4ème Chapitre

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L'ânesse plaque ses oreilles en arrière.
Elle me regarde comme si j'allais la tuer ou la martyriser.
"- Quand allez-vous commencer le dressage ?
Me demande l'Observateur.
Je tourne la tête vers lui.
- Quand elle n'aura plus peur de moi.
Il fronce les sourcils.
- Je ne suis pas sûr de bien comprendre...
- J'ai dit : Quand elle n'aura plus peur de moi.
L'Observateur croise les mains devant lui.
- Écoutez, le but est justement de faire en sorte de pouvoir la dresser, qu'elle n'ai plus peur de vous fait parti de l'évaluation.
Je le regarde droit dans les yeux.
- Cette ânesse est complètement dingue ! Ça se voit non ? Je refuse catégoriquement de me mettre en danger.
Il soupire.
- Ce n'est pas une proposition Mlle.Julia, vous êtes ici pour dresser cette ânesse, et non dans un poney club !
Il secoue son index devant moi, comme pour me prévenir.
- Mais je vous averti Mlle.Julia, si vous refusez maintenant, tout les contrats seront supprimés.
Ses grands yeux bleus me regardent avec énervement. Il doit en avoir déjà marre d'être ici, lui qui est habitué aux grandes écuries des bourgeois.
Je m'accoude à la barrière dans un grand soupir, me ramenant à la raison.
- Bon, très bien, je vais essayer de la dresser vôtre ânesse dégénérée."
Sur ce, l'Observateur va s'assoir sur un banc et sort un cahier de son porte document. Sûrement pour ses notes.

Comment vais-je faire pour dresser une ânesse qui a peur de moi ? C'est impossible, à moins de s'acharner à essayer de l'approcher.
Je me rappelle soudain comment ma mère faisait pour attirer les poulains peureux.
J'entre dans l'enclos en prenant soin de bien refermer derrière moi. Je m'accroupis, et lui tend ma main.
-Rêve, viens.
Lui dis-je avec une voix aïgue.

Ce mot,je le connais par cœur.
"Rêve", c'est comme ça qu'ils m'ont appelé je crois. En même temps, il n'y a pas mille "Rêve", comme je suis isolée des troupeaux par les Hommes, je vis seule, sans aucune compagnie.
Il y a des fois où je n'en peux plus, et je pleure. Je pleure en criant ma solitude, en criant ma tristesse, mon impuissance, face à ces monstres.
Ces monstres qui m'ont pris m'ont premier ânon, qui m'ont frappé, hurlé dessus, maltraité, isolé, privé de la vie...
Alors oui, je connais bien ce mot, "Rêve".


Je ne t'oublierai pasWhere stories live. Discover now