Une Rivière Éternelle - La bataille des cœurs brisés ; Tome 2 (terminé)

Chapitre 21

Média : Onde Douce (trop jolie !!!)

« Arrête de pleurer... miaula Souffle de Pollen d'une voix blanche, sentant son cœur se serrer en voyant Museau Aplati dans cet état. Calme-toi... »

Le mâle essuya ses larmes avec sa patte, laissant une trace de sang écarlate autour de ses yeux.

« Souffle de Pollen... glissa Museau Aplati en la regardant de ses yeux brillants de larmes. Tu ne sais pas à quel point j'ai été ignoble avec toi. À quel point je t'ai menti, depuis plusieurs lunes... je suis un monstre, je ne mérite pas de te parler. »

La rouquine voulu sécher les larmes du chat gris mais celui-ci fit un bond en arrière, comme si il était terrifié à l'idée de pouvoir la toucher.

« Non ! Reste... reste quelqu'un de bien. Ne me touche pas, je t'en prie... supplia Museau Aplati d'une voix blanche bien différente de celle plus douce que Souffle de Pollen lui connaissait. »

Celle-ci agita la tête furieusement, refusant de lui obéir.

« Dis-moi, alors ! Dis-moi pourquoi tu penses être affreux ! s'exclama-t-elle. Car moi, je sais que tu es quelqu'un de superbe, et aucune parole en l'air ne pourra m'empêcher de le penser. »

Elle qui voulait redonner de l'espoir au mâle, ça ne fut pas un succès : chaque parole proférée semblait faire plus de mal au guerrier que la précédente.

« Très bien... accepta Museau Aplati. Que tu me détestes pour de bon, et que tu aies une bonne raison pour. Mais avant que tu ne veuilles plus me parler et à raison, je veux juste te dire ça... ne te laisses pas faire. Tu es plus forte que tu ne le crois, et tu as un grand destin devant toi. Garde la tête haute, et souviens toi de tous ceux qui t'aiment et qui tiennent à toi. Tu es géniale, Souffle de Pollen, et ce fut un honneur d'être ton mentor ainsi que... que ton compagnon... »

Souffle de Pollen était si touchée par les paroles du chat qu'elle ne sut pas quoi dire : elle attendit tout simplement que le félin lui révèle ses torts en le fixant de son regard plus doux.

« C'est si dur de te dire ça, si dur de savoir que je vais te faire de la peine. Si dur de savoir que tu aimes une ordure. Une ordure qui aime quelqu'un d'autre, et qui a pourtant accepté d'essayer d'être ton compagnon. Une ordure qui t'as menti en te disant "La rivière ne ment pas lorsqu'elle scintille sous le soleil. Les oiseaux ne mentent pas lorsqu'ils chantent du haut de leur arbre. Et moi je ne ment pas lorsque je te dis que je t'aime sincèrement". Tu t'en souviens ? Des mensonges. Des mensonges qui ne sont même pas dignes d'un chat errant. Même pas dignes d'un chat de la Forêt Sombre. Et qui étaient destinés à une personne qui ne méritait absolument pas de telles ignominies... conclut Museau Aplati en plantant ses griffes profondément sur son visage. Je suis un monstre qui ne mérite pas d'être aimé. »

Souffle de Pollen ne savait pas quoi dire. Elle avait l'impression que son cœur s'était réduit en poussière. Ses larmes ne voulaient pas sortir, mais ses griffes, elles, si. À la fois la guerrière voulait mourir, à la fois elle voulait voir celui qu'elle aimait mourir. Comprenant la douleur du mâle, elle lui en voulait pourtant à mort. Le visage sec et pourtant décomposé, elle lui griffa le visage de toute la violence qu'elle avait en elle. Tout en lui hurlant qu'il avait raison de se considérer comme une ordure, la femelle dévastée courut, fuyant dans les bois alentours. Elle ne se retourna qu'une fois, pour voir Museau Aplati se jeter dans la rivière.

Elle ne vit plus son visage, et ne sut pas si il s'était réveillé ou bien si il était mort.

Folle de rage, aveuglée par sa colère, Souffle de Pollen ne voulut même pas savoir. À l'instant, elle rêvait de la mort du chat. Il lui avait menti. Il l'avait réconfortée bien des fois en lui mentant. Il avait accepté d'essayer d'être son compagnon, alors qu'il en aimait déjà une autre. C'est pleine de rage que la chatte retourna au Clan des Étoiles, et ce avec des idées de meurtre.

« Oh... je suis désolée, Souffle de Pollen. Je... comprend... »

La chatte rousse et blanche se serra un peu plus contre son amie. Toute sa colère n'était devenue que tristesse et rancune envers celui qui lui avait tant menti.

« Vraiment ? siffla-t-elle. Tu comprends alors que mon frère t'as toujours aimée ? À toujours voulu être avec toi ? Non, bien sûr que tu ne connais pas. Feuille de Trèfle n'a jamais menti sur ses sentiments envers toi. Il t'a toujours été fidèle ! Toujours ! »

Nuage Solitaire regarda Souffle de Pollen d'un œil sombre mais brillant d'un éclat triste, comme si elle en savait plus qu'elle.

« Bien sûr que si, j'ai déjà ressenti ça... Tu ne sais pas ce que Feuille de Trèfle viens de faire. Tu ne sais pas combien de fois il m'a trahie... Mais il avait raison. »

La guerrière considéra la chatte défunte d'un air dubitatif. Elle ne comprenait pas ce que voulait dire Nuage Solitaire.

« Comment ça ? chuchota-t-elle, toujours aussi tremblante. Qu'est-ce qu'il vient de faire ? Pourquoi avait-il raison...? »

La femelle tachetée s'assit en enroulant sa queue autour de ses pattes et miaula d'une voix voilée :

« Tu vois... quand il est parti du Clan de la Rivière, Feuille de Trèfle a rencontré une chatte errante appelée Charpie. Enfin, Chaos... En bref, elle l'a forcé à avoir des chatons avec elle. En ce moment elle est pleine, ce qui a rendu Feuille de Trèfle furieux étant donné qu'il n'a jamais aimé Chaos. »

Souffle de Pollen se releva et vint s'asseoir aux côtés de Nuage Solitaire.

« Mais quel rapport avec toi ?

- Le problème, c'est que... je n'ai jamais été la fille de Croc de Granit et de Feuille d'Aulne. Feuille d'Aulne connaissait simplement Chaos et a accepté d'élever deux de ses chatons. Moi et Aile de Libellule. Les deux autres, Chaos les avait déposés sur le territoire du Clan du Vent dans l'espoir qu'ils les récupèrent. C'est ce qui est arrivé, et mes sœurs sont devenues Nuage Sombre et Nuage d'Ombre. Ton frère m'en veut car je ne lui ait jamais dit qui était ma mère. Mais moi-même je ne le savait pas ! Je connaissait mon histoire, mais ce n'est qu'en voyant Chaos que j'ai comprit qui elle était. Je connaissait son nom, Chaos... donc en veillant sur ton frère depuis le ciel, puisque ma mère se faisait appeler Charpie, je n'ai pas fait le rapprochement. Et maintenant, voilà que ton frère est retourné sur le territoire du Clan de la Rivière... je sais juste ça, je n'ai pas osé l'observer. »

Souffle de Pollen était gueule bée face au récit de Nuage Solitaire. Les yeux ronds comme des boules de mousse, elle regarda fixement son amie et prononça ces paroles :

« Tout le monde ment. Tout le monde aime quelqu'un, qui aime quelqu'un d'autre, et ainsi de suite. Et en voulant cacher ses secrets, chacun ment... je veux aller voir ma mère, je pars. Tu avais parlé de chercher ce clan éloigné, non ? J'y vais, je ne veux pas retourner chez moi. »