𝐋𝐄𝐒 𝐀𝐌𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐌𝐀𝐔𝐃𝐈𝐓𝐒 ― ᴸᵒᵏᶤ ✓

―20―

― Ou vous me noyez dans la baignoire, me coupa-t-elle. J'ai très bien compris.

Elle s'incline respectueusement avant de partir. Un léger sourire aux lèvres, je m'enfonce un peu plus dans l'eau chaude du bain.

La journée passe plutôt rapidement. Je ne suis sorti de ma chambre seulement pour aller prendre l'air et marcher un peu. Le reste du temps, je suis restée dans mes appartements à me prélasser sur mon lit ou à lire un livre. Quant à Loki, il n'est pas revenu me voir et encore moins dormir avec moi.

Les journées passent et toujours aucun acte de présence de Loki, bien que je le croisais dans le Palais sous l'apparence d'Odin. Parfois, j'essaie de communiquer avec lui par la pensée mais tout ce que je reçois, c'est son rejet de me parler. Ça me fait mal et j'ai l'impression qu'il s'éloigne de moi, qu'il essaie de me faire comprendre que je ne suis pas la bienvenue ici. Il me manque.

La veille, alors que je prenais le thé avec Liveya, Swanilde et Marieka, j'ai appris de leur bouche qu'Odin avait été vu avec les acteurs qui joueront la pièce de théâtre. Par ailleurs, en vu du thème de la pièce, les trois pestes avaient parlé de Loki et j'avais encore cette envie de les étrangler.

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― Je ne comprends toujours pas pourquoi Odin a décidé de faire ce spectacle en faveur de Loki, a commencé Liveya. Il n'était apprécié de peur de personne ici. Odin avait d'ailleurs peu d'estime pour lui.

― Je suis d'accord, ajouta Marieka. Pourquoi faire ce spectacle qui relate la mort de Loki alors que Thor est en train de sauver les neufs royaumes ? Odin devrait plutôt ordonner à ce qu'ils jouent les prouesses de son premier fils.

― Oh oui, Thor, murmura Swanilde d'un air rêveur. Je me languis de son retour. Il est si beau, si fort, si respectable et admirable.

― Avez-vous hâte de le rencontrer ? M'a demandé Liveya.

― Je suppose que oui, ai-je répondu les dents serrées. Bien que je ne sois pas très friande des personnes trop... parfaite.

― Je suis certaine que vous adoriez Thor. Tout le monde l'aime.

― Je ne suis pas tout le monde.

― Non, en effet, a marmonné Marieka.

― D'ailleurs, pourquoi n'aimiez-vous pas Loki ?

― C'était un être vil, rempli de malice, toujours à jouer de mauvais tours à son frère et ses amis. Il n'était pas quelqu'un de fréquentable.

― Bien qu'il était bel homme.

― Oh oui ! Très bel homme.

― Je suis presque certaine que vous ne l'auriez pas apprécié, ma dame, m'a dit Swanilde. Et je suis sûre qu'il vous en aurait fait voir de toutes les couleurs simplement pour son plaisir à lui. Non, vraiment, il n'était pas un exemple à suivre.

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Tout au long de la discussion, je m'étais retenu de leur balancer leur tasse de thé au visage voire même de les torturer. J'ai longuement hésité avant de finalement me résigner et de les quitter, inventant que je ne me sentais pas bien. Plus le temps passait et plus je les trouvais infectes. J'en avais discuté avec Androma qui m'avait avoué qu'elle ne les aimait pas spécialement non plus et que la Reine Frigga lui avait dit de se méfier de ces trois femmes.

Actuellement dans mon bain, je poussai un long soupir en me disant que c'était le onzième jours sans Loki. Il me manquait. J'aimerais aller le voir mais j'avais peur qu'il me rejette totalement et qu'il me prie de quitter Asgard.

Il ne fallait pas que je pense à ça. Je me faisais des idées et rien de plus. Il faut que je relativise.

Prenant une grande inspiration, je plonge ma tête sous l'eau chaude, essayant de faire le vide dans mon esprit. J'y arrive avant que je ne sente quelqu'un me remonter à la surface. Tout en retirant les mèches de cheveux collés à mon visage, reprenant mon souffle, je cligne des yeux pour voir la silhouette de Loki me faire face, dans l'eau, totalement habillé. Mon cœur rate un battement. Je suis heureuse de le voir. Mais je ne devais pas lui montrer.

― Es-tu folle ? Est-ce que tu essayais de te noyer ?

― Tu t'inquiète pour moi maintenant ? rétorquai-je en le fusillant du regard. Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu as une subite envie de me voir ou tu as une soudaine envie de coucher avec moi ?

― Ne sois pas sarcastique, Safira. Je suis seulement venu voir comment tu allais.

― Je vais bien, tu peux partir.

― Laisse-moi en douter.

Je le fusille du regard alors qu'il sourit malicieusement. Il le fait exprès.

― Tu as raison, dis-je sur un ton calme. Pour tout te dire, je ne vais pas très bien. La raison ?Tu es là.

C'est à mon tour de sourire et à lui de me fusiller du regard. Je profite de ce moment pour sortir du bain et enfiler un peignoir vert. Loki sort à son tour, ses vêtements lui collent à la peau mais bien vite, à l'aide de sa magie, il les sèchent.

― Bon, qu'est-ce que tu fais ici ? lui demandai-je en croisant les bras sur ma poitrine. Si tu es venu pour coucher avec moi, tu peux repartir, tu ne me touchera pas.

― Je ne viens pas pour ça, grogne-t-il. Il faut que tu arrêtes de croire que je viens juste pour ça.

― Alors dis-moi ce que tu attends de moi.

― Je n'attend rien de toi. Je suis venu te dire quelque chose. Chose que je ne dis jamais.

J'arquai les sourcils, prête à entendre cette chose. Lentement, il s'avance jusqu'à moi et me surplombe de sa hauteur, m'obligeant à lever la tête. Dans un geste délicat, Loki remet une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, glissant ensuite ses doigts froids le long de ma mâchoire puis de mon cou.

― Je suis désolé de m'être comporté comme un idiot avec toi l'autre jour. Je n'aurai pas dû te parler ainsi, je le regrette.

Je ne cesse de le fixer sans rien dire. Au fond de moi, je suis contente qu'il ait fait le premier pas et qu'il s'excuse.

― Je n'ai pas été très gentille non plus. Je... Je m'excuse également.

― J'ai comme l'impression que ça t'écorche les lèvres de t'excuser, s'amuse-t-il en caressant ma lèvre inférieure de la pulpe de son pouce.

― Thanos ne m'a pas élevée pour m'excuser.

― Non en effet. Tu manques cruellement de tact.

― Je pensais chaque mot que je t'ai dis.

― Je sais. Je te pardonne.

― Je te pardonne aussi, Loki.

Il baisse sa tête au niveau de la mienne puis m'embrasse avec douceur. Sentir ses lèvres contre les miennes est un véritable bonheur. Je me sens soudainement mieux, plus heureuse.

L'amour, ça rend faible.

C'est ce que nous répétait sans cesse Thanos. Mais il avait tort comme il avait raison. Certes ça rendait faible mais ça rendait fort.

J'étais à la fois forte et faible.