Julia

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La Rochelle, Juin 2015

1.
Quelques semaines avaient passées. J'avais, comme prévu, quitté mon travail à Objat. Les adieux avec Fanny furent étranges, nous avions passé les dernières semaines ensemble, à jouer au jeune couple. Son mec avait du comprendre. A mon départ, elle est retournée avec. J'apprendrais quelques années plus tard qu'ils se sont réconciliés, se sont fiancés, sur le point de se marier. Tant mieux !

Pas le temps de prendre quelque jours de repos, je commençais deux jours plus tard à Châtelaillon-Plage, en tant que sous chef pâtissier, dans une boutique face à l'océan. Je n'avais jamais dirigé d'équipe, à part quelques stagiaires de 14 ans. Mr Patrice, le patron, m'avait embauchée pour mon "esprit jeune, ma créativité, et mon ambition". Il voulait que je remette sa vitrine de petits gâteaux au goût du jour. J'avais 19 ans depuis peu, je devais encore une fois, être prêt, et faire semblant de savoir faire.

5h
Le premier jour de travail. A l'embauche, le patron m'a fait faire le tour du labo. Côté boulangerie, j'y ai rencontré Hugo, Lucas, et Dieu Merci (qui préférait qu'on l'appelle par son deuxième prénom : Aristot, ou Harry, plus simplement). Hugo est le fils du patron. Il ne manqua pas de me le notifier lorsqu'il me serra la main, bien fort. Lucas est plus jeune, et plus timide. Il est un de mes 45 nouveau colocataire, on s'est déjà rencontré. En pâtisserie, il y a Alain, Nicolas, Priscilla et Benedicte. Alain, le plus âgé, a 39 ans. 20 ans de plus que moi. C'est lui qui voulait le post que je vais occuper. J'espérais secrètement  qu'il ne m'en ferait pas trop baver... Le boss me dit que Bénédicte était étudiante en médecine, avant de tout lâcher pour la pâtisserie. Elle était donc la plus organisée, et, avec beaucoup de gentillesse,m'aida dans les premières commandes de matière première. Nicolas était apprenti, et avait un an de plus que moi. Avec Priscilla, nous étions les deux petits jeunes.

Il était maintenant 6h, l'heure d'embauche de la première vendeuse. Alice. Hugo était déjà venu me distraire de mon travail pour ma parler d'elle. Aussi lourdeau qu'il était, il me fit comprendre qu'elle et lui avaient entamé un flirt, et qu'il allait concretiser tout ca rapidement. Il me dit aussi qu'elle était la plus jolie, et de loin, de toute les filles dans l'entreprise.
Elle arriva, légèrement en retard. Hugo avait raison. Ses cheveux châtains étaient très longs, avec quelques mèches blondies naturellement au soleil. Elle avait le teint mat, qui faisait ressortir ses yeux verts. Son eyeliner lui faisait des yeux de chat. Deux bonnes joues, et des lèvres pulpeuses, recouvertes d'un rouge à lèvre brillant, élargissant son sourir. Une chemise blanche, très élégante, et un pantalon léger, en toile rose pâle. Une paire d'espadrille moche, qui venait casser cette tenue tirée à quatre épingles.
Elle dit un "- Bonjour tout le monde", puis se mis a faire les allers-retours entre labo et boutique. Elle devait faire vite, les premiers clients allaient arriver.
Ce n'est que vers 9h, qu'elle vint boire un café (cafe qu'hugo avait fait couler spécialement pour elle). Le coin reserve au personnel pour les petites pauses etaient juste a cote de mon plan de travail. Je ne buvais pas de cafe, je continuais mon travail. En arrivant du magasin, elle me salua plus cordialement. Une fois a mon niveau, elle se figea, recula d'un pas pour se remettre en face de moi. Elle me regarda, puis s'approcha de près, de très près. Pour la continuer de la regarder, mes yeux devaient sacrément loucher ! Pas très à l'aise, je demanda :
J'ai un bouton sur le front ?
Non, tu as les yeux verts. Très verts, comme moi.

Elle se retourna vers le patron, qui faisait ses croissants, et dit tout haut :
Enfin de beaux yeux ici ! Merci ! C'est plaisant à regarder !

Hugo, qui avait bien sur tout entendu, dit :
Et moi ? J'ai les yeux bleus, bien plus clairs que les siens !
Oui, mais c'est pas vert.

Elle bu son café d'un trait, et sortit, sans un mot. Hugo dans son sillon.
Cette femme était une vraie tornade, rapide et imprévisible.

2.
A midi, Lucas et moi somme reparti ensemble, à bord de ma vieille clio, pleine à craquer de vêtements et d'affaires en tout genre. Dix minutes de routes plus tard, nous étions à Villeneuve les salines, banlieu craignos de La Rochelle. Lucas n'avait pas de voiture. Il n'avait que 17 ans. Mais il avait quand même la télécommande pour le parking souterrain. Grâce à elle, j'entrais pour la première fois dans ce qui allait être le meilleur logement que je n'ai jamais eu. On l'appelait "La Maison". C'était en réalité, un immeuble tout entier, divisé en 30 chambres, avec 30 places de parking souterrain. Agencé sur quatre étages, le bâtiment pouvait héberger 45 à 50 habitants, répartis en chambre individuelles, chambre de deux, ou de trois. Chaque chambre avait une salle de bain. Le loyer variait en fonction du nombre d'habitant, et de la superficie de la chambre. C'était un calcul équitable. Les chambres étaient aux étages 3 et 4. Les parties communes, etage 2.
Il y avait plusieurs règles, mais la principale était : Pas de travail, pas d'appart. Jean, qui s'occupait de récolter l'argent pour payer la totalité du loyer, ne permettait aucun retard ou aucun excuse. Sans travail, on avait un mois pour en retrouver un, sinon, on était foutu a la porte !

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⏰ Last updated: May 28, 2020 ⏰

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