Le Cristal Pur ~ Tome 1 ~ TERMINÉ

Chapitre 9 : Les elemartistes (Partie 1)

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Dans une aile à l'opposé des salles d'entraînement des futurs combattants élémentaires, le bâtiment abrite un théâtre. Un vaste espace réservé à l'utilisation des éléments comme Arts et où le combat et les armes de sont pas admis. Ici, le sable s'envole pour former des sculptures au-dessus du sol et autour desquels des flammes élégamment guidées, par Erine à cet instant, serpentent.

La jeune contrôleuse a le regard rivé sur le filament orange qui illumine le plafond de la salle. La musique de fond résonne dans ses oreilles et l'aide à se concentrer. Plus rien autour d'elle n'existe à part l'élément qu'elle anime et le rythme régulier des notes. Erine suit ce cours en option tous les soirs depuis ses huit ans. Dix ans donc, qu'elle foule les planches de la scène et donne à l'héritage de sa mère l'opportunité de s'exprimer.

Erine agite ses doigts et la flamme lisse se met à onduler. Elle croise, sans le toucher, un jet d'eau projeté par Anaiel. L'amie d'Erine participe elle aussi à ces leçons depuis son plus jeune âge. Et pour elle, c'est bien plus qu'une simple option. L'opéra d'Orfey accueille des Contrôleurs, des Elemartistes, ceux qui font danser les éléments. Ils ne sont pas forcément de bons danseurs eux-mêmes, mais savent emporter les spectateurs au gré des mouvements et des formes qu'ils façonnent. Chaque année, l'opéra d'Orfey organise un concours d'entrée que la plupart des apprentis présents dans la salle tenteront. La sélection est rude et bien souvent, seule une ou deux places sont à prendre. Anaiel s'entraîne sans relâche dans l'espoir de rejoindre le prestigieux établissement. Erine a toujours trouvé que son amie, non seulement de bien manier ses éléments, est gracieuse et plutôt bonne danseuse. Elle a donc toutes ses chances d'atteindre son rêve.

Pour le moment, la seule tâche d'Erine consiste à faire tourbillonner des flammes au-dessus du ballet qui se joue sur la scène. Elle prend toujours des seconds rôles dans les différents tableaux que répètent les apprentis Elemartistes. Cela fait bien longtemps que sa mère a renoncé à l'idée de la voir passer le concours d'entrée à l'opéra d'Orfey, aussi, elle préfère laisser les figures complexes à ses camarades qui devront savoir, un jour, les exécuter parfaitement.

La musique faiblit et Erine fait vriller ses flammes, elles tourbillonnent mollement avant de quasiment disparaître. Mais quand une note puissante se fait entendre, le feu reprend vigueur dans un éclat qui illumine tout le théâtre. Quelques applaudissements de font entendre depuis les gradins où une partie des étudiants observent, silencieux, la répétition. Et puis, Erine rappelle son élément, ses paumes absorbent le ruban orange et toute la chaleur se répand dans son corps comme si venait de l'envelopper dans une couverture. C'est au tour d'un autre élément de prendre le relais.

Appréciant les quelques secondes de pause, Erine observe Anaiel au centre de la scène. La théâtre de l'école est plutôt grand et le paraît encore plus actuellement alors qu'il n'y a aucun décor. Les murs sont lisses et grisâtres, à l'image de ceux des salles d'entraînement des combattants. Sauf qu'ici, les étudiants ne sont pas privés d'y faire des dessins colorés, des esquisses de danseurs qui tourbillonnent entre les étoiles. À l'image des coulisses de l'opéra d'Orfey, des accessoires de scènes traînent ici et là et une odeur de poudre à maquillage, mêlée au fumet des éléments qui se rencontrent, flotte dans l'air.

Anaiel se tient au centre de la scène et un filet d'eau serpente autour d'elle. La petite blonde, fine et élégante, joue de ses doigts pour l'animer. Elle tend un bras autour duquel un cercle aqueux vient virevolter. De temps à autre, leur instructeur, Jahoel, lui donne des consignes :

— Plus large le cercle, Ana !

Et sans même tourner ses yeux bleus vers sa construction, elle le fait grossir. Quand le premier cerceau est stabilisé, elle fait de même de l'autre côté. Des petits applaudissements se font entendre.