Chapitre 17 - Charlie

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Mes pères avaient rapidement repris le travail dès le lendemain de Noël. Nombreux étaient les clients qui souhaitaient profiter de leurs services pour le Nouvel An.

Dans la matinée, j'avais tenté d'aider un peu. J'avais les connaissances et l'entraînement pour. Même si je n'avais pas produit la moindre composition florale depuis des mois, ils m'avaient fait confiance et j'avais repris mes habitudes dans la foulée.

Clint avait également pris un peu de temps pour nous aider. Malheureusement, il continuait de m'envoyer les mêmes regards dédaigneux. Il n'avait pas abordé de nouveau les sujets qui fâchent. Tant mieux, ça m'éviterait de devoir mentir davantage. Parce que jusqu'alors, qu'il soit au courant de mon amitié avec Kayla était un problème mais pas impossible à surmonter, quant à ma relation avec Blaine, c'était une tout autre histoire.

Et ça me tuait d'être soudainement si seule. J'en venais à regretter d'être rentrée. Quand j'avais appris la mort de ma tante, et puis particulièrement, qu'elle s'était ôté sa propre vie, j'avais décidé de revenir à San Francisco. Parce que je comprenais exactement ce qu'elle avait pu vivre. Je me disais que ç'aurait pu être moi. J'aurais pu faire de même à tout moment sans que personne ne s'en rende compte.

Enfin, en France, j'avais rencontré quelques personnes qui avaient su me comprendre et me rassurer. Ces émotions envahissantes n'étaient plus un problème. Ça faisait juste partie de moi et j'apprenais à vivre avec. Mais depuis mon retour, j'avais l'impression de régresser et de nouveau haleter.

J'étais partagée entre un milliard d'émotions. J'étais fière de qui j'étais, du chemin que j'avais parcouru jusqu'à là. Et en même temps, je ne voyais pas l'intérêt de continuer à vivre.

Mon esprit n'arrivait pas à se mettre d'accord et j'avais peur d'exploser à tout moment. J'avais beau être calme d'habitude, aujourd'hui, ce serait compliqué.

Heureusement, mon cousin n'osa même pas m'adresser la parole et ce n'était pas plus mal ainsi. Je voulais juste rester dans ma chambre en espérant pouvoir renouer un peu le contact avec mes amis français. Quelques-uns répondirent malgré l'heure chez eux. Nous échangeâmes un peu sur nous, histoire de prendre des nouvelles de chacun. Visiblement, je n'étais pas inexistante à leurs yeux. Mais peut-être que dans quelque temps, le contact serait bien plus compliqué...

Puis je reçus un message de Blaine m'invitant à le rejoindre chez lui. Ses parents ainsi que son frère venaient de partir. Il ne restait plus que sa sœur, ce qui nous laisserait suffisamment tranquilles.

Immédiatement, mon moral remonta d'un coup — et je m'en voulais déjà que mon humeur soit aussi sensible pour ça. Je pris quelques affaires dans mon sac et attrapai mon manteau au rez-de-chaussée pour finalement rejoindre Blaine chez lui, dans la maisonnette de son jardin.

Celui-ci était en plein croquis sur la table du salon. Il leva son regard un instant vers moi et me sourit silencieusement. Je déposai mon manteau et mon sac à l'entrée avant de le rejoindre dans le canapé.

Je jetai un coup d'œil sur son dessin. Il s'agissait un portrait extrêmement réaliste d'une jeune femme. J'étais impressionnée par la finesse de ses ombres et ce qu'il arrivait à en dégager.

— Tu veux ton premier cours de dessin ? me proposa-t-il en reprenant son dessin.

— Peut-être bien, répondis-je, joueuse.

Ses yeux se posèrent de nouveau vers moi et je ne pus m'empêcher de me mordre la lèvre inférieure. Parce que j'avais désormais soudainement envie qu'il m'embrasse. Sa petite lueur d'innocence dans son regard était beaucoup trop adorable pour ne pas me faire fondre.

Entre les Roses et les Orties // TOME 1 & 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant