Chapitre 31

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- Ce soir, on va en boite ! Se réjouit Clara.

- Moi aussi ? Demande Flore.

On explose de rire, devant l'insouciance de Flore.

- Non, chérie... Toi, tu resteras avec Cathy. Tu es trop petite pour aller en boite.

- Je ne suis pas petite.

Steve la porte et lui fait un énorme câlin.

- Non, tu n'es pas petite. Mais tu n'es pas assez grande pour aller en boite, tu comprends. Il faut que tu sois aussi géante que papa.

- Lequel ?

Je me gratte la nuque, gêné...

- De quoi ?

- Bah, lequel papa ? Toi, ou Tony ?

Steve me regarde en souriant. Je redoutais ce moment. Celui où Flore allait appeler Steve « papa ». Bon, elle ne l'a pas fait, mais cela ne va pas tarder.

- Nous deux.

- D'accord. J'attendrais d'être aussi géante que vous.

Steve sourit et embrasse Flore sur la joue, avant de la poser parterre. Clara prend sa main et la dirige vers la voiture.

- Je suis désolé. Pour ça. Je dis à Steve.

- Ce n'est pas grave. Je ne m'attendais pas à être papa à 22 ans. Dit-il en pouffant de rire.

- Désolé.

Steve prend ma main et sourit.

- C'est ok. Je te promets.

Ouais, c'est ok... C'est juste que je n'imaginais pas que Flore dise cela... Maintenant. Dans les années à venir oui, mais pas maintenant. Elle n'a pas beaucoup connu sa mère, voire presque pas du tout même, et elle est très proche de Steve alors, normal qu'elle l'appelle papa. Non ? Cela me stresse plus que tout. Alors que je ne devrais pas. Non. Je suis censé être heureux que Flore appelle Steve « papa » mais au lieu de ça, je suis en panique totale.

- Je dois faire quoi pour te détendre ? Me demande Steve en montant dans la voiture.

- Beurk ! Je ne veux pas savoir. Dit Clara en se bouchant les oreilles.

Steve et moi, nous nous mettons à rire, tandis que je pose sa main sur sa cuisse. Si mes filles n'étaient pas derrière, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire. Surement... Des choses... Obscènes. Oui, surement.

*

- Cinquième shot ! Crie Steve en posant violemment son verre sur la table.

Je secoue la tête en guise de désespoir. Cet homme aime la fête, cela se voit. Et apparemment, il ne tient pas très bien l'alcool. Ma fille, en revanche, est plus performante. Je reste là, à les regarder se bourrer la gueule. Je dois être le seul à ne boire que de l'eau en boite.

- J'adore cette chanson ! Crie Clara.

Elle est exaspérante. Mais bon, elle veut s'amuser un peu, alors autant lui faire plaisir. Elle descend du tabouret et me prend directement la main.

- Toi, mon petit papa chéri, tu danses avec moi.

Je rigole, alors qu'elle m'entraine sur la piste de danse. Elle secoue ses cheveux, en rigolant.

- Tu es complètement bourré, tu le sais ?

- Je le sais.

Je la regarde danser, et je remarque qu'elle a énormément de ressemblance avec sa mère. Elle ne m'a jamais demandé de la revoir... Et si jamais elle le faisait, je ne suis pas sûr que j'accepte. C'est ma fille, et je me suis battu pour la rendre heureuse.

- Merde. Dit-elle en s'éloignant de moi.

Quoi, merde ? Je tourne la tête et voit un mec, grand, musclé, qui est en train de toucher Steve alors que celui-ci, lui dit un « non » catégorique. Mon sang ne fait qu'un tour. Personne, je ne dis bien personne, ne toucheras Steve. Pas de mon vivant.

Ni une ni deux, mon poing atterrit dans la gueule du mec en question. Et en un claquement de doigt, nous nous retrouvons derrière le comptoir du bar, moi sur lui, en train de lui coller des poings que jamais je n'aurais mis un jour.

- Jamais.

Je lui en remets un.

- Tu.

Et un autre.

- Ne.

Un autre.

- Toucheras.

Encore un.

- A

Un avant-dernier.

- Steve.

Je m'arrête, après lui avoir foutu un dernier poing. Il a le visage en sang, et ne dit rien. Il me regarde, c'est tout. Tout le monde nous regarde en poussant des « oh » ou encore des « ah ». Personne ne touchera Steve. Personne.

Je m'essuie le nez, dont le sang coule encore. Putain. Je m'enlève du gars, et le laisse se relever. D'après ce que je constate, il n'est pas si amoché que ça, puisqu'il arrive parfaitement à se tenir debout. Si je pouvais le tuer, je le ferais...

- Tony...

- Fout-moi la paix.

Je sors de la boite, colérique, énervé, et... Apeuré. Voilà, je suis apeuré... Je m'enferme dans la voiture et pose ma tête sur le volant. Steve m'aime. Steve m'aime. Steve m'aime. Il m'aime. Je déteste être comme ça... Être amoureux... Cela ne m'était pas arrivé depuis Edith... Et là, ça me retombe dessus... Je suis amoureux de Steve. De son sourire, de son rire, de ses yeux, de son corps, de ses défauts, de ses qualités. De lui. Je déteste ça.

La porte passagère me fait sortir de mes pensées, et Steve me rejoins. C'est bien la première fois qu'il me voit aussi énervé.

- J'ai fais quelque chose de mal ?

Je secoue la tête et essuie une larme qui s'apprête à couler.

- Alors pourquoi tu pleures ? Je te jure que je ne voulais pas qu'il me touche...

- Je sais...

Cela ne fait que quelques mois que Steve et moi entretenons une relation, si on ne compte pas la rupture... Et, en ces quelques mois, il a pris une place importante dans ma vie. Plus que je ne l'imaginais, et c'est dur pour moi... Je suis heureux, mais j'ai peur. Vous savez, j'ai cette peur que tout s'effondre. Qu'il parte avec quelqu'un de plus jeune que moi, de plus performant... J'ai toujours peur de l'abandon, comme quand Edith m'a quitté. Je déteste être aussi impuissant face à l'amour.

- To...

- Je suis amoureux de toi. Je dis en lui coupant la parole.

Il est trop sous l'emprise de l'alcool à cette heure-ci, alors demain, il ne va surement plus s'en souvenir... Je présume. En réalité, j'espère de tout cœur qu'il s'en souviendra.

- Je le savais déjà. Dit-il en pouffant de rire.

Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle. Mais pour lui, tout est drôle, puisqu'il est littéralement bourré.

- Ok.

Steve s'approche de mon visage.

- Regarde-moi. Je suis bourré, je sais. Mais je suis conscient.

Je le regarde droit, dans ses beaux yeux bleus, qui me font carrément perdre la tête. Il passe sa main sur ma joue en souriant.

- Je suis amoureux de toi. Plus que tu ne l'imagines.

Je souris, et parviens à ne plus douter. Après tout, s'il est avec moi, c'est qu'il m'aime. Voilà, il m'aime. Il est amoureux de moi, comme il vient de me le dire. Il est amoureux de moi, comme je le suis.

Double jeu & amour interditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant