Chapitre 25 : Novlia (Partie 1)

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Loan descend du Double EE, le vaisseau du Capitaine Malocmbe qui s'est posé il y a quelques minutes sur l'une des plateformes d'amarrage de la planète Novlia. À peine il inspire l'air, les gaz et fumées qui stagnent dans l'atmosphère lui brûlent les poumons. Il tousse et est pris d'une forte envie de cracher. Et puis, se sont les larmes qui lui montent aux yeux. Il tourne la tête vers Aven qui vient de se poster à côté de lui. Son ami se frotte les yeux, très vite rouges.

— On aurait peut-être dû rester à l'internat, finalement, commente Aven.

Novlia est l'une des plus proches planètes d'Orfey, l'une des quatre primaires, celles où les éléments sont nés. Il est aisé, au premier coup d'œil, de deviner quel élément a vu le jour sur Novlia, l'atmosphère est lourde et chaude, la fumée qui s'échappe des montagnes, le ciel rougi, sont tout autant de référence au feu. Au cours de voyages avec sa famille, Loan a eu l'occasion de visiter les quatre planètes primaires et Novlia est loin d'être sa favorite. Il y fait chaud et seuls les locaux y respirent sans difficultés.

— Au moins tu seras content d'y retourner, rétorque Loan à son meilleur ami.

À l'instar d'autres planètes voisines, Novlia a essuyé une attaque il y a quelques heures. Des explosions au plus profond des cratères ont provoqué l'éruption de deux des volcans qui bordent la capitale. Les images que Loan a pu visionner étaient spectaculaires avec d'immense coulées de lave détruisant tout sur leur passage, enflamment les maisons et engloutissant les malheureux qui n'ont pas pu trouver un abri. Le feu demeure, jusqu'à présent, le seul élément pas déréglé et Novlia avait été épargné par les incidents naturels. Mais c'était évidemment sans compter sur les terroristes chaque jour plus nombreux qui profitaient des récentes faiblesses de la Ligue pour l'attaquer toujours plus proche de son noyau.

Le jeune homme observe les scientifiques sous les ordres de Malcombe déballer leurs différents équipements. La plupart des vaisseaux de la Ligue étant dispersés aux quatre coins de l'univers pour secourir les populations et traquer les criminels, l'équipage du Double EE était le plus proche de Novlia. Loan terminait sa garde de nuit à l'internat lorsque son parrain lui a proposé la mission. Ni une ni deux, il a sauté sur l'occasion de quitter Laorelon pour quelques heures. Le trajet à bord d'un vaisseau comme celui de Malcombe ne dure que quelques minutes et ne lui a pas laissé le temps de fermer les yeux. Au contraire, il les a gardés grands ouverts pour visionner les images terribles que les caméras de surveillance ont pu transmettre. Le manque de sommeil n'aide en rien sa rétine à supporter les particules irritantes qui flottent.

L'écoulement de laves a pénétré chaque bâtiment de la ville et l'aéroport n'a pas été épargné, un pas de plus et Loan patauge dans une bouillasse de terre et de cendres. Ses chaussures résistent, mais la chaleur vient rapidement chatouiller ses orteils.

Embarquant ses deux jeunes recrues, le Capitaine Malcombe quitte l'aéroport. Loan l'observe ouvrir la marche, slalomant entre les tas de boue. Il essaye de l'imiter afin de ne pas salir ses bottes et ses vêtements. Ça y est, il y est, il effectue sa première mission en tant qu'agent pour le compte de la Ligue. Il touche du bout des doigts ce pourquoi il a travaillé avec autant d'acharnement. Les conditions ne se prêtent pas à sourire et il doit contenir son excitation. Cependant, quelques œillades en direction d'Aven lui font gonfler les pommettes.

Quand ils sortent de l'aéroport et que le paysage calciné de la capitale de Novlia s'offre à lui, Loan prend conscience de l'ampleur du désastre et toute trace d'un quelconque sourire s'efface. Saisit d'effroi, il grimace, écœuré par l'odeur de soufre et de sang. Avent porte carrément une main devant sa bouche.

— Mon dieu, entend-il le Capitaine murmurer.

L'avenue principal n'est plus qu'un conglomérat de pierres chaudes, de boue et de cendre. Les portes des bâtiments environnants sont arrachées et la plupart des murs ont été creusés.

— Nous n'avions pas connu d'éruption de cette puissance depuis sept cents ans, les informe le gouverneur de la planète.

Loan écarquille les yeux.

— Rien d'inhabituel à signaler ? le Capitaine commence son enquête.

Le gouverneur répond par la négative.

— L'éruption a été soudaine, aucun mouvement sismique, aucun incendie ? poursuit Malcombe.

— Rien. Les données ont été transmises à vos équipes, Capitaine, mais nous n'avons rien vu venir. Pourtant, nous redoublons de vigilance au vu des événements récents chez nos voisins.

Le Capitaine hoche la tête et Loan le voit chercher son regard, puis celui de sa seconde. La femme d'une petite trentaine d'années, une ancienne de Laorelon, la suit comme son ombre jusqu'à qu'elle accède à son tour au titre de Capitaine. La question de Malcombe est simple : est-ce que l'éruption est due au dérèglement élémentaire ou non ? Pour Loan, la réponse est non. S'il y a un point sur lequel les scientifiques s'accordent depuis le début, c'est que le feu n'est, pour une raison inconnue, pas touché.

— Est-ce que des individus inhabituels ont été signalés près des cratères ? s'enquiert Malcombe.

— Les cratères sont visités au quotidien par des touristes, par des travailleurs qui extraient des minerais des profondeurs, par des analystes, par des Contrôleurs qui viennent s'exercer à dompter la lave en fusion, trop de personnes passent pour que nous puissions repérer des individus suspects.

Malcombe hausse un sourcil, dubitatif. Loan, lui-même, est surpris par cette dernière phrase. La Ligue forme et paye des agents pour veiller à la sûreté de ses territoires, c'est à eux qu'incombe la seule et unique tâche de repérer les criminels.

— Les seuls que nous avons cru repérer sont ces hommes en noirs qui apparaissent et disparaissent, reprend le gouverneur.

Cette phrase capte définitivement toute l'attention de Loan. Depuis la mention de ces hommes à la folle capacité de se téléporter, le jeune homme traque chacune de leur apparition. Il tient son rôle de simple agent, ne presse pas le gouverneur, mais une foule de questions se bouscule dans sa tête. Ce nouveau signalement de ce groupe est le quatrième en dix jours. À chaque fois, les habitants parlent de fantômes ayant surgi dans le déferlement des éléments pour les secourir et disparaître aussitôt. Amis ou ennemis, réalité ou fantaisie, la Ligue, et notamment Malcombe, se penche sérieusement sur leur cas. Cependant, aucune donnée sérieuse ne remonte, à chaque fois il s'agit de témoignages peu précis où les conteurs se demandent s'ils n'ont pas rêvé.

— Où ont-ils été vus ? questionne la seconde du Capitaine.

— L'une de nos caméras en a filmé un en train de dévier la trajectoire d'une coulée qui s'apprêtait à emporter un enfant.

Au moins un qui a eu de la chance, pense Loan. Il n'ose imaginer le nombre de corps sans vie qui gisent sous les éboulements.

— Nous avons de nombreux manipulateurs du feu sur Novlia, cependant leur nombre n'a pas suffi à endiguer la crue de lave. Heureusement que ces hommes sont intervenus ... à moins qu'ils ne soient à l'origine de ce désastre.

Loan fait la moue et constate la même perplexité sur le visage de son parrain. Se pourrait-il qu'un même groupe déclenche les problèmes et les règle ensuite ?

Malcombe doit sûrement cogiter toutes ces informations dans sa tête. Il demande à ce que toutes les vidéos recueillies soient transmises à son vaisseau, puis il fait signe à son équipe de le suivre. Le groupe s'attelle à remonter l'avenue principale de Novlia, une longue marche dont le point d'arrivée est le volcan qui domine la ville. 

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Et voici encore un ajout de la réécriture, l'un des quelques chapitres du point de vue de Loan. Que pensez-vous de ces passages où on sort un peu de Laorelon ? 


La seconde partie du chapitre est à découvrir tout de suite ➡️

Le Cristal Pur ~ Tome 1 ~ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant