L'Ombre de Magda, tome 1 de la Trilogie 3 Familles dans Une Baignoire

Chapitre 8 : Berlin - 1879

Quelques années s'étaient écoulés depuis le mariage printanier d'Otto et de Magda. La mariée était jolie et timide, et le marié fier comme Artaban.
Leur ménage s'était construit petit à petit avec deux enfants rapprochés: un garçon Ludwig puis une fille Irina.
A peine relevée de couches, Magda était de nouveau tombée enceinte. Elle sentait le bébé grandir dans son ventre. Elle avait l'intuition que ce serait de nouveau un garçon. Son mari était devenu un courant d'air. Son affaire prenait de l'ampleur et avec cela les voyages dans toute l'Europe. Il avait dû passer juste quatre jours consécutifs dans leur foyer plein d'enfants depuis la naissance de Ludwig.
Leur amour était fait de tendresse et parfois de passion comme le témoignaient les grossesses à répétition. Magda ne ressentait pas de rancune comprenant le choix de son mari. Elle aurait juste aimé plus d'aide.

Elle avait trouvé une alliée surprenante dans la secrétaire de son mari Bernadette. A cause de tous ces déplacements Otto allait peu au bureau et utilisait énormément sa fidèle secrétaire qui faisait les allers retours entre bureau et domicile pour le patron.
Otto hésitait à promouvoir un employé existant comme apprenti à sa succession. Il aimait être entouré de femmes même si une seule gouvernait son cœur.
Bernadette restait souvent pour le thé avec Magda après le départ d 'Otto par le train de début d'après-midi.
Les deux femmes étaient rapidement devenues amies. Bernadette était une sorte de Mamie Gâteau pour Ludwig et Irina.
La grossesse de Magda avançait et son ventre devenait chaque jour plus gros. Bernadette voyait cette vie s'éclore avec joie mais s'inquiétait des absences répétées d'Otto. Les deux précédentes naissances s'étaient bien passées mais avaient fatigué la jeune mère. Le bébé grossissait chaque jour davantage et Magda restait menue malgré ses multiples grossesses.

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Ce matin-là, il pleuvait. Otto était à Paris avec Gaston, un jeune homme prometteur. Magda terminait son huitième mois de grossesse. Bernadette était passée prendre des nouvelles. Magda avait mal dormi. La goulasch de la veille lui était restée sur l'estomac.

Magda proposa de partager une eau parfumée. Bernadette accepta. Elle sentait la naissance imminente. Magda paraissait calme. A cause de la pluie, les chemins s'étaient transformés en routes impraticables. Le médecin accoucheur du village d'à côté ne pourrait malheureusement pas venir. Magda demanda à Bernadette un service qui allait sceller leur amitié à jamais.
Bernadette accepta avec empressement de rester à ses côtés pour l'aider à donner naissance à cette nouvelle vie.
Magda lui avoua dans un gémissement qu'elle souffrait le martyr. Elle avait essayé d'ignorer les symptômes ne voulant pas accoucher par ce temps pluvieux sans son époux. Il était encore tôt dans la grossesse: seulement huit gros mois. Le bébé avait passé une grande partie de ces longs mois à lui donner des coups de pied. L'enfant semblait courageux. Ludwig et Irina s'étaient mis à pleurer sentant la détresse de leur mère.
Bernadette était leur roc dans le chaos. Magda se déshabilla et s'installa sur le lit avec une bouillotte espérant ainsi soulager la douleur. Malheureusement chaque heure s'écoulant, les contractions s'intensifiaient. Bernadette lui tenait la main, et les deux enfants regardaient sans comprendre leur mère hurler.

Après des heures interminables, l'enfant naquit avec une belle tête toute ronde pleine de cheveux noirs et des yeux clairs magnifiques. Magda était soulagée. Cet enfant lui avait fait bien plus mal que les deux précédents. Ludwig et Irina avaient senti avec leur intuition enfantine que cet enfant était différent. Ils refusèrent dès les premiers instants de le regarder et de l'embrasser.

Magda l'appela Otto Junior espérant que son mari le sentirait et reviendrait au plus vite à son chevet. Elle lui demanderait d'accorder un gros bonus à Bernadette et surtout de former un apprenti pour prendre sa suite. A court terme, cela lui permettrait de moins voyager.

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Au bout d'une semaine et demie, Otto revint le sourire aux lèvres de Paris ayant négocié un beau contrat. Il retrouva un foyer en plein émoi après la naissance du petit Otto Junior.
De l'amertume apparut dans son cœur, il avait manqué la naissance de son fils. Sa femme avait géré la situation avec brio comme à son habitude.

Dès le lendemain il fit les changements qui s'imposaient et nomma Gaston comme apprenti.