PAPA

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Une onde de choc. Une gifle en plein visage, trois jets en l'espace d'une seconde, voilà ce que j'ai ressenti lorsque j'ai appris ton hospitalisation d'urgence. Mon cerveau a assimilé l'information si vite que j'ai eu l'impression de me transformer en fou pendant les minutes qui ont suivi. 

J'ai reçu un coup de poing dans l'estomac, j'ai eu le souffle coupé, j'ai eu mal au cœur, à l'âme et j'ai retenu mes larmes .

T'aimer, c'est une évidence. Même si on ne se le dit pas, qu'on ne se le montre pas. Tu es mon papa, un père présent, de la vieille école, avec des principes à l'ancienne, des valeurs. Avec des défauts aussi, tu es rancunier, râleur, souvent têtu, mais tu es si franc, si généreux, si fiable, si solide. Tu es un homme comme on n'en fait plus.

Solide, c'est le mot. Je te voyais solide comme un roc, inébranlable. Et j'ai réalisé que je n'étais vraiment pas préparé à te voir fragile, diminué, sans forces. J'ai compris alors toute la force de notre lien, tout l'amour qui me lie à toi, même si ces mots, on les garde au fond de soi. Ta pudeur, ta retenue, ta brusquerie parfois, c'est ainsi, c'est toi, je ne t'en veux pas.

Je n'ai pas eu besoin de cette épreuve difficile pour réaliser à quel point je t'aime et la chance que j'ai de t'avoir pour père. Non ce n'est pas ça. J'ai juste compris que j'avais terriblement besoin de toi, que tu étais un pilier dans ma vie, et je te croyais si intouchable que mon cœur de petit garçon s'est mis à saigner, mes larmes à couler. Je n'étais plus un garçon , je suis devenu un homme. Et ton combat est devenu mon combat. Et le reste m'est devenu secondaire, plein de choses sont apparues tellement futiles, sans importance.

Ils nous ont dit que tu avais eu de la chance, que cela aurait pu être bien pire, très grave, que maman avait eu un excellent réflexe en t'amenant aussi vite à l'hôpital Generale de Reference , de prendre cette alerte au sérieux, et que les séquelles étaient minimes compte tenu de l'importance du traumatisme.  Rien qu'écrire me fait encore trembler, frissonner, j'en ai toujours les larmes aux yeux.

Nous avons envoyé toutes nos ondes positives pour que les résultats d'examens soient encourageants, pour que tu puisses sortir rapidement, pour que tu retrouves ta maison à Atrone, que tu te rétablisses. Tu n'as pas pu gagné cette première bataille, tu es resté à l'hôpital au bout de plusieurs jours. Diminué, fatigué, inquiet mais toujours debout, tenace avec cette rage de retrouver toutes tes forces, toute ta mobilité.

Je suis tellement fier de toi, de cette image de père, de mari, de grand-père, d'homme tout simplement que tu montres, que tu es. Malgré, je le sais, tes peurs, tes doutes, ta fatigue, ta frustration.

Tu es coriace, motivé, positif et ton impatience légendaire est ta force. Tu ne supportes pas l'inactivité alors je savais que tu etais sur la bonne voie, celle de la guérison. En quelques jours déjà, quelques semaines, tu as fait tant de progrès. Te voir diminué, n'ayons pas peur des mots, privé même juste un temps d'une partie de tes capacités, de ta mobilité, a été un véritable crève-cœur. Car on peut juste te soutenir, t'encourager mais cela demeure ton combat. Sur cette chienne d'épreuve, cette injustice. Il n'y a jamais de logique, de justice face à la maladie nous sommes tous égaux et vulnérables, la santé peut nous lâcher sans raison, sans préavis.

C'est une sacrée leçon de vie, d'humilité que d'y être confronté. Alors on suivais tes efforts, tes progrès petit à petit et ils etaient déjà si nombreux. Sans t'infantiliser, sans en faire trop. L'image du père reste, tu es resté debout, tu ne sombreras pas.

Je crois que je sais aujourd'hui d'où je tiens cette force de caractère, cette pugnacité, cette volonté. Tu me l'as transmise. Oui papa, je crois que c'est grâce à toi si aujourd'hui, j'ai moi aussi trouvé cette force de me battre contre la maladie et osé sauter le pas qui me semblait être un fossé infranchissable pour enfin être celui que je suis et faire ce que j'aime.

J'ai eu peur pendant des années de ne pas être à la hauteur de ta force, de tes attentes, je me suis senti souvent incompris face à ton pragmatisme, tes évidences. Maintenant je réalise que notre différence est notre force et plus je prends de L'Âge ,plus je me sens proche de l'homme que tu es et fier d'être ton fils.

J'espère que c'est réciproque et que tu sais, même si tu ne comprends pas toujours les décisions que je prends, que vous m'avez aidé, maman et toi, à croire en moi. Cela a pris du temps mais j'y suis arrivé et c'est grâce à vous.

Tu es un modèle, papa. Je n'ai pas besoin de ceux des films pour savoir quel est mon héros favori. tu m'a donné la vie.

Son nom ? Juste NDOLENGAR NGARINGAM MOISE !

une pensee à tous les papas du monde.


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⏰ Last updated: Apr 11, 2020 ⏰

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