pas à me souvenir d'où viennent ces émotions. C'est comme si mon cerveau ne voulait pas me donner accés à ces souvenirs, comme si il voulait me protèger de mon ancienne vie.

Après plusieurs minutes à pleurer je me calme et m'approche du miroir pour me regarder de plus près. Mes yeux gris sont rougis par les larmes et je constate avec dégoût que de petits boutons couvrent mon nez et le côté droit de mon menton. Objectivement sans boutons ni bleus je plais bien malgré la paire de lunettes constamment posé sur mon nez qui me donne un drôle d'air. Mais à ce moment précis je me dégoûte et ne peux empêcher mes joues de rougir en pensant que le garçon doré m'a vu avec ce visage. Peut être même sans savoir qu'il est meurtri par des coups et les désagréments de l'adolescence. À quinze ans bientôt seize la plupart des filles ne souffrent plus de la désagréable surprise certains matins de découvrir que des boutons ont poussé sur leur visage. Moi apparemment je ne m'en suis pas encore débarrassée.

La poignée bleue tourne un seconde fois, c'est une toute petite femme qui entre, d'à peu près un mêtre vingt. Elle est chargée de fruits et me sourit. Je sèche mes dernières larmes et lui rends son sourire. Sa présence m'apaise un peu et quand elle s'adresse à moi j'oublies momentanément toute ma tristesse. Sa peau est beige comme la mienne et ses yeux clairs sont d'une beauté inouie, d'une gentillesse évidente pleine de compréhension. Elle est vêtue d'un pantalon rose-pastel et d'un haut jaune à manches longues légèrement décolleté. Je lui donne entre cinquante et cinquante-cinq ans. Elle s'exprime de la même manière que Leïos, sans bouger ses lèvres et sa voix dans ma tête est calme et se veut rassurante:

"Bonjour Sahra, Je me nomme Gayra, je peux rester avec toi?

- Euh oui.. répondis-je étonnée par sa demande, avec plaisir."

Elle parait satisfaite de ma réponse et d'un pas léger vient s'asseoir sur une chaise près de moi. Cette chaise je ne l'avais pas remarquée jusqu'à maintenant, elle est apparue comme le miroir une heure auparavant, sans aucune explication. Je tente de cacher ma surprise mais la petite femme s'en est déjà rendu compte et me rassure toujours sans articuler le moindre mot:

"Ça n'a pas l'air évident pour toi, je me trompe?

-Nan, vous avez juste. Tout paraît différent.

-Ne t'inquiète pas, tu t'y habitueras. J'ai entendu dire que tu ne venais pas d'ici et je comprends que tu sois un peu déboussolée. J'ai beaucoup de temps devant moi et j'adore partager mon savoir avec les autres. Ici, je suis un des mentors et aujourd'hui c'est toi que j'ai choisi de former.

- Me former?

- Oui, c'est ce que j'ai dit. Je te propose de commencer par sortir de cette pièce, qu'en penses-tu ?

- Avec plaisir! Je m'exclame d'un ton beaucoup trop enthousiaste pour être sincère.

Je ne sais pas quoi penser de cette femme ni de ce monde dans lequel je n'ai pas encore l'impression d'être réellement. Comme dans un rêve...

Secondes chancesWhere stories live. Discover now