𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐕𝐈𝐈𝐈

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"D'accord, j'accepte de te faire office de chauffeur pour aujourd'hui.

Mais ? Je sais que tu attends quelque chose en retour, disais-je.

C'est vrai. J'aimerais que tu acceptes de dîner avec moi. Quand je n'ai pas encore décidé, mais tu seras avertie quand ça sera fait."

     Si c'était la condition pour me rendre en presque toute liberté à Birmingham, je pouvais survivre à un dîner avec Federico. Je ne pouvais pas espérer qu'il finisse par oublier cette idée, car il attendait cette opportunité depuis très longtemps. Je lui ai tendu la perche, il n'a fait que la saisir.


     Birmingham était toujours aussi sombre que la dernière fois. L'ambiance de cette ville ne m'avait pas particulièrement manqué. En revanche, je prévoyais de bien faire un tour dans ce petit magasin afin de faire le nouvel achat d'un livre. J'avais finalement terminé Les Misérables et j'avais adoré. J'espérais que l'aimable monsieur me conseillerait un autre trésor comme celui-ci. À partir du moment où j'avais mis les pieds hors de la voiture, Federico m'avait annoncé que j'avais une heure et demie devant moi, avant qu'il vienne me récupérer. Il avait autre chose à faire plutôt que de m'attendre à l'entrée de la ville et je ne m'en serais pas plainte. Au moins, j'étais sûre qu'il ne serait plus dans les parages.

Je devais me rendre premièrement au Garrison. Dans l'espoir et le hasard d'y trouver Ada, il fallait que j'y mette les pieds une première fois. Si elle s'y trouvait déjà, j'aurais tout mon temps afin de lui poser les questions que j'avais en tête. Évidemment, je prendrais le soin de ne pas être trop curieuse. Les Peaky Blinders avaient l'air d'être un gang aillant beaucoup d'emprise sur les habitants de cette ville, qui n'hésiteraient pas à dénoncer les fautes de leur propre famille pour sauver leur peau. Le bar semblait être très mouvementé pour un début d'après-midi, ça ne m'étonnerait pas que ce soit comme cela toute la journée. En entrant, je fus dévisagée par quelques hommes qui s'étaient interrompu dans leur conversation et la dégustation de leur boisson. Mon regard se porta directement vers le bar et malheureusement, j'étais définitivement la seule femme présente dans cet endroit. Tant pis, il se pourrait que je la croise un peu plus tard.

Je décidais donc de me rendre à la petite librairie. En y pénétrant, je tombais directement sur le vieux monsieur qui m'avait très bien accueillie la première fois. Il semblait occupé par ses comptes, mais releva la tête lorsqu'il entendit la porte de l'entrée du magasin s'ouvrir. Je fus soulagée de constater qu'il m'avait reconnue, puisqu'un sourire se dessinait sur son visage.

"Bien le bonjour mademoiselle, je suis content de vous revoir aussi vite.

Je vous souhaite le bonjour, saluai-je, Je me suis sentie obligée de revenir. J'ai finis le roman que vous m'aviez conseillé et je l'ai adoré !"

     L'homme me sourit avant de chercher quelque chose sous son comptoir. Il en sortie un livre et dont le titre Pride and Prejudice me semblait être un ouvrage britannique. J'admirais la couverture et lisais le résumé en prenant le livre dans mes mains. Pendant une fraction de secondes, j'oubliais presque que je devais trouver Ada. J'avais presque envie de retourner au domaine pour le lire d'une traite. Mais la patience et l'envie devaient attendre. Je remerciais le libraire et le payai cette fois-ci avec mon propre argent. Mais avant de quitter la boutique, je revins finalement sur mes pas et adressait au monsieur un sourire très aimable avant d'entamer le sujet.

"Dites-moi, cette question va peut-être vous paraître étonnante, expliquai-je, Mais connaissez-vous les Peaky Blinders ? Ou en avez-vous déjà entendu parler ?"

     Le visage du libraire devint soudain blême. Son regard balaya rapidement l'extérieur, de crainte qu'un des membres du gang ne passe par ici. Visiblement, à Birmingham, c'était un vrai sujet tabou. La réaction du vieux monsieur me donnait l'impression que pour en parler, les habitants devaient à tout prix prendre leur courage à deux mains, pour ne serait-ce que prononcer le nom de ce dangereux gang.

"Bien sûr mademoiselle. Mais ce n'est pas quelque chose dont on parle aisément en lieu public. Veuillez me pardonner, disait-il en haussant les épaules, Mais je préfère garder le silence, concernant ces individus."

     Je le remerciais encore une fois et lui promettait de passer une fois que j'aurais lu ce nouveau livre. Cette petite conversation fut rapide. J'espérais que si je croisais Ada, elle serait beaucoup plus bavarde. Les Peaky Blinders devaient probablement terrifier les habitants de Birmingham au point qu'ils ne veuillent même pas en parler. Et me dire que l'un d'eux se trouvait dans le sous-sol de ma maison, me rassurait de moins en moins. Je feuilletais mon nouvel achat tout en marchant dans la rue principale, aillant pour but le Garrison. Je voulais y faire un dernier saut, au cas où je pourrais rencontrer Ada.

Mais contre toute attente, j'entendis une voix féminine m'appeler avec un peu d'hésitation. Je me décidais tout de même à me retourner et je reconnus Ada. Lui lançant un grand sourire, je fis demi-tour et me dirigeai vers elle. Ravie d'enfin la voir, j'allais peut-être éclairer certaines zones d'ombres de mes réflexions qui commençaient presque à me hanter.

"Bonjour Giuliana, fit-elle, Qu'est-ce qui t'amènes ici ?

Je suis venue me procurer un nouveau livre, avouai-je en montrant le fameux livre."

     Elle inspecta la couverture avec intérêt. Puis son attention se recentra sur moi. Finalement, elle glissa son bras sous le mien et reprit sa marche.

"J'espère que tu me diras ce que tu en as pensé, personnellement j'ai bien aimé, déclara-t-elle."

     Mon livre sous le bras, je marchais en compagnie d'Ada à travers les rues de Birmingham. Mais je me sentais affreusement observée. En regardant un peu plus autour de moi, je me rendais compte que c'étaient les passants qui nous dévisageaient à chaque fois qu'ils passaient à côté de nous. Ces regards insistants me rendaient un peu mal à l'aise. Certains passants qui nous voyaient arriver de loin changèrent de trottoir.

"Est-ce qu'il y a une raison pour que l'on nous dévisage ainsi ? demandai-je.

Oui. C'est à cause de moi."

     Je la regardais sans vraiment comprendre où elle voulait en venir. Quelle réputation devait-elle avoir pour que les personnesaient peur d'elle et qu'ils changent soudainement de trottoir en la croisant ?Tout d'un coup, je commençais peu à peu à comprendre, mais Ada fut plus rapide que moi pour mettre des mots sur ce que je pensais.

"Ma famille est très connue à Birmingham, expliquait-elle, De plus, mes frères ont leur propre gang.

Un gang ? m'exclamai-je préférant jouer la carte de l'ignorance.

Les Peaky Blinders. Cette bande de gros tarés sont mes frères."

     Cette révélation était la dernière à laquelle je m'attendais. Ada était la sœur de ceux qui dirigeait le gang des Peaky Blinders ? Il fallait que je continue de faire comme si je ne savais absolument rien afin qu'elle m'en dise plus. En tous cas, elle avait l'air un petit plus bavarde que John Shelby.

"Le truc, c'est qu'un de mes frères a disparu. Même si je ne veux rien avoir à faire avec leur business, m'expliquait-elle, Le reste de la famille est très en colère, au point de pouvoir tuer ceux qui sont responsables de la disparition de John quand ils le retrouveront. Parce qu'une chose est sûre, ils ne tarderont pas à le retrouver."

Dans les yeux d'un Shelby || Tome I (en réécriture)Where stories live. Discover now