Ses petits yeux malicieux sont plissés.

Il semble étonné, mais aussi impressionné.

Impressionné que je lui tienne pour ainsi dire tête.

    

Personne ne l'a encore fait à mon humble avis, et cela le surprend, l'irrite et l'excite certainement beaucoup.

     

_ Ce n'est pas indispensable, tu as raison, sourit-il, comme bon nombre de choses que nous faisons au quotidien. Pourtant, on les réitère.

     

Tu ne vas pas gagner petit chaton.

     

_ Puis-je continuer ? posé-je alors, le regard déterminé et assuré bloqué dans le sien, de plus en plus curieux et amusé.

    

D'un signe de main, il m'autorise à me libérer de tout ce qui est enfermé à l'intérieur de moi.

      

_ Je ne sais pas si on peut appeler ça un jugement, parce que c'est un mot que je trouve bien trop négatif, mais je suis triste, confié-je, cherchant les mots suivants avant même que les précédents ne soient prononcés. Votre vie me rend triste. Vous semblez lassé de tout. Lassé, parce qu'il n'y a rien à faire ici. Tout est détruit, brûlé, désert. Mais le monde là-haut, renferme bien plus de choses. Vous ne tentez pas de découvrir le monde des humains, alors qu'un tas de trésors s'y cachent.

      

Le sourire aux lèvres, plus léger, je me laisse divaguer, l'esprit ailleurs.

Alors que je fixe à présent la fontaine de sang face à moi, élégante et morbide, un pincement au coeur, je continue.

      

_ La Terre est vaste, et belle. Seuls les êtres humains ne le sont pas toujours. Les paysages sont si magnifiques, et si divers. J'ai de nombreuses fois eut le souffle coupé devant la beauté que peut offrir cette planète d'eau, soufflé-je, nostalgique.

    

Tandis que je regarde face à moi, je sens le regard de mon maître posé sur ma personne.

Il me sonde, m'ébouillante.

     

_ Vous allez parfois dans le monde des humains ? posé-je alors, distrait.

    

Ma vision périphérique m'indique qu'il hoche la tête.

      

_ Vous allez dans des bars à strip-tease quand c'est le cas, pas vrai ? demandé-je, sans réellement attendre de réponse. Pourtant, il y a bien d'autre choses à faire. Tant de choses à faire, répété-je, mélancolique. La luxure n'est pas tout. C'est une partie agréable de la vie, mais pas la seule.

     

Je me tourne alors, et plonge mes iris dans les siens. Il ne cille pas, et attend la suite de mon monologue.

       

_ Si on fait trop d'une seule et même chose, on s'en lasse. Regardez-vous, osé-je, comme si j'étais en droit de me permettre autant de franchise, vous êtes lassé du sexe, ne vous mentez pas, dis-je, d'un sourire attristé. Vous quémandez du sexe, encore et encore, alors que vous ne ressentez plus rien. Le plaisir a disparu, et l'habitude a pris sa place. C'est vraiment triste. Le sexe, c'est agréable, intense, apaisant. Vous vous ennuyez tellement, et vous ne voyez que par le péché, que votre seule alternative pour pallier à l'ennui, c'est d'utiliser votre pénis. Et en étant habitué à quelque chose qui est trop précieux pour en faire une habitude, vous en enlevez tout le meilleur, toutes les meilleures sensations. Vous avez l'éternité devant vous, alors apprenez la patience, et la douceur, conclus-je, d'un regard tendre.

Enfer ↬ ᵂᵒⁿᴷʸᵘⁿWhere stories live. Discover now