𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐗𝐈𝐕

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"Tout est enfin prêt. Avec Elizabeth, nous avons tout mit en place. Dès que j'aurais quitté le manoir avec mon père, elle viendra te chercher, te donnera les provisions et tu iras dans la direction qu'elle t'indiquera, expliquai-je, À quelques kilomètres, tu trouveras une maisonnette inoccupée, mais qui te permettra d'être à l'abri afin de reprendre des forces."

     Cela faisait plusieurs jours que mon père s'était totalement désintéressé de John, j'en ignorais la raison, mais j'avais pu au moins lui apporter une couverture, bien qu'il m'ait toujours assuré que cet endroit n'était aussi froid qu'il n'y paraissait. Je me rapprochai néanmoins de lui et posai ma main sur son avant-bras. Sa peau était affreusement froide. Je me baissais le temps d'attraper la couverture sur laquelle il restait assit la plupart du temps, plutôt que de s'en couvrir. Je fus contrainte de légèrement me donner un peu plus de hauteur en me hissant sur la pointe des pieds, afin de poser la couverture sur ses larges épaules.

"Je te rejoindrai dès que le soleil commencera à se coucher. Tout est prévu pour que mon père ne s'inquiète pas et ne se pose pas la moindre question."

     Je sentais qu'il se détendait un peu suite au fait que je lui apprenais que je passerais un peu de temps en sa compagnie avant qu'il reparte définitivement à Birmingham. Un frisson me parcouru l'échine, et tandis que j'essayais de dissimuler le froid dû la brise qui s'était glisser jusqu'à moi, John se rapprocha et me prit dans ses bras, de sorte à ce que je sois, moi aussi, couverte. Nos corps étaient si proches, que je pouvais sentir la chaleur qui émanait du sien. Cette proximité me bouleversa de façon à ce qu'un étrange sentiment de peur pris le dessus sur tout ce que je ressentais à l'idée que cette évasion échoue.

"J'ai un mauvais pressentiment, avouai-je, Comme si, quelque chose de grave allait arriver."

     Le visage de John restait toujours aussi doux. Aucune grimace ou sentiment d'inquiétude ne venait trahir le bon moment qu'il semblait passer. Le fait qu'il me paraissait si paisible, me faisait culpabiliser, de lui faire part de toute cette négativité que j'avais en moi. Sans que je m'y attende, il vint caresser délicatement ma joue, ce qui me procurait un léger sentiment de bien-être, qu'il ne m'arrivait presque jamais de ressentir.

"Ne t'inquiète pas, m'assurait-il, Tout se passera bien. J'ai confiance en toi."

     Grâce à ces quelques mots, je réussissais à reprendre un peu confiance en moi. Savoir que lui, il me faisait confiance, me procurait énormément de bien et je ne voulais qu'une chose : ne pas le décevoir et l'aider à sortir d'ici vivant. Un large sourire vint se dessiner sur mes propres lèvres. Avant de venir jusqu'ici, j'avais peur de le regretter, car je savais qu'après cela, il me manquerait. Cependant, ce n'était plus le cas, j'étais heureuse d'être ici avec lui et si je devais le refaire, je n'hésiterais pas une seule seconde.

Le regard océan de John se plantait dans le mien. Un silence qui était loin d'être pesant, s'installait peu à peu. De son pouce, il continuait lentement de caresser ma joue et cela me fit fermer les yeux. Le contact de sa peau contre la mienne, était follement agréable. Et soudain, je sentis que son souffle était très proche de mon visage. Mes yeux s'ouvrirent légèrement, formant deux petites fentes et je découvris que le visage de John n'était qu'à quelques centimètres du mien. Mon propre souffle se fit court et j'ignorais ce que je devais faire ou si je devais tout simplement esquisser le moindre geste. J'étais comme paralysée face à l'emprise qu'il semblait avoir sur moi, ce qui le fit un peu plus sourire, mais ce n'était pas le même sourire qu'il avait pu avoir de nombreuses fois. Le sourire condescendant de nos premiers échanges avait complètement disparu. Celui-ci, était rassurant et très beau à regarder.

"Laisse toi faire."

     C'est ce que je fis, bien que je ne vis pas, ce que j'aurais pu faire d'autres à cet instant. J'étais bien trop hypnotisée par ce regard, par ces lèvres, qui se rapprochaient petit à petit des miennes. J'attendais qu'il le fasse. J'attendais qu'il m'embrasse, mais il semblait vouloir savourer cet instant, tout comme moi, même si j'éprouvais un étonnant empressement dû aux sentiments qui s'emparaient de moi. Puis, cela arriva, enfin. Délicatement et avec une extrême douceur, il déposa ses lèvres contre les miennes. Au début, j'avais l'impression qu'il attendait de voir si je consentais ou si j'allais le repousser. Ainsi, pour le prier de continuer, je déposais mes mains sur ses joues.

Ses lèvres se mouvaient d'une lenteur déconcertante contre les miennes et je suivais le rythme. Je m'abandonnais complètement à ce premier baiser que nous échangions et cela ne fit que confirmer tout ce je pensais ressentir, sans en être véritablement sûre envers John. Je sentais que je pleurais. Je pleurais, car cette histoire qui ne faisait que commencer, allait prendre fin aussitôt que John serait loin de moi. Je laissais libre cours à mon amour mélangé au désespoir qui prendrait peu à peu le dessus et me plongerait dans une profonde tristesse et au deuil d'un amour sans espoir.


Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)Where stories live. Discover now