— Cesse de te soucier de mon héritage ! J'ai encore plusieurs années à régner avant de devoir retourner auprès d'Assur.

— Vous alternez entre guerres violentes et mode de vie dangereux, je ne serai pas si sûr.

— Je t'ai confié ma sécurité et la certitude de nos victoires. Tu as toute ma confiance pour accomplir ces tâches. Occupes-toi d'Assyrie, je m'occupe de ma vie personnelle. »

Sharroukin ne réagit pas immédiatement. Il savait que Salmanazar V était un bon roi, mais le pouvoir l'avait perverti. Jamais le jeune homme au côté duquel il s'était battu sur les champs de bataille n'aurait donné aussi peu de valeur à la vie. Les sorciers avaient raison : Assyrie étaient en danger.

« Si c'est l'abbat sarri, je m'acquitterai de ma tâche. Permettez-moi cependant d'émettre des réticences à votre campagne visant à assimiler le royaume d'Israël. Je ne pourrai mener ces deux fronts de bataille.

— Que veux-tu dire ?

Sangû, vous ne pouvez l'ignorer plus longtemps. Le peuple gronde, prévint le sorcier. Il est sur le point de se révolter à cause de vos... De vos pratiques. J'ai eu une réunion avec les miens, certains ont émis des solutions allant à l'encontre de ma mission.

— Eh bien dans ce cas, fait-les tuer ! exigea le roi. Que vous partagiez des dons similaires et extraordinaires ne vous donne pas le droit d'attenter à la vie du sar mat assur.

— Ils ne font que reporter la pensée du peuple.

— Eh bien dans ce cas, le peuple connaîtra ce qu'il en coûte d'avoir ce genre d'idées. Il est hors de question que nous montrions des signes de faiblesses à nos provinces et nos ennemis. »

Au moins, il n'était pas encore complètement idiot, pensa Sharroukin. Mais il fallait tout de même intervenir. En plus d'avoir été perverti par le pouvoir, Salmanazar V semblait être devenu profondément attaché à ce pouvoir.

Un bon sangû ne prenait pas sa tâche comme un avantage, mais comme un travail, un moyen de rendre hommage à Assur. Aucun roi n'envisageait d'épurer son propre peuple pour taire des rumeurs.

« Je ne sers que le sangû, reprit Sharroukin, son visage fin ne trahissant aucune émotion.

— Très bien, » déclara Salmanazar V en se levant de son trône et s'approchant de son général. « Dans ce cas, je veux que tu organises d'ici ce soir une rafle des traîtres. Que ce soit les miens ou les tiens. Aucune distinction d'aucune sorte. Parallèlement, je veux que tu m'apportes ce soir un plan visant à anéantir Samarie. Je veux que d'ici un mois, cette ville soit rayée de la carte du monde.

— Cela risque de prendre un peu plus de temps, mais je peux sans doute vous proposer une ébauche.

— Peu m'importe. Je veux qu'avant l'akitu, je puisse agrandir notre empire.

— Je ferai en sorte que notre victoire soit certaine.

— Tu as toute ma confiance, je sais que tu es capable de tout. Tes dons seront utiles.

— Vous savez que je n'ai pas le droit d'en faire usage sur des humains.

— Sur des humains, mais sur des murs, je ne crois pas que cela te soit interdit.

— Effectivement, » concéda Sharroukin après une courte hésitation. « Vous avez entièrement raison, comme toujours. Et pour le peuple.

— Choisi la méthode qui te semblera la meilleure. Je ne veux rien savoir. Tout ce que je veux, c'est que ces idées de révoltent soient tuées dans l'œuf.

Avada KedavraWhere stories live. Discover now