Chapitre 1 (essai de différents incipits)

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ATTENTION RÉÉCRITURE EN COURS, GROS RISQUES D'INCOMPRÉHENSION !

Dans le plus petit comté, du plus petit duché, du plus grand empire de la Terre des Flammes, il était une chose à laquelle on ne pouvait toucher : l'orgueil. Chaque matin, ses habitants défiaient le soleil de se lever plus tôt qu'eux. Tous les après-midi, les enfants se disputaient la première place d'une course avec le vent. Et le soir venu, les échoppes nocturnes et les bars hurlaient à la lune de briller autant qu'eux. Pour ces acharnés, envisager une quelconque domination était impensable.

Ce jour-là, de jolies lanternes de papier pourpre flottaient dans l'air floral d'un printemps avancé. Le petit matin se faisait paisible. Le soleil caressait de ses longs cils dorés la coupole du premier Grand Temple Désertique. La lumière s'écoulait des vitraux dont était formé le toit pour venir ruisseler sur ses joues pleines. Ces larmes colorées réchauffaient son visage de chérubin. Ainsi inondée par les ombres claires des carreaux, elle ressemblait à un ange tombé du berceau des cieux. Elle aspirait au calme le plus total. Ses paupières papillonnaient sur ses splendides iris ambrés. La douce torpeur de la fatigue s'infiltrait dans ses muscles. Le sol semblait aussi moelleux qu'un coussin. Sa tête dodelinait contre le marbre de l'autel.

— Dame Aèrwen ! Dame Aèrwen, où êtes-vous ?

— Par tous les dieux, soupira la fillette en plaçant son menton entre ses paumes.

Son regard glissa sur la bague qui enlaçait son index. Le rubis qui l'ornait était sans doute aussi éternel que l'engagement qu'il portait. Les pas pressés de la domestique parcoururent la neffe une poignée de minutes.

— Oh ! Mais que faites vous ici ? s'exclama la jeune femme en découvrant Aèrwen avachie contre l'autel.

— Je priais.

— Dans cette position ? rit-elle gentiment.

Son magnifique visage se voila d'une expression agacée. Sa bouche bien dessinée se tordit en un rictus effrayant, laissant apparaître des dents serrées. Les cheveux crêpus qui entouraient d'ordinaire son minois comme les rayons d'un soleil éblouissant se dressaient sur sa tête tels les cornes et les flammes d'un démon colérique. Elle planta ses yeux sans fin dans ceux apeurés de la servante. On ne pouvait distinguer dans ceux-ci qu'une brume inquiétante, mère de toutes les souffrances et angoisses. La malheureuse fut prise d'un haut le cœur, comme si une vision de l'enfer venait de s'imposer à elle.

— Je suppose que si tu viens m'importuner c'est pour une bonne raison.

La femme tremblait de toute part. Elle sentait l'adrénaline affluer dans ses veines et son rythme cardiaque accélérer. Sa salive eut grand mal à passer dans sa gorge serrée.

— Il se trouve que... Enfin, je...

— Aèrwen ! Voilà donc où tu te trouvais, tonitrua une voix enfumée par le tabac.

Les faisceaux chatoyants de la verrerie serpentaient sur le grain sombre de sa peau tanée par le soleil infernal de la Terre des Flammes. Ses bras, sculptés tels l'ébène la plus précieuse, se croisaient sur son torse en un enchevêtrement d'une harmonie belliqueuse et destructrice. Il ancra ses yeux patelins dans ceux effrayés de la domestique.

— Vous pouvez disposer.

Elle ne se le fit pas dire deux fois. Elle détala aussi vite que lui permettaient ses jambes de coton.

— Aèrwen, t'ai-je déjà dit à quel point tu me ressembles ?

— Oui, tu me fais la remarque chaque fois que tu me vois arborer cet air qui fait ta fierté. Ne crois pas que cela me fasse plaisir, rétorqua-t-elle en se relevant.

— Cela me blesse, fit-il comme si cela l'affectait.

— Non, c'est faux. C'est toi qui m'as appris à me comporter ainsi, rien ne te fait plus plaisir que de voir que je me conforme à tes enseignements.

Elle se planta fermement devant cet homme. Son ombre était telle qu'elle obscurcissait les lueurs féeriques qui descendait du plafond. Ils se jaugèrent du regard. Ses prunelles orangées flottaient au-dessus de la tête de la fillette telles deux feux follets d'une froideur ardente. Celles de l'enfant brûlaient calmement d'une flamme maîtrisée et glaciale. En les voyant ainsi, nul n'aurait pu nier leur lien de parenté.

— Pourquoi viens-tu me chercher alors que je suis occupée ? articula-t-elle.

Il sourit de toutes ses dents. Ce sourire charmant et enjôleur qui plaisait tant n'était aux yeux d'Aèrwen qu'un énième artifice masquant la nature de ses émotions.

— Je suis si fier de toi, ma fille. Tu n'as rien oublié de mes conseils. Tu as parfaitement saisi ton rôle dans la pyramide. Être au sommet signifie être dans un équilibre précaire, c'est pourquoi il faut constamment prouver à ceux qui sont en bas que sans toi ils ne sont rien. Un rôle de dominant est dur à tenir, mais je suis heureux de constater que tu t'acquittes de ta tâche avec brio.

— Je sais ce que j'ai à faire. Tu n'as pas répondu à ma question.

— Je regrette malgré tout de ne pas t'avoir inculqué davantage le savoir vivre. Le soleil approche de son zénith, tu es attendue à un déjeuner avec les représentants de la famille Kairh. Parmi eux se trouve Garudo, profites-en pour discuter un peu avec lui.

— Il est bête comme ses pieds.

— Tout le monde n'a pas la chance de m'avoir pour tuteur.

— Par pitié, geignit-elle.

— Il se fait tard, allons-y.

Le soleil mordit sa peau hâlée quand elle sortit du temple. Le monde entier se mit à l'agresser. Les oiseaux lui hurlaient d'aller dans un endroit où sa présence ne pourrirait pas l'air ambiant. Le vent, chaud et sec, enroulait ses doigts sablonneux et desséchés autour de sa gorge, lui murmurant qu'elle ferait sans doute mieux de ne plus jamais remettre les pieds ici. Elle serra les poings. Un sourire nerveux creusa des fossettes stressées sur ses joues rondes. Les fleurs tropicales se tortillaient de rire dans leurs pots, laissant leurs pétales colorés répandre la rumeur d'une hilarité partagée avec les colliers cliquetants des dames et les sabots crissants des bœufs d'attelage. Tout lui semblait si hostile. Elle était une étrangère dans cet univers urbain, un animal effrayé par les ténèbres de la jungle. Mais cette bête qu'elle incarnait était un prédateur sans vergogne qui ne tarderait pas à faire de cette terre inconnue son territoire.

Essaie concluant, je vais continuer sur cette voie !

L'œil du Destin. Tome I : FragmentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant