Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas ce qu'étaient les « sandwichs au beurre de cacahuètes ».

― Je te ferais goûter si tu viens avec moi.

C'était donc de la nourriture. À cette pensée, mon estomac émit un grognement qui la fait sourire. Il est vrai que j'avais faim. Quand était-ce la dernière fois que j'avais avalé quelque chose ? Je n'en savais rien.

Mais je devais me nourrir. Au moins pour le futur enfant qui était en moi. Triturant mes doigts, je m'avançai d'un pas. La blonde comprit puisque, d'un signe de tête, elle m'intima de la suivre. Nous descendons deux étages, marchons dans plusieurs couloirs avant d'arriver devant une double porte dont les vitres étaient transparentes.

― C'est le laboratoire, me dit-elle. Là où Bruce travaille. Il t'attend.

Je croyais qu'elle allait me faire goûter ces... trucs au beurre de cacahuètes. J'aurais dû me douter que c'était une feinte.

― Tu sais où se trouve la cuisine ?

― Non.

― Je t'attends ici.

Inspirant profondément, j'entrai alors dans le laboratoire où ce fameux Bruce était déjà présent. Il leva la tête de ses papiers en entendant les portes s'ouvrir et, de suite, il me sourit avec gentillesse.

― Safira, c'est bien ça ?

J'acquiesçai.

― Asseyez-vous.

Je m'assis sur la chaise qu'il m'indiqua et l'observa s'affairer autour de moi. Une fois qu'il avait posé plusieurs choses dont j'ignorais le nom, sur la table à côté, il s'approcha de moi. Lorsqu'il pencha la tête vers la mienne, j'eus un mouvement de recul qu'il ignora, dardant ses yeux foncé sur mon œil blessé.

― Vos yeux sont magnifiques. Cette couleur me rappelle les glycines. Ce sont des plantes.

Je hochai la tête. Je ne sais pas pourquoi mais j'avais l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Mais où ?

― Vous n'avez pas l'air d'avoir de traumatismes mais je vais tout de même m'assurer que tout va bien, dit-il d'une voix douce. Si je vous fais mal, n'hésitez pas à me le dire.

Premièrement, il nettoya mes deux entailles – l'une sous mon œil, l'autre au-dessus, scindant mon sourcil en deux –, puis y apposa une crème dites apaisante et réparatrice. Deuxièmement, il passa une lumière sur mes pupilles, annotant je ne sais quoi sur une feuille. Troisièmement, il alla accrocher un tableau avec des lettres et des chiffres de toutes tailles à un bon mètre de moi avant de venir me cacher l'œil gauche de sa main.

― Récitez-moi ce que vous voyez sur le tableau, de haut en bas.

― Pourquoi ?

― Il faut que je sache si votre œil est toujours fonctionnel.

― Il l'est. Je vois tout ce qu'il y a d'écrit.

― Est-ce que c'est net ?

― Oui.

Il retira sa main puis se mit face à moi, la mine contrite. Pourquoi me regardait-il ainsi ?

― Écoutez, si je vous demande de le faire, ce n'est pas pour vous embêter. Je vais devoir faire un bilan toutes les deux-trois semaines pour voir si votre œil ne se détériore pas avec le temps. C'est donc important que vous lisiez ce que vous voyez sur ce tableau. Vous comprenez ?

J'acquiesçai, triturant un peu plus mes doigts. Bruce se racla la gorge, se mit de nouveau derrière moi pour me cacher l'œil gauche. Cette fois, je récitai les lettres et chiffres sans aucun mal.

𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓Where stories live. Discover now