L'héritage du sang [Suite du Triangle du sang]

Chapitre 9 : Une personne à part entière

Ce jeudi matin nous étions tous descendus prendre notre petit déjeuner malgré ce qu'il s'était passé la veille, nous attachant à notre routine habituelle pour nous rassurer. Pourtant, la grande salle ne renfermait pas son brouhaha habituel. Au lieu de ça, nous parlions tous à voix basse entre nous.

La veille, quelque peu après ma discussion avec Drago Malefoy, le professeur McGonagall était venue nous annoncer la mort de Lewis Prester chez les Gryffondor. Elle était passée dans chaque maison.

Quand Steeve et moi nous étions installés à table, Céleste était déjà là avec Rosalia. Habituellement, je prenais soin de m'éloigner d'elle au maximum, mais là je m'étais assis dans sa diagonale. Elle avait haussé un sourcil quelque peu surpris, mais n'avait rien dit. Steeve non plus. Ni ma famille, qui avait finit par nous rejoindre les uns après les autres. La veille, la directrice nous avait expliqué que la mort de l'élève était très certainement du fait d'une créature magique, mais moi je savais que ce n'était pas le cas. Drago Malefoy était l'un de ceux qui s'y connaissait le mieux en magie noir et pour lui c'était bel et bien un meurtre.

- Il parait que des aurors et des spécialistes en créatures magiques ont passé la nuit à fouiller la forêt et les alentours du château, commenta Rose à voix basse.

- Comment tu le sais ? Demandai-je.

- J'ai entendu le baron sanglant et Nick quasi-sans-tête en parler dans un couloir.

- Et ils ont trouvé quelque chose ? Tu crois que mon père y était ?

Elle se contenta de hausser les épaules, tandis que je jetais un discret coup d'œil à Céleste. Elle avait les yeux rivés sur son assiette. Je savais ce qui allait se passer tôt ou tard et j'étais sur qu'elle s'y préparait. Cependant, cette fois je serais là pour l'aider. Pas pour faire plaisir à mes parents ou ma famille. Cette fois, c'était uniquement pour la protéger elle. Lorsqu'aucune créature magique ne serait découverte, les suspicions envers Céleste seraient immédiates. J'en étais persuadé. Tout ça parce qu'elle était la fille de T.

- Ce n'est pas normal que McGonagall ne soit pas là, me lança Steeve à voix basse. Elle devrait même être entrain de faire un discours ou quelque chose comme ça.

- Elle doit être avec les aurors.

- Tu penses que cela pourrait-être quel genre de créature ?

Il y avait des moments comme celui-ci où j'étais à deux doigts de tout révéler à mon meilleur ami concernant Drago Malefoy. J'aurais voulu lui dire qu'il s'agissait d'un meurtre parce que le mage noir me l'avait dit, mais je ne pouvais pas. Je ne le pourrais certainement jamais d'ailleurs. Même lorsque j'aurais quitté Poudlard. Je l'imaginais mal encaisser le fait que je lui ai caché tout ça.

Les hiboux arrivèrent et lorsque la Gazette du sorcier m'atterrit dans la main, la terrible nouvelle faisait déjà les gros titres.

« Une dangereuse créature magique tue un élève à Poudlard »

Ce titre était affolant, mais il fallait mieux avoir peur d'une créature que d'un sorcier. Du moins pour l'instant, cela éviterait une panique encore plus grande.

- James, me souffla Steeve, ton père est là.

Je relevai le nez du journal. Mon père se tenait à l'entrée de la grande salle. Il discutait avec le professeur McGonagall. Je n'eus pas le temps de me tourner vers Lily et Albus qu'ils s'étaient déjà levés de leurs chaises pour rejoindre notre père. Je soupirai d'agacement. Cela faisait bien un mois que les plus jeunes élèves ne chuchotaient plus sur mon passage, mais avec la présence de mon père à Poudlard, j'étais persuadé que cela allait reprendre de plus belle. Je vis Lily se jeter exagérément dans les bras de mon père, comme si elle avait été attaquée elle-même. Albus fut heureusement davantage dans la retenue. Tout le monde avait vu la scène, je fus donc bien obligé de me lever à mon tour pour rejoindre ma famille. En traversant la salle, j'eus la désagréable impression que tous les regards se tournaient vers moi. Lorsque je fus à sa hauteur, mon père se détacha quelque peu de Lily et me posa une main sur l'épaule pour y exercer une pression pleine d'affection.